Depuis le mois de mars, l’enseignement à distance est devenu la norme dans les universités. Un changement brutal auquel les établissements d’enseignement supérieur, les enseignants et les étudiants étaient inégalement préparés.
La presse a multiplié, depuis mars, les enquêtes et les témoignages d’étudiants : isolement et zoom fatigue. Si certains se félicitent d’être bien accompagnés au travers de leurs cours en ligne, d'autres déplorent des heures de monologues froids apposés sur des diaporamas.
Le passage forcé au distanciel a montré toute l’étendue des progrès à effectuer dans ce domaine : une majorité des professeurs s’est retrouvée à devoir manier des nouveaux outils numériques sans y avoir été formée tant techniquement que pédagogiquement.
Le passage au tout-numérique marque sans doute le déclin du cours magistral et accélère la transition vers « l’amphi inversé » : dans ce système, les étudiants apprennent leurs cours en autonomie (via des vidéos en ligne par exemple) et mettent à profit les séances en amphi pour échanger avec les enseignants.
Le métier, jusque-là assez peu reconnu, d’ingénieur pédagogique suscite désormais un très vif regain d’intérêt et une demande accrue.
Mars 2020: l’université confinée passe en visio
Philippe Malbos, vice-président chargé du numérique de l’université Claude-Bernard à Lyon décrit le passage à l’enseignement à distance au moment du premier confinement, en mars 2020. « Jusqu’alors, la visio n’était utilisée que ponctuellement, pour des réunions au sein des équipes de recherche ou de la gouvernance. Mais le système n’avait jamais été industrialisé. Notre pratique de l’enseignement à distance était anecdotique ».
Depuis, le nombre de connexions, de cours et ressources disponibles en ligne a explosé. Le VP déroule les chiffres : « Dès la deuxième semaine, nous avions 700 réunions en ligne en moyenne par jour." À l’automne 2020, ce chiffre est passé à 2 300 réunions et plus de 38 000 participants par jour en moyenne, pour une université qui compte plus de 47 500 étudiants et 5 500 personnels. Pendant les examens, en mai-juin 2020, nous sommes même montés jusqu’à 80 000 connexions par jour ».
Référence :
39% des étudiants ont rencontré des problèmes de connexion internet et 17% des difficultés à utiliser les outils numériques
L’enquête « Conditions de vie des étudiants 2020 », produite par l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) publiée le 28 janvier dernier apporte un premier éclairage sur les difficultés rencontrées par les étudiants.
69% des étudiants ont suivi des cours en visioconférence
77% déclarent avoir eu des échanges avec des enseignants et 73% avoir reçu des documents ou des supports de cours.
69 % d’entre eux ont également eu l’occasion de suivre des cours ou des réunions de travail en visioconférence.
39% des étudiants ont rencontré des problèmes de connexion internet et 17% des difficultés à utiliser les outils numériques mis à leur disposition
92% des étudiants interrogées déclarent disposer d’une ordinateur ou d’une tablette à usage personnel.
Seuls 64% déclarent disposer d’une « bonne connexion internet » et 58% d’un « espace de travail à vous (isolé et au calme) » .
Des investissements disparates selon les etablissements pour soutenir l’organisation des cours à distance
D’après les données recueillies par l’agence spécialisée AEF, l’université de Versailles-Saint-Quentin a investi 750 000 euros dans la numérisation de ses cours, pour 19 000 étudiants (soit 40 euros par étudiant), tandis qu’à Rouen n’ont été investis que 22 euros par élève, et 21 euros à l’université Franche-Comté. L’écart est encore plus grand avec les grandes écoles : Rennes SB déclare avoir investi 104 euros par étudiant, le pôle universitaire Léonard-de-Vinci 133 euros et l’Essec culmine à 322 euros.
Ces inégalités structurelles se ressentent dans l’appréciation des étudiants : selon l'enquête Conditions de vie des étudiants 2020, 48 % des élèves en école de commerce et 44 % en école d’ingénieurs avaient été « satisfaits » de la continuité pédagogique pendant le premier confinement, contre 36 % pour ceux inscrits à l’université.
Références :
Les ingénieurs pédagogiques en première ligne
Nouvelles figures de l’enseignement supérieur, ces professionnels forment de plus en plus d’enseignants aux technologies des cours à distance.
Alors que les cours à distance s’imposaient dans les universités et grandes écoles en raison des périodes de confinement, les ingénieurs pédagogiques ont dû faire face à une augmentation considérable des demandes d’accompagnement des enseignants,
« Problèmes techniques, isolement des étudiants et modalités d’évaluation… Il a fallu mettre sur pied de nouveaux outils de visioconférence, accompagner les enseignants dans la transformation de leurs cours, répondre aux problèmes techniques, innover pour maintenir les examens à distance, mais aussi lutter contre l’isolement des étudiants ... On a dû trouver des solutions d'urgence » confie à l’Etudiant Alexis Gartion (Lab’UA, le laboratoire d’ingénierie pédagogique de l’université d’Angers). Le soutien technique aux enseignants a été aussi l’occasion de leur apprendre à développer de nouvelles activités en ligne, des QCM par exemple. « Certains se sentent dépassés. Notre rôle est de les rendre plus autonomes ».
Le journal Le Monde a consacré une enquête aux ingénieurs pédagogiques et pointe une demande accrue des établissements d’enseignement supérieur pour ces professionnels, « une ressource rare qu’ils s’arrachent à mesure que les cours à distance redeviennent la norme, après l’éphémère intermède d’une rentrée en présentiel ».
« Nous sommes des pivots, résume Aristide Doucet, ingénieur pour l’enseignement numérique à l’université de Reims Champagne-Ardenne. « Par téléphone, par mail, en visioconférence ou en prenant le contrôle de l’ordinateur d’un enseignant, lui et ses deux collègues ont tenté de «rendre plus innées les nouvelles technologies auprès d’enseignants recrutés uniquement sur la qualité de leur recherche dans leur discipline ».Selon Stéphanie Fleck, responsable du master « ingénierie pédagogique » de l’université de Lorraine. « les ingénieurs pédagogiques sont là pour dire aux enseignants quels pièges sont à éviter pour ne pas perdre des étudiants en ligne. Par exemple, administrer un court QCM toutes les vingt à vingt-cinq minutes de cours permet de vérifier s’ils sontattentifs ».
En France, quelques universités proposent des diplômes dans le domaine de l’ingénierie pédagogique.
Références :
« La fracture numérique des étudiants n’est pas un mythe »
« La crise nous a rappelé que la fracture numérique des étudiants n’est pas un mythe. Tous ne sont pas égaux devant l’outil informatique, en termes d’équipement mais aussi en termes de pratiques », affirmait Frédéric Fleury, le président de Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL), en décembre 2020, dans un entretien à AEF info.
Pour remédier aux problèmes de matériel et de connexion des étudiants, l’université a lancé « Tous connectés à l’UCBL ». Une opération qui s’est déroulée en quatre phases et dans laquelle l’université a investi 1,3 million d’euros et qui a bénéficié à 2600 étudiants. Cette aide a pris la forme d’un soutien financier à l’achat d’un ordinateur. « C’est la solution qui a été privilégiée car il nous était compliqué de passer des commandes massives, le marché étant complètement saturé au printemps 2020 ». Une enveloppe a également été allouée au prêt de clé 4G pour les étudiants rencontrant des difficultés de connexion. La tâche de repérer ces étudiants en difficulté a été confiée aux élus étudiants. 80 étudiants ont également été embauchés pour faire l’interface avec l’établissement.
A l’université de Rouen, pendant le confinement, une mesure de ce type a été conduite en urgence après avoir envoyé 30 000 SMS pour qualifier les besoins des étudiants. Une centaine d’ordinateurs a été distribuée, ainsi que des téléphones pour environ 100 à 120 étudiants et des cartes 4G pour une vingtaine.
Référence :
Les régions ont financé, en mars 2020, dans l’urgence, l’équipement numérique des étudiants ou des universités
La région Ile de France a offert 10.000 ordinateurs aux universités. Les étudiants pouvaient ainsi demander à leur université d'emprunter un ordinateur si le leur est en réparation, en attendant de s’en acheter un ou parfois pour terminer l’année. Les étudiants boursiers en première année de licence pouvaient également faire la demande d’un “chèque numérique” d’une valeur de 100 euros.
La région Occitanie a distribué 5.000 ordinateurs et 2.000 clés 4G aux étudiants boursiers. Au-delà de l’aide individuelle, la région a mobilisé 3 millions d’euros pour équiper numériquement les universités de la région, afin d’améliorer la qualité des cours en visioconférence. La région a mis à disposition des accès facilités à son réseau de tiers-lieux.
La Région Nouvelle-Aquitaine a offert 1.500 ordinateurs aux universités, qu'elles distribuent aux étudiants boursiers ou de première année qui en ont besoin.
La région Grand Est a voté l’allocation de 5 millions d’euros aux Universités et Crous pour aménager l’accès à des tiers-lieux pour les étudiants.
La région Normandie a versé 1,8 million d’euros aux universités de Caen et de Rouen pour des investissements numériques afin d’augmenter les capacités de formation en distanciel : acquisition du matériel numérique pédagogique, de matériel pour de la captation vidéo, des composantes aidant à la création et au partage de contenus vidéo interactifs.
La région Centre Val de Loire a mis à disposition des universités un stock d’ordinateurs afin que les étudiants dans le besoin puissent les emprunter. La région a également entrepris de récupérer des ordinateurs auprès d’entreprises privées ou publiques, les a confiés à des structures pour les reconditionner avant d’inviter les étudiants à aller eux-même dans ces structures pour participer à la rénovation d’ordinateurs.
La région Pays de la Loire a voté un soutien de 700.000 euros aux universités pour lutter contre la fracture numérique des étudiants.
Référence :
Novembre: création de 20 000 emplois étudiants pour des missions de tutorats
Le gouvernement a annoncé le 27 novembre la création de 20 000 tuteurs supplémentaires, pour une durée de 4 mois.
Etudiants en année supérieure, ils auront pour mission d'accompagner leurs pairs de première et deuxième année dans leurs études (aide à la recherche documentaire, aide à la réalisation desT.D., appropriation de l'espace numérique de travail, etc.), mais aussi de jouer un rôle d'interface avec les enseignants et l'ensemble des services à la disposition des étudiants (sociaux, santé, numérique, scolarité, etc.).
Référence :
Novembre : SFR et Emmaüs Connect se mobilisent en faveur des étudiants
Lors du premier confinement, SFR et Emmaüs Connect, avaient mis en œuvre un plan d'urgence aux côtés du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en faisant don de 75 000 recharges prépayées avec appels et SMS illimités, 750 000 Go de data et 20 000 téléphones et smartphones à destination des jeunes et des personnes en situation de précarité.
SFR et Emmaüs Connect ont déployé en novembre, en partenariat avec le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, un plan d'action à destination des jeunes en situation de précarité, et en priorité les étudiants. Dans ce cadre, SFR fait don de 20 000 recharges prépayées, 240 000 Go de data, 3 000 smartphones et 1 500 box de poche 4G.
Référence :
Plan de relance : 35 millions pour renforcer les capacités d’enseignement à distance et l’offre de services numériques aux étudiants
Le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) a alloué en juin 2020 des fonds pour permettre aux universités de s’équiper : 21 millions d’euros a l’issue d’un appel à projets pour l’hybridation des formations.
69 projets avaient été déposés et 15 d'entre eux, impliquant près de 90 établissements avaient été retenus. 19 autres projets seront aidés par le MESRI via un fonds d'amorçage.
Le plan de relance, rendu public en septembre, prévoit une enveloppe de 35 millions d'euros pour développer l'hybridation et les équipements numériques universitaires, sur les 6,5 milliards d'euros accordés à l'enseignement supérieur et à la recherche.
« L’hybridation des formations vise à permettre aux établissements de dispenser des enseignements sous forme présentielle ou distancielle.
Des plateformes numériques sont parallèlement développées pour déployer une solution de classe virtuelle maîtrisée et pérenne, proposer une offre de learning management system (LMS de type Moodle) et mettre en place une solution de webinaire simple destinée à animer des formations synchrones pour un grand nombre d’étudiants.
Un accompagnement sera proposé aux enseignants pour les aider à faire évoluer leurs pratiques pédagogiques et à maîtriser les nouveaux outils, à travers l’organisation de formations et la mise en place d’une équipe d’appui.
Les offres de services numériques aux étudiants rendront possible la réalisation à distance et de façon dématérialisée de l’ensemble des démarches administratives.
Un sac à dos virtuel de l’étudiant sera, par ailleurs créé, comprenant ses données d’identité, de scolarité et ses compétences, via un e-portofolio ».
Universités : le passage forcé à l'enseignement à distance a montré l’étendue des progrès à accomplir
Depuis le mois de mars, l’enseignement à distance est devenu la norme dans les universités. Un changement brutal auquel les établissements d’enseignement supérieur, les enseignants et les étudiants étaient inégalement préparés.
La presse a multiplié, depuis mars, les enquêtes et les témoignages d’étudiants : isolement et zoom fatigue. Si certains se félicitent d’être bien accompagnés au travers de leurs cours en ligne, d'autres déplorent des heures de monologues froids apposés sur des diaporamas.
Le passage forcé au distanciel a montré toute l’étendue des progrès à effectuer dans ce domaine : une majorité des professeurs s’est retrouvée à devoir manier des nouveaux outils numériques sans y avoir été formée tant techniquement que pédagogiquement.
Le passage au tout-numérique marque sans doute le déclin du cours magistral et accélère la transition vers « l’amphi inversé » : dans ce système, les étudiants apprennent leurs cours en autonomie (via des vidéos en ligne par exemple) et mettent à profit les séances en amphi pour échanger avec les enseignants.
Le métier, jusque-là assez peu reconnu, d’ingénieur pédagogique suscite désormais un très vif regain d’intérêt et une demande accrue.
Mars 2020: l’université confinée passe en visio
Philippe Malbos, vice-président chargé du numérique de l’université Claude-Bernard à Lyon décrit le passage à l’enseignement à distance au moment du premier confinement, en mars 2020. « Jusqu’alors, la visio n’était utilisée que ponctuellement, pour des réunions au sein des équipes de recherche ou de la gouvernance. Mais le système n’avait jamais été industrialisé. Notre pratique de l’enseignement à distance était anecdotique ».
Depuis, le nombre de connexions, de cours et ressources disponibles en ligne a explosé. Le VP déroule les chiffres : « Dès la deuxième semaine, nous avions 700 réunions en ligne en moyenne par jour." À l’automne 2020, ce chiffre est passé à 2 300 réunions et plus de 38 000 participants par jour en moyenne, pour une université qui compte plus de 47 500 étudiants et 5 500 personnels. Pendant les examens, en mai-juin 2020, nous sommes même montés jusqu’à 80 000 connexions par jour ».
Référence :
39% des étudiants ont rencontré des problèmes de connexion internet et 17% des difficultés à utiliser les outils numériques
L’enquête « Conditions de vie des étudiants 2020 », produite par l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) publiée le 28 janvier dernier apporte un premier éclairage sur les difficultés rencontrées par les étudiants.
69% des étudiants ont suivi des cours en visioconférence
77% déclarent avoir eu des échanges avec des enseignants et 73% avoir reçu des documents ou des supports de cours.
69 % d’entre eux ont également eu l’occasion de suivre des cours ou des réunions de travail en visioconférence.
39% des étudiants ont rencontré des problèmes de connexion internet et 17% des difficultés à utiliser les outils numériques mis à leur disposition
92% des étudiants interrogées déclarent disposer d’une ordinateur ou d’une tablette à usage personnel.
Seuls 64% déclarent disposer d’une « bonne connexion internet » et 58% d’un « espace de travail à vous (isolé et au calme) » .
Des investissements disparates selon les etablissements pour soutenir l’organisation des cours à distance
D’après les données recueillies par l’agence spécialisée AEF, l’université de Versailles-Saint-Quentin a investi 750 000 euros dans la numérisation de ses cours, pour 19 000 étudiants (soit 40 euros par étudiant), tandis qu’à Rouen n’ont été investis que 22 euros par élève, et 21 euros à l’université Franche-Comté. L’écart est encore plus grand avec les grandes écoles : Rennes SB déclare avoir investi 104 euros par étudiant, le pôle universitaire Léonard-de-Vinci 133 euros et l’Essec culmine à 322 euros.
Ces inégalités structurelles se ressentent dans l’appréciation des étudiants : selon l'enquête Conditions de vie des étudiants 2020, 48 % des élèves en école de commerce et 44 % en école d’ingénieurs avaient été « satisfaits » de la continuité pédagogique pendant le premier confinement, contre 36 % pour ceux inscrits à l’université.
Références :
Les ingénieurs pédagogiques en première ligne
Nouvelles figures de l’enseignement supérieur, ces professionnels forment de plus en plus d’enseignants aux technologies des cours à distance.
Alors que les cours à distance s’imposaient dans les universités et grandes écoles en raison des périodes de confinement, les ingénieurs pédagogiques ont dû faire face à une augmentation considérable des demandes d’accompagnement des enseignants,
« Problèmes techniques, isolement des étudiants et modalités d’évaluation… Il a fallu mettre sur pied de nouveaux outils de visioconférence, accompagner les enseignants dans la transformation de leurs cours, répondre aux problèmes techniques, innover pour maintenir les examens à distance, mais aussi lutter contre l’isolement des étudiants ... On a dû trouver des solutions d'urgence » confie à l’Etudiant Alexis Gartion (Lab’UA, le laboratoire d’ingénierie pédagogique de l’université d’Angers). Le soutien technique aux enseignants a été aussi l’occasion de leur apprendre à développer de nouvelles activités en ligne, des QCM par exemple. « Certains se sentent dépassés. Notre rôle est de les rendre plus autonomes ».
Le journal Le Monde a consacré une enquête aux ingénieurs pédagogiques et pointe une demande accrue des établissements d’enseignement supérieur pour ces professionnels, « une ressource rare qu’ils s’arrachent à mesure que les cours à distance redeviennent la norme, après l’éphémère intermède d’une rentrée en présentiel ».
« Nous sommes des pivots, résume Aristide Doucet, ingénieur pour l’enseignement numérique à l’université de Reims Champagne-Ardenne. « Par téléphone, par mail, en visioconférence ou en prenant le contrôle de l’ordinateur d’un enseignant, lui et ses deux collègues ont tenté de «rendre plus innées les nouvelles technologies auprès d’enseignants recrutés uniquement sur la qualité de leur recherche dans leur discipline ».Selon Stéphanie Fleck, responsable du master « ingénierie pédagogique » de l’université de Lorraine. « les ingénieurs pédagogiques sont là pour dire aux enseignants quels pièges sont à éviter pour ne pas perdre des étudiants en ligne. Par exemple, administrer un court QCM toutes les vingt à vingt-cinq minutes de cours permet de vérifier s’ils sontattentifs ».
En France, quelques universités proposent des diplômes dans le domaine de l’ingénierie pédagogique.
Références :
« La fracture numérique des étudiants n’est pas un mythe »
« La crise nous a rappelé que la fracture numérique des étudiants n’est pas un mythe. Tous ne sont pas égaux devant l’outil informatique, en termes d’équipement mais aussi en termes de pratiques », affirmait Frédéric Fleury, le président de Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL), en décembre 2020, dans un entretien à AEF info.
Pour remédier aux problèmes de matériel et de connexion des étudiants, l’université a lancé « Tous connectés à l’UCBL ». Une opération qui s’est déroulée en quatre phases et dans laquelle l’université a investi 1,3 million d’euros et qui a bénéficié à 2600 étudiants. Cette aide a pris la forme d’un soutien financier à l’achat d’un ordinateur. « C’est la solution qui a été privilégiée car il nous était compliqué de passer des commandes massives, le marché étant complètement saturé au printemps 2020 ». Une enveloppe a également été allouée au prêt de clé 4G pour les étudiants rencontrant des difficultés de connexion. La tâche de repérer ces étudiants en difficulté a été confiée aux élus étudiants. 80 étudiants ont également été embauchés pour faire l’interface avec l’établissement.
A l’université de Rouen, pendant le confinement, une mesure de ce type a été conduite en urgence après avoir envoyé 30 000 SMS pour qualifier les besoins des étudiants. Une centaine d’ordinateurs a été distribuée, ainsi que des téléphones pour environ 100 à 120 étudiants et des cartes 4G pour une vingtaine.
Référence :
Les régions ont financé, en mars 2020, dans l’urgence, l’équipement numérique des étudiants ou des universités
La région Ile de France a offert 10.000 ordinateurs aux universités. Les étudiants pouvaient ainsi demander à leur université d'emprunter un ordinateur si le leur est en réparation, en attendant de s’en acheter un ou parfois pour terminer l’année. Les étudiants boursiers en première année de licence pouvaient également faire la demande d’un “chèque numérique” d’une valeur de 100 euros.
La région Occitanie a distribué 5.000 ordinateurs et 2.000 clés 4G aux étudiants boursiers. Au-delà de l’aide individuelle, la région a mobilisé 3 millions d’euros pour équiper numériquement les universités de la région, afin d’améliorer la qualité des cours en visioconférence. La région a mis à disposition des accès facilités à son réseau de tiers-lieux.
La Région Nouvelle-Aquitaine a offert 1.500 ordinateurs aux universités, qu'elles distribuent aux étudiants boursiers ou de première année qui en ont besoin.
La région Grand Est a voté l’allocation de 5 millions d’euros aux Universités et Crous pour aménager l’accès à des tiers-lieux pour les étudiants.
La région Normandie a versé 1,8 million d’euros aux universités de Caen et de Rouen pour des investissements numériques afin d’augmenter les capacités de formation en distanciel : acquisition du matériel numérique pédagogique, de matériel pour de la captation vidéo, des composantes aidant à la création et au partage de contenus vidéo interactifs.
La région Centre Val de Loire a mis à disposition des universités un stock d’ordinateurs afin que les étudiants dans le besoin puissent les emprunter. La région a également entrepris de récupérer des ordinateurs auprès d’entreprises privées ou publiques, les a confiés à des structures pour les reconditionner avant d’inviter les étudiants à aller eux-même dans ces structures pour participer à la rénovation d’ordinateurs.
La région Pays de la Loire a voté un soutien de 700.000 euros aux universités pour lutter contre la fracture numérique des étudiants.
Référence :
Novembre: création de 20 000 emplois étudiants pour des missions de tutorats
Le gouvernement a annoncé le 27 novembre la création de 20 000 tuteurs supplémentaires, pour une durée de 4 mois.
Etudiants en année supérieure, ils auront pour mission d'accompagner leurs pairs de première et deuxième année dans leurs études (aide à la recherche documentaire, aide à la réalisation desT.D., appropriation de l'espace numérique de travail, etc.), mais aussi de jouer un rôle d'interface avec les enseignants et l'ensemble des services à la disposition des étudiants (sociaux, santé, numérique, scolarité, etc.).
Référence :
Novembre : SFR et Emmaüs Connect se mobilisent en faveur des étudiants
Lors du premier confinement, SFR et Emmaüs Connect, avaient mis en œuvre un plan d'urgence aux côtés du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en faisant don de 75 000 recharges prépayées avec appels et SMS illimités, 750 000 Go de data et 20 000 téléphones et smartphones à destination des jeunes et des personnes en situation de précarité.
SFR et Emmaüs Connect ont déployé en novembre, en partenariat avec le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, un plan d'action à destination des jeunes en situation de précarité, et en priorité les étudiants. Dans ce cadre, SFR fait don de 20 000 recharges prépayées, 240 000 Go de data, 3 000 smartphones et 1 500 box de poche 4G.
Référence :
Plan de relance : 35 millions pour renforcer les capacités d’enseignement à distance et l’offre de services numériques aux étudiants
Le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) a alloué en juin 2020 des fonds pour permettre aux universités de s’équiper : 21 millions d’euros a l’issue d’un appel à projets pour l’hybridation des formations.
69 projets avaient été déposés et 15 d'entre eux, impliquant près de 90 établissements avaient été retenus. 19 autres projets seront aidés par le MESRI via un fonds d'amorçage.
Le plan de relance, rendu public en septembre, prévoit une enveloppe de 35 millions d'euros pour développer l'hybridation et les équipements numériques universitaires, sur les 6,5 milliards d'euros accordés à l'enseignement supérieur et à la recherche.
« L’hybridation des formations vise à permettre aux établissements de dispenser des enseignements sous forme présentielle ou distancielle.
Des plateformes numériques sont parallèlement développées pour déployer une solution de classe virtuelle maîtrisée et pérenne, proposer une offre de learning management system (LMS de type Moodle) et mettre en place une solution de webinaire simple destinée à animer des formations synchrones pour un grand nombre d’étudiants.
Un accompagnement sera proposé aux enseignants pour les aider à faire évoluer leurs pratiques pédagogiques et à maîtriser les nouveaux outils, à travers l’organisation de formations et la mise en place d’une équipe d’appui.
Les offres de services numériques aux étudiants rendront possible la réalisation à distance et de façon dématérialisée de l’ensemble des démarches administratives.
Un sac à dos virtuel de l’étudiant sera, par ailleurs créé, comprenant ses données d’identité, de scolarité et ses compétences, via un e-portofolio ».