En 2019, 71 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à adopter, immédiatement ou progressivement, de nouvelles technologies ou de nouveaux services numériques. Elles étaient 76 % en 2017. Une baisse de 5 points.
Ce sont désormais 28 % des personnes interrogées qui expriment une forme de distance à l’égard du changement numérique.
71 % de Français prêts à embrasser le changement numérique
« Les personnes les plus connectées à internet et qui font généralement confiance aux outils numériques pour leur vie personnelle et professionnelle, sont également celles qui se disent prêtes à adopter les nouvelles technologies » observe le Credoc.
Parmi les plus disposés en 2019 à adopter les nouvelles technologies figurent, en effet, les 18-24 ans (90 %), les 25-39 ans (87 %), les diplômés du supérieur (79 %), les cadres (89 %) les professions intermédiaires (83 %), les employés (77 %), les ouvriers (74), les personnes appartenant à la classe moyenne supérieure (74 %), les hauts revenus (89 %) et les Franciliens (+8 points).
Inversement, les moins disposés à l’adoption de nouveaux produits ou nouveaux services sont les personnes les plus âgées (-30 points par rapport à la moyenne), les personnes vivant seules (-16 points), les non-diplômés (-17 points), les retraités (-20 points), les bas revenus (-7 points) et les personnes vivant dans les communes rurales (-10 points).
Une prise de distance
28 % des personnes interrogées déclarent qu’elles ne sont pas prêtes à adopter, immédiatement ou progressivement, de nouvelles technologies ou de nouveaux services numériques. Une baisse de 5 points.
Cette « prise de distance » n’affecte pas, ou marginalement, les 18-24 ans et les hauts revenus.
On l’observe cependant dans des catégories de la population qui jusqu’alors affichaient une ouverture au changement numérique.
Chez les diplômés du supérieur, le nombre de personnes prêtes adopter les nouvelles technologies passe de 90 à 79 % (-11 points). La baisse est de 9 points parmi les professions intermédiaires, de 8 points chez les 40-59 ans, parmi les employés et les Franciliens., de 7 points parmi les cadres, de 5 points chez les 25-39 ans,
Cette « prise de distance » est identique chez les hommes et chez les femmes (- 5 points). Et ceci, malgré l’écart subsiste entre hommes et femmes dans leur relation aux nouvelles technologies : en 2017, 79 % des hommes se déclaraient prêts à adopter de nouvelles technologies ou de nouveaux services numériques contre 74 % chez les femmes. Cet écart se maintient en 2019 (74 % et 69 %).
Polarisation
Le questionnaire soumis par le Credoc distinguait deux modalités d’adoption des nouvelles technologies et services numériques : immédiate et progressive.
Référence :
Le Credoc pointe ainsi une légère hausse (+3 points, passant de 24 % en 2017 à 27 % en 2019) des personnes prêtes à adopter immédiatement la nouvelle technologie et une baisse (-8 points) de la part de qui déclarent vouloir l’adopter progressivement, en passant de 52 % à 44 %).
Cette ambivalence, selon le Credoc, traduit « une polarisation des attitudes face aux nouvelles technologiques ».
« L’âge, observe le Credoc, joue un rôle particulièrement important dans cette polarisation : les 18-24 ans sont 39 % à se sentir prêt à adopter « immédiatement » de nouvelles technologies ou de nouveaux services numériques (+15 points), alors que les 40-59 ans ne sont 26 % à ne pas vouloir s’engager sur cette voie (+8 points) ».
Plus de deux-tiers des Français ne comptent pas utiliser d’objets connectés dans le futur
Cette prise de distance est illustrée, observe le Credoc, « par la position des citoyens par rapport aux objets connectés »
En 2019, seule une minorité d’individus (9 %) possèdent une enceinte connectée.
« De manière plus générale, les objets connectés ne font pas encore l’unanimité dans la population ». 16 % seulement des Français possèdent un objet connecté relatif à l’un des quatre usages suivants : électroménager, santé, domotique ou sécurité. A l’inverse, plus de deux tiers des individus interrogés affirment qu’ils n’utiliseront probablement pas d’objets connectés dans le futur pour chacun des usages ».
Par rapport à ces différents types d’objet, les Français semblent plus ouverts à des objets liés à la sécurité (30 % en possèdent un ou considèrent en utiliser un dans le futur) ou à la domotique (29 %) qu’à l’électroménager (25 %) ou à la santé (26 %), et ce alors même que ce dernier segment est celui dans lequel le taux d’équipement est le plus haut (11 %, contre 6 % maximum pour les autres usages).
La position des Français vis-à-vis des objets connectés dépend principalement beaucoup de l’âge des individus interrogés. Les plus jeunes sont ainsi beaucoup plus enclins que leurs aînés à accepter des objets connectés, et ce quel que soit l’usage : par exemple, 86 % des 60-69 ans affirment qu’ils n’utiliseront probablement pas d’objets connectés relatifs à la santé dans le futur, contre 43 % seulement des 12-17 ans. On observe des écarts moindres, mais importants, en fonction du niveau de diplôme entre non diplômés et diplômés du supérieur.
Fatigue numérique
Cette prise de distance, cette baisse de 5 points du nombre de personnes disposées à embrasser le changement numérique renvoie probablement à ce phénomène de « fatigue numérique » pointé depuis quelques années par les sociologues et la presse.
Le Conseil National du Numérique pointait déjà en 2013 l’effort considérable d’apprentissage auquel les personnes ont consenti et consentent encore pour s’adapter à un environnement numérique en perpétuel renouvellement. « Les technologies numériques évoluent en permanence et appelleront un effort d’apprentissage récurrent pour chacun, tout au long de sa vie. On est régulièrement confronté à un nouveau dispositif numérique – de la caisse de supermarché en self‐service à la hot line automatisée en passant par l’application en ligne de demande de fiche d’état civil, demain le compteur intelligent pour adapter sa consommation ou l’application de suivi médicalisé à domicile, etc. C’est un effort que tous ne réussissent pas à porter ».
La Fing avait consacré en 2014 l’un des chapitres de son exercice de prospective « Transitions numérique » à la « fatigue numerique » : « En dépit de ses bénéfices incontestables, le numérique apparaît de plus en plus, aussi, comme une source de difficultés, voire de souffrances… A mesure que l’équipement numérique se développe et se diversifie, les dysfonctionnements se multiplient. En 2013, une enquête estime à trois semaines par an le temps que chaque utilisateur passe à simplement gérer ses appareils et ses données numériques ».
Cette « fatigue numérique » se nourrit de la dépendance croissante vis-à-vis des outils numériques, d’une dématérialisation parfois brutale (pas seulement dans les administrations), des abus d’un design de l’attention pensé pour entretenir notre addiction aux écrans et influencer nos choix, ou encore de l’augmentation exponentielle des volumes d’information produits, échangés et consommés, des inquiétudes quant à la collecte et l'usage des données personnelles ou encore d'une conscience de plus aigue des impacts du numérique sur l'environnement.
Participent ainsi de cette « prise de distance » l’essor des pratiques de « détox » ainsi que l’émergence d’offres d’outils et services de gestion de la surcharge informationnelle, cognitive, temporelle.