La question de « l’économie de l’attention » trouve un sens renouvelé à l’heure où des plateformes numériques ont pris une place croissante dans notre quotidien et conditionnent la grande majorité de nos activités (activités professionnelles, activités culturelles ou de loisir, activités sociales, etc.).
« Si l’attention désigne une capacité à la fois psychique (être attentif) et sociale (être attentionné), qu’en est-il, dans les sociétés de plus en plus soumises à des dispositifs numériques au service d’une « économie de l’attention », de nos capacités psychiques, de nos relations sociales, et plus généralement, de nos relations à l’environnement ? Autrement dit, quelles sont les conséquences de l’économie numérique de l’attention pour les écologies mentale, sociale et environnementale ?».Quels sont les leviers potentiels ? Est-il possible de concevoir et de développer des modèles technologiques et économiques alternatifs, qui intensifient les capacités attentionnelles, mémorielles, réflexives, créatives ainsi que les pratiques solidaires et contributives ?
Le Conseil national du numérique appelle à passer un cap dans la protection de notre attention et publie un dossier consacré à l’économie de l’attention.
Ce dossier du Conseil national du numérique interroge les modèles économiques qui tirent leurs ressources de la monétisation de notre attention. « Il nous faut décortiquer les outils de « captologie » et de « design comportemental » mis en œuvre par ces modèles, au lieu d’être conçus et développés dans l’intérêt des populations, en vue de renforcer leurs capacités cognitives et d’intensifier les solidarités collectives. Il s’agit enfin d’identifier les leviers (juridiques, économiques, technologiques, sociaux, éducatifs, politiques) qui pourraient être mobilisés pour retourner cette situation ».
Pour remettre les technologies numériques au service d’une attention psychique, sociale et environnementale, le Conseil national du numérique met en débat 12 leviers essentiellement collectifs, qu’ils soient juridiques, politiques, sociaux, éducatifs et de design.
De nouveaux droits et obligations- La consécration d’un droit d’être informé sur les dispositifs de captation attentionnelle ;
- La mise sur pied d’une politique européenne permettant de lutter contre les risques qu'entraînent les modèles d’affaires relevant de l’économie de l’attention ;
- La reconnaissance d’un droit de paramétrer les contenus et les émetteurs ;
- La sanction des designs abusifs et trompeurs ;
- Le renforcement du droit à la déconnexion ;
- La création d’un droit à l’interopérabilité entre plateformes.
- Sensibiliser les citoyens aux enjeux psychiques et sociaux de l’économie de l’attention ;
- Renforcer l’éducation critique et pratique aux médias numériques dans le cadre de projets scolaires et extrascolaires ;
- Missionner l’école pour concevoir et expérimenter des supports et des pratiques numériques cultivant l’attention profonde et l’attention conjointe ;
- Développer des recherches transdisciplinaires sur « les technologies de l’esprit » et les intégrer à la formation des professionnels de l’éducation et du soin ;
- Penser les politiques relatives à nos lieux de vie ;
- Soutenir, concevoir et développer de nouvelles pratiques et de nouveaux dispositifs numériques qui renforcent l’attention conjointe et les liens sociaux sans réduire les individus à des comportements pulsionnels ou à des mécanismes cognitifs.
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