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La société numérique française : définir et mesurer l’éloignement numérique
Avant-proposEn 2021, le Programme Société Numérique de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), a lancé une consultation pour la production d’un rapport sur l’état de l’art de la société numérique française. C’est dans ce cadre que le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie (CRÉDOC) et le Centre de recherche sur l’éducation, les apprentissages et la didactique de l'Université de Rennes (CREAD) associé au GIS M@rsouin, se sont vu confier la production de ce rapport. Pour cette première édition, l’ANCT a choisi d’orienter les travaux autour de la définition de l’éloignement du numérique, de l’analyse comparative de ses différentes mesures, et de l’identification des principaux facteurs associés.Le présent article vise à faire une synthèse de ces travaux.
Le concept de capabilité numérique, un changement de paradigme pour définir l’éloignement numériqueLes approches historiquesInitialement, dès les années 1990, l’éloignement numérique est défini par le prisme de l’accès aux technologies (donnant lieu au concept de « fracture numérique »), puis par celui des compétences (donnant lieu au concept de « littératie numérique »). Si ces angles d’approche peuvent être utiles pour donner un aperçu de la diffusion des technologies et compétences numériques dans la société, ils ne constituent qu'une manière partielle d'analyser le phénomène de l’éloignement du numérique.Sortir d’une vision dichotomique des inégalités numériquesDepuis une dizaine d’années, une nouvelle génération de travaux s’est centrée sur l’étude des possibilités inégales des individus à transformer les opportunités (culturelles, économiques, sociales, politiques, etc.) offertes par les technologies numériques, en bénéfices effectifs. De cette manière, ces travaux ont permis de renverser l’angle d’approche traditionnel, centré sur le manque (d’accès, de compétences), pour s’intéresser à l’apport des technologies pour les individus. C’est sur cette base qu’à émerger le concept de « capabilité numérique ». Les capabilités constituent l’ensemble des actions qu’un individu a le pouvoir de mettre en œuvre et l’ensemble des états qu’il peut effectivement atteindre pour accroître son bien-être et favoriser son pouvoir d’agir. Ce concept permet ainsi de définir l’éloignement du numérique au-delà d’une vision dichotomique des inégalités numériques (usagers/non-usagers ; internautes/non-internautes). Car, si l’usage des technologies numériques est a priori de nature à améliorer le bien-être des individus, tous les individus ne sont pas en situation de tirer les mêmes profits des technologies numériques. En effet, différents travaux ont souligné que la nature capacitante ou non-capacitante des technologies numériques est en réalité grandement conditionnée par les conditions d’existence et le niveau de capital numérique des individus. Le capital numérique est constitué de toutes les ressources qu’un individu peut mobiliser pour favoriser ses capabilités numériques. Cette notion clef, qui s’appuie sur les travaux menés par Pierre Bourdieu, participe à expliquer la répartition inégale des capabilités entre les individus.L’éloignement numérique s’explique par des facteurs socio-économiques et culturelsUne utilisation abusive de l’âgeL’âge constitue une variable bien connue de l’éloignement du numérique, les personnes âgées sont généralement perçues comme les plus en difficultés à l’égard des technologies numériques, tandis que, à l’inverse, les jeunes sont souvent considérés comme experts. Cependant, l’âge n’est en rien un facteur explicatif de l’éloignement numérique, tout au plus il s’agit d’un facteur descriptif. Si les personnes âgées de 70 ans ou plus, comptent une part de non-internautes supérieure à la moyenne, il convient de noter, d’une part, que cette classe d’âge est celle qui compte le plus grand nombre de personnes sans aucun diplôme (n’ayant pas connu la massification scolaire dans leur jeunesse) et d’autre que ces personnes ont découvert Internet tardivement dans leur vie (elles n’ont donc pas bénéficié d’une socialisation primaire ou d’une socialisation professionnelle autour des nouvelles technologies). Cet effet générationnel explique l’écart constaté avec les « jeunes retraités » (plus de 60% des 60-69 ans sont connectés) et est démontré par l’évolution de la part de non-internautes au cours du temps dans différentes tranches d’âge. Concernant les plus jeunes, il convient d’abord de noter que la part d’éloignés du numérique reste élevée : près de 20% pour les moins de 25 ans. En outre, plusieurs travaux montrent que les compétences et pratiques numériques des jeunes sont différenciées, hétérogènes, et surtout inégalitaires, dans la mesure où elles sont dépendantes de contextes sociaux fort différents. L’âge est donc souvent utilisé abusivement pour identifier ou exclure des populations qui risquent d’être éloignées du numérique.Le milieu social et le niveau de diplôme, des facteurs clefs de compréhensionComme le montre la variable de l’âge, l’identification des personnes éloignées du numérique ne peut pas se faire sans prendre en compte les facteurs sociaux et culturels. La catégorie socio-économique constitue une variable traditionnelle des inégalités numériques qui tend à montrer que les milieux modestes sont à la fois davantage caractérisés par un éloignement du numérique et par des pratiques numériques distantes de l’écrit. Elle apparaît elle-même très liée à la variable « culturelle », les individus les plus socio-économiquement favorisés étant généralement ceux qui sont également dotés des volumes de capital culturel les plus importants. Dit autrement, en lien avec le concept de capabilité numérique (cf. supra), ces publics sont davantage susceptibles de tirer des profits concrets de leurs usages des technologies numériques. De nombreux travaux démontrent la place majeure occupés par ces facteurs dans l’explication de l’éloignement numérique. Tout d’abord, on constate des pratiques du numérique socialement situées. En effet, outre le fait que les individus qui occupent des positions sociales les plus avantageuses dans la société bénéficient généralement d’un accès de meilleure qualité aux ressources numériques, ils disposent également d’un répertoire de pratiques plus diversifié (cf. contextes scolaire, professionnel, etc) que les individus issus de milieux modestes, lesquels sont plus susceptibles d'utiliser des ressources numériques davantage pour le divertissement. D’ailleurs, la place de l’écrit constitue un facteur déterminant des pratiques différenciées qui sont faites des technologies numériques. Les milieux modestes, en particulier non-diplômés, en sont distants et dévalorisent cette forme d’échange au profit de l’interaction en face-à-face, allant même jusqu’à adopter des pratiques permettant de contourner l’utilisation de l’écrit. Ainsi, à titre d’exemple, la dématérialisation administrative expose les familles modestes à des pratiques du numérique qui se révèlent être complexes pour elles, pouvant être de nature à expliquer le phénomène de non-recours au droit dans ces milieux. Plus précisément encore pour expliquer l’éloignement numérique, d’autres travaux récents montrent une correspondance nette entre un faible niveau d’appropriation des technologies numériques et un niveau de capital culturel peu abondant chez les individus. Ces travaux soulignent l’existence d’importantes différences d’appropriation des outils numériques et de pratiques au sein même des milieux modestes, entre les individus diplômés et les individus peu ou pas diplômés, attestant du rôle central joué par le capital culturel des individus. On assiste en effet depuis les années 2000, dans le cadre de la massification de l’accès aux études supérieures, à l’apparition d’un public, notamment issus de milieux modestes, qui dispose d’un niveau de certification universitaire sans pour autant parvenir à trouver un emploi qui corresponde à cette certification. La conséquence est l’émergence, au sein des catégories modestes, de publics partageant le même milieu social mais se distinguant d’un point de vue du niveau de diplôme (et donc de l’accumulation de capital culturel). Les résultats du Baromètre du numérique (2022) soutiennent ces analyses : les personnes non diplômées sont nettement moins souvent internautes que les personnes disposant d’un diplôme au moins équivalent au bac. La part de non-internautes parmi les premières s’élève ainsi à près de 40%, et moins de 10% parmi les secondes. En résumé, si l’interrelation entre les différents facteurs évoqués invite à considérer ces derniers comme bien souvent interdépendants, le niveau de diplôme (plus largement le capital culturel) apparaît comme un facteur prépondérant pour expliquer l’éloignement numérique au sein de la population française.Quantifier l’éloignement numérique en FranceLes enquêtes françaisesTrois systèmes d’enquête se sont attelés à la quantification de l’éloignement du numérique en France : l’enquête relative à l’usage des technologies de l’information et de la communication auprès des ménages de l’Insee, les enquêtes Capacity puis Capuni portées par le GIS M@rsouin, et le Baromètre du numérique commandité par l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), le Conseil général de l'économie (CGE) et, depuis plus récemment, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Conçues de manière indépendante, ces trois enquêtes reposent sur des partis-pris méthodologiques parfois divergents et proposent des mesures de l’éloignement numérique différentes. Toutefois, trois grandes catégories d’indicateur se dégagent de ces enquêtes pour mesurer l’éloignement numérique : par les équipements (l’éloignement physique au numérique), les usages et les compétences. Concernant l’approche par les équipements, l’analyse des enquêtes les plus récentes met en évidence l’omniprésence des équipements, y compris la connexion internet, dans la société française. Cette large diffusion limite l’intérêt de focaliser la question de l’éloignement du numérique sous ce prisme (même si les difficultés d’accès à l’équipement constituent à l’évidence des freins aux pratiques numériques). L’approche par les usages, quant à elle, se heurte à la rapide évolution des possibilités d’usage sous l’effet de la diffusion de nouvelles technologies, comme en témoignent par exemple l’adoption des messageries instantanées sur téléphone mobile ou des appels avec vidéo au cours des dernières années. Enfin, l’approche par les compétences s’inscrit classiquement dans une logique restrictive de l’éloignement numérique, associée à des nomenclatures bien définies qui manque parfois de nuance. Notons, toutefois, que le niveau de compétence subjectif déclaré conduit à une vision beaucoup plus large de l’éloignement du numérique.Actualisation du nombre d’éloignés du numériqueL'analyse de ces trois catégories d’indicateur nous permet de proposer une mise en perspective en deux étapes de la quantification de l’éloignement numérique, afin de rendre compte de la diversité des situations et des pratiques :En termes d’usages, ne pas être internaute constitue la première mesure d’éloignement du numérique. La dernière édition du Baromètre du numérique (2022) permet d’actualiser cette mesure : 8,8 % de la population de 18 ans et plus est aujourd’hui non-internaute en France (soit 4,5 millions de personnes). En cohérence avec les précédents travaux, nous proposons de retenir cette définition pour mesurer les non-usagers du numérique. En dépit de ses limites, cette définition a l’avantage d’être relativement simple à mesurer, et d’être inclue dans les enquêtes depuis de nombreuses années. Elle permet donc une perspective historique nécessaire à la bonne compréhension du phénomène de l’exclusion du numérique.Ensuite, nous proposons de retenir un indicateur basé sur l’aisance ressentie dans la réalisation de tâches numériques pour construire un ou plusieurs groupes d’internautes plus ou moins éloignés du numérique. Cette mesure subjective permet de décrire les difficultés de certaines populations pourtant utilisatrices des outils numériques. Elle évite en outre la nécessité d’actualiser la liste des compétences numériques nécessaires à un bon usage des outils. En 2022, d’après les données du Baromètre du numérique, la part des personnes internautes ne se sentant pas compétentes dans l’utilisation d’Internet s’élève à 22,9 % (soit 11,5 millions de personnes).Selon cette approche large de l’éloignement numérique, ce sont donc 31,5% des 18 ans et plus résidant en France métropolitaine qui sont éloignées du numérique aujourd’hui (soit 16 millions de personnes). Toute comparaison avec le chiffre, devenu fétiche, des 13 millions d’exclus du numérique issu de l’enquête Capacity de 2017, conduirait à des interprétations biaisées. En effet, l’enquête Capacity, réalisée 6 ans auparavant, adoptait une logique plus restrictive de l’éloignement numérique, évoquée dans la partie précédente. En outre, il serait abusif de considérer qu’un abaissement ou une augmentation de la proportion de personnes éloignées du numérique soit strictement lié à l’effet des politiques publiques en France. En effet, cela reviendrait à nier l’impact de facteurs macro-économiques internationaux, qu’il convient de traiter, au moins, à l’échelle européenne, ainsi que l’incidence positive que pourrait avoir la démarche d’amélioration continue des plateformes en ligne pour tendre vers des interfaces toujours plus intuitives.L’éloignement numérique, un phénomène socialComme nous venons de le voir, s’il existe plusieurs définitions de l’éloignement du numérique, qui sont autant de dimensions différentes du phénomène, il convient toutefois de se départir de toute vision binaire inclus-exclus, qui présente le défaut majeur d’invisibiliser la diversité des situations et des pratiques. A ce titre, le concept des capabilités numériques (cf. supra) est éclairant, puisqu’il permet de mettre la focale sur la capacité des individus à pouvoir tirer profits des technologies numériques. Par ailleurs, cette vision, plus à même de prendre en compte les contextes dans lesquels les différentes formes d’éloignement du numérique prennent place, permet de reposer l’enjeu de l’inclusion numérique sur sa base sociale, puisque la nature capacitante ou non-capacitante des technologies numériques est en réalité grandement conditionnée par les conditions d’existence des individus. Il convient en particulier de mieux prendre en compte les capitaux culturels (particulièrement le niveau de diplôme) et numériques des individus, dont l’analyse montre qu’ils sont centraux tant dans le rapport aux technologies que dans le développement de pratiques numériques différenciées. Partant de ce constat, il convient également et de relativiser la pertinence d’une évaluation trop générale du nombre d’éloignés du numérique. En effet, à la quête d’un chiffre précis d’éloignés qui parait dénué de sens, il serait préférable de représenter le phénomène sous la forme d’un halo permettant de considérer les individus comme plus ou moins éloignés du numérique, en fonction des attentes et besoins subjectifs qu’ils formulent.Ainsi, l’éloignement numérique ne peut plus être considéré comme un simple enjeu technique ou quantitatif : il s’agit d’abord d’un phénomène social. La prise en compte de ce phénomène dans sa complexité et son hétérogénéité ouvre des perspectives importantes pour la construction de politiques d’inclusion numérique différenciées en fonction des publics et des territoires.

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Voir tous les articlesIntelligence artificielle et protection des données personnelles : la CNIL lance son plan d'action
Les intelligences artificielles (IA) génératives se développent rapidement depuis plusieurs mois, que ce soit dans le domaine du texte et de la conversation, via les grands modèles de langage (Large Language Models ou LLMs en anglais), tels que GPT-3, BLOOM ou Megatron NLG et les agents conversationnels (« chatbots ») dérivés (ChatGPT ou Bard), mais également dans ceux de l’imagerie (Dall-E, Midjourney, Stable Diffusion, etc.) ou encore de la parole (Vall-E).Ces modèles de fondation (Foundation models en anglais) et les briques technologiques qui se reposent sur eux semblent d’ores et déjà trouver de nombreux cas d’application dans des secteurs variés.« La compréhension de leur fonctionnement, de leurs possibilités et de leurs limites, ainsi que les enjeux juridiques, éthiques et techniques autour de leur développement et leur usage restent encore largement en débat. »La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a présenté le 16 mai 2023 un plan d’action pour un déploiement de systèmes d’IA respectueux de la vie privée des individus.Son plan d’action s’articule autour de 4 volets :appréhender le fonctionnement des systèmes d’IA et leurs impacts pour les personnes ;permettre et encadrer le développement d’IA respectueuses de la vie privée ;fédérer et accompagner les acteurs innovants de l’écosystème IA en France et en Europe ;auditer et contrôler les systèmes d’IA et protéger les personnes.
Appréhender le fonctionnement des systèmes d’IA et leurs impacts sur les personnesLes techniques innovantes utilisées pour la conception et le fonctionnement des outils d’IA posent des questions nouvelles sur la protection des données, en particulier :la loyauté et la transparence des traitements de données sous-jacents au fonctionnement de ces outils ;la protection des données publiquement accessibles sur le Web face à l’utilisation du moissonnage, ou scraping, de données pour la conception des outils ;la protection des données transmises par les utilisateurs lorsqu’ils utilisent ces outils, allant de leur collecte (via une interface) à leur éventuelle réutilisation, en passant par leur traitement par les algorithmes d’apprentissage automatique ;les conséquences sur les droits des personnes sur leurs données, tant en ce qui concerne celles collectées pour l’apprentissage de modèles que celles qui peuvent être fournies par ces systèmes, telles que les contenus créés dans le cas d’IA génératives ;la protection contre les biais et les discriminations susceptible de survenir ;les enjeux de sécurité inédits de ces outils.Permettre et encadrer le développement d’IA respectueuses des données personnellesAfin d’accompagner les acteurs du domaine de l’intelligence artificielle et pour préparer l’entrée en application du règlement européen sur l’IA, la CNIL soumettra bientôt à une consultation un guide sur les règles applicables au partage et à la réutilisation de données.Elle poursuivra également ses travaux sur la conception de systèmes d’IA et la constitution de bases de données pour l’apprentissage automatique autour des thématiques suivantes :l’utilisation du régime de la recherche scientifique pour la constitution et la réutilisation des bases de données d’entraînement ;l’application du principe de finalité aux IA à usage général et aux modèles de fondation que sont par exemple les grands modèles de langage ;l’explicitation du partage des responsabilités entre les entités qui constituent les bases de données, celles qui élaborent des modèles à partir de ces données et celles qui utilisent ces modèles ;les règles et bonnes pratiques applicables à la sélection des données pour l’entraînement, au regard des principe d’exactitude et de minimisation des données ;la gestion des droits des personnes et notamment les droits d’accès, de rectification et d’opposition ;les règles applicables concernant la durée de conservation, notamment pour les bases d’entraînement et les modèles les plus complexes à constituer.Fédérer et accompagner les acteurs innovants de l’écosystème IA en France et en EuropeLa régulation de l’IA de la CNIL vise à faire émerger, promouvoir et aider à prospérer des acteurs dans un cadre fidèle aux valeurs de protection de droits et libertés fondamentaux françaises et européennes.« La CNIL souhaite engager un dialogue nourri avec les équipes de recherche, centres de R&D et entreprises françaises développant, ou souhaitant développer, des systèmes d’IA dans une logique de conformité aux règles de protection des données personnelles. »Auditer et contrôler les systèmes d’IA et protéger les personnesEn France, ChatGPT est visé par au moins trois plaintes déposées auprès de la Cnil. Elles portent sur la collecte de données mais aussi sur les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses.La CNIL a entrepris de développer un outillage permettant d’auditer les systèmes d’IA qui lui sont soumis aussi bien a priori qu’a postériori.« La CNIL sera particulièrement attentive à ce que les acteurs traitant des données personnelles afin de développer, d’entraîner ou d’utiliser des systèmes d’intelligence artificielle aient :réalisé une analyse d’impact relative à la protection des données (AIPD) pour documenter les risques et pris des mesures permettant de les diminuer ;pris des mesures d’information des personnes ;prévu des mesures d’exercice des droits des personnes adaptées à ce contexte particulier. »

Démarches administratives en ligne : stabilisation des usages, persistance des inégalités et augmentation des difficultés
La dématérialisation des services publics se déploie depuis deux décennies avec une forte accélération récente. Le programme Action publique 2022 prévoit la dématérialisation des 250 démarches administratives les plus courantes.Le Baromètre du numérique 2022 apporte un éclairage sur les inégalités qui perdurent face aux services publics dématérialisés. On observe en effet, en 2022, une augmentation de la part de personnes ayant au moins parfois des difficultés à effectuer des démarches administratives en ligne (54%), soit 16 % de plus qu’en 2020.
Chronologie du recours aux démarches administratives en ligne de 2016 à 2021Le Baromètre du numérique suit, année par année, la manière dont les Français.es s’approprient la possibilité (et souvent l’obligation) de réaliser des démarches administratives en ligne.Le Baromètre du numérique observait en 2016 un tournant dans l’utilisation d’Internet pour les démarches administratives et fiscales : celle-ci enregistrait une nette progression, passant de 53 % d'adoption par les Français.es en 2015 à 62 % en 2016. 90 % des personnes ayant accompli des démarches administratives en ligne estimaient en 2016 que « cela avait été facile » : (41 % les jugeaient « très faciles » et 49 % « assez faciles »). On observait, toutefois, en 2016 une stagnation de la proportion des personnes à bas revenu ayant effectué des démarches administratives sur Internet. Le principal résultat, c’est qu’environ 16 % des adultes se déclaraient en 2016 incapables d’obtenir des informations administratives sur Internet, de télécharger ou remplir en ligne des formulaires administratifs. 40 % des Français.es se déclaraient inquiet.e.s à l’idée d’accomplir des démarches en ligne et 28 % souhaitaient être accompagné.es dans des lieux de proximité.
L’édition 2017 enregistrait également une nette progression de la proportion de personnes ayant effectué des démarches administratives en ligne : 67 % contre 62 % en 2016. Cette progression s’observait dans toutes les classes d’âge et pour tous les niveaux de revenus. Des écarts importants perduraient toutefois. Si 81 % des hauts revenus avaient effectué des démarches en ligne, cette activité ne concernait que 59 % des bas revenus. L’écart était encore plus marqué quand on prenait en compte le niveau de diplôme : 90 % des diplômé.e.s du supérieur avaient effectué des démarches en ligne contre seulement 30 % chez les non-diplômé.e.s. Les non-diplômé.e.s étaient ainsi la seule catégorie de population chez qui les démarches en ligne ne progressent pas en 2016.
En 2018, pour la première fois, la proportion d’individus ayant recours aux services numériques publics accusait une baisse : 65 % contre 67 % en 2017. Les écarts se creusaient selon le niveau de diplôme : 9 diplômé.e.s du supérieur sur 10 utilisaient internet pour réaliser leurs démarches administratives et fiscales contre seulement 26 % des non-diplômé.e.s (26 %) et 63 % des titulaires du brevet. Surtout, 36 % de personnes se déclaraient inquiètes vis-à-vis de la dématérialisation des démarches administratives. Cette inquiétude était corrélée principalement à l’âge, au diplôme et au revenu. Les plus de 60 ans étaient ainsi près d’un sur deux à se sentir inquiets comme 59 % des non-diplômé.e.s. Plus préoccupant : la pratique des démarches administratives en ligne ne dissipait pas l’inquiétude : 27 % des personnes qui avaient recouru aux démarches en ligne exprimaient une certaine inquiétude.
L’édition 2019 du Baromètre du numérique avait entrepris, à travers de nouvelles questions, de comprendre comment avaient évolué les relations du public avec les administrations publiques. A la question « ces dernières années, s’agissant de vos relations avec les administrations publiques, diriez-vous plutôt qu’elles se sont simplifiées, complexifiées ou qu’elles n’ont pas changé », seules 19 % des personnes interrogées répondaient qu’elles se sont simplifiées et 37 % qu’elles se sont complexifiées. Ce jugement se déclinait différemment selon l’âge et la position sociale des individus. 50 % des 60-69 ans et 40 % des personnes ayant des bas revenus jugeaient ainsi que ces relations s'étaient complexifiées.Si 32 % des Français.es déclaraient ne pas connaître de frein à l’utilisation de l’administration, une majorité évoquait différents types de freins : la complexité des démarches pour 25 % des personnes interrogées (« Les démarches administratives sont trop compliquées en elles-mêmes ») et le manque d’aisance avec l’informatique pour 20 % d’entre elles.18 % mentionnaient la difficulté à contacter un interlocuteur pour les assister dans leurs démarches, 18 % invoquaient une mauvaise conception des sites administratifs. En outre, 14 % pointaient le trop grand nombre de sites administratifs. 13 %, enfin, « manquaient d’information sur les démarches » tandis que 9 % faisaient état de leurs « difficultés à gérer leurs comptes, identifiants et mots de passe ». La complexité des démarches en elle-même était mise en avant par les personnes les plus âgées et par les non-diplômé.e.s.Même les publics les plus à l’aise face à l’informatique ou Internet, et donc les mieux armés pour surmonter la complexité des démarches en ligne, exprimaient, une forme d’agacement. 21 % des diplômé.e.s du supérieur déploraient « la difficulté à contacter un interlocuteur pour les assister dans leurs démarches ». De même, 24 % des 18-24 ans mentionnaient la mauvaise conception des sites administratifs.
L’édition 2021 du Baromètre (menée dans la période de crise sanitaire liée à la Covid-19) enregistrait une hausse de 5 points dans la pratique des démarches administratives en ligne, passée en un an de 66 % à 71 %. Si 56 % des personnes interrogées déclaraient être parvenues, pendant les confinements, à réaliser seules leurs démarches en ligne, 30 % avaient été contraintes de demander de l’aide. 9 % n’y étaient pas parvenues, soit parce qu’elles avaient abandonné (5 %) soit parce qu’elles n'utilisaient jamais d'outils informatiques et numériques (4 %). Le questionnaire 2021 du Baromètre proposait, en outre, aux personnes interrogées d’évaluer leurs compétences pour réaliser des démarches administratives en ligne et leurs compétences bureautiques. On y apprenait qu’elles étaient plus nombreuses (72 %) à se dire globalement compétentes pour réaliser des démarches administratives en ligne (26 % se disant très et 46 % assez compétentes) que pour utiliser les outils bureautiques (63 %). Quel que soit le niveau de diplôme ou le niveau de vie, la compétence à réaliser des démarches administratives en ligne dépassait toujours celle à utiliser les outils bureautiques.L’analyse par âge révélait toutefois des écarts. Les 18-24 ans se déclaraient mieux à même d’utiliser les outils numériques (83 %, + 20 points par rapport à l’ensemble de la population) que de réaliser des démarches administratives en ligne (64 %, - 8 points par rapport à l’ensemble de la population).
En 2022, stabilisation de la proportion des Français.es ayant réalisé une démarche administrative en ligne (71 %)Après une hausse de 5 points dans l'édition 2021, le Baromètre du numérique enregistre une de nouveau une stabilisation du recours à l’e-administration : 71 % des personnes interrogées ont accompli une démarche administrative en ligne dans les douze derniers mois.
Mais cette stabilité globale masque des évolutions différenciées selon de multiples facteurs sociodémographiquesSelon l’âge des répondant.e.s
On observe ainsi une augmentation de 22 points chez les 12-17 ans, une baisse de 3 points chez les 60-69 ans et de 12 points chez les 70 ans et plus.« Les plus de 60 ans avaient beaucoup plus eu recours à l’administration en ligne en 2020 », commentent les analystes du Credoc. « Une partie du pic observé en 2020 sur cette population était sans nul doute lié à la vaccination contre la Covid-19, obligatoire ou fortement recommandée auprès des séniors selon les périodes, nécessaire dans le cadre du pass sanitaire, et largement réalisée via des rendez-vous en ligne sur la plateforme Doctolib en partenariat avec le Ministère de la santé ».
Le niveau de diplôme a un fort impact sur le recours aux services publics dématérialisésSeuls 42% des non diplômé.e.s ont effectué une démarche administrative en ligne dans les douze derniers mois contre 82% des diplômé.e.s du supérieur.
L’écart se creuse aussi en fonction de la taille d’agglomérationAvec une baisse de 8 points de la part des personnes ayant effectué une démarche administrative sur internet parmi les résidents des communes rurales.
Davantage de personnes requièrent de l’aide pour réaliser leurs démarches en ligneLa multiplication des démarches en ligne et la progression en 2022 du nombre de personnes utilisant la voie numérique pour leurs démarches administratives s'associe à un accroissement de la part de personnes en prise avec des difficultés.On constate, en effet, en 2022, une augmentation de la part de personnes qui rencontrent, au moins parfois, des difficultés à effectuer des démarches en ligne (54%, + 16 points).
Cette progression converge avec la hausse constatée en termes des réclamations reçues par les délégué.e.s et les juristes du Défenseur des droits.Face à ces difficultés, la solution la plus plébiscitée est de demander des explications pour réussir à réaliser la démarche seul (40%, + 16 points), peu de personnes s’en remettant entièrement à une autre personne pour faire la démarche à leur place (14%).Les difficultés à réaliser des démarches ne concernent pas que les groupes les plus éloignés du numérique. En particulier les jeunes adultes, très à l’aise sur les usages liés aux loisirs, à l’information ou à la communication sont plus en peine concernant les démarches. Ainsi 76% des 18-24 ans affirment ne pas toujours arriver à effectuer leurs démarches en ligne (+ 13 points), contre 53% des 70 ans et plus (+ 10 points), et 48% des 40-59 ans (+ 17 points). Les personnes préférant laisser quelqu’un d’autre réaliser la démarche sont plus nombreuses à la fois chez les 18-24 ans (21%) et chez les 70 ans et plus (23%).

La base de données Empreinte® de l’ADEME, ou comment parler la même langue pour l'écoconception et la comptabilité carbone
Avant d'afficher un Nutri-Score, un Eco-Score ou d'annoncer des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, il faut pouvoir calculer l'impact environnemental d'un produit ou d'un service.Le 15 février 2023, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a mis en ligne la Base Empreinte, résultat de la fusion de la Base Carbone, la base de référence pour la comptabilité carbone des organisations, et de la Base IMPACTS, la base utilisée pour l’affichage environnemental français des produits de grande consommation.Cette nouvelle source de données centralisée va permettre à l’ensemble des acteurs concernés de « parler la même langue » pour l'écoconception des produits ou le calcul de bilans carbone.La Base Empreinte est la base officielle pour le programme gouvernemental français d'affichage environnemental des produits et services de grande consommation hormis la mobilité et les produits de construction.L'administration de la Base Empreinte est assurée par l'ADEME mais ses orientations et les données qu'elle contient sont validées par un comité de gouvernance et des comités techniques regroupant divers acteurs publics et privés.L’ADEME est l'un des rares organismes au monde à mettre à disposition gratuitement les données nécessaires : la Base Carbone pour les émissions de CO2, la Base Impacts pour les indicateurs environnementaux et la Base Agribalyse pour les produits alimentaires.Pour alimenter ses bases de données, l’ADEME réalise elle-même des analyses de cycle de vie de produits, qui permettent de déterminer son empreinte carbone ou énergétique mais aussi son impact sur l'eau, les sols, l'air, la biodiversité ou encore la santé.

Quelle évolution du sentiment de compétence numérique des Français.es deux ans après la crise sanitaire liée à la Covid-19 ?
Avant proposLes périodes de confinements qui se sont succédées depuis 2020 et le début de la crise de la Covid-19 ont rendu les outils numériques indispensables dans de nombreuses démarches et activités du quotidien. Maintien des liens avec les proches, télétravail, cours en ligne, démarches administratives dématérialisées : l’ensemble de la population a été amenée à prendre main des outils parfois peu familiers. Quels sont les impacts de cette période liée à la crise sanitaire sur le rapport au numérique des Français.es ?Une série de questions, introduites dans le Baromètre du numérique 2022 par le programme Société Numérique de l’Agence nationale de la cohésion des territoires, permet de répondre en partie à cette question globale en adressant les sujets du sentiment de compétence numérique, de l'autonomie et des freins perçus par les Français.es dans l'utilisation du numérique.
Des inégalités en compétences numériques qui s’accentuentA la question « Depuis deux ans et les différentes périodes de confinement, avez-vous l’impression de mieux maîtriser les outils numériques pour les différentes démarches et activités de votre vie quotidienne », 57% des personnes interrogées répondent positivement (16% « Oui, tout à fait » et 41% « Oui, plutôt »).
Toutefois, cette moyenne est sous-tendue par de grandes disparités. En effet, si le sentiment de s’être mieux approprié les outils numériques avec la pandémie est marqué chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (71%), à l’inverse, les Français parmi les plus vulnérables (non diplômés et retraités), quant à eux, sont une minorité à avoir l’impression de gagner en maîtrise depuis ces deux dernières années (respectivement 38% et 43%). Par conséquent, l’écart se creuse sur le sentiment de monter en compétences chez les Français.es.
En outre, l’impression de mieux maîtriser les outils numériques depuis deux ans décroît avec l’âge : elle concerne 74% des 18-24 ans, 68% des 25-39 ans, 61% des 40-59 ans, 52% des 60-69 ans, 36% des plus de 70 ans.
Une progression sensible de l’autonomie face aux outils numériquesUne question introduite dans le Baromètre en 2018 et reconduite en 2019 et 2022 (« Quand vous rencontrez une difficulté en utilisant des outils informatiques et numériques : que faites-vous ? ») met en relief l'évolution des comportements, notamment une ce qui pourrait être interprété comme une augmentation de l'autonomie des Français.es : +9 points par rapport à 2019 de personnes qui se « débrouille seule » lorsqu'elles rencontrent une difficulté avec le numérique.
Elle permet aussi de décomposer la population en quatre groupes :
Les personnes « autonomes » : elles déclarent ne jamais rencontrer de difficultés ou déclarent se débrouiller seule : leur part dans la population adulte est passée de 39 % en 2018 à 51% en 2022 ;Les personnes qui cherchent de l’aide auprès de leur entourage : leur part a décru en quatre ans, passant de 36% à 29% ;Les personnes qui abandonnent quand elles rencontrent une difficulté : leur part a décru, passant de 8% à 5% ;Les personnes n’ayant jamais utilisé d’outils informatiques ou numériques : leur part est passée en quatre ans de 10% à 7%.
Le niveau de diplôme continue de creuser les écarts : la proportion d’utilisateurs autonomes atteint 56% chez les titulaires du baccalauréat et 58% parmi les diplômé.e.s du supérieur, alors que les non-diplômé.e.s sont très minoritairement autonomes (32%).
Alors que la population des internautes est constituée d’autant d’hommes que de femmes, les hommes affirment plus souvent savoir se débrouiller seuls (45%) que les femmes (36%). 11% des hommes et 10% des femmes affirment ne pas rencontrer de difficultés (12 %). L’interrogation sur les « effets de genre » dans la relation au numérique traverse depuis 15 ans les travaux qui se penchent sur les usages et les compétences numériques. De nombreux travaux ont ainsi mis en relief une moindre confiance des femmes dans leurs compétences numériques.
Le cercle familial et amical, un recours important en cas de difficultés pour les plus vulnérables28% des personnes se tournent vers leurs proches quand elles rencontrent une difficulté à utiliser les outils numériques. Ce recours au cercle familial ou amical est plus marqué chez les 60-69 ans (38%) et les plus de 70 ans (33%), chez les titulaires d’un BEPC (33%), parmi les personnes au foyer (38%) et les retraités (31%). Les femmes seraient également plus enclines (35 %) que les hommes (22 %) à chercher de l’aide auprès de l’entourage.
À mesure que les usages se multiplient, davantage de personnes rencontrent des freins dans l’utilisation des outils numériquesLe Baromètre numérique proposait, en 2022 comme en 2020, une liste de « freins qui vous empêchent, vous personnellement, d’utiliser pleinement les outils numériques dans votre quotidien, que ce soit sur smartphone, tablette ou ordinateur ».
Parmi ces « freins », celui dont la progression est la plus forte depuis 2020, est le manque de maîtrise des outils informatiques pour pouvoir les utiliser pleinement (25%, + 7 points).Si le sentiment de ne pas maîtriser suffisamment les outils pour les utiliser pleinement est davantage cité par les 70 ans et plus (36%), leurs réponses sont restées stables depuis 2020 (+ 2 points), au contraire de l’ensemble des autres classes d’âges. Les 18-24 ans sont 19% à déclarer ce type de frein en 2022 (+ 11 points) « alors qu’ils sont, sur de nombreux usages, plus à l’aise que leurs ainés, et qu’ils expriment également avoir appris de nouveaux usages pendant la période Covid-19 » observent les analystes du Credoc.A mesure que les usages se multiplient, davantage de personnes rencontrent des freins dans l’utilisation des outils numériques. L’enquête Capacity avait d’ailleurs montré que, de manière un peu paradoxale, « plus on a d’usages numériques, plus on a d’ennuis … En clair, lorsque certaines personnes se contentent d’aller sur Google et de transférer des photos à des proches, elles ont peu de soucis avec Internet », observait alors Jean-François Marchandise, délégué général de la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération). « C’est lorsque l’on a plusieurs dizaines d’usages différents – ce qui est le cas pour un internaute moyen – que les problèmes apparaissent. On perd des documents, on ne sait pas comment publier et dépublier des messages sur certains sites, on est parfois angoissé par certains actes sur une appli bancaire ou en traitant ses impôts… Ces nouveaux embarras numériques, concernent les gens qui sont déjà connectés. Plus les Français ont d’usages numériques non choisis, plus ils ont des ennuis ».Les 18-24 ans rencontrent par ailleurs le plus de freins liés à un accès difficile à internet (17%) et à un équipement dépassé (18%). En outre, les freins liés à l’équipement sont plus présents chez les personnes aux faibles revenus : 17% sont gênés par leur manque d’équipement, 11% par leur accès difficile à internet, et 14% par leur équipement dépassé.Le niveau de diplôme est également lié à des variations importantes dans les freins rencontrés : tandis que les non diplômé.e.s sont particulièrement concerné.e.s par la maîtrise insuffisante des outils (32%), le manque d’équipement (26%), et l’accès difficile à internet (16%). A l'inverse, les diplômé.e.s du supérieur sont les plus nombreux.ses à ne rencontrer aucun frein particulier dans leur usage des outils au quotidien (59%).
Pour mieux maîtriser les outils, les adultes privilégient la formation individuelle en ligne« Les situations d’isolement créées par les différentes périodes de confinement ont mené de nombreuses personnes à devoir se familiariser rapidement et en autonomie avec de nouveaux outils numériques » observent les analystes du Credoc. « Dans ce contexte, on constate une forte augmentation des personnes interrogées considérant le fait de se former seul sur internet comme le dispositif le plus adapté pour mieux maîtriser les outils numériques depuis 2017 (28%, 16 points). Ce mode de formation est désormais autant plébiscité que l’aide à son cercle amical ou familial (28%, + 1 point) ».
« Après deux ans de distanciation sociale, les dispositifs impliquant un échange en présentiel sont moins bien perçus cette année, qu’il s’agisse d’une formation sur le lieu de travail (11%, - 12 points), ou d’un accompagnement dans un lieu dédié en dehors du milieu professionnel, qu’il soit personnel (11%, - 6 points) ou collectif (16%, - 9 points) ».Tandis que la formation autonome sur internet était en 2017 surtout l’apanage des jeunes adultes, les écarts se sont résorbés en 2020, avec un fort engouement des 40-59 ans (31%, + 20 points) et des 60-69 ans (30%, + 20 points). La formation seule sur internet est également très appréciée par les plus diplômé.e.s (32% des diplômé.e.s du Bac ou équivalent, 31% des diplômé.e.s du supérieur) : le niveau de formation semble faciliter l’apprentissage autonome en matière numérique, les plus diplômé.e.s étant par ailleurs un des groupes ayant le plus l’impression de mieux maîtriser les outils du numériques depuis 2020.Les 70 ans et plus citent toujours moins que la moyenne ce mode d’apprentissage (19%), mais ils le font bien davantage qu’en 2017 (+ 14 points). Ces générations plus âgées s’en remettent avant tout à leur entourage (31%). Probablement car certains publics âgés sont vraiment en distance des usages numériques, une part importante des septuagénaires (30%) n’est pas en mesure d’identifier les dispositifs ou moyens d’aide qui lui seraient le plus adaptés (30%).Les jeunes générations se montrent, cette année, un peu plus ouvertes à se former hors du milieu professionnel, dans le cadre d’un accompagnement personnel sur un lieu dédié (18% des 18-24 ans, + 6 points), tandis que ce mode d’accompagnement est moins plébiscité dans tous les autres groupes sociaux.Les cours collectifs dans un lieu dédié (hors milieu professionnel) sont également moins bien perçus qu’en 2017, avec en particulier une baisse conséquente de la part des 60 ans et plus citant ce dispositif comme le plus adapté (22% des 60-69 ans, - 15 points ; 19% des 70 ans et plus, - 13 points). Ce sont désormais les 18-24 ans qui se montrent les plus favorables à ce dispositif (12%), ainsi que les cadres et professions intellectuelles supérieures (11%) et les résidents de l’agglomération parisienne (10%).La formation sur le lieu de travail apparaît enfin pertinente aux yeux des groupes socioprofessionnels les plus concernés : les cadres et professions intellectuelles supérieures (18%), les professions intermédiaires (22%) et les employé.e.s (14%). Les personnes au foyer vont pour, leur part, davantage s’adresser à leur cercle amical ou familial (40%).

NegaOctet : de nouvelles données pour appréhender les impacts environnementaux des services numériques
Un jeu d’une cinquantaine de données d’impacts multicritères venant de la base NegaOctet a été intégré à la Base IMPACTS de l’ADEME. Ces données vont permettre de mieux appréhender les impacts des services et équipements.Fruit de 36 mois de travaux de recherche menés par LCIE Bureau Veritas, APL Data Center, GreenIT.fr et DDemain dans le cadre d’un appel à projets de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le référentiel NegaOctet permet de mesurer et de réduire de manière significative l’impact environnemental des services numériques sur l’ensemble de leur cycle de vie.La base contient 1 500 composants et équipements classés selon quatre niveaux de granularité. A chaque équipement sont associés jusqu’à 30 facteurs d’impacts : de l’épuisement des ressources abiotiques au réchauffement global en passant par l’eutrophisation.
Intégration de NegaOctet dans la Base Impacts de l’ADEMEElles sont disponibles sous la forme d’un dossier à télécharger : Référentiel sectoriel Numérique.Ce dossier comprend :la description de la méthodologie d’inventaire du cycle de vie utilisée par le consortium NégaOctet ;le fichier des données d’impacts multicritères selon des hypothèses définies.Le fichier reprend l’empreinte environnementale selon différents indicateurs de catégories d’impacts (utilisation de ressources abiotiques, changement climatique, utilisation de la ressource en eau etc…) pour 4 types d’éléments relatifs au numérique : services numériques, équipements terminaux, équipements réseau et équipements datacenter.La Base IMPACTS de l’Ademe est la base de données génériques d'inventaire officielle pour le programme gouvernemental français d'affichage environnemental des produits de grande consommation. Elle est complémentaire aux référentiels sectoriels de l'affichage.La Base Impacts de l’ADEME deviendra la Base Empreinte après fusion avec la Base Carbone en 2024.

Les intervenant.e.s sociaux face à la transformation numérique : entre potentialités et valeurs professionnelles menacées
À l’instar de ce qui se produit dans de nombreuses professions, le recours aux technologies numériques s’accroît dans la pratique du travail social. De l’utilisation de systèmes de messagerie instantanée à la constitution de bases de données. Voire même d’outils de prise de décision automatisée. Ces technologies contribuent à transformer le métier d’intervenant social.En s’appuyant sur une revue de la littérature internationale, Steve Jacob et Seima Souissi analysent les transformations récentes caractérisant le travail social à l’ère numérique.Les auteur.rice.s recensent, dans un premier temps, les potentialités qu’offrent les outils numériques pour les intervenant.e.s sociaux.les. Il est ensuite question de la transformation des tâches et des compétences techniques et communicationnelles nécessaires pour s’adapter au nouveau contexte de travail. Enfin, cet état de l'art se penche sur une série de défis du point de vue des usager.e.s, mais aussi liés à l’acceptation et à l’appropriation de ces outils par les intervenant.e.s.L’expression « intervenant social » désigne, dans cet article, les professionnel.le.s du domaine social, les travailleur.euse.s sociaux ou encore les accompagnateur.rice.s sociaux.
Potentialités offertes par les outils numériques pour les intervenant.e.s sociauxLes études recensées montrent que les technologies numériques dans le travail social favorisent la disponibilité et le partage d’informations, ainsi que le respect des règles et des procédures. « Cela concourt à un gain de temps et à une efficacité accrue des interventions. En outre, la documentation dans les systèmes d’information de résumés de conversations et d’actions entreprises auprès des usagers favorise la transparence et la traçabilité des interventions, ce qui facilite le transfert des cas entre professionnels. En consultant le dossier virtuel d’un usager, les intervenants accèdent à toutes les données et aux interventions précédentes ».Le partage d’informations entre le personnel d’un établissement, mais aussi avec d’autres parties prenantes impliquées dans l’intervention, augmente la collaboration intersectorielle et l’efficacité des services auprès des usager.e.s.Dans des cas de contentieux, la transparence et la traçabilité fournissent en outre une protection aux intervenant.e.s.« En donnant accès à davantage d’informations sur les pratiques des collègues dans des situations similaires, les plateformes numériques renforcent le pouvoir discrétionnaire des intervenants sociaux ». Des praticien.ne.s expliquent ainsi que la technologie procure une plus grande confiance : elle permet d’accéder à un plus grand nombre d’informations et est perçue comme plus fiable que les conseils d’un collègue.Les technologies numériques peuvent également contribuer à une prise de décision conforme et uniforme dans un contexte de changements réglementaires fréquents. En ce sens, les technologies peuvent « concourir à réduire l’incertitude ». En dépit de cette volonté de normalisation des processus visant aussi à standardiser les pratiques, les auteur.rice.s insistent toutefois sur la nécessité, pour les intervenant.e.s, de rester à l’écoute et de réagir aux besoins individuels des usager.e.s.Enfin, avec l’automatisation des demandes à travers des solutions en libre-service, les informations fournies par les usager.e.s sont plus claires et plus faciles à analyser grâce à leur structuration standardisée.Plusieurs études mettent l’accent sur la possibilité pour les intervenant.e.s de gagner du temps en ayant recours aux outils numériques pour automatiser des tâches routinières et chronophages. Les agent.e.s peuvent ainsi se consacrer aux demandes plus exigeantes et aux usager.e.s plus vulnérables.
La transformation du métier et des compétences des intervenant.e.s sociauxLe recours au numérique implique une réorganisation du travail. La prise en charge de tâches par des outils technologiques transforme les routines de travail. Ainsi, les intervenant.e.s assument de nouveaux rôles et doivent développer de multiples compétences afin de répondre aux exigences actuelles du métier.Avec l’intégration de technologies numériques, les intervenant.e.s deviennent responsables du fonctionnement de ces outils. Ce qui exige non seulement une expertise dans le domaine du travail social, « mais aussi une bonne compréhension des aspects techniques du système pour évaluer les décisions algorithmiques et les réviser au besoin ».La transformation numérique du travail social aspire aussi à faire participer les usager.e.s de manière active et à les responsabiliser davantage. « De nombreuses tâches effectuées auparavant par les intervenant.e.s sont désormais directement réalisées par les usagers via des plateformes numériques. Les intervenants agissent alors comme des « guides » orientant et assistant les usagers dans l’utilisation des outils numériques ».Ainsi, la tâche des intervenant.e.s n’est plus centrée sur la résolution de problèmes et la prise de décisions mobilisant des connaissances professionnelles précises. « Elle consiste désormais à fournir un service largement axé sur le soutien technique ».Auparavant, les intervenant.e.s répondaient à un large éventail de demandes avec des moyens de communication traditionnels (courrier, téléphone ou rencontre). Les messages prenaient différentes formes : les documents rédigés par les intervenant.e.s à des fins administratives internes, ceux servant à communiquer des décisions et des informations formelles sur les droits et les obligations juridiques et, enfin, la communication verbale, plus informelle. Les études révèlent que « les frontières, autrefois marquées entre ces formes de communication, s’estompent avec les outils numériques car le style plus direct et informel utilisé à l’oral est également employé pour échanger sur les plateformes numériques ».Par ailleurs, l’utilisation des outils numériques a l’inconvénient de brouiller les frontières entre les sphères privée et professionnelle et risque d’entraîner des répercussions sur le rendement au travail et la santé des intervenants. En effet, des études confirment que l’accessibilité et la disponibilité des professionnel.le.s à travers ces outils ouvrent souvent la porte à de nouvelles demandes de services et augmentent le nombre de questions de la part des usager.e.s.La conversation instantanée est un exemple de moyen de communication qui donne aux usager.e.s un accès direct aux intervenant.e.s. Elle favorise un échange informel, étroit et rapide entre les interlocuteur.rice.s. L'usage de cet outil n’est pas sans poser des défis aux intervenant.e.s. Les interactions, qui prennent la forme de réponses immédiates et spontanées, ne sont pas basées sur des modèles prédéfinis, comme ceux utilisés pour rédiger les correspondances officielles. De plus, les agents sont préoccupés par le niveau de langage et le ton à adopter lors de ces échanges. Ils s’interrogent notamment sur la convenance dans le fait de recourir ou non aux symboles et aux émoticônes ou encore s’il convient de privilégier le « nous » ou le « je » en s’adressant aux usagers.« Malgré l’instantanéité des échanges, l’interaction numérique exige de la prudence et une rédaction minutieuse parce qu’il s’agit de sujets sensibles pour les usagers qui peuvent réutiliser les propos de l’intervenant dans d’autres contextes ».
Les défis de la dématérialisation du travail socialConfidentialité, protection des données, biais algorithmiques et limites de la technologieLes intervenant.e.s sociaux sont tenu.e.s de protéger les informations traitées. « Or ils maîtrisent moins les conditions de partage des informations. Les technologies numériques suscitent donc des défis en lien avec le secret professionnel, le contrôle et la protection de l’information ».En outre, bien qu’elles aient démontré leur efficacité dans des domaines comme le traitement et la synthèse de grandes quantités de données, les technologies numériques, incluant celles qui sont dotées d’une intelligence artificielle (IA), ont encore des limites importantes. « Traduire la réflexion humaine en règles mathématiques constitue un défi majeur pour la dématérialisation de ce domaine d’activité et risque d’aboutir à une discrimination envers les usagers en raison des biais algorithmiques ».Des valeurs professionnelles menacéesLe rôle des intervenant.e.s sociaux se définit largement en référence à leur capacité à fournir un soutien individuel aux usager.e.s en mobilisant leur pouvoir discrétionnaire. « Guidés par une éthique professionnelle, ils déploient leur jugement pratique pour assurer l’équilibre entre les services basés sur la prise en charge des cas individuels et l’application de procédures administratives et de cadres juridiques complexes ». Avec l’arrivée des technologies numériques, cette marge de manœuvre semble s’amenuiser. La capacité des intervenant.e.s à prendre des décisions individualisées diminue parce ces dernier.e.s sont contraint.e.s de suivre les procédures imposées par les systèmes numériques.Les interactions virtuelles risquent en outre de créer de la distance et de conduire à la réification de l’usager.e. « Avec le numérique, les intervenants sont appelés à offrir une prestation de services à des usagers plus impersonnels. Ils n’ont ainsi plus de récits individuels à développer au fil des rencontres avec les usagers. La collecte de données sous forme de liste structurée ne permet pas une compréhension profonde et contextualisée des cas. Elle donne accès à des informations souvent réductrices sur les usagers».« De façon générale, les études recensées révèlent que la réduction du rôle des intervenants et leur aliénation aux outils numériques peuvent provoquer de la frustration et altérer leur épanouissement professionnel. Ces sentiments affectent aussi bien la satisfaction au travail que la qualité des services et l’efficacité des interventions ».Des stratégies de contournement des outils numériquesLes études révèlent que les intervenant.e.s sociaux utilisent les technologies numériques de manière variable sans nécessairement se conformer aux instructions, ce qui pose un défi important pour les organisations. « Les intervenants sociaux sont souvent prêts à contourner les barrières fixées par les technologies numériques, pour ne pas transiger avec leurs convictions professionnelles ».Pour autant, « les intervenants apprécient l’outil technologique lorsqu’il confirme leurs points de vue et leurs attentes. Ils sont aussi prêts à reconsidérer ou à modifier une décision en fonction des informations et des suggestions fournies par ces outils. Leur attitude varie en fonction de leur perception générale des capacités et des limites de la technologie ainsi que de la compréhension des règles de fonctionnement spécifiques aux outils ».Ces constats illustrent des problématiques majeures découlant des inégalités d’usage des technologies en fonction de l’expérience et de la personnalité des intervenants qu’il serait possible de combler en s’attardant sur les processus de médiation numérique auprès de ces professionnels.Le risque d'une perte de lien avec les usager.e.s« Bien qu’il semble y avoir un consensus sur les effets positifs des technologies numériques pour les usagers et les intervenants », concluent Steve Jacob et Seima Souissi, cette revue de la littérature internationale met en lumière plusieurs défis liés au recours aux technologies numériques. « Le passage à la communication numérique exige non seulement un effort d’adaptation de la part des intervenants pour s’assurer d’être bien compris par les usagers, mais aussi beaucoup de prudence dans un contexte où la confidentialité des contenus est difficile à préserver ». La dématérialisation du travail social affecte aussi les valeurs professionnelles des intervenant.e.s. « Contraints de suivre les procédures imposées par les technologies numériques, ils perdent le lien avec les usagers ».Le passage à la communication numérique exige non seulement un effort d’adaptation de la part des intervenant.e.s pour s’assurer d’être bien compris par les usager.e.s, mais aussi beaucoup de prudence dans un contexte où la confidentialité des contenus est difficile à préserver.« En raison de leur incompétence numérique, certains usagers risquent d’être privés d’accès aux services sociaux. De même, les technologies numériques présentent encore des limites importantes risquant d’aboutir à des décisions peu fiables. La dématérialisation du travail social affecte aussi les valeurs professionnelles des intervenants. Contraints de suivre les procédures imposées par les technologies numériques, ils perdent le lien avec les usagers. Ces effets varient largement en fonction de la technologie utilisée et du degré d’automatisation des tâches».Les articles retenus par les auteur.rice.s dans cette revue de littérature scientifique internationale portent sur des exemples variés d’intervenant.e.s, comme les conseiller.e.s en emploi et les travailleur.euse.s sociaux œuvrant auprès d’enfants et de leurs familles, de toxicomanes ou encore de personnes vulnérables ou en situation de handicap. La plupart des exemples de dématérialisation décrits ont lieu en Europe.Dans la majorité des articles analysés dans cette revue de littérature, la dématérialisation du travail social s’opère à l’aide de systèmes de gestion électronique des dossiers. Ces outils permettent de rassembler et de centraliser les données sur les usager.e.s, de traiter le suivi des dossiers et, dans certains cas, de faciliter la communication. Récemment, des outils technologiques plus développés s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA) ont commencé à être employés au Danemark, aux États-Unis, en Suède, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, en vue d’automatiser la prise de décision dans le domaine social.Cet article a été publié par la Revue des politiques sociales et familiales dans le cadre d'un dossier consacré à la Dématérialisation des services publics et accès aux droits".

Les dossiers
Voir tous les dossiers[Dossier] Géocommuns et données territoriales : la nouvelle fabrique des cartes de l’action publique
Les données géographiques sont partout : géolocalisation, applications de navigation, plans d’urbanisation, plans de prévention des risques, territoires intelligents. « Instrument privilégié pour l’analyse et la représentation de données, les cartes permettent d’appréhender des problématiques territoriales sous l’angle spatial. La conversion de la cartographie au numérique et au Web a transformé le rôle et le statut des cartes comme instrument de l’action publique » explique le géographe Boris Mericskay. À l’heure des données ouvertes, des données massives, de l’intelligence artificielle, la carte comme instrument de l’action publique est en pleine mutation.En 2021, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) dégageait une nouvelle « boussole » pour l’ensemble de ses activités et décidait d’inscrire son activité dans « une dynamique de construction des communs : un ensemble de bases de données d’information géographique (production) et d’outils numériques (diffusion) accessibles au plus grand nombre ».Un rapport sénatorial paru en octobre 2022 validait le recentrage de l'IGN sur les données de service public utiles à la gestion de la transition écologique et appelait l’IGN à un partenariat renforcé avec les collectivités.
Les « Géocommuns » et le programme Géoplateforme au cœur du repositionnement de l’IGNDepuis la loi n°2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, dite « loi NOTRe », les régions ont vu leurs compétences renforcées en matière d’information géographique. Chaque région a désormais la responsabilité d’assurer « la coordination, au moyen d’une plateforme de services numériques qu’elle anime, de l’acquisition et de la mise à jour des données géographiques de référence nécessaires à la description détaillée de son territoire ainsi qu’à l’observation et à l’évaluation de ses politiques territoriales, données dont elle favorise l’accès et la réutilisation », observe le rapport sénatorial consacré à l’IGN.Les régions sont devenues de véritables pilotes stratégiques de la politique d’information géographique. Parallèlement à la montée en puissance des régions, les grandes métropoles consacrent aussi de plus en plus de moyens à l’information géolocalisée. Certaines métropoles pionnières telles que Nice, Bordeaux, Lyon, Rennes ou encore Strasbourg affichent des ambitions particulièrement fortes dans ce domaine.En parallèle, l’IGN a entrepris, en 2019, de se transformer et de refonder son modèle. « D’une mission de production-diffusion d’information géographique, l’IGN évolue vers des rôles d’agrégateur de données, d’expert, de coordinateur ou de certificateur. Il recentre son action sur la production des données socles souveraines ainsi que sur le pilotage de vastes projets d’accompagnement de grandes politiques publiques directement financés par leurs commanditaires ».Ainsi, le concept de « Géocommuns » et le programme de Géoplateforme sont au cœur du repositionnement de l’IGN. Destinée à prendre le relai de l’actuel Géoportail, la Géoplateforme doit constituer une infrastructure mutualisée pour la gestion et la diffusion de l’information géographique. « Beaucoup de chemin reste encore à parcourir », observe toutefois le sénateur Vincent Capo-Canellas qui note qu’en plus de ses moyens propres, pour mettre à jour différentes couches du référentiel à grande échelle (RGE), l’IGN agrège désormais des données collectées par des partenaires, principalement issus de la sphère publique. « Un espace collaboratif qui préfigure la Géoplateforme permet notamment à l’IGN de recueillir des données collectées par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), les géomètres-experts, des collectivités locales ou des parcs naturels ».Après avoir esquissé la perspective d’un cadastre unique entre les impôts et l’IGN, passé en revue le projet de représentation parcellaire cadastrale unique (RPCU) et le Plan de corps de rue simplifié (PCRS), le sénateur Vincent Capo-Canellas appelle à « renforcer et formaliser les collaborations de l’IGN avec le secteur local » et souligne, en conclusion, « l’importance pour la France de disposer d’un établissement géographique souverain de référence tel que l’IGN pour appuyer les politiques de prévention ».
La Géoplateforme, futur espace public de l’information géographiqueLe programme Géoplateforme vise à doter la puissance publique d’une infrastructure collaborative et mutualisée pour la production et la diffusion des géodonnées. Son ambition est de permettre aux porteurs de politiques publiques et aux collectivités locales qui le souhaitent de bénéficier très simplement de fonctionnalités avancées pour diffuser leurs propres données et s’ouvrir à des communautés contributives. Ce futur espace, composante géographique de l'État-plateforme reconnue grand projet numérique de l'État, répond notamment aux enjeux de souveraineté des données de l’État face aux géants de l’Internet. L'IGN pointe quatre enjeux :Bâtir une plateforme ouverte et mutualisée dédiée à l’information géographique et contribuant au déploiement de l’État-plateforme ;Organiser le dispositif collaboratif pour l’entretien et l’enrichissement de la donnée géographique au sein de la sphère publique ;Constituer un écosystème d’usagers ; outiller, soutenir et connecter les communautés existantes ;Proposer une nouvelle infrastructure robuste assurant la reprise des services existants de l’IGN et de ses partenaires, optimiser le parcours d'accès à ces ressources et offrir des fonctionnalités complémentaires.Le coût total du projet est estimé à 21,5 M€. La Géoplateforme, lauréate du deuxième appel à projet du Fonds pour la transformation de l’action publique (FTAP), a reçu dans ce cadre un financement à hauteur de 3,6 M€. Le reste du financement est supporté par l'IGN.
L’IGN lance un appel à partenaires pour la Fabrique des géocommunsLa Fabrique des géocommuns initiée par l’IGN passe désormais aux travaux pratiques, avec un appel à partenaires pour participer à trois projets en cours.Le premier projet, Panoramax !, soumis par OpenStreetMap France, vise à développer une infrastructure collective de partage d’images.Le second projet est Bat-ID, porté par l’Ademe, le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et l’IGN. Issu d’une expérimentation menée par le CSTB et l’Ademe en 2021 et porté par deux entrepreneurs d’intérêt général (EIG), le projet avait pour but d’avancer vers la mise en place d’un identifiant unique pour chaque bâtiment en France.La Base Adresse Nationale (BAN) a rejoint la Fabrique des Géocommuns dès sa création en décembre 2021. Cette startup d’État est soutenue par l’ANCT, la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) et l’IGN. L’équipe BAN déploie son activité sur deux volets principaux : l’accompagnement des communes dans la production de leurs Bases Adresses Locales (BAL), et l’agrégation de ces informations dans un référentiel national et sa mise à disposition sous différentes formes (données brutes, API…).
Une France intégralement couverte en « Bases Adresses Locales » d’ici 2024La loi « 3DS » du 21 février 2022 (Loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale) impose à toutes les communes la création d’une « Base Adresse Locale » (BAL).Une Base Adresse Locale regroupe toutes les adresses d’une ou plusieurs communes et est publiée sous leur responsabilité.Les communes, quelle que soit leur taille, sont seules responsables de la création et de la gestion d’adresses incluant un nom de voie et un numéro.Elles sont tenues de fournir leurs adresses dans le format standardisé BAL afin qu’elles soient intégrées dans la « Base Adresse Nationale » (BAN).Cette disposition vise mettre fin aux multiples bases adresses existantes au profit d’un « géocommun » unique et ouvert à tous.Début mai 2023, plus de 15 000 communes étaient couvertes par une Base Adresse Locale. D’ici à 2024, la totalité des communes devraient gérer leurs adresses via une Base Adresse Locale.
L’IGN publie son premier Atlas des cartes de l’anthropocèneL’IGN s’était engagé en 2021 à produire des cartes thématiques sur un nombre limité d’enjeux écologiques majeurs qui rendent compte des changements rapides du territoire et des conséquences sur l’environnement. Les cartes de l’anthropocène permettront ainsi d’établir des diagnostics partagés et d’offrir des outils mobilisables par les acteurs pour parler un langage commun et relever les défis environnementaux.Dans la première édition de cet atlas, qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel, l’IGN propose des visualisations des phénomènes environnementaux : artificialisation des sols, suivi de l’état des forêts, observation de l’érosion des reliefs et en particulier du trait de côte, cartographie prédictive des zones de biodiversité à protéger… « En devenant dynamique la carte devient un outil de la planification écologique ».

[Dossier] Numérique éducatif rentrée 2022 : état des lieux des projets en cours et des nouvelles initiatives
Avant-proposComme chaque année, la circulaire de rentrée du Ministre de l'éducation nationale décrit les priorités et les nouveautés qui entrent en vigueur à partir de septembre. S'agissant du numérique éducatif, la circulaire prévoit que chaque école ou établissement, devra « actualiser en cette rentrée les plans de continuité pédagogique élaborés et mis en œuvre depuis 2020 ». Elle annonce, à ce propos qu’une « solution pérenne et souveraine de classe virtuelle accessible à tous les professeurs sera désormais garantie toute l'année ».« Face au défi pour nos élèves de comprendre l'univers numérique, et notamment de savoir analyser, trier, distinguer les informations dont chacun peut désormais être l'émetteur autant que le récepteur », la circulaire prévoit de renforcer l'effort en matière d'éducation aux médias et à l'information : « L'ensemble des professeurs, autour notamment des professeurs documentalistes qui en sont le pivot dans le second degré, doivent sensibiliser et former à cette nécessaire prise de distance, première qualité d'un citoyen éclairé. Dans cet esprit, une expérimentation sera mise en place en classe de sixième dès la prochaine rentrée via une attestation de sensibilisation au numérique ».La crise sanitaire et la mise en place de la continuité pédagogique ont rendu nécessaire la mise en place un « socle numérique de base pour les écoles, collèges et lycées ». Dans le cadre d’un « comité des partenaires » associant représentants des associations représentatives des collectivités et l'État « dans le respect des compétences de chacun », trois référentiels concernant l'équipement numérique de base à l'école, au collège et au lycée ont été discutés, puis rendus publics.On dispose, en cette rentrée, d'une première évaluation du programme « Territoires numériques éducatifs » (TNE), lancé en 2020, qui doit permettre de tester, à grande échelle, la mise en œuvre de la continuité pédagogique.Dans le cadre du programme « Numérique Inclusif, Numérique Éducatif » lancé en juin 2021 , 80 projets sélectionnés soutiennent des projets de lutte contre les fractures numérique et éducative.Dans le cadre de France 2030 (qui prend le relais du plan de relance), un effort d'investissement considérable (594 millions d’euros) est consacré à la stratégie d’accélération « Enseignement et numérique ».SommaireÉtat et collectivités s’accordent autour des socles d'équipement numérique pour l'école, le collège et le lycéeNumérique éducatif et inclusif : 80 projets pour « rebattre les cartes de l’enseignementDispositif « territoires numériques éducatifs », quels enseignements tirer de l’expérimentation ?La stratégie enseignement et numérique de France 2030Vers une généralisation de l’éducation aux médias et à l’information dans les écoles, collèges et lycéesLes états généraux du numérique pour l’éducation, un an après, quel bilan intermédiaire ?« Que sait-on aujourd’hui de la place et de l’utilisation du numérique à l’école ? »
Etat et collectivités s’accordent autour des socles d'équipement numérique pour l'école, le collège et le lycéeMalgré des efforts financiers conjugués conséquents, le déploiement du service public du numérique éducatif s’est opéré de façon très disparate et inégale sur l’ensemble du territoire. « Pour remédier aux inégalités persistantes d’accès au service public numérique », la Cour des Comptes dans son rapport de juillet 2019 recommandait « de doter écoles, collèges et lycées d’un socle numérique de base ».La crise sanitaire et la mise en place de la continuité pédagogique ont rendu nécessaire la mise en place un « socle numérique de base pour les écoles, collèges et lycées ».Dans le cadre d’un « comité des partenaires » associant représentants des associations représentatives des collectivités et l'État «dans le respect des compétences de chacun », trois référentiels concernant l'équipement numérique de base à l'école, au collège et au lycée ont été discutés, puis rendus publics.Ces référentiels détaillent, pour chaque type d'établissement (école, collège et lycée) un socle de base : Ces référentiels « visent à éclairer les collectivités compétentes dans leurs investissements, en fonction du niveau d’équipement attendu dans leurs écoles, collèges et lycées. Ils n’ont pas de valeur de prescription mais plutôt de référentiel pouvant être éventuellement adapté en fonction des projets pédagogiques des établissements et des réalités de terrain. Il est entendu, que l’État, dans les compétences qui sont les siennes assure notamment la formation des enseignants aux usages pédagogiques du, et par, le numérique ».l’équipement de base de la salle de classe : un système de visualisation collective et un poste de travail pour la classe ;les équipements mobiles mutualisables pour chaque établissement pack de tablettes tactiles (collèges et lycées) ;les équipements permettant l’hybridation des cours dans les établissements (lycées) ;les équipements des salles « spécifiques » d’enseignement disciplinaire (collèges et lycées) ;l’équipement de l’établissement (centre de documentation et d’information, salle multimédia, espace pour un studio média, salle de permanence, salle des professeurs, des points d’accès « libres » à l’internet pour les élèves (collèges et lycées) ;l’accompagnement et la formation des enseignants et équipes éducatives à la prise en main des nouveaux matériels ;le réseau informatique ;l’accès à internet.
Numérique éducatif et inclusif : 80 projets pour « rebattre les cartes de l’enseignement »L’appel à projets « Numérique Inclusif, Numérique Éducatif » a été lancé par la Banque des Territoires en juin 2021 pour soutenir des projets de lutte contre ces deux fractures : numérique et éducative. Après deux vagues de sélection, l’une ayant eu lieu courant de l’automne 2021 et la seconde au printemps 2022, les 80 projets sélectionnés maillent aujourd’hui l’ensemble du territoire.80 projets retenusDeux tiers des projets sélectionnés sont portés aux deux tiers par des associations, un quart par des entreprises EdTech et des collectivités territoriales. Quand des structures de l’ESS ne sont pas elles même porteuses de ces projets, elles en sont la plupart du temps partenaires.40% des publics ciblés sont des élèves, dont 20% de jeunes en situation défavorisée. Les parents et les professionnels de l’éducation représentent respectivement 19% et 16% des publics visés.Au-delà du soutien financier à ces projets, la Banque des Territoires met également en place un dispositif d’accompagnement resserré auprès des lauréats, qui vise à accompagner les projets dans leur passage à l’échelle.Trois convictions à l’origine de l’appel à projetsLa Banque des Territoires met en avant trois convictions qui sous-tendent ce dispositif.La première est que « les solutions existent déjà et surtout, qu’elles sont issues des territoires. La France se démarque par l’hétérogénéité de son territoire, et donc la pluralité de ses enjeux. Calquer une solution sur un territoire est souvent inutile, voire contreproductif ».La seconde, « c’est que les acteurs de l’écosystème œuvrent déjà ensemble. (…) . Les acteurs ont l’envie de mutualiser et de créer des synergies, d’avoir une meilleure visibilité sur l’existant pour ne pas réinventer mais plutôt agir en complémentarité. L’appel à projets avait aussi pour but de faire se rencontrer les acteurs, et de les faire discuter entre eux – que ce soit pour porter ensemble des projets, ou bien de partager leurs bonnes pratiques ».La troisième est que « sans travailler aux enjeux de l’inclusion, il n’est pas possible de construire des solutions éducatives efficaces et pérennes ».
Dispositif « territoires numériques éducatifs », quels enseignements tirer de l’expérimentation pour la continuité pédagogique ?Le programme « Territoires numériques éducatifs » (TNE), lancé en 2020 par le ministère de l’Éducation nationale et le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) et mis en œuvre par la Banque des Territoires avec les collectivités partenaires, en association avec le Réseau Canopé et le GIP Trousse à Projets, devait permettre de tester, à grande échelle, la mise en œuvre de la continuité pédagogique, dont la nécessité avait été révélée par la crise sanitaire liée à la COVID-19.Le rapport d’évaluation du dispositif TNE tire les premiers enseignements des expérimentations menées dans les départements de l’Aisne et du Val-d’Oise durant l’année scolaire 2020-2021.Lire la suite
La stratégie enseignement et numérique de France 2030France 2030 s’inscrit dans la lignée du plan France Relance. Ce plan d’investissement de 30 milliards d’euros, doit permettre de rattraper le retard de la France dans certains secteurs historiques. Il vise aussi la création de nouvelles filières industrielles et technologiques.Dotée de 594 millions d’euros dans le cadre de France 2030, la stratégie d’accélération « Enseignement et numérique » doit répondre à deux impératifs : Elle se fixe plusieurs objectifs : Actions lancéesrenforcer les aptitudes et les compétences nécessaires pour préparer à une formation tout au long de la viefavoriser la mise en place d’un écosystème d’éducation numérique français hautement performantAccroître l’efficience de notre système d’enseignement avec le renforcement des outils d’orientation, portfolios des compétences, ressources éducatives labellisées, aide à la personnalisation des parcours, ou encore les actions pour réduire les fractures numériques renforcer la stratégie d’accélération « Enseignement et numérique ».Transformer et renforcer l’économie de la EdTech : « la EdTech (Educational technology) représente un secteur économique dynamique à fort enjeu de compétitivité dans lequel investissent massivement les grands pays(…) La crise sanitaire a confirmé la nécessité du passage à l’échelle supérieure de nombreux acteurs pour absorber la demande future »Offrir un cadre qui préserve la souveraineté et la capacité d’influence : « au-delà de l’impact économique immédiat pour la EdTech française, le recours à des solutions numériques étrangères est synonyme de captation des données. Enjeux essentiels, la protection des données personnelles et la souveraineté liée à notre système national d’enseignement doivent être préservés avec des solutions pérennes et sécurisées ».Un « Programme Equipements Prioritaires et de Recherche » (PEPR) « Enseignement et numérique » doté de 77 M€ sur 10 ans permettra de constituer un entrepôt de données éducatives (Education Data Hub) à même de contribuer à la fois à un pilotage par la donnée des établissements et des académies, mais aussi à un travail affiné des enseignements à partir des traces d’apprentissages, et des EdTech pour les ressources existantes et à créerDes Démonstrateurs qui permettront de tester, d’accélérer et de repérer les meilleures pratiques pour accélérer les usages du numérique dans l’enseignement :Des « démonstrateurs numériques territoriaux » sont ainsi déployés pour 3 ans dans le scolaire (12 Territoires Numériques Educatifs) et dans le supérieur (17 Démonstrateurs qui couvrent 70 établissements français d’enseignement supérieur)Des démonstrateurs communs à l’enseignement scolaire et à l’enseignement supérieur comme Avenir(s) doté de 30 M€ piloté par l’ONISEP et l’Université Savoie-Mont-BlancDes solutions pédagogiques fondées sur les outils numériques au travers de Challenges Education et de Partenariats d’innovation en Intelligence Artificielle, ou le soutien au déploiement des projets E-FRAN.La formation initiale et continue au numérique des enseignants et des personnels qui accompagnent la transformation pédagogique avec des formations innovantes dans le cadre de l’appel Compétences et métiers d’avenir.
Vers une généralisation de l’éducation aux médias et à l’information dans les écoles, collèges et lycéesInscrite dans la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation, incluse dans le Socle commun des connaissances et des compétences et de culture en 2015, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est entrée officiellement en tant que telle dans les nouveaux programmes de l’Education Nationale, après avoir longtemps campé dans ses marges.Dans une note d’analyse, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) observait, toutefois, que l’institution scolaire ne paraît pas, pour autant, « pleinement accompagner les jeunes dans un univers informationnel en mutation marqué par des débats forts autour des réseaux sociaux et des infox qui s’y propagent. Ainsi, l’éducation aux médias, en tant qu’objet d’étude, n’est abordée que dans la moitié des collèges et lycées. Celle-ci semble se résumer, le plus souvent, à une éducation par les médias (en utilisant des supports d’information de type article de journal ou documentaire télévisé), même si, à l’école, les élèves considèrent largement que les cours d’enseignement moral et civique (EMC) leur permettent de mieux comprendre l’actualité ».Le Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports annonce de nouvelles initiatives pour renforcer et généraliser l’éducation aux médias et à l’information.Lire la suite
Les états généraux du numérique pour l’éducation, un an après, quel bilan intermédiaire ?Le Ministère de l’éducation organisait les 4 et 5 novembre 2020 des Etats Généraux du Numérique pour l’éducation (EGNé).Ces Etats Généraux avaient été préparés en en trois étapes : La stratégie du numérique éducatif définie à l’issue des Etats généraux reposait sur trois piliers : former, équiper et outiller.Élaboration d’un retour d’expérience (du confinement à la fin de l’année scolaire ordinaire) ;Organisation d’une concertation en ligne (de la mi-juin à la mi-septembre) ;États généraux dans les territoires (de la mi-septembre à la mi-octobre).Lire la suite
[Dossier] « Que sait-on aujourd’hui de la place et de l’utilisation du numérique à l’école ? »La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a entrepris de faire le point sur « ce que l’on sait aujourd’hui de la place et l’utilisation du numérique à l’école ».Cette synthèse s’appuie sur une décennie d’études, sur les publications récentes de la DEPP et sur les évaluations de plusieurs dispositifs mis en place pour développer la place du numérique dans l’enseignement (D’COL, les Collèges connectés, ou plus récemment le Plan numérique).Lire la suite

[Dossier] Quel premier bilan du volet numérique de la présidence française de l’Union européenne (PFUE) ?
La présidence française de l’Union européenne (PFUE) est arrivée à son terme le 30 juin.Cette présidence a permis une série d'éléments qui pourrait être considérée comme des avancées.En matière d'autonomie technologique, la France souhaitait accélérer le lancement de quatre projets importants d’intérêt européen commun (PIEEC) durant sa présidence. Les PIIEC permettent de mobiliser des milliards d’euros d’investissements dans des usines, sans respecter les restrictions en matière d’aides d’État, à condition que plusieurs États se coordonnent.A l'occasion de la Conférence sur la souveraineté numérique européenne, le 7 février, douze États membres ont manifesté leur volonté de pré-notifier dès le printemps 2022 auprès de la Commission européenne, un PIIEC dans le domaine de l'informatique en nuage (Cloud). Dans ce cadre, ce sont jusqu’à 7 milliards d’euros de financements publics et privés européens qui pourront être mobilisés pour relever ce défi stratégique. La Commission européenne a proposé le 7 février un ensemble complet de mesures visant à garantir la sécurité d'approvisionnement, la résilience et la souveraineté technologique de l'UE dans le domaine des semi-conducteurs. Le Sommet spatial de Toulouse des 16 et 17 février a permis des avancées pour la création d’infrastructures européennes souveraines. L’Union européenne se dotera d’une constellation de connectivité autonome et a convergé sur une vision commune en matière de gestion du trafic spatial pour préserver nos satellites des collisions et actes hostiles.S'agissant de la régulation du numérique, la Présidence française a ouvert la voie à l’adoption de deux textes majeurs : le Digital Market Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA), qui visent à mieux réguler les activités économiques des géants du numérique et à lutter contre la diffusion de contenus illicites. Les deux textes pourraient entrer en vigueur avant la fin de l’année.La création d’une équipe de travail européenne chargé de proposer une initiative européenne pour les communs numériques avait été annoncée en février : le rapport sur les communs numériques rendu public les 21 et 22 juin énonce une série de propositions.La Déclaration de Strasbourg sur les valeurs et défis communs aux administrations publiques européennes, adoptée par les ministres en charge de la fonction publique des 27 États membres, pour sa part, prévoit « de promouvoir les logiciels open source au sein des administrations publiques ainsi que leur partage ».
Deux lois phares pour réguler les plateformes numériquesConclu le 24 mars, le Digital Market Acts (DMA) vise à mieux encadrer les activités économiques des plus grandes plateformes, afin de réduire la dépendance des entreprises et des consommateurs vis-à-vis de leurs services et favoriser la concurrence des autres sociétés. Avec cette législation, les grandes plateformes ne pourront par exemple plus imposer des logiciels ou applications par défaut ou en empêcher la désinstallation, favoriser leurs services ou leurs produits, ou encore réutiliser les données personnelles à des fins de publicité ciblée qu’en cas de consentement explicite. En cas d’infraction, des amendes lourdes sont prévues, pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée.
Quant au Digital Services Act (DSA) sur lequel un compromis a été trouvé le 23 avril, il a pour objectif de limiter la diffusion de contenus illicites (incitations à la haine ou à la violence, harcèlement, pédopornographie, apologie du terrorisme, etc.) et la vente de produits illicites en ligne. Les grandes plateformes devront permettre aux États membres d’accéder à leurs algorithmes et de mettre en place un outil permettant aux utilisateurs de signaler les contenus et produits illicites (messages terroristes, appels à la haine ou à la violence, harcèlement, etc.) afin que les plateformes les retirent ou en désactivent rapidement l’accès. Le DSA interdit de cibler des personnes avec des publicités en ligne basées sur leur religion, leurs préférences sexuelles, des informations sur leur santé ou leurs convictions politiques. La publicité ciblée est également interdite vis-à-vis des mineurs.
Une déclaration commune sur la "double transition" numérique et environnementaleA l'occasion de l'Assemblée numérique, 18 états membres ont abouti à une déclaration commune sur la "double transition" numérique et environnementale.18 États Membres appellent ainsi à définir, d’ici 2026, des objectifs pour maximiser l’utilisation du numérique en faveur de la transition écologique tout en limitant son empreinte carbone et environnemental.Ils s’engagent par ailleurs à poursuivre l’effort pour :réduire les dépendances européennes (semi-conducteurs, matières premières, etc.) dans le secteur numérique ;diminuer l’empreinte carbone et environnementale des infrastructures numériques (data centers ; processeurs ; infrastructures de réseaux ; etc.) et des équipements électroniques, dont la production représente près de 75 % de l’empreinte carbone du secteur ;développer une méthodologie commune pour mesurer de manière scientifique l’empreinte carbone du secteur numérique. La présidence française se félicite d’avoir pu inscrire ce sujet à l’agenda européen au Conseil Télécom du 3 juin 2022 et d’avoir pu négocier une déclaration avec les États Membres avant la fin de sa présidence.
Une initiative européenne de 19 états membres autour des communs numériquesA l’occasion de l’Assemblée numérique co-organisée à Toulouse les 21 et 22 juin par la présidence française et la Commission européenne, le rapport sur les communs numériques, initié par la France, a été présenté aux participants.Le rapport formule quatre propositions :la création d’un guichet unique européen pour orienter les communautés vers les financements et aides publiques adéquats ;le lancement d’un appel à projet pour déployer rapidement une aide financière aux communs les plus stratégiques ;la création d’une fondation européenne pour les communs numériques, avec une gouvernance partagée entre les États, la Commission européenne et les communautés des communs numériques ;la mise en place du principe « communs numériques par défaut » dans le développement des outils numériques des administrations publiques.
La Déclaration de Strasbourg sur les valeurs et défis communs aux administrations publiques européennesLe 17 mars 2022 les ministres en charge de la fonction publique des 27 États membres ont signé une déclaration commune « sur les valeurs et défis communs aux administrations publiques européennes ».Cette déclaration est construite autour de trois axes Cette déclaration prévoit, notamment « de promouvoir les logiciels open source au sein des administrations publiques ainsi que leur partage, en :Des fonctions publiques attractives, modernes et innovantes qui donnent l’exempleDes services publics transparents et résilients qui répondent aux attentes des usagersDes services publics numériques de qualité, inclusifs qui respectent les valeurs européennesReconnaissant le rôle majeur joué par les solutions open source sécurisées dans la transformation des administrations publiques, qui permettent de mutualiser les investissements entre de multiples organisations, offrent une transparence et une interopérabilité par défaut et garantissent une maîtrise sur les technologies utilisées ainsi qu’une plus grande indépendance technologique ;Tirant parti des solutions open source pour renforcer la collaboration entre les administrations publiques, en favorisant le partage de telles solutions crées ou utilisées par les administrations au sein de l’Union européenne ;Promouvant une redistribution équitable de la valeur créée par les solutions libres, notamment pour ceux qui produisent et partagent du code source ouvert ».

Les notes stratégiques
Les notes stratégiques auront vocation à conseiller les acteurs publics locaux sur la manière d’appréhender le numérique au sein de leurs compétences administratives (logement, action sociale, urbanisme, environnement, aménagement du territoire,…)
Rapport
Voir tous les rapportsBaromètre du numérique 2022 : les principaux résultats
Le numérique installé dans le quotidien des FrançaisSelon cette nouvelle édition du Baromètre du Numérique, pilotée par l’Arcep, l’Arcom, le CGE et l’ANCT, la très grande majorité des Français utilise internet (92%), même chez les soixantenaires où la part des internautes atteint 96%. Seules les personnes de plus de 70 ans se démarquent avec tout de même 63% d’internautes. En moyenne, les Français passent 32 heures par semaine devant un écran, soit près d’un cinquième du temps hebdomadaire ou un peu moins d’un tiers éveillé. Plus de la moitié de la population passe en moyenne plus de trois heures par jour devant un écran.Les usages anciens se stabilisent, les nouveaux décollentCertains usages montrent des signes de reflux comme les réseaux sociaux (62% contre 67% en 2020), déjà rejetés par les plus jeunes depuis quelques années (68% contre 84% en 2017). Mais les usages anciens sont bien installés, ainsi la recherche d’emploi progresse lentement (29% contre 26% en 2017). À noter, que les actifs au chômage sont eux 83% à utiliser internet pour chercher un emploi. Les démarches administratives et fiscales n’évoluent plus beaucoup sur le long terme, mais connaissent déjà un niveau élevé (71% de la population comme en 2020, contre 67% en 2017).La part des acheteurs en ligne avait bondi pendant la crise sanitaire, cette habitude n’est pas retombée (77% contre 76% en 2020). En outre, si 7% de la population possède un casque de réalité virtuelle, un Français sur cinq a déjà essayé cet outil numérique nouveau et 1 sur 5 aimerait le faire.Certaines des fonctionnalités offertes par les appareils numériques participent d’un meilleur accès aux contenus en ligneParmi les différentes fonctionnalités disponibles, le réglage de la luminosité (83%) et le zoom de l’écran (80%) sont les plus utilisées par l’ensemble de la population équipée d’un terminal numérique, alors qu’environ 6 Français sur 10 équipés ont déjà eu recours au réglage de la taille de la police, à l’augmentation du contraste et aux commandes vocales. L’audiodescription et l’inversion des couleurs sont quant à elles peu exploitées, environ un tiers des Français ayant eu recours à l’une de ces fonctionnalités. Les utilisateurs de ces fonctionnalités sont généralement âgés de moins de 40 ans, avec notamment un recours plus important des 18-24 ans aux commandes vocales, à l’inversion des couleurs et à l’audiodescription.La sécurité et la confiance sont au cœur des usagesL’actualité montre que le numérique emporte des risques (attaques informatiques, arnaques, perte des données, etc.), la majorité des individus estiment qu’ils ont certainement (18%) ou probablement (38%) été personnellement victime d’un accès indésirable à leurs données personnelles par internet.C’est sans doute pourquoi presque tous les utilisateurs prennent des précautions avec une vigilance plus (55%) ou moins (38%) constante.Les conditions générales d’utilisation (CGU) d’un réseau social ou d’une plateforme de partage de vidéos ont été consultées par 52 % des internautes. Parmi les internautes ayant pris connaissance au moins une fois des conditions générales d’utilisation, 77% indiquent que ces informations sont facilement accessibles. La facilité de compréhension semble en revanche moins au rendez-vous et 53% des internautes qui ont consulté ces CGU estiment qu’elles sont aisément compréhensibles.42% des internautes ont déjà signalé un compte ou des contenus inappropriés en ayant recours aux dispositifs mis en place par les réseaux sociaux ou les plateformes de partage de vidéos. Les auteurs de signalements considèrent assez largement que les dispositifs mis en place sont facilement accessibles (87%), simples d’utilisation (85%) et aisément compréhensibles (80%).Davantage de personnes rencontrent toutefois des freins à la pleine utilisation du numérique48% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet (+ 13 points par rapport à 2020). Plus que l’équipement ou l’accès à internet, c’est la complète maîtrise des outils numériques qui reste le premier frein à la pleine utilisation du numérique (25%, + 7 points par rapport à 2020). Cela pourrait paraître à première vue contradictoire avec la progression des usages du numérique des Français, mais une utilisation plus importante des outils numériques peut aussi s’accompagner d’une prise de conscience de ses limites et donc d’une identification d’une marge de progression dans la maîtrise de ces outils.Des inégalités en compétences numériques qui s’accentuentDeux ans après le début de la crise sanitaire rythmé par les périodes de confinement, en moyenne, plus d’un Français majeur sur deux estiment mieux maîtriser ces outils (56%). Toutefois, cette moyenne est sous-tendue par de grandes disparités. En effet, si le sentiment de s’être mieux approprié les outils numériques avec la pandémie est marqué chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (71%), à l’inverse, chez les Français parmi les plus vulnérables (non diplômés et âgés de 70 et plus), ce sentiment est partagé par une minorité (respectivement 38% et 36%). Par conséquent, l’écart se creuse sur le sentiment de montée en compétences chez les Français.Un accompagnement humain et pédagogique plébiscité face aux difficultés rencontrées dans le cadre des démarches en ligneLa dématérialisation des services publics se déploie depuis deux décennies avec une forte accélération récente. On constate une augmentation de la part de personnes ayant au moins parfois des difficultés à effectuer des démarches en ligne (54%, + 16 points par rapport à 2020).Face à ces difficultés, la solution la plus plébiscitée est de demander des explications pour réussir à réaliser la démarche seul (40%, + 16 points par rapport à 2020). Par conséquent, lorsqu’ils font face à des difficultés en ligne, en moyenne, les Français préfèrent apprendre et montée en compétence pour gagner en autonomie, d’autant plus que ces démarches en ligne mobilisent souvent des données personnelles sensibles et peuvent avoir des effets importants sur la vie quotidienne.
Une étude de référence pilotée par l’Arcep, le CGE, l'Arcom et l’ANCTInitiée en 2000, cette étude a pour objectifs :de mesurer l’adoption par les Français des équipements et étudier les pratiques numériques ;de détecter les inégalités d’accès et de compétences qu’elles soient volontaires ou subies ;de permettre à la puissance publique puisse d'anticiper les grandes tendances et mettre en œuvre une politique favorisant l’appropriation du numérique par tous.En 2022, L’enquête s’est déroulée entre le 15 juin et le 15 juillet 2022 auprès de 4 184 personnes, réparties en trois populations cibles distinctes (12 à 17 ans, 18 ans et plus, 18 ans et plus éloignés du numérique), avec des questionnaires adaptés et des quotas spécifiques, et grâce à deux types de recueil :3 448 personnes de 15 ans et plus ont été interrogées online dans l’enquête CDV (au sein de chaque région, quota sur : l’âge, le sexe, la PCS, le niveau de diplôme, la taille d’agglomération, le type de logement).573 personnes de 18 ans et plus appelées dans le rapport « éloignées du numérique » (ne disposant pas, à leur domicile, d’une ligne de connexion fixe à internet) ont été interrogées par téléphone, avec des quotas issus d’une enquête flash menée par téléphone auprès de 1 000 personnes de 18 ans et plus (sexe, âge, PCS, région, taille d’agglomération)163 personnes âgées de 12 à 14 ans ont été interrogées en ligne, après recueil de l’accord préalable de l’un des parents, avec les quotas suivants : âge, sexe, taille d’agglomération et PCS de la personne de référenceDonnées ouvertesL’ensemble des données de l’enquête depuis 2007 est disponible en open data sur le site data.gouv.fr.

Les carnets des NEC Locaux
Les carnets des NEC locaux regroupent les reportages des événements et les approches, outils, territoires et personnes qui construisent les leviers de l’encapacitation au numérique des treize millions de Français·es éloigné·es de ce dernier.
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