A quelques mois de l’élection présidentielle, et alors que l’usage des réseaux sociaux dans le cadre de la campagne présidentielle aux États-Unis suscite de vivres controverses, plusieurs enquêtes apportent des éclairages complémentaires sur la contribution du numérique à la vie publique et aux nouvelles d’engagement et de mobilisation liées au numérique.
La dernière enquête en date est le sondage conduit en novembre dans le cadre du Digital Society Forum, animé par Orange et l’institut BVA : l'engagement à l'ère du numérique.
Selon cette enquête réalisée auprès de 1000 personnes, près de la moitié des Français (49 %) ont déjà signé ou diffusé une pétition en ligne (vs 38 % qui ont déjà signé une pétition en format papier).
- 45 % ont recherché en ligne des informations sur l’actualité publique et/ou politique ou diffusé ces informations à d’autres personnes (articles, liens, fichiers) via Internet
- 10 % ont utilisé les réseaux sociaux, blogs ou forums politiques, par exemple Twitter ou Facebook, pour interpeller une administration, une personnalité ou un parti politique ou donner son avis sur ses actions
- 10 % pour suivre le compte Facebook ou Twitter du Gouvernement, de personnalités politiques ou d’organisations politiques
- 10 % pour participer à une action ou un événement politique ou public créé via les réseaux sociaux.
Réalisée auprès de 4 000 jeunes, cette enquête met en relief la coexistence d’une jeunesse très investie sous des formes plurielles d’engagement (participation associative, bénévolat, expressions des opinions sur internet), et d’une autre, plus en retrait, « même si pour certains le potentiel d’engagement, mesuré au travers de l’envie des jeunes de s’investir pour une cause, reste important ».
Selon cette enquête, 66 % des jeunes ont utilisé internet au cours des douze derniers mois, pour lire les opinions d’autres personnes sur des questions de société ou sur des questions politiques. Plus du tiers des jeunes mobilisent également internet pour exprimer leur opinion sur des questions de société ou, dans une moindre mesure, sur des questions de politique. Autre indicateur, plus d’un tiers ont signé une pétition ou participé à une consultation en ligne au cours des 12 derniers mois. (Ces taux ont été mesurés avant les récentes mobilisations autour de la loi travail).
Le Think Tank Renaissance Numérique, de son côté, a publié en avril, avec le soutien de Mé́diamé́trie un « Portrait de la France numérique », attentes et usages numériques des citoyens. Ce portrait consacre un chapitre aux nouvelles formes de participation citoyenne.
Selon cette enquête réalisée auprès de 1000 personnes, la pétition en ligne est l’outil de participation politique numérique le plus utilisé (37 %).
Près d’un Français sur dix, âgé entre 15 et 34 ans, a déjà participé à un dispositif de co-construction démocratique en ligne. Dans la tranche d’âge des plus de 50 ans, ils sont moins de 5 %.
« Les citoyens considèrent que les pétitions en ligne sont d’abord utilisées pour faire connaître un sujet et le médiatiser ; ils sont plus dubitatifs sur leur capacité à exprimer réellement l’opinion publique et franchement sceptiques sur leur pouvoir d’influencer concrètement les décisions politiques ». Parmi ceux qui considèrent que les pétitions en ligne ne sont pas prises en considération, les jeunes (15-34 ans), les Parisiens et la catégorie sociale « inactifs » sont les plus représentés.Une autre forme d’engagement caractéristique de l’ère numérique est la donation.
La 6e vague du baromètre e-donateurs, initié par le cabinet LIMITE et l’IFOP, en partenariat avec l’IDAF (Institut des Dirigeants d'Associations et Fondations) et l’Association Française des Fundraisers (AFF) révèle que le réflexe de donner en ligne continue de s’installer : 26% des Français sont aujourd’hui des e-donateurs (+ 2 points par rapport à 2015).
Derrière ce chiffre, se confirme une tendance apparue en 2014 : les donateurs de moins de 35 ans sont de plus en plus nombreux à donner en ligne (22 %, soit 6 points de plus) et sont pour la première fois au même niveau que les e-donateurs entre 35 et 64 ans. Seuls les 65 ans et plus sont davantage représentés chez les e-donateurs (39 %), avec des montants de dons, en revanche, plus élevés.
Les auteurs de l’étude relèvent aussi la place croissante des réseaux sociaux : près de 4 e-donateurs sur 10 recommandent des associations à leurs contacts via les réseaux sociaux (36 %), une pratique plus accentuée et de plus en plus fréquente chez les moins de 35 ans.
Facebook apparaît clairement, pour les ONG, comme le vecteur de visibilité le plus efficace. Plus des deux tiers des e-donateurs relayant des informations des ONG sur les réseaux sociaux déclarent le faire par ce canal (67 % de citations, 80 % chez les moins de 35 ans).