Les enfants de 3 à 17 ans passent en moyenne trois heures par jour devant les écrans, un temps d'écran qui a tendance à augmenter avec l'âge, selon l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).Pendant le confinement de mars-mai 2020, les enfants de 6 à 12 ans ont eu un taux d’exposition quotidien aux écrans d’environ sept heures (incluant le temps consacré à l’éducation).Face aux risques psychologiques, de santé physique mais aussi d’exposition de données privées, le rôle des parents est souvent invoqué quant à la régulation des temps passés sur la toile.« Si les écrans contribuent au développement de l’enfant et du jeune adolescent ainsi qu’à l’épanouissement familial, une exposition précoce et une surexposition aux écrans à des contenus inappropriés peut avoir des effets néfastes (retard du langage, difficultés de concentration, retard cognitif etc.) ».Les parents sont nombreux à appeler de leurs vœux des outils et signalétiques précises : 46 % d’entre eux ne se sentent pas assez accompagnés dans l’encadrement de la pratique numérique de leur(s) enfant(s).Le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique de janvier 2020 reflète ces attentes et rappelle ainsi qu’il est essentiel d’être à leurs côtés.Pour mieux accompagner les parents, le site jeprotegemonenfant.gouv.fr évolue pour devenir un portail d’information unique sur la parentalité numérique. La plateforme centralise – à destination des parents – les outils pratiques et les ressources nécessaires pour un usage raisonné et raisonnable des écrans chez les mineurs.
Un équipement des enfants en téléphone mobile de plus en plus précoceEn 2021, 95 % de la population âgée de 15 ans ou plus déclare être équipée d’un téléphone mobile : 77 % possède un smartphone, 21 % un autre type de téléphone.Le CREDOC a interrogé, dans le cadre du Baromètre du Numérique 2021, les jeunes de moins de 25 ans sur l’âge qu’ils avaient lorsqu’ils ont eu leur premier téléphone mobile.
60% des moins de 25 ans indiquent qu’ils avaient douze ans ou moins35% l’ont eu avant 12 ans et 25% l’année de leurs 12 ans.Un tiers a eu un téléphone mobile au collège, à savoir entre 13 et 16 ans et seulement 4% l’ont eu après leurs 16 ans.Le CREDOC a ensuite demandé aux personnes âgées de 25 ans ou plus ayant à charge un enfant de 6 ans ou plus a quel âge ils avaient acheté ou donné un téléphone mobile à leur enfant.
Les parents interrogés font état d’un équipement à des enfants sensiblement plus jeunes puisque 28% d’entre eux auraient fourni un téléphone à des enfants de 10 ans ou moins, alors que les jeunes de 12 à 24 ans interrogés ne sont que 15% à l’avoir eu aussi tôt.Cette précocité de plus en plus avancée peut s’apprécier plus aisément lorsqu’on détaille la situation des répondants de moins de 25 ans.
Si on découpe en trois tranches d’âge, on constate que la part de jeunes équipés avant 12 ans ne cesse de progresser, passant de 28% pour la génération née entre 1996 et 1999 à 44% pour la génération 2004-2008Autre spécificité : au sein des moins de 25 ans, les filles se sont équipées plus tôt que les garçons : 41% d’entre elles avaient un portable avant 12 ans, contre 30% seulement des garçons.
Les parents se disent de plus en plus vigilants quant au temps passé par leurs enfants sur les écransSelon l'edition 2021 du Baromètre Numérique, les parents se montrent de plus en plus sensibilisés à la question du temps passé par leurs enfants sur les écrans.
48% imposent des restrictions quant aux coups de téléphone ou aux SMS envoyés et près de six parents sur dix encadrent le temps passé devant la télévision, sur des jeux vidéo ou sur internet.Chacune de ces mesures d’encadrement et de limitation du temps d’écran des enfants connait une progression sensible par rapport aux mesures établies en 2012 ou encore en 2014.Par exemple, en 2020, 59% des parents encadrent le temps passé sur les jeux vidéo, soit 10 points de plus par rapport à 2014 et 12 points de plus par rapport à 2012. La hausse de l’encadrement de l’usage du téléphone est plus significative encore : 48% des parents si disent vigilants à cet égard, soit +17 points par rapport à 2014 et +16 points par rapport à 2012.« L’analyse socio-démographique montre peu d’écarts significatifs », commente le CREDOC.« A peine note-t-on une plus grande vigilance quant au temps passé devant les écrans des habitants de l’agglomération parisienne, mais aussi – en ce qui concerne le temps passé devant la télévision – des cadres, alors que les employés cherchent plus souvent à mettre en place des règles encadrant l’usage du téléphone et l’envoi des SMS par leurs enfants.« Les parents les plus jeunes semblent les plus coercitifs mais il est probable que les enfants à leur charge soient plus jeunes et donc plus susceptibles d’avoir besoin de règles et de garde-fou ».
Un besoin d’accompagnement important des famillesUne enquête réalisée par Ipsos pour le compte de l’association OPEN, en partenariat avec l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) apporte un éclairage sur les comportements et pratiques numériques des familles après la crise sanitaire. L’étude s’appuie sur les témoignages de 2012 parents (ayant des enfants âgés de 0 à 17 ans) et 600 enfants de 7 à 17 ans interrogés entre les 9 et 22 juillet 2021.Selon l’étude, les différents confinements ont laissé des traces notamment en ce qui concerne la consommation des écrans en hausse de 44 % pour les parents et 53 % pour les enfants.Selon les parents interrogés, le smartphone est l’outil le plus utilisé par leurs enfants, notamment pour les tranches d’âge suivantes : les 11-14 ans (70 %) , les 15-17 ans (87 %). D’après ces estimations, l’utilisation du smartphone connaît une hausse de 11 points, passant de 37 % à 48 % entre 2019 et 2021. Parmi les autres outils utilisés par les enfants : 88 % des parents interrogés disent se connecter à Internet plusieurs fois par jour. La majorité des parents reconnaissent que cette consommation est excessive pour eux-mêmes (77 %) mais aussi pour leurs enfants (74 %) et pour leurs adolescents (87 %).la tablette est en hausse de 23 points (passant de 17 % à 40 % entre 2019 et 2021),la télévision augmente de 8 points (64 % vs 72 %),l’ordinateur gagne 6 points (32 % vs 38 %),la console perd 6 points (38 % vs 32 %).Les perceptions des parents (59 %) et des enfants (56 %) sont très proches pour reconnaître que la consommation d’écrans des enfants a augmenté au cours des 18 derniers mois.YouTube, réseau favori des enfantsParmi les réseaux sociaux les plus utilisés par les enfants, on trouve :YouTube/YouTube Kids (40 %)Snapchat (25 %)TikTok (23 %)Une difficulté des parents à estimer le temps que passent leurs enfants devant les écransConcernant les usages, l’enquête note un écart entre les perceptions des parents et celles des enfants à différents niveaux.L’écart de perception du temps passé devant les écrans est criant entre parents et enfants, notamment en semaine. Ainsi, l’étude met en lumière que les 7-10 ans passent quasiment trois fois plus de temps sur le smartphone que ce qu’imaginent leurs parents, de même pour l’ordinateur ou la console de jeu, pour cette même tranche d’âge.Cependant, cet écart a tendance à s’atténuer le week-end et pendant les vacances. Ce qui tend à prouver que lorsque les parents sont présents ou non occupés, ils sont lucides sur la réalité des pratiques numériques de leurs enfants.Les parents perdus face à la réalité des activités de leurs enfantsDe la même manière, des écarts importants se remarquent lorsque sont évoquées les activités réalisées sur Internet par leurs enfants. C’est notamment le cas pour la tranche d’âge des 7-10 ans dont les parents déclarent que 49 % de ceux-ci regardent des vidéos courtes, tandis que 66 % de ces enfants déclarent le faire. Cet écart est également notable pour des activités telles que regarder des films (37 % contre 74 % pour les 7-10 ans) ou regarder des séries TV (43 % contre 73 % pour les 11-14 ans).Du côté des réseaux sociaux, même constat : les parents ont du mal à estimer le nombre de réseaux sociaux consultés par les enfants. Ainsi, selon les parents, les enfants de 7-10 ans et de 11-14 ans utilisent en moyenne, respectivement 1,9 et 3,2 réseaux sociaux. Les enfants déclarent, eux, utiliser respectivement 2,5 et 3,6 réseaux sociaux.Des perceptions différentes des risquesQuant à évoquer les risques d’Internet, là encore les perceptions des parents et des enfants divergent. D’un côté, les parents évoquent des risques sociaux liés aux pratiques numériques de leurs enfants, notamment : Tandis que les enfants évoquent plutôt des problématiques sanitaires telles que :dépendance (51 % en moyenne),cyberharcèlement (49 %),mise en contact avec des inconnus (43 %).maux de tête (43 % en moyenne),difficultés d’endormissement (42 %),passivité (39 %).Les différents moyens de réguler les pratiques numériquesL’accompagnement parental est souvent symbolisé par la mise en place de règles et de limites, au détriment du dialogue.Les parents interrogés affirment mettre en place des règles pour contrôler la consommation d’écrans de leurs enfants. Cela implique notamment : À noter que 39 % des interrogés privilégient l’échange avec leurs enfants sur les bonnes pratiques numériques. Cependant, seulement 25 % adaptent leurs comportements pour montrer l’exemple.interdire l’utilisation des écrans à table (53 %),limiter le temps d’usage des écrans par jour/semaine (52 %),interdire d’utiliser les écrans avant de se coucher (43 %).Certains parents opteront pour la mise en place d’une solution de contrôle avec ou sans concertation des enfants. L’étude note que 41 % des parents ont déjà utilisé un logiciel d’espionnage, dont 30 % en concertation avec leur enfant, un procédé en hausse de 70% en 2 ans.Les parents en demande d’accompagnementSelon l’étude, 1 parent sur 2, soit 46 % des interrogés, ne se sentent pas accompagnés ou pas suffisamment. Pour se faire aider dans l’éducation au numérique, les parents se tourneront en priorité vers la famille et les proches, alors que les acteurs du numérique sont relégués à la 7ème place de l’échelle de confiance.Parmi les attentes des parents concernant un potentiel accompagnement, on trouve :des ressources éducatives de types conseils pratiques ou outils non-numériques propices aux dialogues,des actions et événements de proximité tels que des journées de sensibilisation pour les enfants ou ateliers de formation pour les parents,des outils ou solutions techniques.