Avant-Propos
Après le plan Bibliothèques du Ministère de la culture, en 2018, qui assignait aux bibliothèques la mission de « favoriser l’inclusion numérique et les actions menées dans le champ social », la loi relative aux bibliothèques adoptée en 2021 prévoit explicitement qu’elles contribuent à « la réduction de l'illectronisme ».
Touchant des publics variés (jeunes, personnes âgées, parents, etc.), disposant de compétences d’animation sociales et culturelles, dotées d’ordinateurs en libre accès et de ressources numériques, les bibliothèques disposent, il est vrai, de nombreux atouts pour accompagner les publics vers l’autonomisation numérique. Présentes sur l‘ensemble du territoire, dotées en équipement et en ressources numériques, elles bénéficient, en outre, d’une excellente image auprès du public. Bibliothèques et médiathèques sont, d’ailleurs, clairement identifiées par le public comme des lieux d’accompagnement au numérique, comme le montre l’édition 2023 du Baromètre du numérique.
Les professionnel.le.s des bibliothèques, s'ils/elles pratiquent la médiation numérique depuis de nombreuses années, s’interrogent, toutefois, sur son périmètre (« jusqu’où aller »), sur leur positionnement et leur visibilité au sein de l’écosystème de l’inclusion numérique. Une enquête récente réalisée par l’Association des bibliothécaires de France apporte des éclairages sur la spécificité des bibliothèques au sein de cet écosystème.
Face à l’irruption des intelligences artificielles génératives, les professionnel.le.s des bibliothèques s’interrogent sur leur rôle et sur la place de l’IA dans le monde des bibliothèques. Dans quelle mesure l’IA peut-elle devenir l’alliée des apprentissages ? Quel changement dans ses missions de médiation ? Quelles nouvelles compétences ? Comment se former à ces nouvelles pratiques en évolution constante ?
Les bibliothèques se préparent aussi à minimiser l’impact écologique de leurs services numériques, qu’il s’agisse du matériel (postes informatiques publics, consoles de jeux vidéo, tablettes, liseuses) ou des logiciels (catalogues en ligne, portails, ressources en ligne). Elles sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans une démarche de sobriété numérique, en faisant évoluer leur propre fonctionnement et en sensibilisant leurs publics.
Les bibliothèques et médiathèques clairement identifiées par le public comme des lieux d’accompagnement au numérique
L’ANCT a introduit dans l’édition 2023 du Baromètre numérique une question pour mieux cerner leurs attentes en matière d’accompagnement: « Il existe sur le territoire des lieux où on propose un accompagnement dans les démarches en ligne et un apprentissage numérique. Connaissez-vous près de chez vous un lieu qui propose un accompagnement numérique ? ».
Les mairies (33% des réponses) et les bibliothèques (32%) sont citées en tête des lieux « qui proposent un accompagnement numérique ».
Les mairies devancent les bibliothèques pour toutes les classes d’âge (sauf chez les 12-17 ans), toutes les catégories socioprofessionnelles, quel que soit le niveau de diplôme ou la taille d'agglomération. Il est vrai qu'un grand nombre de communes mettent à la disposition des usagers des ordinateurs ou des bornes interactives en accès libre pour leur permettre de réaliser leurs démarches administratives. A cette offre d’accès numérique s’ajoute souvent un accompagnement par un.e secrétaire de mairie, un médiateur.trice ou un.e conseiller.ère numérique pour la prise en main des outils numériques et la compréhension de leur fonctionnement.
Référence :
Les 12-17 ans, pour leur part, privilégient plutôt les bibliothèques.
Une enquête de l’INJEP avait mis en relief l’attrait des adolescents pour l’offre numérique des bibliothèques. « Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit moins d’accéder à des collections que de bénéficier d’un espace…Les adolescents se déplacent, parfois loin, pour aller dans une bibliothèque où ils pourront se concentrer, se sentir au milieu d’autres jeunes animés par les mêmes motivations ». Selon les auteurs de l’enquête, « l’entrée des pratiques numériques dans les bibliothèques a provoqué ou accompagné un changement de celles-ci, non seulement en ce qui concerne l’offre destinée aux adolescents mais aussi dans la réflexion autour des espaces mis à leur disposition. Les pratiques des adolescents sont ainsi davantage prises en compte ».
Référence :
En première ligne pour l'accueil des publics éloignés du numérique
Alors que de nombreuses démarches sont désormais numérisées, faute d’alternative ou d’accompagnement suffisant, les publics fragiles et plus généralement et les personnes éloignées du numérique, ont tendance à solliciter des acteurs de proximité (mairies, centres sociaux, CCAS etc…) ou des acteurs de la solidarité (comme Emmaüs, la Croix Rouge, le Secours Populaire ou le Secours Catholique) afin de trouver l’aide escomptée. Ces personnes se tournent parfois vers les bibliothèques et les médiathèques.
Le plan Bibliothèques du ministère de la Culture en 2018 avait pris acte de cette situation. « Actrices de l’inclusion sociale, elles favorisent l’inclusion numérique et les actions menées dans le champ social ».
En 2018, l’Association des directrices et directeurs des bibliothèques municipales et groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV) consacrait sa journée annuelle d’étude au thème « Numérique et inclusion en bibliothèque : jusqu’où aller ? ». Comment répondre aux besoins induits par l'essor du numérique ? Quelle est la place de la bibliothèque dans une politique locale d'inclusion numérique ? Jusqu'où aller ? Pouvons-nous répondre à tous les besoins induits par l'essor de la dématérialisation et de l'e-administration ? Quelle complémentarité au sein des villes ? »
En 2020, le Bulletin des Bibliothèques de France consacrait un dossier aux pratiques et dispositifs d’inclusion numérique dans les bibliothèques, nourri d’expériences et d’études de cas.
La loi relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique élargit en 2021 les missions des bibliothèques : « elles contribuent à la réduction de l'illettrisme et de l'illectronisme. Par leur action de médiation, elles garantissent la participation et la diversification des publics et l'exercice de leurs droits culturels ».
Les bibliothèques figuraient, d'ailleurs, parmi les lieux d’intervention potentiels des 4000 Conseillers Numériques recrutés dans le cadre du Plan de relance.
Quelle spécificité pour la médiation numérique dans les bibliothèques ?
Alors que l’État met en place les Espaces France Services (EFS) pour l'aide aux démarches administratives et déploie 4000 Conseillers Numériques pour fournir des offres de médiations numériques partout sur le territoire national, les bibliothèques s’interrogent sur leur positionnement, leur complémentarité et leur visibilité dans l’écosystème en évolution de l’inclusion numérique.
La Commission numérique de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) a mené une enquête auprès de 37 médiateurs numériques actifs dans le cadre de bibliothèques.
Si la majorité d’entre eux se déclarent légitimes pour exercer cette activité de médiation, plusieurs expriment « la nécessité de se remettre en question souvent, de se former en continu voire d’accepter d’apprendre par l’échec » ou expriment des bémols « en distinguant l’accompagnement culturel et l’accompagnement social et administratif ».
« En bibliothèque aussi la mission d’accompagnement vers l’autonomie est importante tout comme le fait de transmettre des bonnes pratiques et des compétences de base en informatique. Il s’agit plus d’assistance à l’apprentissage et à la résolution de problèmes liés à la technologie que de dépannage technique proprement dit ».
Cette mission « se double d’une mission de sensibilisation ou de transmission d’une culture numérique qui touche tout à la fois aux ressources numériques de la bibliothèque, à des ateliers de création numérique (Fablab, programmation robotique, MAO, création de jeux vidéo, etc.), à l’Éducation aux médias et à l’information ».
Ils précisent aussi qu’ils ont aussi une mission de formation des autres agents de la bibliothèque dans l’optique de partager les bases d’une culture numérique commune.
Jusqu’où aller ?
Les démarches administratives sont majoritairement mentionnées comme « hors périmètre ». Ce point de vue n’est toutefois pas unanime : « Les missions d’un médiateur numérique sont l’accueil des publics, les rendez-vous personnalisés et les ateliers collectifs autour du numérique. Pour moi, le numérique est vaste et doit comprendre aussi bien l’aide aux démarches administratives que les loisirs numériques ».
Plusieurs précisent qu’ils sont d’abord bibliothécaires et que le numérique n’est qu’une spécificité de leur poste. Ils ne font pas que de la médiation numérique mais « plus globalement de la médiation culturelle. Ils assurent par exemple des animations de type lectures à voix haute, des ateliers créatifs, des animations jeux de société, de la médiation de collections autres que numériques ».
S’ils estiment que le niveau de moyens techniques est globalement bon, plusieurs pointent l’absence de réseau WIFI parfois et les dispositifs de sécurité pas toujours compatibles avec les activités.
Interrogés sur l’activité des médiateurs numériques qui exercent hors bibliothèques, ils considèrent que ceux-ci font plutôt face à des demandes liées à la résolution d’un problème technique ou administratif (accès aux droits, accès aux soins, etc.). Hors bibliothèque, l’approche serait selon eux essentiellement pragmatique liée à un besoin souvent urgent, « quand en bibliothèque on construit une offre plus large de services permettant au public de trouver des réponses à un besoin mais aussi de découvrir des services lui permettant de s’acculturer plus globalement au numérique ».
Invités à imaginer la médiation numérique de demain, ils estiment « que la médiation numérique évoluera vers une sensibilisation accrue aux médias et au développement de l’esprit critique, afin de permettre aux gens de faire le tri, de remettre en contexte, de conscientiser et de développer un regard critique », que « les partenariats avec les autres acteurs du numérique sur un même territoire vont se développer ce qui pourrait positionner les médiateurs numériques en bibliothèque plus sur des tâches d’animation et de formation liées au numérique créatif et culturel que sur des tâches de dépannage ».
Référence :
Les bibliothèques sont-elles prêtes pour l’intelligence artificielle ?
Face à l’irruption des intelligences artificielles génératives, les bibliothécaires s’interrogent sur leur rôle et sur la place de l’IA dans le monde des bibliothèques.
La Bibliothèque publique d’information (Bpi) du centre Pompidou et le Service du Livre et de la Lecture du ministère de la Culture organisaient le 7 novembre 2023 une journée d’étude : Les bibliothèques sont-elles prêtes pour l’intelligence artificielle ?
« La question de la réception et de l’usage de l’intelligence artificielle se pose de manière aiguë pour le corps enseignant et en bibliothèque. L’IA peut-elle devenir l’alliée des apprentissages, y compris dans l’éducation aux médias et à l’information ? Comment former les médiateurs à ces nouvelles pratiques en évolution constante afin que les usages de l’IA soient bénéfiques à tous, pour une appropriation raisonnée dans un contexte où la vérification des faits semble de plus en plus complexe ? »
L’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib), pour sa part, avait consacré le 11 mai 2023 une journée, à explorer les liens de l’IA avec le monde des bibliothèques.
Pour la profession, l’IA implique un changement dans ses missions de médiation et de nouvelles compétences. Elle :
- « suppose une connaissance en matière de recherche, gestion, conservation ;
- génère des informations, textes ou images, qui doivent être vérifiées et validées, elle demande donc des compétences en analyse des données, savoir détecter des œuvres ou des auteurs créés par une IA ;
- demande une expertise en utilisation de ces outils, comme le prompt ingénieur, expert dans l’utilisation des chatbots IA comme ChatGPT ».
L’IA peut aussi être une aide aux bibliothécaires dans l’analyse et l’exploitation de masse de données. « Afin de vérifier la qualité des données, il faudra repenser les compétences à enseigner, l’IA est un nouveau défi qui appelle au changement comme ce fut le cas à l’arrivée d’Internet, puis des réseaux sociaux ».
Selon les intervenants, plusieurs points de vigilance émergent quant à l’utilisation de l’IA en bibliothèque. « Il est important qu’elle demeure un ensemble d’outils au service des humains ; la sensibilisation des professionnels et des publics doit se faire dans ce sens. Leur développement nécessite non seulement des compétences métiers et informatiques encore rares mais aussi une réflexion longue et une consultation large des professionnels. En effet, leur développement et évolution restent très complexes. Enfin, les questions d’éthique s’invitent largement dans le débat sachant que les IA sont entraînées par les populations les plus pauvres du monde et qu’elles demeurent très consommatrices d’énergie carbonée car nécessitant des infrastructures énergivores ».
Peu de bibliothécaires semblent aujourd’hui directement concernés par des projets IA, hormis ceux de la Bibliothèque nationale de France (BnF). « Une crainte semble poindre, répétant celle qu’avait provoquée l’arrivée d’Internet et des moteurs de recherche : l’IA pourrait-elle remplacer les bibliothécaires ? Si l’hypothèse est peu probable, l’humain étant nécessaire au déploiement de l’IA, une grosse acculturation s’avère nécessaire de la part des professionnels de l’information et des bibliothécaires pour prendre en compte ce qui ne relève plus seulement d’un petit cercle d’initiés. Les bibliothécaires gardent certains atouts : la relation humaine, l’expertise, la capacité de jugement, la médiation ».
Au regard de la mission de service public des bibliothèques, et de leur engagement pour le bien commun, David Lankes Professeur de bibliothéconomie à l’Université du Texas plaide pour une posture active des bibliothécaires face à l’IA, et énonce trois domaines interconnectés dans lesquels ils doivent développer leurs compétences : les données, les algorithmes et l’apprentissage automatique. « La littératie des données, des ontologies et taxonomies, la compréhension approfondie des algorithmes inductifs, la capacité à évaluer et à gérer des processus d’apprentissage automatique, l’analyse des enjeux juridiques et politiques permettront aux professionnels des bibliothèques de prendre directement part aux processus de développement et de régulation de l’écosystème IA. Ils y assumeront – au bénéfice des usagers – un rôle d’advocacy pour une IA interprétable respectueuse de principes éthiques, d’équité et de représentativité, et garante de la loyauté et de la transparence des modèles algorithmiques, des données publiques et privées utilisées et des contenus produits. » Pour David Lankes, il s’agit pour la profession surtout de ne pas se contenter de réagir à l’IA, « mais de s’en saisir en tant qu’objet de politique publique ».
Références :
85% des Français disposent d'une bibliothèque dans leur commune de résidence
Né d'une collaboration entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le service Livre et Lecture du ministère de la Culture, unAtlas cartographie pour la première fois, de manière précise et selon différents critères, les 15 500 lieux de lecture de l’ensemble du territoire métropolitain et de l’outre-mer. Il renseigne notamment sur la répartition de l'offre, et sa proximité avec les populations...
« Les 15 500 bibliothèques et points d’accès au livre permettent à 85 % des Français d’accéder à ce service culturel dans leur commune de résidence. La France compte en moyenne 23 établissements de lecture pour 100 000 habitants. Les collectivités urbaines sont plus équipées en lieux de lecture (neuf communes urbaines sur 10). Cependant, un tiers des communes rurales disposent d’un établissement de lecture publique, desservant ainsi près de 22 % des Français. La distribution dans l’espace métropolitain et ultramarin des bibliothèques publiques offre une remarquable couverture du territoire et un accès de grande proximité à la population ».
« L’implantation des équipements est ainsi très liée à la densité de la population sur le territoire : les établissements majeurs et les établissements de taille moyenne se localisent généralement dans les zones les plus peuplées et urbanisées de l’hexagone et de l’Outre-mer ; les espaces moins denses en population (zones très rurales, zones montagneuses, ou encore l’intérieur des terres en Outre-mer par opposition aux littoraux) accueillent moins d’établissements de lecture publique ».
La qualité du service proposé peut cependant différer au sein d’une région selon leur lieu d’implantation
« L’écosystème propre aux villes, permettant de concentrer et de polariser les acteurs économiques, culturels, éducatifs et institutionnels, favorise des partenariats plus nombreux et les bibliothèques desservent des populations plus importantes. A l’inverse, les populations habitant en milieu rural sont moins bien desservies, même si les bibliothèques offrent ce service culturel en France à 66 % des ruraux dans leur commune de résidence ».
Qualifiées de premier établissement culturel de proximité, les bibliothèques ne sont pourtant parfois pas accessibles à moins de 10 minutes (en voiture) pour une partie de la population. Ainsi, « sur l’ensemble du territoire français, 2,2 millions de personnes n’ont pas accès à une bibliothèque en moins de 10 minutes en voiture », établit l'Atlas.
Référence :
Des différences d’équipement informatique selon l’implantation urbaine ou rurale des bibliothèques
L’Atlas des bibliothèques territoriales apporte aussi un éclairage sur la qualité de l’équipement informatique des bibliothèques. Quatre critères simultanément présents dans un établissement de lecture publique permettent d’observer la qualité de leur niveau d’équipement informatique : site Internet, catalogue en ligne, accès WiFi et ordinateurs connectés.
« Les niveaux élevés d’équipement informatique des établissements de lecture publique par département sont rarement reliés à la présence d’un fort effectif de bibliothèques dans le département. Il s’agit peut-être davantage d’un engagement politique des territoires visant au développement informatique en direction des usagers des bibliothèques et des habitants » observent les auteurs de l’Atlas.
« Des marges de progression demeurent sur l’équipement informatique en bibliothèque puisque la moitié des départements français comptent moins de 17 % de bibliothèques équipées ».
« Généralement, en milieu rural, l’équipement informatique des établissements est faible ; la moitié des départements enregistrent moins de 12 % des bibliothèques rurales équipées ».
Les auteurs de l'Atlas soulignent le rôle des bibliothèques départementales, dont nombre d’entre elles sont d’ailleurs inscrites dans le programme « Bibliothèques numériques de référence » (BNR) qui fournissent des ressources numériques à leurs réseaux en milieu rural.
Six bibliothèques sur dix proposent des ressources numériques
Concernant les ressources numériques, selon l'Atlas des bibliothèques territoriales, 73 % des établissements de lecture publique desservant plus de 2 000 habitants déclaraient proposer des ressources numériques en 2021.
Ce chiffre témoigne de l’ampleur de la couverture numérique des bibliothèques ainsi que du travail de desserte des bibliothèques départementales : 94 % des petites et moyennes bibliothèques se tournent vers la bibliothèque départementale pour bénéficier de ressources numériques à titre gratuit et 86 % de bibliothèques départementales proposent un portail de ressources numériques à leur réseau.
Parmi les ressources numériques les plus proposées, les contenus d’autoformation sont en tête (79 %), suivis par la presse (78 %) et les vidéos (72 %). La musique (64 %), les livres numériques (63 %) et les livres audio en flux (50 %), sont également en fort développement depuis quelques années.
La sobriété numérique s’invite sur l’agenda des bibliothèques
Les bibliothèques de toute taille sont confrontées à l'impact écologique leurs offres et services numériques, qu’il s’agisse du matériel (postes informatiques publics, consoles de jeux vidéo, tablettes, liseuses) ou des logiciels (catalogues en ligne, portails, ressources en ligne).
Les Journées du numérique en bibliothèque publique, qui se sont tenues à Nîmes les 7 et 8 mars 2024, avaient retenu comme thème central l’impact environnemental et sociétal des services numériques.
En mai 2024, le ministère de la Culture a publié un document de synthèse pour engager les bibliothèques dans la transition écologique. « Au cours des dernières décennies, le numérique a profondément bouleversé positivement les pratiques professionnelles et les usages en bibliothèque : il offre un potentiel important en matière de création et a entraîné une diversification des ressources et des services accessibles en bibliothèque (documentation mais aussi des Fablab avec imprimantes 3D, réalité virtuelle, réalité augmentée ».
« Par la mutualisation des matériels qu’elles proposent à leurs usagers, les bibliothèques entrent dans une démarche de sobriété numérique… Les bibliothèques, à l’instar d’autres acteurs culturels, élaborent leur stratégie en matière de sobriété numérique grâce à une réflexion sur le renouvellement des équipements, sur la croissance du flux de données – particulièrement pour les fichiers lourds – et un engagement dans une démarche d’éco-conception de leur offre numérique».
Références :
Accessibilité numérique des ressources : des avancées modestes
Les bibliothèques publiques ont pour obligation de rendre accessibles les services numériques à toutes les personnes porteuses de déficiences, qu’elles soient physiques, sensorielles (handicap visuel ou auditif), mentales ou cognitives. Cela concerne les portails ou sites web, les ressources ou bibliothèques numériques, ainsi que tous les services que la bibliothèque propose en ligne
Le Baromètre de l’accessibilité numérique en lecture publique du ministère de la Culture mesure, à échéances régulières, le niveau de prise en compte par les bibliothèques de lecture publique des standards de l’accessibilité numérique (WCAG, RGAA).
- 28% des sites et portails étudiés ont une page « Politique d’accessibilité ». Seuls 8% affichent une déclaration d’accessibilité.
- Les catalogues publics en ligne proposés par les éditeurs de logiciels répondent en grande partie aux normes d’accessibilité. « Il suffit », toutefois, notent les auteurs du Baromètre « d’un défaut d’accessibilité sur une des principales fonctionnalités pour que le parcours utilisateur soit impacté et que l’utilisateur soit totalement bloqué ».
- S’agissant des plateformes de ressources numériques, « certains acteurs du marché semblent avoir intégré la démarche d’accessibilité et proposent des plateformes avec un bon niveau d’accessibilité ».
Référence :
Une nouvelle feuille de route pour la Commission numérique de l’association des bibliothécaires de France (ABF)
Un groupe de travail s’est mobilisé pour définir la nouvelle feuille de route de la Commission Numérique de l’ABF.
Son périmètre est volontairement étendu afin d’appréhender le numérique pour ce qu’il implique dans les services et les usages en bibliothèque. En ce sens, l’inclusion, l’accessibilité et la médiation numériques seront des sujets traités aux côtés des ressources numériques ou des questions de règlementation (RGPD par exemple).
Référence :
Sources
2. Le numérique, vecteur et catalyseur de nouvelles relations entre adolescents et bibliothèques
4. Journée d’étude EMI – Les bibliothèques sont-elles prêtes pour l’intelligence artificielle ?
5. Balises, revue de la BPI : L’intelligence artificielle dans les bibliothèques
8. Compte rendu : Journées du numérique en bibliothèque publique 2024
11. LABENBIB devient le blog de la commission numérique de l’ABF