La Délégation interministérielle à l’accueil et l’intégration des réfugiés (Diair) a rendu publique en septembre 2020 une stratégie de lutte contre la fracture numérique déployée autour de 4 axes :
- Étudier les usages pour mieux comprendre les besoins des personnes réfugiées
- Améliorer l’accès au matériel informatique
- Améliorer la connectivité des personnes réfugiées
- Former au numérique le plus grand nombre
L'enquête avait pour objectif de doter les acteurs de l'accueil et de l'intégration des réfugiés d'une base de connaissances sur les usages numériques des personnes réfugiées et de leurs accompagnants.
Référence :
80 % des personnes réfugiées interrogées se connectent tous les jours à internet
Selon cette enquête 80 % des personnes réfugiées interrogées déclarent utiliser internet tous les jours. Elles se connectent principalement pour contacter leurs proches (80%),pour se divertir (64%) et pour accomplir des démarches administratives (42%).- Près de 90 % des personnes réfugiées interrogées utilisent des applications de messagerie instantanée
- 73 % des répondants ont recours à des réseaux sociaux pour se divertir et s’informer (via des groupes Facebook ou Whatsapp)
- 70 % utilisent des ressources collaboratives (Youtube, Forums internet)
- 31 % passent par des sites spécialisés, tels que les sites de l’administration: OFPRA, Ofii, refugies.info...
Le smartphone : équipement de prédilection
La grande majorité des répondants possède et utilise un smartphone (90 %), et près de la moitié des personnes réfugiées interrogées possède et utilise également un ordinateur (47 %). 75 %Le principal point de blocage dans l’accès à du matériel informatique est financier : 61 % des réfugiés déclarent avoir besoin d’argent pour acheter du matériel (sur 118 répondants).Les données d’enquête suggèrent une relation entre le niveau d’étude et la fréquence de connexion des réfugiés. Plus les réfugiés ont étudié, plus la fréquence de connexion augmente. 69 % des réfugiés interrogés ayant fait des études supérieures possèdent un ordinateur. Chez les réfugiés ayant le bac ou une formation professionnelle, ce chiffre chute à 44 % puis à 28 % pour les réfugiés ayant uniquement le niveau fin de collège ou aucun diplôme.
Pour ceux qui effectuent des démarches administratives en ligne, les démarches les plus fréquemment évoquées sont la recherche d’emploi, (41%), la demande d’aide (39%) et la gestion et consultation de comptes bancaires (34 %). Ce sont également les activités sur lesquelles les aidants déclarent intervenir le plus souvent, dans l’ordre d’importance : demandes d’aides sociales, recherche d’emploi, demande de logement, établissement des documents d’état civil, inscription à des cours ou dans des écoles, souscription à des contrats d’énergie, démarches bancaires en ligne, démarches pour la famille et prise d’abonnement téléphonique ou internet.
Barrière de la langueParmi les principales difficultés rencontrées par les réfugiés avec le numérique, la barrière de la langue prédomine. Face à des sites en français, 65 % des personnes réfugiées interrogées ont recours à un site de traduction. Près de la moitié des réfugiés demandent ensuite de l’aide à un proche (46 %), 29 % essaient de comprendre avec les images, et 22 % cherchent si le site est disponible dans leur langue. Enfin, 14 % décident de ne pas consulter ce site en français.
« Dans un contexte de dématérialisation des démarches administratives, le numérique constitue donc un réel obstacle dans le processus d’intégration d’une personne réfugiée » observent les auteurs de l’étude.Face à ces difficultés, la plupart des réfugiés font appel à une aide extérieure : (30 % répondants), membres d’association (21 %), famille (20 %), autres réfugiés (13 %). 11 % déclarent ne connaître personne pour les aider.
83 % des réfugiés déclarent vouloir se former à l’informatique, principalement pour accéder à des formations professionnelles et faciliter la réalisation des démarches administratives.
Des aidants eux mêmes insuffisamment formés56 % des aidants interrogés déclarent que les réfugiés les laissent faire les démarches sur les sites car ces derniers sont perdus face aux interfaces complexes et la langue. 41 % des aidants déclarent avoir besoin de se former aux outils numériques pour monter en compétences sur « la posture d’aidant numérique », se former sur la protection des données et de l’identité numérique, l’évaluation de la vulnérabilité de l’ordinateur et des outils de l’association et la détection d’hameçonnages et d’arnaques.
20 % ressentent un besoin de formation pour les démarches en ligne et 19 % pour les aides sociales. Enfin, 40 % souhaitent se former à l’utilisation de logiciels bureautiques.
« Ce qui ressort très nettement de l’enquête », observent ses auteurs, « c’est l’enjeu de la montée en compétences des personnes réfugiées sur le numérique. Cependant, celle-ci est rendue particulièrement complexe du fait des compétences très faibles en informatique et en français d’une grande partie des personnes et des enjeux forts d’ouverture des droits sur une période limitée ».L’étude formule, en conclusion, cinq recommandation
- Favoriser une meilleure connaissance des besoins et des usages numériques des personnes réfugiées ;
- Assurer un accompagnement renforcé dans les démarches administratives numériques ;
- Renforcer le diagnostic et la formation en matière de compétences numériques ;
- Assurer un accès effectif au matériel et à la connexion ;
- Favoriser l’accès à de l’information traduite, centralisée et vulgarisée.