Le projet pilote du self data "MesInfos" tire un premier bilan après le lancement de l'expérimentation.
Historique du Self Data
Le concept de Self Data est né au cours des 4 années de travaux que la FING et ses partenaires (EDF, Enedis, GrDF, MAIF, Orange, Grand Lyon, Cozy Cloud) ont mené sur le sujet des données personnelles et de leur restitution par les organisations aux individus. C'est l'une des réponses aux enjeux de confiance entre les individus qui créent des données et les organisations qui les détiennent. "Les initiatives et outils liées à l’empowerment des individus à l’aide de leurs propres données ne manquent pas : Self Data en France, Mydata en Finlande, Midata en Angleterre, Smart Disclosure aux Etats-Unis, VRM (Vendor RelationShip Management), Cloud Personnel, Quantified Self, PDS (Personal Data Store), PIMS (Personal Information Management System), Customer Commons…"
Sur le site du pilote, la définition du Self Data est donnée : devenir l’acteur de ses données personnelles. Ne plus se contenter de les produire pour que d’autres les exploitent, mais bien récupérer la maîtrise de celles-ci pour les utiliser à ses propres fins. Nous définissons le Self Data comme “la production, l’exploitation et le partage de données personnelles par les individus, sous leur contrôle et à leurs propres fins”Structuration de l'écosystème, évolution juridique, appropriation des outils...
Le premier constat est celui d'un sujet complexe et qui soulève encore beaucoup de questions : "nous avons déjà beaucoup appris, notamment sur tous les défis et difficultés inhérentes à la mise en oeuvre de la restitution des données personnelles pour les organisations. Mais beaucoup reste encore à apprendre, puisque la majeure partie des testeurs du pilote ne sont pas encore officiellement investis."Dessiner concrètement le cadre de la restitution des données reste un défi
L'expérimentation a nécessité de passer du temps sur les aspects techniques de la mise en oeuvre : "Identifier les données, mettre en place les process de restitution – souvent, développer des API ou s’appuyer sur des API existantes, les documenter pour les rendre “réutilisables par des acteurs tiers” est un long chantier en soi."Encore très prospective, la démarche interroge chaque acteur sur son positionnement : "Mais travailler sur la restitution elle-même signifie également travailler sur le cadre global (juridique et technique), clarifier les responsabilités sur la chaîne de transfert des données, rassurer les détenteurs sur la plateforme de mise à disposition des données, notamment en matière de sécurité... C’est un saut dans l’inconnu à faire pour des organisations qui découvrent juste le Self Data. Le chantier “données” est complexe, et à lui seul a pris près de 6 mois pour porter ses fruits."
Mobiliser l’écosystème en faisant émerger les cas d'usager et leur modèle économique
L'écosystème du Self Data – au-delà du pilote, en France et internationalement – est encore tout juste balbutiant. Les plateformes et services Self Data ont besoin de données pour se développer et fonctionner, et les détenteurs de données sont souvent en attente de cas d’usage voire de modèles économiques pour se lancer dans la restitution des données, ce qui limite à ce jour la structuration de ce marché.Rendre le Self Data accessible à tous
Puisque le droit à la portabilité concernera tous les citoyens, l'enjeu d'ergonomie des outils du Self Data pour le grand public est un autre enjeu déterminant : "Comment rendre intelligible, appropriable, simple d’usage… le Self Data et le cloud personnel ? Il a été nécessaire pour Cozy de faire évoluer son interface, de façon radicale, au cours du pilote, afin de s’adresser à un plus grand public."Dialoguer avec le RGPD
Le RGPD (Réglement Général sur la Protection des Données) introduit des évolutions réglementaires significatives en matière de données personnelles, instaurant notamment un droit à la portabilité des données. "L’article 20 a donc été le sujet de nombreux débats – parfois paradoxaux – entre les acteurs impliqués dans le pilote MesInfos, et plus globalement de la communauté du Self Data : le périmètre des données et les modalités de restitution devaient-ils s’aligner sur ce que serait ce droit ? Tester des choses dans le pilote signifie-t-il jurisprudence en matière de restitution des données personnelles ? Comment penser dès à présent des modalités de portabilité des données dimensionnées pour plus de 3 000 personnes, puisque le droit à la portabilité concerne à partir de 2018 tous les citoyens ?"Le collectif a finalement décidé de poursuivre la réflexion sur l'application du droit à la portabilité mais de manière indépendante du pilote MesInfos.
Le passage à l'échelle dépendra de l'engagement de chacun
Le pilote MesInfos devra poursuivre ses nombreux chantiers, sur lesquels il apparait comme l'un des pionniers mondiaux : "Il reste beaucoup à faire, notamment du côté des prototypes de services ; les mois prochains seront aussi le temps des retours d’usage, de la recherche, des enseignements, de la documentation et de la formalisation. ... Le “passage de cap” dépendra, au-delà du déroulement du pilote lui-même, de la structuration de l’écosystème que nous mentionnions et de l’engagement pérenne de détenteurs de données. En cela, le droit à la portabilité pourrait bien aider le Self Data, ouvrant la porte d’un tout nouveau marché, si chacun joue le jeu."Référence :