Dans son rapport annuel sur l’état de l’internet en France, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) présente ses derniers travaux et analyses pour veiller au bon fonctionnement du net et à son développement comme un « bien commun ». Le rapport aborde en particulier la qualité de service, l’interconnexion des données, la transition vers le protocole IPv6, la neutralité du net, la régulation économique des plateformes et des données et la réduction de l’empreinte environnementale du numérique.
Le trafic de données en France a vingtuplé en dix ans
En 10 ans, entre 2012 et 2022, le trafic entrant géré par les principaux fournisseurs d’accès à internet (FAI) a été multiplié par 20. Il atteint 43,2 Tbit/s à la fin de l’année 2022, ce qui correspond à une augmentation de 21,5 % par rapport à 2021.
Consciente que ce chiffre est en constante augmentation et qu’il devrait encore grandir dans les années à venir, l’Arcep a vérifié si les infrastructures des FAI pouvaient accueillir de tels débits.
Entre début 2012 et 2022, le trafic entrant à l’interconnexion vers les principaux fournisseurs d’accès à internet (FAI) a été multiplié par 20 atteignant 43,2 Tbit/s fin 2022 (+21,5% par rapport à 2021). Les capacités installées de ces FAI ont progressé dans les mêmes proportions sur la période, passant de 5,4 Tbit/s début 2022 à 108 Tbit/s fin 2022.
Netflix représente quasi 20% du trafic internet français en 2022
En 2022, 54 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France provient de cinq acteurs : Netflix, Google (10,5%), Akamai, Meta et Amazon. Le reste du trafic (46%) provient d’une grande diversité d’acteurs s’interconnectant aux FAI.
Netflix, à lui tout seul, est à l'origine de près de 20% du trafic internet français en 2022. « Ceci indique une concentration de plus en plus nette du trafic entre un petit nombre d’acteurs dont la position sur le marché des contenus est renforcée », souligne l’Arcep.
Une bonne qualité de l'internet mobile
En Métropole, la qualité de service demeure élevée. Les quatre opérateurs présentent des résultats très élevés au test d’affichage de pages web (en 2G/3G/4G). Elles sont affichées en moins de dix secondes pour l’ensemble des opérateurs dans plus de 96% des tentatives en zones denses, dans plus de 93% des tentatives en zones intermédiaires, dans plus de 84% des tentatives en zone rurale.
Le taux de vidéos visionnées (streaming) en qualité parfaite a progressé de quatre points en zones denses par rapport à l’année dernière avec un taux de succès supérieur à 95%. Il atteint plus de 91% en zones intermédiaires et plus de 82% en zones rurales.
La qualité de service progresse sur l’ensemble des axes de transport :
- sur les axes routiers mesurés, en moyenne, tous opérateurs confondus, près de 95% des pages web sont affichées en moins de dix secondes ;
- sur les axes ferrés, la situation est plus contrastée : il est possible d’afficher une page web en moins de dix secondes dans seulement 81% des cas en moyenne dans les TGV, les Intercités et les TER alors que la navigation est plus fluide sur les RER et Transiliens (90%) et les métros (95%).
Outre-mer, la progression de la qualité de service internet est contrastée.
Transition de l’écosystème vers IPv6 : encore de grandes disparités entre les différents acteurs de l’Internet.
Le taux d’utilisation d’IPv6 progresse au niveau national pour atteindre plus de 62% mi-2023 (contre 51,2% en juin 2022). Les opérateurs français ont progressé dans leur transition vers l’IPv6 tant au niveau des réseaux fixe, que des réseaux mobiles. Selon les prévisions du baromètre, à l’horizon mi-2025, 94 % des clients grand public sur les réseaux fixes et 88 % des clients grand public sur les réseaux mobiles devraient avoir accès à l’adressage IPv6 activé par défaut. La situation est différente du côté des hébergeurs qui affichent un retard dans la transition vers IPv6 : mi-2022 le taux de sites web accessibles en IPv6 était de seulement 25 % et de 8,3% pour les serveurs mail.
Les défis environnementaux du numérique
L’évolution tendancielle de l’empreinte environnementale du numérique appelle à la responsabilisation de l’ensemble des parties prenantes pour réduire les impacts environnementaux du secteur (émissions de gaz à effet de serre, consommation en ressources y compris métaux/minéraux, biodiversité…).
L’éco-conception des services numériques fait partie des leviers identifiés par l’Arcep pour réduire l’empreinte environnementale du numérique.
L’ARCEP met en avant le rôle des codecs vidéos pour minimiser l’empreinte environnementale de la vidéo. En 2022, le trafic internet est constitué à 66% de vidéo. Un codec désigne le dispositif matériel ou logiciel permettant l’encodage et le décodage d’un flux de données numériques. Il permet d’optimiser les volumes de données d'une vidéo et peut contribuer à diminuer son poids et les impacts environnementaux associés.
Près d’un an après la promulgation du Digital Markets Act (DMA), l’Arcep et le BEREC poursuivent leurs travaux pour contribuer à la construction d’une régulation économique du numérique. D’ici la fin de l’année 2023, le BEREC et l’Arcep se pencheront sur la mise en œuvre du Data Act et du Data Governance Act.
Référence :