Avec une croissance de 9 %, deux fois supérieure à celle du marché IT, l’adoption de l’open source ne s’essouffle pas et pèse désormais plus de 5 milliards d’euros en France.
« L’accroissement du nombre de compétences open source disponibles sur le marché du travail sera donc déterminant dans les prochaines années pour assurer la continuité de la création d’emplois et pour accompagner la transformation digitale. Or, les acteurs de l’open source rencontrent déjà des difficultés pour recruter et sont freinés dans leur croissance par cette pénurie de talents. »
L’Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement (OPIIEC) fait le point sur les formations et les compétences Open Source en France.
La croissance de l’Open source risque de buter sur une pénurie de compétences
L’OPIIEC s’appuie, sur l’étude réalisée par Teknowlogy pour le CNLL, Syntec Numérique et Systematic, pour dresser, dans une première partie, un tableau du marché de l’open source en France, estimé à plus de 5,2 Mds d’euros en 2019. 93% de l’activité est générée par les services en lien avec l’Open Source (maintenance, intégration…). 7% de l’activité est produite par le développement des logiciels Open Source.Le secteur est porté par une croissance de 9% : une dynamique qui devrait se poursuivre jusqu’en 2023 avec 8,5% de croissance annuelle, en moyenne prévue, 60 000 personnes sont actuellement employées en équivalent temps plein dans les entreprises spécialistes de l’Open Source.
Les postes supplémentaires à pourvoir en 2020 étaient estimés en 2019 à 10 000 à 20 000.
L’OPIIEC analyse, dans une seconde partie, les besoins de compétences en formation des sociétés de services et des éditeurs de la branche « open source », des entreprises privées utilisatrices de logiciels libres et des organisations publiques et esquisse une série de projections à l’horizon 2025 (en retenant l’hypothèse d’un taux de croissance annuel de l'ordre de 7% pour 2019-22)
A cette date, l’open source pourrait représenter 90 900 ETP.
Par ailleurs, entre 270 000 et 450 000 ingénieurs et techniciens IT seraient concernés par la maîtrise de compétences Open Source.
L’étude s’attache ensuite à hiérarchiser les besoins de formations dans les divers segments de la chaîne de valeur de l’open source
- Progiciel : « Le développement de la demande sur les progiciels libres ne fait pas l’objet de tensions particulières en termes de formation et de compétences ».
- Développement : « Le besoin en compétences est en croissance sur les technologies de l’embarqué, y compris l’IoT. Les compétences en « containerisation » sont aujourd’hui indispensables. Le spectre des technologies de l’intelligence artificielle, porté pour partie par du logiciel libre, est un champ dans lequel les besoins croissent fortement. La blockchain est aussi une compétence en croissance avec le développement des modèles économiques associés ».
- Infrastructure : « le libre est déjà fortement déployé dans les infrastructures. Le besoin de compétences et de formation est cependant en augmentation. Les technologies de containers sont un facteur clé dans les évolutions en cours, avec l’orchestration. Les bases de données libres prennent des parts de marché face aux BDD propriétaires, mais restent très peu enseignées dans les formations initiales. L’Open Source est une réponse aux problématiques actuelles et à venir de cybersécurité des infrastructures ».
- Outils de développement et gestion du cycle de vie du produit : « La formation sur les langages de programmation est globalement adéquate. Le Devops est une compétence clef pour l’évolution du développement logiciel, y compris dans l’Open Source. Les compétences sont difficiles à trouver et la formation insuffisante ».
L’offre de formations open source manque de visibilité
Malgré une offre que l’OPIIEC caractérise comme « abondante et protéiforme en France », seuls 5 % des étudiant.e.s en informatique reçoivent une formation spécifique.- La formation initiale, sur le territoire, propose un contenu généraliste riche et varié avec des formations longues et intermédiaires.
- Certains établissements de formation initiale disposent en parallèle d’un large panel de formations continues : certifications, formation d’un an.
- Les diplômes (BTS, DUT, masters, licences) dans leur immense majorité ne sont pas spécialisés en Open Source, quelques rares exceptions... Le but est de former des étudiant.e.s flexibles pouvant travailler sur n’importe quel type de logiciels.
- Le volume horaire consacré aux logiciels Open Source a néanmoins cru ces dernières années, du fait de la multitude de logiciels ouverts utilisés aujourd’hui en entreprise (cours de data base, cloud, langages spécifiques, sécurité).
L’OPIIEC discerne trois stratégies mises en œuvre par les établissements et organismes de formation :
- « Fil de l’eau » : Les modules Open Source sont intégrés au fil de l’eau, pour la formation initiale. Les nouveaux enseignements : IA (code python), Cloud… se prêtent à la manipulation de logiciels Open Source, dans les cours.
- « Opportunisme » : Les établissements de formation continue et initiale (EPSI, CESI, ETNA, Intech…) ont profité de la réforme de la formation pour développer des formations en alternance, source de revenus propres.
- « Coup double » : Les ESN/ éditeurs profitent de leur expertise pour développer leur offre de formation
« L’offre de formation française a besoin d’être mise à jour et complétée »
Alors que des tensions sont constatées (métiers de data scientists, les développeurs ainsi que sur les consultants techniques open source) et que les besoins en compétences évoluent rapidement, « l’offre de formation française a besoin d’être mise à jour et complétée » conclut l’OPIIEC.L’OPIIEC propose plusieurs axes d’actions pour renforcer l’utilisation des logiciels libres et étoffer l’offre de formation : favoriser le développement de l’open source en France, accompagner la montée en compétences des fournisseurs et des clients dans ce domaine et apporter de la visibilité aux méthodes d'apprentissage.
Références :