Douze pays, dont la France, ont conduit en 2018 une enquête pour évaluer les performances des élèves de quatrième en littératie numérique ainsi qu’en pensée informatique.
Cette enquête internationale, baptisée ICILS (International Computer and Information Litteracy Study) était organisée par l’IEA (Association Internationale pour l’Évaluation du rendement scolaire).
En France, l’enquête ICILS a porté sur un échantillon représentatif de 2 940 élèves de quatrième répartis dans 156 collèges. Des questionnaires renseignés par 2 168 enseignants et auprès des coordinateurs TICE et des chefs d’établissement ont permis de compléter les réponses des élèves.
Une note réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l’éducation présente les principaux résultats de l’enquête.
En littératie numérique, les élèves français occupent une position médiane parmi les pays participants
La littératie numérique (computer and information literacy) est définie, dans cette enquête, comme « la capacité d’un individu à utiliser efficacement un ordinateur pour collecter, gérer, produire et communiquer des informations à la maison, à l’école, sur le lieu de travail et dans la société ». Le cadre d'évaluation de la littératie numérique comprend quatre sous- dimensions : « la compréhension de l’utilisation d’un ordinateur, la collecte d’information, la production d’information et la communication numérique ».Les élèves français obtiennent un score moyen de 499, alors que la moyenne internationale se situe à 496 points. Les meilleurs scores moyens reviennent au Danemark (553) et à la République de Corée (542). L’Italie (461), l’Uruguay (450) et le Kazakhstan (395) obtiennent les scores moyens les plus faibles. La différence entre le score moyen le plus élevé et le score moyen le plus bas est de 157 points.
L’échelle de performance en littératie numérique peut être décrite à travers cinq niveaux de complexité croissante :
- les élèves du groupe inférieur au niveau 1 (score inférieur à 407 points). Ils représentent 13 % des élèves français et 18 % en moyenne sur l’ensemble des pays participants. « Ces élèves peuvent exécuter certaines commandes simples, telles que cliquer sur un lien hypertexte, ou sur des boutons d’outils avec une seule fonction, comme couper ou faire pivoter. Ils peuvent créer des produits d’information simple, à condition d’être guidés et accompagnés dans la réalisation »
- les élèves atteignant le niveau 1 (score de 407 à 491). Ils représentent 30 % des élèves français et 25 % en moyenne sur l’ensemble des pays participants. « Ces élèves démontrent une connaissance fonctionnelle des ordinateurs en tant qu’outils. Ils connaissent les sécurités mises en œuvre pour permettre l’accès de plusieurs utilisateurs à un même ordinateur. Ils utilisent des commandes logicielles simples pour effectuer des recherches de base et des tâches de communication. Ils démontrent une familiarité avec les règles de mise en page de base des documents électroniques ».
- les élèves atteignant le niveau 2 (score de 492 à 576). Ils représentent 40 % des élèves français et 36 % en moyenne sur l’ensemble des pays participants. « Ces élèves utilisent un ordinateur pour effectuer des tâches de base et explicites de collecte, mais aussi de gestion d’informations. Ils apportent des modifications simples et ajoutent du contenu aux documents numériques existants. Ils créent des documents d’information simples en respectant les règles de mise en page. Ils démontrent leur connaissance des mécanismes de protection des informations personnelles ».
- les élèves atteignant le niveau 3 (score de 577 à 661). Ils représentent 15 % des élèves français et 19 % en moyenne sur l’ensemble des pays participants. « Ces élèves démontrent leur capacité à travailler de manière autonome lorsqu’ils utilisent des ordinateurs comme outils de collecte et de gestion d’informations. Ils sélectionnent la source d’information la mieux adaptée à un objectif spécifié, extraient des informations de sources électroniques données pour répondre à des questions concrètes et suivent les instructions d’utilisation des commandes logicielles reconnues pour éditer et ajouter du contenu. Ils reconnaissent que l’identité, l’expertise et les motivations des créateurs de l’information peuvent influer sur la crédibilité de l’information diffusée sur le Web ».
- les élèves atteignant le niveau 4 (score supérieur à 661). Ils représentent 1 % des élèves français et 2 % en moyenne sur l’ensemble des pays participants. « Ces élèves exercent un contrôle et un esprit critique lorsqu’ils recherchent des informations et créent des documents d’information en tenant compte du public et de l’objectif de communication. Ils utilisent également des fonctionnalités logicielles appropriées pour restructurer et présenter les informations conformément aux règles de mise en page. Ils adaptent ensuite ces informations aux besoins d’un public. Les élèves qui atteignent le niveau 4 montrent qu’ils sont conscients des problèmes pouvant survenir lors de l’utilisation d’informations confidentielles sur Internet ».
Les élèves français occupent aussi une position médiane en "pensée informatique"
En 2018, l’option « pensée informatique » (computational thinking) était proposée pour la première fois. Huit pays, dont la France, ont choisi d’y participer. La pensée informatique est définie comme « la capacité d’un individu à identifier les problèmes du monde réel qui sont appropriés pour une formulation informatique, ainsi qu’à évaluer et à développer des solutions algorithmiques à ces problèmes afin de les mettre en œuvre à l’aide d’un ordinateur ». Son cadre de l’évaluation comprend deux sous-dimensions : « la conceptualisation des problèmes et la mise en œuvre de solutions (création, mise en œuvre et évaluation de solutions informatiques à des problèmes) ».Alors que la moyenne internationale se situe à 500, les élèves français obtiennent un score moyen de 501. Les élèves de la République de Corée (536) et du Danemark (527) obtiennent les meilleurs scores.
L’échelle de performance en pensée informatique est décrite en termes de "région" plutôt que de "niveau" :
- la région inférieure de l’échelle (score inférieur à 459). 31 % des élèves français, et 33 % des élèves en moyenne internationale, se situent dans cette région . « Ces élèves démontrent une certaine connaissance théorique de la programmation. Ils savent enregistrer des données à partir d’observations et mettent en œuvre des solutions en utilisant des séquences d’instructions linéaires (étape par étape) pour répondre à des problèmes simples ».
- la région intermédiaire (score de 459 à 589). 52 % des élèves français, et 50 % en moyenne internationale, se situent dans cette région. « Ces élèves font preuve de compréhension de la programmation en proposant des solutions permettant de résoudre de manière pratique des problèmes du monde réel. Ils mettent en œuvre des solutions complètes en utilisant une logique non linéaire (comme par l’utilisation de boucles) ».
- la région supérieure de l’échelle (score supérieur à 589). 17 % des élèves français et 18 % en moyenne internationale, se situent dans cette région. « Ces élèves maîtrisent la programmation en tant que cadre généralisable de résolution de problèmes. Ils déduisent la relation entre les données observées pour évaluer les solutions. Ils mettent en œuvre des solutions sophistiquées et efficaces à des problèmes de codage complexes, en utilisant des instructions en boucles et conditionnelles ».
Les filles obtiennent des scores moyens supérieurs en "littératie numérique", comparables en "pensée informatique"
Les scores moyens des filles en littératie numérique sont supérieurs à ceux des garçons dans pratiquement tous les pays. En moyenne, dans tous les pays, le score moyen des filles est de 505 alors qu’il est de 488 pour les garçons, soit une différence de 18 points.En pensée informatique, il n’y a pas de différence significative entre les performances des filles et celles des garçons. En revanche, la différence est élevée au Portugal (16 points, en faveur des garçons) et en Finlande, où les filles sont plus performantes (13 points de plus que les garçons).
Des performances associées au statut professionnel des parents comme au capital culturel de la famille
Les scores moyens des élèves du groupe de statut professionnel parental le plus faible sont en moyenne inférieurs de 36 points en littératie numérique et de 42 points en pensée informatique par rapport à ceux du groupe de statut professionnel parental le plus élevé.En France, l’écart est de 37 points en littératie numérique, ce qui correspond à la moyenne internationale. En pensée informatique, la différence est plus prononcée (46 points), soit 4 points de plus que la moyenne internationale.
Des éléments de contexte comme le nombre de livres à la maison, un indice qui reflète le capital culturel (alors que l’indice de statut professionnel est lié au capital économique) ont aussi un impact important sur les performances
Les élèves disposant d’un plus grand nombre d’ordinateurs à la maison ont généralement des scores plus élevés. En moyenne, dans tous les pays participants, les scores des élèves ayant déclaré avoir deux ordinateurs ou plus sont supérieurs de 32 points en littératie numérique par rapport aux scores de ceux ayant déclaré avoir moins de deux ordinateurs à la maison. En pensée informatique, l’écart est de 29 points. Pour les élèves français, cet écart est de 30 points en littératie et de 25 points pour la pensée informatique.
Le nombre d’années d’utilisation des ordinateurs par les élèves est également positivement associé à la performance.
- En France, dans le référentiel des programmes d’enseignements du cycle 4 (5e, 4e et 3e), la littératie numérique ne correspond pas à un enseignement particulier, car elle aborde des notions transversales, utilisées non seulement en technologie, mais aussi potentiellement dans toutes les matières.
- En France, les élèves de quatrième évalués lors de l’enquête ICILS 2018, ont bénéficié de nouveaux programmes entrés en vigueur à la rentrée 2016 dans lesquels la pensée informatique est présente dans les référentiels de mathématiques, sciences et technologie du cycle 4 (5e, 4e et 3e).
Références :
Sources
- 1. Marion Le Cam, Sébastien Pac, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la p
- 2. erformance, Ministère de l’éducation : ICILS 2018 : évaluation internationale des élèves de quatrième en littératie numérique et pensée informatique
- 3. IEA International Computer and Information Literacy Study 2018 International Report