A l'occasion de “Numérique en Commun[s] 2020, 3 courts accompagnements ou “contributions” à des communs numériques ont été réalisées par inno3. Ces communs sont utilisés ou co-portés par des acteurs de la communauté NEC : OpenFisca, Et Si J’Accompagnais et Movilab.
L’objectif ? Contribuer concrètement à des communs numériques, documenter les réflexions et partager les enseignements pour que d’autres projets puissent s’en saisir à leur tour.Une méthodologie commune a été adoptée pour l’ensemble des projets, composée : Ce billet conclut ces trois accompagnements avec pour intention de donner, au travers des exemples concrets que constituent les projets accompagnés, des éléments permettant à d’autres porteurs de communs numériques de se projeter au regard de leurs besoins. Cela se traduit par l’identification de problématiques génériques et la proposition de quelques solutions susceptibles d’être mises en pratique.d’un premier entretien aboutissant à la proposition d’une ou plusieurs problématiques touchant aux communs ;d’une proposition de méthodologie afin de répondre à la problématique collectivement retenue ;du suivi et de la réalisation de cet axe ;de la rédaction d’une synthèse assortie de recommandations utiles pour le projet ;enfin, ces trois communs ont bénéficié d’une présentation dédiée lors de NEC20 afin de décrire leurs projets, leurs objectifs, ainsi que l’accompagnement mis en œuvre.Au-delà, les démarches d’accompagnement présentées illustrent les spécificités des projets s’inscrivant dans une démarche de communs numériques et la nécessité d’adapter les solutions aux enjeux particuliers d’inclusion, collaboration et pérennité de ce type de projets.
Retour sur les accompagnements - contributions
Présentation & ContexteOpenFisca est un projet de commun numérique qui, partant du constat que nos rapports sociaux sont organisés par des règles (lois, règlements, usages, etc.), vise à décrire une partie de ces règles sous une forme informatique afin d’en favoriser la compréhension, la simulation et la mise en œuvre au bénéfice de toutes et tous. Utilisable dans tout champ de la législation décrivant des situations logiques, OpenFisca est utilisé aujourd’hui pour évaluer l’impact des nouvelles lois sur les citoyens et sur le budget de l’État, ainsi que pour permettre aux usagers et aux bénéficiaires de mieux comprendre leurs droits et leurs obligations, grâce à des simulateurs comme TaxIPP, LexImpact et MesAides. Le projet a été initié en 2011 au sein de France Stratégie en partenariat avec l’Institut d’économie publique (IDEP), puis adopté par d’autres équipes en France – dont Etalab, qui porte le projet depuis 2013 – et à l’étranger.Etalab et la Dinum ont été des soutiens importants du projet à ses débuts, lui permettant un développement rapide, et entraînant un désengagement d’Etalab. De ce fait, il y a un usage dispersé et une communauté d’utilisateurs et/ou contributeurs externes faible, le projet n’ayant jusque-là pas eu besoin de faire des démarches en ce sens. Mais aujourd’hui, tandis que le projet veut assurer sa pérennité en totale autonomie, le développement, la structuration et l’animation de sa communauté deviennent des enjeux majeurs.ProblématiqueParmi les besoins remontés lors du premier entretien, il a été décidé d’axer l’accompagnement sur la mise en place d’une meilleure intégration de la communauté nationale et internationale dans le développement et la pérennisation du projet.L’objectif de l’accompagnement était de proposer à OpenFisca des préconisations susceptibles de renforcer la communauté française. Des travaux spécifiques à la communauté internationale étant en cours en collaboration avec la Foundation for Public Code.MéthodologieUn questionnaire a été diffusé largement au sein du réseau d'OpenFisca et de celui de Numérique en Commun[s], complété par de multiples prises de contact directes, à destination de la communauté francophone du projet (une version en anglais a également été suggérée en parallèle, afin de pouvoir cibler la communauté internationale dans un second temps) avec un triple objectif : Les réponses apportées au questionnaire, à retrouver sur l’espace data.gouv de l’ANCT, ont également permis d’identifier les forces de la communauté et quelques points d’attention relatifs à sa structuration future. Une analyse des réponses au questionnaire a été produite, complétée par une série de préconisations couvrant notamment les enjeux de structuration de la communauté.avoir vision d’ensemble des utilisateurs et/ou contributeurs au projet (et identifier des contributeurs potentiels),déterminer les motivations relatives à leurs usages et/ou contributions,identifier les freins à l’usage ou à la contribution.EnseignementsLe traitement des réponses au questionnaire a permis d’orienter l’accompagnement autour de plusieurs axes déterminants dans le développement de la communauté. La cible première du projet, en termes d’utilisateurs comme de contributeurs, est depuis le départ la communauté des développeurs. De fait le projet attire peu de non-techniciens, et notamment peu d’économistes. Il y a donc un enjeu à développer la collaboration avec ces derniers. Cela peut passer par la mise à disposition de documentations et d’aides à l’usage spécifique aux communautés de non-développeurs.Par ailleurs, dissocier (intellectuellement) les enjeux et perspectives de mutualisation en fonction du type de ressources nécessaires au projet OpenFisca (code, modèles, données, documentation, etc.) permettrait d’adapter le cadre aux spécificités de ces ressources et d’accroître la base de contributeurs au projet. Enfin, mutualiser avec les projets alternatifs des outils transverses (tests, modèles, etc.) pourrait favoriser l’adoption d’OpenFisca et simplifier globalement l’utilisation des technologies de simulation par les utilisateurs finaux.
Au-delà de la facilitation de l’adhésion de non-développeurs à la communauté, il semble important de présenter le projet à d’autres secteurs. Ainsi, OpenFisca aurait besoin de ressources (telles que des argumentaires types) pour présenter le projet auprès de typologies d’acteurs ou d’utilisateurs potentiels en dehors des spécialistes de la fiscalité. Enfin, il semble essentiel de rendre plus visible la communauté OpenFisca auprès des tiers, afin de susciter des contributions nouvelles ; mais également de rendre son animation en interne plus collaborative, en impliquant les membres notamment dans la roadmap et la structuration de la communauté. Ainsi, définir et publier un cadre de collaboration clair et précis faciliterait la contribution et serait facteur de confiance (et donc d’adoption) pour le projet.En tout état de cause, ce développement de la communauté repose également sur une stratégie liée à l’image qui reste à définir.
Présentation & ContexteMovilab est un dispositif d’incubation et de ressources visant à mettre en place des laboratoires de modes de vie durables in vivo en partenariat avec des territoires. Ce dispositif se fonde sur la combinaison des cultures du logiciel libre et des pensées écologiques, et s’appuie sur la pratique (sociale) des Tiers-Lieux. La démarche de Movilab se fonde sur trois approches complémentaires : la documentation des pratiques, l’incubation d’expérimentations et la pollinisation des savoirs. En cela, Movilab est un projet expérimental qui traduit la volonté de plusieurs communautés de coproduire et maintenir une ressource commune, qui a fait l’objet d’un premier financement par le réseau France Tiers Lieu et d’une animation des contributeurs par la Compagnie des Tiers Lieux. Ces efforts permettent aujourd’hui à Movilab de proposer toute une série de ressources et réflexions quant à la manière de partager au sein de la communauté à la fois les moyens (notamment via la redistribution des fonds perçus) et les objectifs (roadmap).ProblématiqueInno³ a proposé à Movilab une contribution dans la rédaction d’une réponse à l’appel à communs en cours de conception par l’ADEME. Plus globalement, Inno³ a participé à la réflexion concernant le positionnement susceptible d’être pris par Movilab vis-à-vis des financements publics tournés vers la production et le maintien de communs numérique. Il s’agissait ainsi à la fois d’aider Movilab à préfigurer la manière de bénéficier de ce type de dispositifs et à la fois de prendre de la hauteur sur ce nouveau mode de financement, dont l’initiative de l’ADEME constitue un prototype. L'objectif étant de faire converger tous les acteurs concernés – financeurs publics, projets soumissionnaires et structures porteuses – vers un modèle coconstruit et collectivement admis.MéthodologieDes séances de travail ont été organisées au sein de Movilab – avec notamment l’organisation d’un atelier par inno³ lors d’une résidence mensuelle de Movilab – mais également entre Movilab, France Tiers Lieux, Nouveaux Lieux Nouveaux Liens et l’ADEME afin de partager les positions et réflexions de chacun.EnseignementsIl résulte de cet accompagnement une matrice listant, pour les trois catégories d’acteurs précédemment citées, les besoins à prendre en compte dans la rédaction d’un appel à commun ou d’une réponse à un tel appel, et les moyens et outils mobilisables dans le cadre de cet appel ou de la réponse qui y est apportée. L’idée première est ainsi de faire progresser la conscience collective autour du bien-fondé de ce type d’initiatives, et d’initier quelques pistes d’actions susceptibles d’être menées par chacun.Cette matrice (PDF) constitue le premier jet d’un canevas dont les différents acteurs peuvent s’emparer lors de la rédaction d’un appel à communs ou d’une réponse à un appel à communs, et qui est amené à évoluer au gré des utilisations et contributions. Elle permet toutefois de partager une certaine vision qu’ont les différents acteurs du sujet., et d’initier un dialogue entre-eux, dans l’optique de la productions d’appels satisfaisants pour tous par la suite.
Présentation & Contexte« Et si j’accompagnais ? » est la plateforme de formation sur l’inclusion numérique initiée par le Hub Territorial pour un numérique inclusif en Auvergne Rhône-Alpes (HINAURA). Composée de 4 modules combinant présentiel et distanciel, la formation est dispensée sur l’intégralité du territoire régional par des médiateurs et des médiatrices numériques formé·e·s au dispositif de formation. Devant la volonté d’étendre le bénéfice de cette plateforme à d’autres hubs et de bénéficier en retour de leurs usages et contributions, HINAURA est entré dans une démarche d’ouverture visant à associer tous les autres acteurs intéressés par le projet.ProblématiqueParmi celles partagées lors du premier entretien, c’est la problématique du développement du projet à l’externe et de la structuration en interne du projet « Et si j’accompagnais ? » sous forme de commun numérique qui a été retenue pour faire l’objet de l’accompagnement par inno³. L’objectif était double : identifier les forces et points de vigilance liés au fonctionnement actuel de la communauté, proposer quelques pistes liées à la structuration et au développement économique adaptés.MéthodologieUn atelier co-designé et co-animé par inno³ et HINAURA a été organisé avec pour objectif de définir ensemble la structuration adaptée au projet et les moyens d’y parvenir. Plusieurs sessions de travail ont ainsi eu lieu en amont, afin de préparer l’atelier mais également de déterminer quels devaient en être les participants. Finalement, il a été décidé d’y convier les membres de la communauté élargie d’« Et si j’accompagnais ? » . Toutefois, tous les sujets n’ont pu être traités au cours de l’atelier, et il a été décidé d'en organiser un second autour des questions de modèles économiques avec les seuls membres de l’équipe-projet, afin que ceux-ci puissent par la suite remobiliser la communauté dans son ensemble autour de ces sujets en 2021.EnseignementsCet accompagnement a permis de produire des conseils et recommandations à destination d’« Et si j’accompagnais ? » et de projets similaires concernant leur structuration juridique et leur développement économique ; mais également une méthode permettant de se poser les bonnes questions pour mettre en place le meilleur modèle de structuration et de développement possible. Ainsi, la priorité pour HINAURA était d’élargir la communauté des utilisateurs et contributeurs de la plateforme « Et si j’accompagnais ? » . Pour ce faire, une réflexion a d’abord été menée sur les différents profils d’utilisateurs et contributeurs à solliciter. Puis, des actions concrètes ont été listées afin de favoriser la participation de ces nouveaux publics, qu’ils soient utilisateurs des ressources, créateurs de contenus, sponsors et garants. Des outils mobilisables dans la mise en place de ces actions ont ensuite été recensés. L’ensemble a été formalisé sous la forme d’une mindmap.
Ces travaux s’inscrivent dans un parcours 100% dédié aux communs numériques dans le cadre de NEC 2020, au sein duquel de nombreuses ressources ont été crées collectivement. Retrouvez-les ici.