L’empreinte énergétique directe du numérique est en progression rapide. L’explosion des usages et la multiplication des périphériques numériques fréquemment renouvelés sont les principaux facteurs d’inflation.
Alors que le Convention citoyenne pour le climat propose un ensemble de propositions pour « accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux », la mission sénatoriale sur l’empreinte environnementale du numérique présentait le 24 juin son diagnostic et une série de recommandations. Le collectif d’experts I-Num, présentait la même semaine un chiffrage de ces impacts environnementaux.
La mission d’information du Sénat plaide pour "une transition numérique écologique"
La mission d'information sénatoriale sur l'empreinte environnementale du numérique a présenté le 24 juin sa feuille de route pour "une transition numérique écologique".
En s'appuyant sur une étude inédite évaluant l'empreinte carbone du numérique en France, elle formule 25 propositions concernant à la fois les équipements et les usages. Plusieurs d'entre elles visent les collectivités, qu'il s'agisse de l'intégration de l'enjeu environnemental dans leur stratégie numérique, de la contribution au marché du réemploi via la commande publique ou de l'encouragement à l'implantation de data centers en France, en misant sur leur complémentarité avec les énergies renouvelables.
Pour la mission d’information, «la réduction de l’empreinte carbone du numérique en France devra (..) tout particulièrement passer par une limitation du renouvellement des terminaux, alors que la durée de vie d’un smartphone est aujourd’hui de 23 mois ».
« Il s’agit là d’un impératif environnemental mais aussi économique : en passant du tout-jetable – alimenté par des imports qui grèvent la balance commerciale du pays – à un modèle circulaire – s’appuyant sur un écosystème industriel capable de proposer des terminaux reconditionnés et d’offrir des solutions de réparation – les politiques publiques peuvent favoriser la création durable d’emplois non délocalisables, et implantés dans les territoires ».
Référence :
Les pistes de la Convention Citoyenne pour réduire les impacts environnementaux du numérique
La Convention citoyenne pour le Climat parvient à des conclusions assez proches : il sera impossible de baisser d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 (par rapport à 1990) sans réduire l’empreinte carbone du numérique.
Parmi les 149 propositions adoptées par la Convention Citoyenne, la proposition « Accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux » a été adoptée par 98% des 150 citoyens tirés au sort et représentatifs de la société,
« La baisse de la consommation numérique est un des moyens d’obtenir une baisse des émissions de gaz à effet de serre considérable, car il représente en émissions 2 à 3 fois l’empreinte carbone d’un pays comme la France. Ce phénomène est majoritairement lié à la fabrication des équipements, des logiciels ainsi qu’à leur utilisation avec le stockage et la circulation des données. L’impossibilité d’atteindre nos objectifs sans réduction de l’empreinte carbone de ce secteur paraît évidente. Par ailleurs, il faut tenir compte que la quantité de minerais pour fabriquer des équipements numériques est limitée dans la nature. Pour une grande partie de ces matières premières, l’épuisement total est attendu d’ici 30 ans.Enfin, dans l’esprit des gens, le numérique est immatériel et peut faire l’objet d’un usage illimité. Des effets de mode nous incitent à renouveler très rapidement nos appareils numériques, alors que leur cycle de vie est très fortement émetteur de gaz à effet de serre ».
Elle formule, a cette fin, une série de pistes :
Systématiser les écolabels sur tous les équipements numériques ;
Promouvoir l’information et l’éducation sur les pratiques de sobriété numérique ;
Rendre accessibles au consommateur les engagements de neutralité carbone des acteurs du numérique ;
Réduire les besoins des services numériques via leur écoconception allant dans plusieurs sens : composants, logiciels, consommation d’énergie, utilisation de la chaleur produite, conception des services et offres ; et rendre obligatoire par une réglementation l’écoconception des sites web et services en ligne publics des entreprises ;
Rendre les data centers plus vertueux en imposant la récupération de la chaleur qu’ils produisent pour la redistribution et réduire leur consommation en relocalisant les data centers (peut-être par ville/quartier/arrondissement) et en s’assurant d’une consommation d’énergie décarbonée par les data center Dans ce sens, il est important d’encourager une conception des data centers qui s’inscrit dans la logique de réduction du carbone ;
Développer progressivement la mutualisation de services du numérique lorsque c’est pertinent pour une sobriété efficace du numérique et ainsi limiter la prolifération des appareils connectés et d’un stockage exponentiel de données.
Plus largement, nous devons retrouver une capacité à s’interroger individuellement et collectivement sur nos besoins : avons-nous besoin d’autant d’équipements électroniques et d’en changer si souvent ? Avons-nous besoin de la 5 G ?
Référence :
iNUM : une étude pour quantifier les impacts environnementaux du numérique en France
Réalisée par un collectif d’experts indépendants entre janvier et juin 2020, cette étude, baptisée « iNum » vise à quantifier les impacts environnementaux du numérique en France et à identifier des pistes d’actions adaptées aux spécificités françaises. Cette étude s’appuie sur une méthodologie d’Analyse du Cycle de Vie (ACV).
Les résultats préliminaires de l’étude indiquent que le numérique représente, à l’échelle de la nation, l’équivalent de :
Réchauffement global : 24 millions de tonnes de gaz à effet de serre ;
Tension sur l’eau douce : 559 millions de m3 d’eau douce ;
Epuisement des ressources abiotiques : 833 tonnes équivalent antimoine.
Rapportée aux impacts environnementaux annuels de la France, cela représente l’équivalent de :
Energie primaire : 6,2 % de la consommation de la France
Gaz à effet de serre : 5,2 % des émissions de la France
Eau : 10,2 % de la consommation de la France
Ressources : excavation de 4 milliards de tonnes de terre.
Une grande partie de ces impacts sont « importés » : ils ont principalement lieu en dehors de la France, lors de la fabrication des équipements.
Tenir compte de ces impacts « invisibles » est essentiel pour bâtir un plan d’actions efficace. La fabrication des appareils concentre en effet de 36 à 87 % des impacts environnementaux (selon l’indicateur observé).
Les réseaux sont responsables de 5 à 21 % de notre empreinte numérique et les centres informatiques (data center) de 4 à 15 % des impacts.
Recommandations« En premier lieu, il est essentiel d’informer correctement les français sur leur empreinte numérique pour les amener à être plus raisonnables dans leurs usages quotidiens et à adopter des gestes vraiment efficaces. Supprimer ses mails ne suffit pas. Il faut surtout fabriquer moins d’appareils qui durent plus longtemps ».
Le collectif d’experts recommande ainsi, en priorité, de :
Augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale, en favorisant la réparation et le réemploi, et en interdisant les mécanismes économiques et techniques qui accélèrent artificiellement l’obsolescence des appareils des consommateurs.
Réduire la quantité de ressources numériques mobilisées (équipements, réseaux, etc.), notamment en favorisant la mutualisation des équipements, en éco-concevant les services numériques (voir plus bas), en réduisant le nombre de très grands écrans et d’objets connectés.
Redonner le contrôle aux utilisateurs, notamment en leur permettant de choisir les mises à jour logicielles qu’ils souhaitent installer et en les guidant vers des équipements réparables et faciles à reconditionner via un renforcement des exigences de l’indice de réparabilité lors de son passage en indice de durabilité et en accentuant les obligations d’affichage environnemental, notamment pour les services en ligne.
Ecoconcevoir les services numériques pour réduire leurs besoins en ressources numériques et ainsi favoriser l’allongement de la durée de vie des appareils ainsi que leur réemploi.
Au delà des impacts environnementaux, « nous devons prendre conscience que le numérique est une ressource critique. Et que le stock de cette ressource s’épuise inéluctablement car elle n’est pas renouvelable ».
Le collectif d’experts soumet ces résultats préliminaires pour revue et produira des résultats définitifs en octobre 2020.
Sénat, Convention Citoyenne et experts d’I-Num convergent autour de la réduction de l’empreinte environnementale du numérique
L’empreinte énergétique directe du numérique est en progression rapide. L’explosion des usages et la multiplication des périphériques numériques fréquemment renouvelés sont les principaux facteurs d’inflation.
Alors que le Convention citoyenne pour le climat propose un ensemble de propositions pour « accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux », la mission sénatoriale sur l’empreinte environnementale du numérique présentait le 24 juin son diagnostic et une série de recommandations. Le collectif d’experts I-Num, présentait la même semaine un chiffrage de ces impacts environnementaux.
La mission d’information du Sénat plaide pour "une transition numérique écologique"
La mission d'information sénatoriale sur l'empreinte environnementale du numérique a présenté le 24 juin sa feuille de route pour "une transition numérique écologique".
En s'appuyant sur une étude inédite évaluant l'empreinte carbone du numérique en France, elle formule 25 propositions concernant à la fois les équipements et les usages. Plusieurs d'entre elles visent les collectivités, qu'il s'agisse de l'intégration de l'enjeu environnemental dans leur stratégie numérique, de la contribution au marché du réemploi via la commande publique ou de l'encouragement à l'implantation de data centers en France, en misant sur leur complémentarité avec les énergies renouvelables.
Pour la mission d’information, «la réduction de l’empreinte carbone du numérique en France devra (..) tout particulièrement passer par une limitation du renouvellement des terminaux, alors que la durée de vie d’un smartphone est aujourd’hui de 23 mois ».
« Il s’agit là d’un impératif environnemental mais aussi économique : en passant du tout-jetable – alimenté par des imports qui grèvent la balance commerciale du pays – à un modèle circulaire – s’appuyant sur un écosystème industriel capable de proposer des terminaux reconditionnés et d’offrir des solutions de réparation – les politiques publiques peuvent favoriser la création durable d’emplois non délocalisables, et implantés dans les territoires ».
Référence :
Les pistes de la Convention Citoyenne pour réduire les impacts environnementaux du numérique
La Convention citoyenne pour le Climat parvient à des conclusions assez proches : il sera impossible de baisser d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 (par rapport à 1990) sans réduire l’empreinte carbone du numérique.
Parmi les 149 propositions adoptées par la Convention Citoyenne, la proposition « Accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux » a été adoptée par 98% des 150 citoyens tirés au sort et représentatifs de la société,
« La baisse de la consommation numérique est un des moyens d’obtenir une baisse des émissions de gaz à effet de serre considérable, car il représente en émissions 2 à 3 fois l’empreinte carbone d’un pays comme la France. Ce phénomène est majoritairement lié à la fabrication des équipements, des logiciels ainsi qu’à leur utilisation avec le stockage et la circulation des données. L’impossibilité d’atteindre nos objectifs sans réduction de l’empreinte carbone de ce secteur paraît évidente. Par ailleurs, il faut tenir compte que la quantité de minerais pour fabriquer des équipements numériques est limitée dans la nature. Pour une grande partie de ces matières premières, l’épuisement total est attendu d’ici 30 ans.Enfin, dans l’esprit des gens, le numérique est immatériel et peut faire l’objet d’un usage illimité. Des effets de mode nous incitent à renouveler très rapidement nos appareils numériques, alors que leur cycle de vie est très fortement émetteur de gaz à effet de serre ».
Elle formule, a cette fin, une série de pistes :
Systématiser les écolabels sur tous les équipements numériques ;
Promouvoir l’information et l’éducation sur les pratiques de sobriété numérique ;
Rendre accessibles au consommateur les engagements de neutralité carbone des acteurs du numérique ;
Réduire les besoins des services numériques via leur écoconception allant dans plusieurs sens : composants, logiciels, consommation d’énergie, utilisation de la chaleur produite, conception des services et offres ; et rendre obligatoire par une réglementation l’écoconception des sites web et services en ligne publics des entreprises ;
Rendre les data centers plus vertueux en imposant la récupération de la chaleur qu’ils produisent pour la redistribution et réduire leur consommation en relocalisant les data centers (peut-être par ville/quartier/arrondissement) et en s’assurant d’une consommation d’énergie décarbonée par les data center Dans ce sens, il est important d’encourager une conception des data centers qui s’inscrit dans la logique de réduction du carbone ;
Développer progressivement la mutualisation de services du numérique lorsque c’est pertinent pour une sobriété efficace du numérique et ainsi limiter la prolifération des appareils connectés et d’un stockage exponentiel de données.
Plus largement, nous devons retrouver une capacité à s’interroger individuellement et collectivement sur nos besoins : avons-nous besoin d’autant d’équipements électroniques et d’en changer si souvent ? Avons-nous besoin de la 5 G ?
Référence :
iNUM : une étude pour quantifier les impacts environnementaux du numérique en France
Réalisée par un collectif d’experts indépendants entre janvier et juin 2020, cette étude, baptisée « iNum » vise à quantifier les impacts environnementaux du numérique en France et à identifier des pistes d’actions adaptées aux spécificités françaises. Cette étude s’appuie sur une méthodologie d’Analyse du Cycle de Vie (ACV).
Les résultats préliminaires de l’étude indiquent que le numérique représente, à l’échelle de la nation, l’équivalent de :
Réchauffement global : 24 millions de tonnes de gaz à effet de serre ;
Tension sur l’eau douce : 559 millions de m3 d’eau douce ;
Epuisement des ressources abiotiques : 833 tonnes équivalent antimoine.
Rapportée aux impacts environnementaux annuels de la France, cela représente l’équivalent de :
Energie primaire : 6,2 % de la consommation de la France
Gaz à effet de serre : 5,2 % des émissions de la France
Eau : 10,2 % de la consommation de la France
Ressources : excavation de 4 milliards de tonnes de terre.
Une grande partie de ces impacts sont « importés » : ils ont principalement lieu en dehors de la France, lors de la fabrication des équipements.
Tenir compte de ces impacts « invisibles » est essentiel pour bâtir un plan d’actions efficace. La fabrication des appareils concentre en effet de 36 à 87 % des impacts environnementaux (selon l’indicateur observé).
Les réseaux sont responsables de 5 à 21 % de notre empreinte numérique et les centres informatiques (data center) de 4 à 15 % des impacts.
Recommandations« En premier lieu, il est essentiel d’informer correctement les français sur leur empreinte numérique pour les amener à être plus raisonnables dans leurs usages quotidiens et à adopter des gestes vraiment efficaces. Supprimer ses mails ne suffit pas. Il faut surtout fabriquer moins d’appareils qui durent plus longtemps ».
Le collectif d’experts recommande ainsi, en priorité, de :
Augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale, en favorisant la réparation et le réemploi, et en interdisant les mécanismes économiques et techniques qui accélèrent artificiellement l’obsolescence des appareils des consommateurs.
Réduire la quantité de ressources numériques mobilisées (équipements, réseaux, etc.), notamment en favorisant la mutualisation des équipements, en éco-concevant les services numériques (voir plus bas), en réduisant le nombre de très grands écrans et d’objets connectés.
Redonner le contrôle aux utilisateurs, notamment en leur permettant de choisir les mises à jour logicielles qu’ils souhaitent installer et en les guidant vers des équipements réparables et faciles à reconditionner via un renforcement des exigences de l’indice de réparabilité lors de son passage en indice de durabilité et en accentuant les obligations d’affichage environnemental, notamment pour les services en ligne.
Ecoconcevoir les services numériques pour réduire leurs besoins en ressources numériques et ainsi favoriser l’allongement de la durée de vie des appareils ainsi que leur réemploi.
Au delà des impacts environnementaux, « nous devons prendre conscience que le numérique est une ressource critique. Et que le stock de cette ressource s’épuise inéluctablement car elle n’est pas renouvelable ».
Le collectif d’experts soumet ces résultats préliminaires pour revue et produira des résultats définitifs en octobre 2020.