Ne pouvant enquêter, en raison du confinement, en face à face, les chercheurs en sciences sociales ou en épidémiologie, recourent depuis quelques semaines à des questionnaires en ligne : perception du confinement, impacts psychosociaux, effets du confinement sur les pratiques alimentaires, etc.
On découvre ainsi, à l’occasion de cette crise, l'intérêt d’associer le public à la surveillance de l’épidémie comme à la compréhension de ses mécanismes de circulation.
Cette « épidemiologie participative » s’inscrit dans le sillage de la Community-based participatory research (CBPR), développée dans le contexte nord-américain. (A partir des années 1980, des chercheurs avaient commencé à travailler au côté de groupes de citoyens préoccupés par certaines questions locales de santé environnementale).
Epicov : une enquête auprès de 200 000 personnes pour connaitre et cartographier le statut immunitaire de la population
« Quantifier la proportion de personnes ayant développé des anticorps en réaction au virus SARS-CoV2 et documenter les effets de cette épidémie sur les conditions de vie de nos concitoyens apparaissent comme des enjeux majeurs pour appuyer l’élaboration des stratégies de déconfinement et de prévention les plus adaptées, permettre la détection précoce de toute reprise épidémique et, sur le plus long terme, suivre l’efficacité des mesures prises ».Porté par l’Inserm et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère des Solidarités et de la Santé, en lien avec leurs partenaires (INSEE, Santé publique France, CNRS, INED, Université Paris-Saclay), le projet EpiCOV est une large étude épidémiologique, adossée à une grande enquête statistique, proposant de fournir une cartographie globale et scientifiquement fiable du statut immunitaire de la population et de sa dynamique, sur l’ensemble du territoire, via la collecte d’échantillons biologiques couplée à des questionnaires.
L’objectif du projet EpiCOV est de fournir d’une part, une cartographie précise du statut immunitaire de la population, de la santé, des conditions de vie et des inégalités sociales concernant ces 3 paramètres, et d’autre part, un suivi de la dynamique épidémique à court, moyen et long terme. Le déploiement dans des délais exceptionnellement rapides d’une cohorte de surveillance épidémique à grande échelle et statistiquement représentative à l’échelon départemental permettra en particulier de nourrir les modélisations de l’épidémie.
Le projet reposera sur une grande enquête nationale auprès d’un échantillon représentatif, sélectionné aléatoirement par l’INSEE, de plus de 200 000 personnes de 15 ans ou plus, résidant sur tout le territoire (France métropolitaine, Martinique, Guadeloupe et La Réunion).
Ces personnes seront invitées à répondre à un questionnaire (en ligne ou téléphonique) d’une durée de 20 à 30 minutes et, en parallèle, pour 100 000 d’entre elles qui l’acceptent, à réaliser à leur domicile un prélèvement de quelques gouttes de leur sang, qui sera renvoyé par la Poste pour déterminer s’il y a eu contact avec le virus.
Les réponses seront traitées de manière confidentielle par les équipes de recherche, dans le respect de la réglementation en vigueur (Secret statistique, CNIL, RGPD).