#1 Un écosystème en développement pour accompagner des besoins croissants
Sommaire
Un secteur d’activité relativement récent
Les premières activités de médiation numérique émergent dans les années 80, principalement grâce à des structures non spécialisées qui commencent à développer des activités de médiation numérique : bibliothèques, médiathèques, associations d’éducation populaire ou régies de quartier notamment.
Les structures spécialisées dans la médiation numérique prennent leur essor dans les années 2000 quand les collectivités territoriales construisent leurs propres stratégies numériques locales, puis dans les années 2010, avec un pic de création entre 2012 et 2017.
En 2021, un grand nombre de structures voient le jour, avec les financements prévus dans le cadre du Plan de relance. Des structures plus anciennes et exerçant dans d’autres champs (l’action sociale, la formation, etc.) se sont récemment orientées vers des activités de médiation numérique comme l’ANSA ou La Croix- Rouge française.
« Cette forte augmentation du nombre d’acteurs dans le secteur a été accompagnée par le Plan de relance et les financements associés, et notamment la création et le financement de postes de Conseillers numériques France Services (CnFS) ».
76 % des structures créées après 2020 (en 2021 ou 2022) emploient des Conseillers numériques France Services (CnFS contre 43 % des structures créées avant 2020 (en 2018 ou 2019).
Une grande diversité d’acteurs
« L’écosystème de l’inclusion numérique est extrêmement diversifié et rassemble des acteurs variés - structures publiques, privées, lucratives ou non, médiateurs indépendants… - et de toutes tailles. Plusieurs “familles” cohabitent et forment un écosystème hétérogène qui s’est construit petit à petit, au gré des besoins identifiés et des politiques publiques de soutien ».
Les acteurs historiques, comme les associations, notamment d’éducation populaire représentent 46 % des structures ayant répondu à l’enquête
57% des structures ayant répondu à l’enquête sont des structures privées : associations mais aussi sociétés anonymes, coopératives, micro-entreprises.
Les collectivités territoriales (32,50% de ces structures) sont de plus en plus nombreuses à mettre en place des politiques publiques d’inclusion numérique sur leur territoire, souvent par le biais de leurs bibliothèques et médiathèques.
Plus de 6 % des personnes physiques qui exercent le métier de médiateur numérique à leur compte. « Leur nombre conséquent pourrait correspondre à l’impossibilité historique - du fait du manque de moyens financiers des structures - de créer des postes pérennes à temps plein ».
4,5%, enfin, de ces structures, sont des établissements publics : groupements d’intérêt public, établissements d’enseignement supérieur, ou agences Pôle Emploi par exemple.
La grande majorité des acteurs interviennent localement
58 % des structures ayant répondu à l’enquête se concentrent sur le territoire de leur lieu d’implantation, 22% interviennent dans un périmètre un peu plus large, à l’échelle de leur département ou des départements mitoyens.
10 % d’entre elles, toutefois, interviennent dans une ou plusieurs régions et 12 % sur l’ensemble du territoire grâce à une implantation nationale. « Ce périmètre d’intervention très large correspond principalement à des structures dont l’activité d’inclusion numérique n’est pas l’activité principale ».
Le développement des initiatives et des acteurs est toutefois inégalement réparti dans les régions.
Des activités extrêmement variées
« Les activités liées à la médiation et à l’inclusion numérique sont extrêmement diversifiées et peuvent aller de la fonction “d’écrivain public numérique”, pour les publics en situation d’urgence numérique, à de réelles activités de médiation numérique. Ainsi, de la détection des fragilités numériques à la sensibilisation à un numérique éthique et responsable, il existe une multitude de pratiques et d’accompagnements qui permettent aux individus et aux groupes d’atteindre, à terme, leur inclusion numérique ».
Le questionnaire de l’enquête distinguait 8 catégories d’activités « traditionnelles » de médiation numérique.
- 83 % des structures proposent des accompagnements pour acquérir des compétences numériques de base pour les personnes les plus éloignées du numérique : utilisation d’un ordinateur, navigation sur Internet, gestion des mails, etc.
- « Conséquence logique de la dématérialisation extrêmement rapide des services publics », la même proportion (83%) de structures indique offrir un accompagnement aux démarches administratives en ligne pour accéder à ses droits ou à des prestations sociales.
- Les 3/4 des structures indiquent offrir des activités d’éducation au numérique et d’éducation par le numérique. Sont ainsi proposées des activités (ré)créatives numériques comme des ateliers de programmation web, d’électronique, de robotique, de modélisation et impression 3D, de broderie, de dessin et découpe numérique ou encore de montage de film.
- Dans les actions de sensibilisation à la culture numérique, les sujets de prédilection sont la data littératie, la protection des données personnelles, l’identité numérique, la cybersécurité (gestion des mots de passe, hameçonnage, cookies…) et les risques associés, mais également les écogestes du numérique ou encore les outils numériques de démocratie participative. Ces activités d’éducation peuvent également s’incarner dans l’accompagnement des pratiques numériques de publics spécifiques, comme les rapports au numérique dans les familles, l’accompagnement des élèves à la scolarité numérique ou encore de personnes en situation de handicap sur des outils et logiciels adaptés.
- 59 % des structures proposent un accès au réseau et à des équipements : mise à disposition de matériel informatique et d’une connexion internet ; la réparation, le reconditionnement et le réemploi de terminaux, ainsi que par la vente de matériel à bas prix pour les personnes en situation de précarité sociale.
- 43 % des structures participent à la détection des publics en situation de fragilité numérique
- 41 % évaluent les compétences numériques des personnes accompagnées.
- 36 % des structures indiquent former aux métiers du numérique ou former des professionnels aux outils numériques nécessaires à leurs activités (élus, fonctionnaires, travailleurs sociaux, acteurs de l’éducation nationale, de l’animation jeunesse, de la petite enfance…) ou encore former des professionnels éducatifs, sociaux et culturels à la posture d’aidant numérique.
- Certaines structures indiquent proposer des services de conseil auprès des collectivités locales ou aux entreprises qui souhaitent engager leur transition numérique, ou encore accompagnent les petites structures dans le développement de leur pouvoir d’agir avec le numérique.
- Enfin, 16 % des structures ont indiqué proposer d’autres activités que les 8 identifiées dans l’enquête : structuration de réseaux locaux d’acteurs de l’inclusion numérique, coordination de ces réseaux (gestion des Pass #APTIC, coordination des CnFS pour les structures locales, lien entre les acteurs de la médiation et ceux du social…). D’autres acteurs se sont spécialisés dans le développement d’outils et services numériques inclusifs adaptés aux publics pour améliorer l’accès des sites internet et pour faciliter la vie des personnes.
« Cette pluralité d’activités s’explique par l’évolution très rapide des usages numériques et par la diversité des besoins du secteur qui obligent les acteurs à démultiplier leurs actions et à les renouveler sans cesse ».
Diversité des publics accompagnés
Les études, réalisées avant la crise sanitaire, estiment que 14 millions de personnes seraient éloignées du numérique, c’est-à-dire auraient des difficultés d’accès (matériel, connexion) et d’usages (connaissance des outils et capacités d’utilisation) avec le numérique.
S’il existe évidemment une corrélation importante entre l’avancée en âge et le manque d’autonomie numérique, les données récoltées montrent une situation plus nuancée :
- Un tiers des personnes accompagnées sont des personnes âgées, un autre tiers des adultes et le tiers restant des publics jeunes ou enfants. « Les publics jeunes, appelés couramment “digital native”, ont eux aussi besoin d’accompagnement pour leurs usages : envoyer un mail, réaliser des démarches administratives en ligne, protéger leur identité virtuelle ou leurs informations sur les réseaux sociaux… »
- L’accompagnement des enfants est souvent complété par celui de leurs parents, qui se trouvent souvent désemparés face aux usages numériques des nouvelles générations, et ce, notamment dans les familles monoparentales et en situation de fragilité.
- Une partie des médiateurs et des médiatrices s’est spécialisée sur une tranche d’âge (les jeunes, les seniors...), tandis que d’autres sont polyvalents et exercent aussi bien avec des enfants, des jeunes, des adultes et des seniors avec le défi quotidien de s’adapter à ces publics hétérogènes.
- L’analyse du genre des publics accompagnés est éclairante à plus d’un titre. La grande majorité (61 %) des structures accompagne autant de femmes que d’hommes. Mais pour 1/3 d’entre elles, leur public est principalement féminin.
Au-delà de l’âge et du genre, le lieu d’habitation et la géographie constituent également un élément différenciant. Ainsi, 61 % des structures ayant répondu à l’enquête interviennent dans des territoires ruraux, 55 % dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville et 51 % dans des petites villes (moins de 20 000 habitants). Ces trois types de territoires supposent des méthodes d’intervention et des modes de mobilisation de publics très différents.
Un continuum de besoins d’accompagnement
Malgré les efforts nécessaires de catégorisation pour créer des typologies, le véritable élément différenciant pour les médiateurs numériques dans leur pratique est le niveau des publics accompagnés. « D’une personne qui ne sait pas se servir d’un clavier, à une autre qui cherche à se perfectionner en montage vidéo, en passant par celle qui sait se servir de son smartphone mais qui ne maîtrise absolument pas son e-réputation : les besoins des publics accompagnés se répartissent sur un vaste continuum ».
Quatre millions d’accompagnements en 2021
La méthodologie ne permet pas de donner une estimation exhaustive du nombre de personnes accompagnées par an, pour l’ensemble de l’écosystème. Les auteurs de l’enquête avancent, toutefois, une estimation.
Les structures ayant répondu à l’enquête avaient réalisé 752 702 accompagnements en 2017 contre 4 385 206 en 2021, soit une multiplication par 5,8 du nombre d’accompagnements par les médiateurs et médiatrices numériques.
La méthodologie ne permet pas de donner une estimation exhaustive du nombre de personnes accompagnées par an, pour l’ensemble de l’écosystème. « Cette augmentation tient aussi probablement à l’amélioration progressive de la précision du décompte des personnes accompagnées ».
Des accompagnements très majoritairement gratuits
Les accompagnements proposés sont en général gratuits pour les publics, mais, si ces derniers sont solvables, ils peuvent être payants. Aussi, 90 % des structures interrogées indiquent proposer un accompagnement gratuit pour leurs bénéficiaires.
Dans ce cas, le coût de l’accompagnement peut être pris en charge par la structure elle-même, ou par un tiers dans le cadre de prestations de services, de marchés publics ou d’appels à projet et appel à manifestation d’intérêt.
À ce titre, plus de 1 500 structures sont qualifiées #APTIC et utilisent le pass #APTIC, conçu sur le modèle des titres-restaurant, et permettant de payer totalement ou partiellement des services de médiation numérique.
La majorité des accompagnements sont accessibles sur simple inscription (dans 79 % des structures) voire totalement libres et ouverts à tous (72 %).
Accompagnements individuels et collectifs
Les accompagnements proposés peuvent être individuels ou collectifs, chacun ayant ses propres avantages et inconvénients.
69% des structures proposent les deux types d’accompagnement à leurs publics et parfois, l’individuel et le collectif peuvent s’entremêler.
Si certains médiateurs n’exercent qu’en situation individuelle (17 % des répondants), le mode collectif est également utilisé (14 %) car il est, entre autres, vecteur de lien social.
SI la crise sanitaire a contribué au développement des accompagnements en ligne pour poursuivre les activités et le suivi des personnes pendant les confinements, les accompagnements en présentiel restent largement privilégiés par 80 % des structures.
Ces accompagnements se déroulent ainsi dans des lieux différents : dans les locaux des structures de médiation, au domicile des personnes accompagnées, en itinérance (médiation numérique mobile), ou d’autres lieux à disposition des structures.
Avec le Covid, une réinvention des pratiques
Les témoignages recueillis dans le cadre cette enquête montrent un réel renouvellement des pratiques professionnelles depuis la crise sanitaire. « L’étendue des besoins a entraîné un accroissement de l’activité et de nombreux projets ont émergé ».
Près de 40 % des structures répondantes ont été créées ou ont commencé des activités de médiation numérique à partir de l’année 2020.
Pour un grand nombre d’acteurs qui n’utilisaient pas d’outils de visioconférence avant la crise, le développement des activités à distance est venu bouleverser les pratiques nécessaires pour maintenir son activité en période de confinement.
« Pour certains, le format présentiel doit être privilégié, considéré comme plus efficace et rassurant pour une large partie des publics. Ce format reste également nécessaire pour l’apprentissage aux bases du numérique et pour les publics non équipés en matériel informatique. Certaines structures ont dû mettre à jour leurs programmes pédagogiques en réponse à l’évolution des demandes des publics. Ces derniers souhaitent davantage se former aux outils de communication à distance et à la réalisation des démarches en ligne ».
Des initiatives ont aussi vu le jour afin d’adapter au mieux les activités de médiation en période de crise sanitaire, comme Solidarité Numérique, plateforme téléphonique de l’État opérée par La Mednum et ses sociétaires, qui a mobilisé plusieurs milliers de bénévoles.
L'Observatoire de l’inclusion numérique 2022
#1 Un écosystème en développement pour accompagner des besoins croissants
Un secteur d’activité relativement récent
Les premières activités de médiation numérique émergent dans les années 80, principalement grâce à des structures non spécialisées qui commencent à développer des activités de médiation numérique : bibliothèques, médiathèques, associations d’éducation populaire ou régies de quartier notamment.
Les structures spécialisées dans la médiation numérique prennent leur essor dans les années 2000 quand les collectivités territoriales construisent leurs propres stratégies numériques locales, puis dans les années 2010, avec un pic de création entre 2012 et 2017.
En 2021, un grand nombre de structures voient le jour, avec les financements prévus dans le cadre du Plan de relance. Des structures plus anciennes et exerçant dans d’autres champs (l’action sociale, la formation, etc.) se sont récemment orientées vers des activités de médiation numérique comme l’ANSA ou La Croix- Rouge française.
« Cette forte augmentation du nombre d’acteurs dans le secteur a été accompagnée par le Plan de relance et les financements associés, et notamment la création et le financement de postes de Conseillers numériques France Services (CnFS) ».
76 % des structures créées après 2020 (en 2021 ou 2022) emploient des Conseillers numériques France Services (CnFS contre 43 % des structures créées avant 2020 (en 2018 ou 2019).
Une grande diversité d’acteurs
« L’écosystème de l’inclusion numérique est extrêmement diversifié et rassemble des acteurs variés - structures publiques, privées, lucratives ou non, médiateurs indépendants… - et de toutes tailles. Plusieurs “familles” cohabitent et forment un écosystème hétérogène qui s’est construit petit à petit, au gré des besoins identifiés et des politiques publiques de soutien ».
Les acteurs historiques, comme les associations, notamment d’éducation populaire représentent 46 % des structures ayant répondu à l’enquête
57% des structures ayant répondu à l’enquête sont des structures privées : associations mais aussi sociétés anonymes, coopératives, micro-entreprises.
Les collectivités territoriales (32,50% de ces structures) sont de plus en plus nombreuses à mettre en place des politiques publiques d’inclusion numérique sur leur territoire, souvent par le biais de leurs bibliothèques et médiathèques.
Plus de 6 % des personnes physiques qui exercent le métier de médiateur numérique à leur compte. « Leur nombre conséquent pourrait correspondre à l’impossibilité historique - du fait du manque de moyens financiers des structures - de créer des postes pérennes à temps plein ».
4,5%, enfin, de ces structures, sont des établissements publics : groupements d’intérêt public, établissements d’enseignement supérieur, ou agences Pôle Emploi par exemple.
La grande majorité des acteurs interviennent localement
58 % des structures ayant répondu à l’enquête se concentrent sur le territoire de leur lieu d’implantation, 22% interviennent dans un périmètre un peu plus large, à l’échelle de leur département ou des départements mitoyens.
10 % d’entre elles, toutefois, interviennent dans une ou plusieurs régions et 12 % sur l’ensemble du territoire grâce à une implantation nationale. « Ce périmètre d’intervention très large correspond principalement à des structures dont l’activité d’inclusion numérique n’est pas l’activité principale ».
Le développement des initiatives et des acteurs est toutefois inégalement réparti dans les régions.
Des activités extrêmement variées
« Les activités liées à la médiation et à l’inclusion numérique sont extrêmement diversifiées et peuvent aller de la fonction “d’écrivain public numérique”, pour les publics en situation d’urgence numérique, à de réelles activités de médiation numérique. Ainsi, de la détection des fragilités numériques à la sensibilisation à un numérique éthique et responsable, il existe une multitude de pratiques et d’accompagnements qui permettent aux individus et aux groupes d’atteindre, à terme, leur inclusion numérique ».
Le questionnaire de l’enquête distinguait 8 catégories d’activités « traditionnelles » de médiation numérique.
- 83 % des structures proposent des accompagnements pour acquérir des compétences numériques de base pour les personnes les plus éloignées du numérique : utilisation d’un ordinateur, navigation sur Internet, gestion des mails, etc.
- « Conséquence logique de la dématérialisation extrêmement rapide des services publics », la même proportion (83%) de structures indique offrir un accompagnement aux démarches administratives en ligne pour accéder à ses droits ou à des prestations sociales.
- Les 3/4 des structures indiquent offrir des activités d’éducation au numérique et d’éducation par le numérique. Sont ainsi proposées des activités (ré)créatives numériques comme des ateliers de programmation web, d’électronique, de robotique, de modélisation et impression 3D, de broderie, de dessin et découpe numérique ou encore de montage de film.
- Dans les actions de sensibilisation à la culture numérique, les sujets de prédilection sont la data littératie, la protection des données personnelles, l’identité numérique, la cybersécurité (gestion des mots de passe, hameçonnage, cookies…) et les risques associés, mais également les écogestes du numérique ou encore les outils numériques de démocratie participative. Ces activités d’éducation peuvent également s’incarner dans l’accompagnement des pratiques numériques de publics spécifiques, comme les rapports au numérique dans les familles, l’accompagnement des élèves à la scolarité numérique ou encore de personnes en situation de handicap sur des outils et logiciels adaptés.
- 59 % des structures proposent un accès au réseau et à des équipements : mise à disposition de matériel informatique et d’une connexion internet ; la réparation, le reconditionnement et le réemploi de terminaux, ainsi que par la vente de matériel à bas prix pour les personnes en situation de précarité sociale.
- 43 % des structures participent à la détection des publics en situation de fragilité numérique
- 41 % évaluent les compétences numériques des personnes accompagnées.
- 36 % des structures indiquent former aux métiers du numérique ou former des professionnels aux outils numériques nécessaires à leurs activités (élus, fonctionnaires, travailleurs sociaux, acteurs de l’éducation nationale, de l’animation jeunesse, de la petite enfance…) ou encore former des professionnels éducatifs, sociaux et culturels à la posture d’aidant numérique.
- Certaines structures indiquent proposer des services de conseil auprès des collectivités locales ou aux entreprises qui souhaitent engager leur transition numérique, ou encore accompagnent les petites structures dans le développement de leur pouvoir d’agir avec le numérique.
- Enfin, 16 % des structures ont indiqué proposer d’autres activités que les 8 identifiées dans l’enquête : structuration de réseaux locaux d’acteurs de l’inclusion numérique, coordination de ces réseaux (gestion des Pass #APTIC, coordination des CnFS pour les structures locales, lien entre les acteurs de la médiation et ceux du social…). D’autres acteurs se sont spécialisés dans le développement d’outils et services numériques inclusifs adaptés aux publics pour améliorer l’accès des sites internet et pour faciliter la vie des personnes.
« Cette pluralité d’activités s’explique par l’évolution très rapide des usages numériques et par la diversité des besoins du secteur qui obligent les acteurs à démultiplier leurs actions et à les renouveler sans cesse ».
Diversité des publics accompagnés
Les études, réalisées avant la crise sanitaire, estiment que 14 millions de personnes seraient éloignées du numérique, c’est-à-dire auraient des difficultés d’accès (matériel, connexion) et d’usages (connaissance des outils et capacités d’utilisation) avec le numérique.
S’il existe évidemment une corrélation importante entre l’avancée en âge et le manque d’autonomie numérique, les données récoltées montrent une situation plus nuancée :
- Un tiers des personnes accompagnées sont des personnes âgées, un autre tiers des adultes et le tiers restant des publics jeunes ou enfants. « Les publics jeunes, appelés couramment “digital native”, ont eux aussi besoin d’accompagnement pour leurs usages : envoyer un mail, réaliser des démarches administratives en ligne, protéger leur identité virtuelle ou leurs informations sur les réseaux sociaux… »
- L’accompagnement des enfants est souvent complété par celui de leurs parents, qui se trouvent souvent désemparés face aux usages numériques des nouvelles générations, et ce, notamment dans les familles monoparentales et en situation de fragilité.
- Une partie des médiateurs et des médiatrices s’est spécialisée sur une tranche d’âge (les jeunes, les seniors...), tandis que d’autres sont polyvalents et exercent aussi bien avec des enfants, des jeunes, des adultes et des seniors avec le défi quotidien de s’adapter à ces publics hétérogènes.
- L’analyse du genre des publics accompagnés est éclairante à plus d’un titre. La grande majorité (61 %) des structures accompagne autant de femmes que d’hommes. Mais pour 1/3 d’entre elles, leur public est principalement féminin.
Au-delà de l’âge et du genre, le lieu d’habitation et la géographie constituent également un élément différenciant. Ainsi, 61 % des structures ayant répondu à l’enquête interviennent dans des territoires ruraux, 55 % dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville et 51 % dans des petites villes (moins de 20 000 habitants). Ces trois types de territoires supposent des méthodes d’intervention et des modes de mobilisation de publics très différents.
Un continuum de besoins d’accompagnement
Malgré les efforts nécessaires de catégorisation pour créer des typologies, le véritable élément différenciant pour les médiateurs numériques dans leur pratique est le niveau des publics accompagnés. « D’une personne qui ne sait pas se servir d’un clavier, à une autre qui cherche à se perfectionner en montage vidéo, en passant par celle qui sait se servir de son smartphone mais qui ne maîtrise absolument pas son e-réputation : les besoins des publics accompagnés se répartissent sur un vaste continuum ».
Quatre millions d’accompagnements en 2021
La méthodologie ne permet pas de donner une estimation exhaustive du nombre de personnes accompagnées par an, pour l’ensemble de l’écosystème. Les auteurs de l’enquête avancent, toutefois, une estimation.
Les structures ayant répondu à l’enquête avaient réalisé 752 702 accompagnements en 2017 contre 4 385 206 en 2021, soit une multiplication par 5,8 du nombre d’accompagnements par les médiateurs et médiatrices numériques.
La méthodologie ne permet pas de donner une estimation exhaustive du nombre de personnes accompagnées par an, pour l’ensemble de l’écosystème. « Cette augmentation tient aussi probablement à l’amélioration progressive de la précision du décompte des personnes accompagnées ».
Des accompagnements très majoritairement gratuits
Les accompagnements proposés sont en général gratuits pour les publics, mais, si ces derniers sont solvables, ils peuvent être payants. Aussi, 90 % des structures interrogées indiquent proposer un accompagnement gratuit pour leurs bénéficiaires.
Dans ce cas, le coût de l’accompagnement peut être pris en charge par la structure elle-même, ou par un tiers dans le cadre de prestations de services, de marchés publics ou d’appels à projet et appel à manifestation d’intérêt.
À ce titre, plus de 1 500 structures sont qualifiées #APTIC et utilisent le pass #APTIC, conçu sur le modèle des titres-restaurant, et permettant de payer totalement ou partiellement des services de médiation numérique.
La majorité des accompagnements sont accessibles sur simple inscription (dans 79 % des structures) voire totalement libres et ouverts à tous (72 %).
Accompagnements individuels et collectifs
Les accompagnements proposés peuvent être individuels ou collectifs, chacun ayant ses propres avantages et inconvénients.
69% des structures proposent les deux types d’accompagnement à leurs publics et parfois, l’individuel et le collectif peuvent s’entremêler.
Si certains médiateurs n’exercent qu’en situation individuelle (17 % des répondants), le mode collectif est également utilisé (14 %) car il est, entre autres, vecteur de lien social.
SI la crise sanitaire a contribué au développement des accompagnements en ligne pour poursuivre les activités et le suivi des personnes pendant les confinements, les accompagnements en présentiel restent largement privilégiés par 80 % des structures.
Ces accompagnements se déroulent ainsi dans des lieux différents : dans les locaux des structures de médiation, au domicile des personnes accompagnées, en itinérance (médiation numérique mobile), ou d’autres lieux à disposition des structures.
Avec le Covid, une réinvention des pratiques
Les témoignages recueillis dans le cadre cette enquête montrent un réel renouvellement des pratiques professionnelles depuis la crise sanitaire. « L’étendue des besoins a entraîné un accroissement de l’activité et de nombreux projets ont émergé ».
Près de 40 % des structures répondantes ont été créées ou ont commencé des activités de médiation numérique à partir de l’année 2020.
Pour un grand nombre d’acteurs qui n’utilisaient pas d’outils de visioconférence avant la crise, le développement des activités à distance est venu bouleverser les pratiques nécessaires pour maintenir son activité en période de confinement.
« Pour certains, le format présentiel doit être privilégié, considéré comme plus efficace et rassurant pour une large partie des publics. Ce format reste également nécessaire pour l’apprentissage aux bases du numérique et pour les publics non équipés en matériel informatique. Certaines structures ont dû mettre à jour leurs programmes pédagogiques en réponse à l’évolution des demandes des publics. Ces derniers souhaitent davantage se former aux outils de communication à distance et à la réalisation des démarches en ligne ».
Des initiatives ont aussi vu le jour afin d’adapter au mieux les activités de médiation en période de crise sanitaire, comme Solidarité Numérique, plateforme téléphonique de l’État opérée par La Mednum et ses sociétaires, qui a mobilisé plusieurs milliers de bénévoles.