Le ministère de la Culture (Direction générale des médias et des industries culturelles) et l’Agence du numérique (mission Société numérique) s’associent pour mettre en place un groupe de travail autour de la question de l’inclusion numérique en bibliothèque.
En mettant en avant la diversification des missions des bibliothèques, ce travail interministériel se positionne à la croisée de la Stratégie nationale pour un numérique inclusif et du volet « Offrir plus » du plan Bibliothèques. Il s’inscrit dans la continuité de plusieurs journées professionnelles sur la place des bibliothèques dans l’inclusion numérique et fait écho, de manière plus récente, au rapport du Défenseur des droits sur l’accès aux démarches administratives à l’heure de la dématérialisation.
L’INCLUSION NUMÉRIQUE DANS LE PLAN BIBLIOTHÈQUES
Le Plan Bibliothèques, lancé par le Ministre de la Culture en 2018, reprend plusieurs des propositions issues du rapport Voyage au pays des bibliothèques ». Au cours de ce voyage, les auteurs de ce rapport, Erik Orsenna et Noël Combin avaient noté que de nombreuses Bibliothèques avaient, de leur propre initiative, et souvent en liaison avec les collectivités, entrepris de s’adresser aux publics « en difficulté avec le numérique ».Dans leur rapport, ils avaient recommandé d’intégrer et d’impliquer les Bibliothèques dans le plan national pour l’inclusion numérique. « Les bibliothèques doivent en faire partie, comme elles sont déjà (et seront encore plus demain) au cœur de la politique de la ville. De quoi et de qui a-t-on besoin pour réduire cette fracture ? De lieux, de matériels connectés, de médiateurs formés et des moyens de toucher et de faire venir ces 20 % de la population qui sont exclus de l’accès à Internet. Pas d’angélisme à ce sujet : pour ces questions qui touchent à l’exclusion, l’offre ne crée pas la demande. Il faut aller vers les gens pour ensuite les faire venir … Les accès wifi et les postes multimédias disponibles dans des milliers d’équipements constituent une ressource précieuse pour la réussite du Plan gouvernement pour l’inclusion numérique. ».
« OUVRIR PLUS »
La première étape du plan Bibliothèques, « ouvrir plus », visait d’aider les collectivités à offrir un meilleur accès au plus grand nombre en faisant évoluer significativement les horaires d’ouverture des bibliothèques et l’accessibilité universelle à tous.231 collectivités ont été soutenues dans l’extension des horaires de leurs bibliothèques en 2018, pour une moyenne de huit heures d’ouverture de plus par semaine.
« OFFRIR PLUS DE SERVICES »
Dans la continuité du partenariat entre l’État et les collectivités territoriales, le Ministre de la Culture met en œuvre, en 2019, un second volet : « offrir plus de services ».« Les bibliothèques ont déjà entamé cette seconde transformation, qui doit être amplifiée. Elles continuent bien sûr d’assurer l’accès au savoir et à l’information. Elles s’investissent dans la médiation numérique et l’accompagnement aux devoirs, aident nos concitoyens dans leurs démarches administratives ou leur recherche d’emploi. Elles travaillent avec d’autres partenaires, associations ou services publics locaux, et se réinventent grâce au dialogue participatif avec les habitants ».Ce deuxième acte du plan Bibliothèques est agencé autour de trois axes de transformation de la lecture publique :
- les bibliothèques, des lieux attractifs et accueillants : rénover les espaces, les moderniser et mieux les connecter ;
- les bibliothèques, un service public de proximité : conforter l’action des politiques départementales et encourager la mutualisation des bibliothèques avec d’autres services publics ;
- les bibliothèques, actrices de l’inclusion sociale : favoriser l’inclusion numérique et les actions menées dans le champ social.
Il fixe, par ailleurs, un certain nombre de priorités pour les projets de transformation des bibliothèques. Notamment:
- Formation et auto-formation : les services développés par les bibliothèques et le renforcement de la présence des associations : « Les projets de transformation pourraient intégrer des services tels que la formation (aide aux devoirs, cours pour adultes), l’auto-formation, le soutien au retour à l’emploi, l’apprentissage du français langue étrangère, lutte contre l’illettrisme. Pour cela, les DRAC constitueront des cellules d’accompagnement auprès des collectivités territoriales, fédérant les acteurs autour du projet des bibliothèques et proposant une aide en ingénierie ».
- Citoyenneté :« Des modules numériques et des ateliers pratiques de formation aux « fake news » et plus généralement à l’éducation à l’information seront proposés par les DRAC dans au moins 3 bibliothèques par département et au moins une bibliothèque par ville de 100 000 habitants ».
- Renforcer l’égal accès aux ressources en ligne : «Les bibliothèques ont un rôle moteur à jouer en matière de médiation numérique. Il s’agira donc d’encourager le développement d’espaces ou ressources d’accompagnement au numérique en leur sein, en cohérence avec les autres initiatives d’inclusion numérique menées dans les territoires ».
- Des maisons de service public culturel de proximité : « L’ambition est d’accompagner les collectivités territoriales qui le souhaitent pour que 10 millions de personnes bénéficient de ces nouvelles maisons de service public culturel de proximité sur l’ensemble du territoire. Les mutualisations entre bibliothèques, espaces numériques et maisons de service aux publics seront encouragées ».
LES BIBLIOTHÈQUES DANS LA STRATÉGIE NATIONALE POUR UN NUMÉRIQUE INCLUSIF
Sans faire l’objet de mesures spécifiques, cette stratégie mentionnait les Bibliothèques et les médiathèques comme des parties prenantes de l'inclusion numérique.Au contact de ces publics en difficulté avec le numérique se trouve une diversité d’acteurs, organisations de la solidarité, agents publics, bénévoles ou salariés, acteurs de proximité et de l’éducation populaire, agents des médiathèques et des bibliothèques, postiers, gendarmes, services civiques, élus locaux…Le premier constat qui émerge des différentes contributions est l’implication de certaines organisations et structures sur l’inclusion numérique, alors même qu’il ne s’agit pas de leur mission principale. Ces acteurs sont directement confrontés aux difficultés rencontrées par les publics en matière de numérique. Par leurs missions, ils ont souvent une connaissance fine de la réalité des habitants et de leur familiarité avec le numérique. Agir pour un numérique inclusif suppose de fédérer et d’unir toutes les parties prenantes (État dont acteurs déconcentrés, opérateurs de services publics, collectivités, acteurs de l’action sociale, de la solidarité, de proximité et de l’insertion, professionnels de l’accompagnement numérique dont espaces publics numériques, bibliothèques et médiathèques, tiers-lieux, acteurs économiques, fondations) dans une action commune.OUVERTURE D’UNE CONSULTATION
Le Ministère de la Culture et 'Agence du Numérique ont ouvert un forum contributif pour accompagner et alimenter les travaux du groupe qui se réunira lors de trois réunions thématiques :- Thème 1 : La définition du rôle et des missions des bibliothèques en matière d’inclusion numérique : d’un positionnement hétérogène des établissements à une feuille de route commune ? (mai 2019)
- Thème 2 : L’identification et le contact avec les publics cibles : du diagnostic des besoins à l’orientation ou l’accompagnement (juillet 2019)
- Thème 3 : La formation et la professionnalisation des acteurs de l’inclusion numérique en bibliothèque : une complémentarité entre les professionnels de la filière bibliothèque et les médiateurs numériques (septembre 2019)
Professionnels des bibliothèques, acteurs de la médiation numérique, élus, associations et usagers peuvent contribuer à ce forum public.
Références :
Sources
- 1. Groupe de travail Ministère de la Culture-Agence du numérique : inclusion numérique en bibliothèque
- 2. Plan Bibliothèques
- 3. Une nouvelle étape dans le partenariat Etat-collectivités territoriales en faveur des bibliothèques et de la lecture publique
- 4. Stratégie nationale pour un numérique inclusif : Rapport et recommandations, mai 2018