Une récente étude de l’Insee s’est penchée sur l’illectronisme dans la région des Hauts-de-France. 800 000 personnes (un habitant sur six) sont concernées, en particulier les plus âgés et les moins ou pas diplômés. Et au sein de la région, des disparités territoriales se font jour.
L’Insee avait évalué, au niveau national, pour l’année 2019 à 17% la part de la population en situation d’illectronisme. Cette notion d’illectronisme agrège les personnes qui n’utilisent pas Internet et celles, parmi les usagers d’Internet, qui manquent d’au moins une des quatre compétences numériques. L’Insee s’appuie, a cette fin, sur un indicateur des compétences numériques (Digital Skills Indicator) mis au point au niveau européen, et qui repose sur 21 activités réparties en 4 domaines (information, communication, création et manipulation de contenus, résolution de problèmes).
7 habitants des Hauts-de-France sur 10 utilisent internet tous les jours ou presque
En 2019, 84 % des habitants de la région âgés de 15 ans ou plus ont utilisé internet dans l’année. Les usages y sont semblables à ceux observés en France de province. Dans les Hauts-de-France, 70 % de la population se connecte à internet tous les jours ou presque, soit 3 400 000 habitants.17 % de la population âgée de 15 ans ou plus en situation d’illectronisme
13 % des habitants n’ont pas accès à internet depuis leur domicile, soit 600 000 personnes.16 % des habitants n’ont pas utilisé internet dans l’année.
Les autres utilisent internet mais n’ont les connaissances numériques de base dans aucun des 4 domaines de compétences définis par Eurostat, à savoir la recherche d’information, la communication, la résolution de problèmes et l’usage de logiciels.
Ce taux est similaire au niveau national. Néanmoins, précise l’INSEE, « à caractéristiques mesurées égales, les habitants des Hauts-de-France sont légèrement plus en situation d’illectronisme que ceux du reste de France de province ».
À l’inverse, un habitant sur quatre de la région a une maîtrise élevée dans les 4 domaines de compétences d’internet, soit 1 300 000 personnes.
Selon l’INSEE, 32% des habitants ont une ont une maîtrise faible des quatre compétences numériques.
Les seniors davantage en situation d’illectronisme
Même s’il existe des situations d’illectronisme parmi les jeunes et des seniors ayant une maîtrise élevée, les usages d’internet révèlent d’abord une fracture générationnelle importante. Dans les Hauts-de-France, 7 personnes en situation d’illectronisme sur 10 ont 60 ans ou plus, alors qu’elles représentent moins de 3 habitants sur 10 parmi les 15 ans ou plus.Les fragilités numériques se cumulent fréquemment avec des fragilités sociales et économiques, nombreuses dans la région
Les personnes touchées par l’illectronisme sont souvent peu ou pas diplômées. Ainsi, 34 % des pas ou peu diplômés sont concernés, contre seulement 2 % des diplômés du supérieur. Une part importante des non-diplômés est âgée, mais même parmi les moins de 60 ans, les pas ou peu diplômés sont plus souvent en situation d’illectronisme (15 % des pas ou peu diplômés de moins de 60 ans contre 1 % des diplômés du supérieur).Parmi les actifs, les cadres sont le moins souvent touchés par l’illectronisme (2 %), suivi par les professions intermédiaires (2 %), les employés (5 %), les artisans (7 %), les ouvriers (11 %) et enfin les agriculteurs (23 %). Deux cadres actifs sur trois ont une maîtrise élevée du numérique, en lien avec leurs usages professionnels.
Les femmes sont un peu plus souvent en situation d’illectronisme que les hommes. Ceci s’explique notamment par leur surreprésentation parmi les 75 ans ou plus.
L’illectronisme plus présent dans les zones éloignées des grandes agglomérations
Les taux d’illectronisme varient de 13 % dans la Métropole européenne de Lille à 25 % pour la Communauté de communes des Portes de la Thiérache (Aisne).Dans les grandes agglomérations (Lille, Amiens et Arras) et dans le sud de l’Oise, le taux d’illectronisme est faible. Ces territoires bénéficient en effet d’une population plus jeune, avec davantage d’étudiants, en lien avec la présence de pôles universitaires. La population y est aussi plus diplômée et occupe plus fréquemment des postes de cadres et de professions intermédiaires.
À l’inverse, dans les EPCI de la Thiérache, du Ternois, sur le littoral sud et à l’est de la Somme, le taux d’illectronisme est très élevé. Dans ces territoires peu denses, les habitants sont fréquemment âgés et pas ou peu diplômés. Ils sont plus souvent ouvriers, agriculteurs et au chômage.
Ainsi, les taux d’illectronisme sont élevés dans les zones éloignées des grandes agglomérations. Néanmoins, le nombre de personnes concernées est important dans les grandes villes, même si le taux y est beaucoup plus faible.
Dès 2018, la région Hauts-de-France et l’Etat avaient lancé une stratégie dédiée à la réduction de la fracture numérique, identifié et cartographié près de 800 dispositifs spécifiques : espaces publics numériques, tiers-lieux, Maisons de services au public (MSAP)…Le hub numérique inclusif « Les Assembleurs », porté conjointement par la Région, la DRJSCS (SIILAB) et le groupe POP, accompagne les différents acteurs, forme les professionnels de l’inclusion numérique, anime les réseaux régionaux et locaux de médiation.
Références :