En 2018, les enseignants français exerçant en classes élémentaires ont participé pour la première fois à l’enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (Talis) conduite sous l’égide de l’OCDE. Les données ont été collectées dans quinze pays dans le monde, dont six au sein de l’Union européenne (Angleterre, Belgique (Flandre), Danemark, Espagne, France et Suède). Cela représente un échantillon de près de 50 000 enseignants, dont plus de 1 400 en France. Les directeurs d’école faisaient également partie de l’échantillon.
Le ministère de l’Éducation nationale vient de publier les premiers résultats de l’enquête menée auprès des enseignants et directeurs d’école de l’enseignement primaire : « Pratiques de classe, sentiment d’efficacité personnelle et besoins de formation : une photographie inédite du métier de professeur des écoles début 2018 »
Le questionnaire portait sur une série de pratiques pédagogiques structurantes (comme celles consistant à exposer les objectifs au début du cours ou à présenter un résumé des apprentissages), sur leurs conditions d’exercice et leurs sentiments à l’égard de leur travail et de leur formation.
- Les enseignants français se distinguent de leurs collègues européens par un moindre recours à l’enseignement de tâches complexes ou mobilisant des compétences transversales, comme la créativité ou l’esprit critique.
- Moins d’un tiers s’estime très efficace pour expliquer les choses autrement lorsque des élèves sont dans la confusion ou pour amener les élèves à se rendre compte qu’ils peuvent avoir de bons résultats scolaires.
- Le travail des élèves en petits groupes est également moins répandu dans les écoles françaises : seul un enseignant sur deux indique y avoir « souvent » ou « toujours » recours, contre deux sur trois en Angleterre, en Flandre ou en Espagne.
- Les enseignants français dressent, par ailleurs, un constat peu satisfaisant de leur formation initiale. Ils expriment un sentiment d’efficacité personnelle dégradé en comparaison de leurs voisins européens, en matière d’enseignement, de gestion de classe et d’engagement des élèves.
- Ils sont également moins nombreux à parvenir à encourager l’apprentissage des élèves à travers l’utilisation du numérique.
14 % des professeurs des écoles laissent les élèves utiliser des outils numériques en classe
- En France, seuls 14 % des enseignants indiquent laisser les élèves utiliser des outils numériques pour des projets ou travaux en classe, contre 40 à 60 % des enseignants des autres pays européens.
- Si la plupart des enseignants français (plus de neuf sur dix) déclarent utiliser fréquemment ou presque toujours les outils numériques pour préparer leurs cours, seule la moitié indique les mobiliser en classe pour guider leurs séances.
- Moins d’un enseignant sur dix rapporte parvenir « beaucoup » à encourager l’apprentissage des élèves à travers l’utilisation du numérique (ordinateurs, tablettes ou tableaux numériques, par exemple), contre un enseignant sur trois en moyenne dans les autres pays européens.
Des besoins élevés de formation au numérique
« Ces données reflètent la difficulté des enseignants français à intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques». Pourtant, observent les les auteurs de cette note, « pour près de la moitié des enseignants français (une proportion similaire à l’Espagne, par exemple), la formation initiale abordait l’utilisation des TIC pour l’enseignement (TICE). Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on les interroge sur la qualité de cette formation : seuls 16 % des enseignants français expriment un avis positif s’agissant de leur niveau de préparation, contre plus du tiers de leurs voisins européens en moyenne ».- 35 % des enseignants français expriment un besoin élevé de formation pour acquérir des compétences TICE, soit une proportion supérieure à tous les autres pays européens.
- Seul un tiers d’entre eux a participé à une action de formation continue dans ce domaine au cours de l’année, contre un enseignant sur deux en moyenne dans les autres pays européens.
Des freins pratiques à l’intégration pédagogique du numérique
L’enquête conduite auprès des directeurs d’école révèle également une spécificité française liée aux problèmes d’équipements et de ressources matérielles qui contribuent également à freiner l’intégration pédagogique du numérique- Plus de deux directeurs français sur cinq soulignent ainsi « que l’accès insuffisant à Internet porte atteinte à la capacité de leur école à dispenser un enseignement de qualité ».
- 57 % d’entre eux (contre 17 % dans les pays nordiques, 23 % en Angleterre, 35 % en Espagne et 37 % en Flandre) évoquent un matériel numérique à usage pédagogique insuffisant ou inadapté.
- Ces freins sont davantage signalés en éducation prioritaire (70 % et 76 %, respectivement) et pour les écoles situées dans les grandes villes (65 % et 73 %, respectivement).
Référence :