Sur les 44 acteurs publics répondants, deux tiers estiment l’usage d’Open Street Map comme stratégique, la moitié l’évaluant comme importante (en volume) pour leur organisation. Cette disparité dans l’importance en volume comme stratégique d’OpenStreetMap dans le cadre des activités des acteurs publics est corroborée sur le plan qualitatif par la diversité des usages qui en sont faits. En effet, OpenStreetMap peut aussi bien être utilisé pour des besoins-métiers de spécialistes du SIG (Système d’Information Géographique) que pour répondre à des besoins d’édition de cartes permettant de visualiser les services publics.
Une analyse plus poussée des différentes modalités d’usages par les acteurs publics semble utile pour mieux évaluer l’importance stratégique d’Open Street Map pour les acteurs publics et pour lever les freins potentiels à l’utilisation.
Définissant OpenStreetMap avec leurs propres mots, les répondants ont mis en avant l’aspect communautaire et collaboratif, l’inscription dans les dynamiques du libre et des communs ainsi que dans le courant de l’Open Data. Moins unanime, la nature du projet OpenStreetMap n’est pas si évidente : outil de cartographie pour certains, base de données voire « wikipédia de la carte » pour d’autres. Cette pluralité des approches témoigne non pas d’un manque de clarté quant à ce qu’est OpenStreetMap, mais plutôt d’une définition du projet en fonction des usages qui en sont faits, voire en fonction des motivations qui président à ces usages. Ainsi, la définition d’OpenStreetMap selon ses utilisateurs est certainement plus fonction des usages qu’il porte que des fonctionnalités qu’il offre.
Une plus grande sensibilisation des acteurs publics à OpenStreetMap favoriserait leur usage et contribution au projet
2 - Les motivations à l’usage d’OpenStreetMap
Les réponses collectées permettent de constater que l’usage d’OpenStreetMap procède autant d’une décision dictée par l’organisation (33) que d’un choix individuel (30). Dans le secteur public, cette décision est davantage dictée par l’organisation (60%). Deux tiers des usages concerneraient des fins internes à l’organisation, seul un tiers des usages mentionnés concernerait la fourniture de service aux usagers.
De manière générale, il ressort des réponses au sondage que l’utilisation d’OpenStreetMap par l’acteur public permet, d’une part, à ses usagers de bénéficier d’une bonne visualisation du territoire et des services qui y sont proposés ; et, d’autre part, d’avoir accès à une base de données à jour et fiable, dans des conditions qui permettent la réutilisation, l’enrichissement et l’interopérabilité des données (notamment pour l’alimentation de leurs SIG internes, ainsi que pour des données ayant trait aux grandes thématiques du service public, comme détaillé ci-après (3.1.)).
La dimension Open Source et Open Data du projet est une justification en soi de l’usage d’OSM pour 85 % des répondants (seulement 77 % pour le secteur public). Autres justifications avancées, par ordre décroissant : la facilité d’usage et visualisation, l’exhaustivité de la base de données (pour deux tiers des répondants publics et privés), la garantie de la souveraineté des données et la gratuité (pour la moitié des répondants publics comme privés), l’obligation de l’Open Data (avancée par seulement 30 % des collectivités concernées).
Les différentes motivations identifiées dans les réponses au questionnaire pourraient être approfondies afin de les objectiver et soutenir les dynamiques actuelles.
L’intérêt d’Open Street Map pour répondre aux obligations d’Open Data des collectivités semble nécessiter un approfondissement spécifique.
3 - Les usages d'OpenStreetMap
3.1 - La diversité des usages d’OpenStreetMap
Outre l’usage d’alimentation du SIG interne, la grande diversité des usages observés regroupe plusieurs grandes thématiques lorsque l’on se concentre sur le secteur public : la fourniture de cartes locales, le renseignement de points d’intérêts à destination des usagers et touristes, la cartographie des réseaux de transports. Il est aussi intéressant de noter que des usages sont apparus pour certain.e.s en réponse au confinement ou en appui à une politique de transition écologique.
En interne, OpenStreetMap sert surtout à alimenter les outils de SIG ou à vérifier et compléter les bases de données propres à l’administration.
D’autre part, les contributions que font les acteurs publics au commun – lorsqu’ils en font – sont liées à l’usage qu’ils en ont, puisque pour l’essentiel il s’agit pour tous les répondants ou presque d’ajout et/ou d’actualisation de données utiles à leurs usages (43/44 répondants à la question).
Enfin, on observe également que les acteurs publics mobilisent OpenStreetMap à des fins de formations, médiations et animation, aussi bien en interne qu’à destination du public.
L’analyse pourrait être utilement complétée par un retour des usagers quant au bénéfice qu’ils tirent du recours à OpenStreetMap par l’acteur public.
3.2. Liens avec les communautés locales
En matière de relation entre les utilisateurs publics et le projet OpenStreetMap, il semblerait que les liens sont noués de manière privilégiée avec les communautés locales du projet (associations et entreprises du territoire travaillant avec OpenStreetMap), que ce soit sur la base d’échanges réguliers (participation aux Conseils d’administration, aux Assemblées générales, aux évènements ponctuels, échanges informels) ou via le recours à des prestations de formation fournies par la communauté.
Les liens peuvent également se matérialiser par un relais de la communication de la communauté par l’acteur public, ou même par le prêt de locaux. On relèvera également que beaucoup de répondants témoignent d’une volonté de faire plus en termes de collaboration avec les communautés locales.
Une étude des différentes relations vertueuses existantes ou à imaginer entre OSM et les organisations publiques utilisatrices serait utile et bénéfique aux politiques publiques reposant sur un usage du projet.
3.3 - Utilisation de solutions concurrentes
Malgré le fort engagement des répondants, la majorité continue à recourir à des solutions alternatives telles que Géoportail et Google Maps. Ces usages viennent pallier un manque d’OpenStreetMap, que ce soit en termes d’exhaustivité ou de fiabilité des données, de services complémentaires (itinéraires notamment), de réponses à un besoin spécifique ou bien simplement parce que leurs partenaires ou clients préfèrent ces solutions. Ainsi, on peut noter que l’usage qui est fait de ces solutions est moins concurrent que complémentaire à celui qui est fait d’OpenStreetMap par les acteurs publics.
Une vision nationale des bénéfices de l’usage d’OSM à une échelle locale permettrait d’orienter efficacement les actions des acteurs décentralisés.
Il sera également intéressant d’observer les évolutions dans les usages des différentes solutions qui pourraient découler de l’ouverture des données de l’IGN à compter du 1er janvier 2021.
4 - Perspectives
L’image du projet et de la communauté est très bonne dans les collectivités et administrations ayant répondu à l’enquête. Plusieurs idées ont été émises par les répondants afin de favoriser l’usage du projet, dont : pouvoir synchroniser le référentiel interne à l’organisation et la base de données OpenStreetMap, de façon à éviter la double-saisie ; pouvoir baser directement certains services propres sur la base de données OpenStreetMap. Les répondants notent également que des actions pourraient être utiles à des fins de facilitation de la contribution, avec en premier lieu des formations, le renforcement de la documentation et son enrichissement par des tutoriels et des exemples. De même, un travail de sensibilisation des responsables et décisionnaires à l’intérêt que représente l’utilisation d’OpenStreetMap par l’acteur public est nécessaire.
Concernant l’implication de l’acteur public au commun OpenStreetMap, il est surtout rappelé un manque de temps et de moyens à l’échelle de chaque acteur.
Un travail d’animation et de mutualisation pourrait être mené afin d’optimiser l’usage d’OSM par les acteurs publics. Les besoins listés par les répondants pourraient être développés et complétés afin d’alimenter une liste de besoins communs aux organisations publiques (et privées) utilisatrices d’OSM.
Compte tenu de l’ouverture récente des données de l’IGN au 1er janvier 2021, une étude pourrait être menée concernant les articulations possibles permettant d’optimiser l’usage des deux sources de données.
Ce billet est une publication réalisée par le cabinet inno³ pour le compte du Labo Société Numérique de l'ANCT. Destinée à favoriser la structuration de communs numériques produits ou soutenus par l’administration, elle s’adresse à la fois aux acteurs porteurs de communs ainsi qu’aux personnes en charge d’accompagner ces démarches.
L'utilisation et la contribution à OpenStreetMap par l'acteur public
1 - La vision d’OpenStreetMap par l'acteur public
Sur les 44 acteurs publics répondants, deux tiers estiment l’usage d’Open Street Map comme stratégique, la moitié l’évaluant comme importante (en volume) pour leur organisation. Cette disparité dans l’importance en volume comme stratégique d’OpenStreetMap dans le cadre des activités des acteurs publics est corroborée sur le plan qualitatif par la diversité des usages qui en sont faits. En effet, OpenStreetMap peut aussi bien être utilisé pour des besoins-métiers de spécialistes du SIG (Système d’Information Géographique) que pour répondre à des besoins d’édition de cartes permettant de visualiser les services publics.
Une analyse plus poussée des différentes modalités d’usages par les acteurs publics semble utile pour mieux évaluer l’importance stratégique d’Open Street Map pour les acteurs publics et pour lever les freins potentiels à l’utilisation.
Définissant OpenStreetMap avec leurs propres mots, les répondants ont mis en avant l’aspect communautaire et collaboratif, l’inscription dans les dynamiques du libre et des communs ainsi que dans le courant de l’Open Data. Moins unanime, la nature du projet OpenStreetMap n’est pas si évidente : outil de cartographie pour certains, base de données voire « wikipédia de la carte » pour d’autres. Cette pluralité des approches témoigne non pas d’un manque de clarté quant à ce qu’est OpenStreetMap, mais plutôt d’une définition du projet en fonction des usages qui en sont faits, voire en fonction des motivations qui président à ces usages. Ainsi, la définition d’OpenStreetMap selon ses utilisateurs est certainement plus fonction des usages qu’il porte que des fonctionnalités qu’il offre.
Une plus grande sensibilisation des acteurs publics à OpenStreetMap favoriserait leur usage et contribution au projet
2 - Les motivations à l’usage d’OpenStreetMap
Les réponses collectées permettent de constater que l’usage d’OpenStreetMap procède autant d’une décision dictée par l’organisation (33) que d’un choix individuel (30). Dans le secteur public, cette décision est davantage dictée par l’organisation (60%). Deux tiers des usages concerneraient des fins internes à l’organisation, seul un tiers des usages mentionnés concernerait la fourniture de service aux usagers.
De manière générale, il ressort des réponses au sondage que l’utilisation d’OpenStreetMap par l’acteur public permet, d’une part, à ses usagers de bénéficier d’une bonne visualisation du territoire et des services qui y sont proposés ; et, d’autre part, d’avoir accès à une base de données à jour et fiable, dans des conditions qui permettent la réutilisation, l’enrichissement et l’interopérabilité des données (notamment pour l’alimentation de leurs SIG internes, ainsi que pour des données ayant trait aux grandes thématiques du service public, comme détaillé ci-après (3.1.)).
La dimension Open Source et Open Data du projet est une justification en soi de l’usage d’OSM pour 85 % des répondants (seulement 77 % pour le secteur public). Autres justifications avancées, par ordre décroissant : la facilité d’usage et visualisation, l’exhaustivité de la base de données (pour deux tiers des répondants publics et privés), la garantie de la souveraineté des données et la gratuité (pour la moitié des répondants publics comme privés), l’obligation de l’Open Data (avancée par seulement 30 % des collectivités concernées).
Les différentes motivations identifiées dans les réponses au questionnaire pourraient être approfondies afin de les objectiver et soutenir les dynamiques actuelles.
L’intérêt d’Open Street Map pour répondre aux obligations d’Open Data des collectivités semble nécessiter un approfondissement spécifique.
3 - Les usages d'OpenStreetMap
3.1 - La diversité des usages d’OpenStreetMap
Outre l’usage d’alimentation du SIG interne, la grande diversité des usages observés regroupe plusieurs grandes thématiques lorsque l’on se concentre sur le secteur public : la fourniture de cartes locales, le renseignement de points d’intérêts à destination des usagers et touristes, la cartographie des réseaux de transports. Il est aussi intéressant de noter que des usages sont apparus pour certain.e.s en réponse au confinement ou en appui à une politique de transition écologique.
En interne, OpenStreetMap sert surtout à alimenter les outils de SIG ou à vérifier et compléter les bases de données propres à l’administration.
D’autre part, les contributions que font les acteurs publics au commun – lorsqu’ils en font – sont liées à l’usage qu’ils en ont, puisque pour l’essentiel il s’agit pour tous les répondants ou presque d’ajout et/ou d’actualisation de données utiles à leurs usages (43/44 répondants à la question).
Enfin, on observe également que les acteurs publics mobilisent OpenStreetMap à des fins de formations, médiations et animation, aussi bien en interne qu’à destination du public.
L’analyse pourrait être utilement complétée par un retour des usagers quant au bénéfice qu’ils tirent du recours à OpenStreetMap par l’acteur public.
3.2. Liens avec les communautés locales
En matière de relation entre les utilisateurs publics et le projet OpenStreetMap, il semblerait que les liens sont noués de manière privilégiée avec les communautés locales du projet (associations et entreprises du territoire travaillant avec OpenStreetMap), que ce soit sur la base d’échanges réguliers (participation aux Conseils d’administration, aux Assemblées générales, aux évènements ponctuels, échanges informels) ou via le recours à des prestations de formation fournies par la communauté.
Les liens peuvent également se matérialiser par un relais de la communication de la communauté par l’acteur public, ou même par le prêt de locaux. On relèvera également que beaucoup de répondants témoignent d’une volonté de faire plus en termes de collaboration avec les communautés locales.
Une étude des différentes relations vertueuses existantes ou à imaginer entre OSM et les organisations publiques utilisatrices serait utile et bénéfique aux politiques publiques reposant sur un usage du projet.
3.3 - Utilisation de solutions concurrentes
Malgré le fort engagement des répondants, la majorité continue à recourir à des solutions alternatives telles que Géoportail et Google Maps. Ces usages viennent pallier un manque d’OpenStreetMap, que ce soit en termes d’exhaustivité ou de fiabilité des données, de services complémentaires (itinéraires notamment), de réponses à un besoin spécifique ou bien simplement parce que leurs partenaires ou clients préfèrent ces solutions. Ainsi, on peut noter que l’usage qui est fait de ces solutions est moins concurrent que complémentaire à celui qui est fait d’OpenStreetMap par les acteurs publics.
Une vision nationale des bénéfices de l’usage d’OSM à une échelle locale permettrait d’orienter efficacement les actions des acteurs décentralisés.
Il sera également intéressant d’observer les évolutions dans les usages des différentes solutions qui pourraient découler de l’ouverture des données de l’IGN à compter du 1er janvier 2021.
4 - Perspectives
L’image du projet et de la communauté est très bonne dans les collectivités et administrations ayant répondu à l’enquête. Plusieurs idées ont été émises par les répondants afin de favoriser l’usage du projet, dont : pouvoir synchroniser le référentiel interne à l’organisation et la base de données OpenStreetMap, de façon à éviter la double-saisie ; pouvoir baser directement certains services propres sur la base de données OpenStreetMap. Les répondants notent également que des actions pourraient être utiles à des fins de facilitation de la contribution, avec en premier lieu des formations, le renforcement de la documentation et son enrichissement par des tutoriels et des exemples. De même, un travail de sensibilisation des responsables et décisionnaires à l’intérêt que représente l’utilisation d’OpenStreetMap par l’acteur public est nécessaire.
Concernant l’implication de l’acteur public au commun OpenStreetMap, il est surtout rappelé un manque de temps et de moyens à l’échelle de chaque acteur.
Un travail d’animation et de mutualisation pourrait être mené afin d’optimiser l’usage d’OSM par les acteurs publics. Les besoins listés par les répondants pourraient être développés et complétés afin d’alimenter une liste de besoins communs aux organisations publiques (et privées) utilisatrices d’OSM.
Compte tenu de l’ouverture récente des données de l’IGN au 1er janvier 2021, une étude pourrait être menée concernant les articulations possibles permettant d’optimiser l’usage des deux sources de données.
Ce billet est une publication réalisée par le cabinet inno³ pour le compte du Labo Société Numérique de l'ANCT. Destinée à favoriser la structuration de communs numériques produits ou soutenus par l’administration, elle s’adresse à la fois aux acteurs porteurs de communs ainsi qu’aux personnes en charge d’accompagner ces démarches.