Portés par une ambition de revitalisation des territoires, fablabs et espaces de co-working suscitent un interêt croissant en en milieu rural.
Dans ces démarches de régénération des territoires ruraux, les tiers-lieux ont une double fonction de « capteur » (d’initiatives locales) et d'« amplificateur » (de ces mêmes initiatives).
Une journée pour faire le point sur les tiers lieux en milieu rural
"Dans le foisonnement des initiatives lancées à toutes les échelles territoriales, peut-on décrypter des modèles ou des approches efficientes ? Comment les collectivités peuvent-elles stimuler ou accompagner l’émergence de tiers-lieux en inscrivant cette démarche dans une stratégie de développement et d’ancrage local des activités ?"S’appuyant sur l’analyse et le décryptage d’expériences engagées à l’échelle du territoire national, cette journée, cette journée, organisée par la Caisse des Dépôts le 28 juin, a pour ambition de mieux cerner les enjeux, analyser les fonctions dans l’éco-système entrepreneurial, les différents modèles économiques et de gouvernance mis en place pour répondre aux enjeux locaux.
Deux députés chargés d'étudier l'innovation et l'impact du numérique en milieu rural
Dans le cadre de la politique gouvernementale pour les zones rurales et les villes moyennes, deux députés du Lot et de l’Aveyron, Stéphane Mazars et Aurélien Pradie, se sont vu confierpar le Premier ministre une mission prospective afin d’évaluer "les conditions de l'innovation et l'impact des nouvelles technologies et du numérique pour favoriser le développement des territoires ruraux".La deuxième génération des Tiers lieux en milieu rural
La promotion du coworking en milieu rural est portée par une ambition de revitalisation des territoires et des centres-bourgs. Elle s’appuie sur la notion d’écosystème régénératif développée par la Caisse des Dépôts et Consignations.Selon Franck Chaigneau, expert en développement rural à la CDC, « la notion part du constat d’une inadéquation des outils classiques du développement économique à des contextes ruraux ». La vision d’un développement économique envisagé sous le prisme des secteurs d’activités, des filières économiques, des équipements ou des infrastructures semble en effet peu adaptée aux territoires de faible densité. Par ailleurs, l’approche métropolitaine de l’innovation, centrée sur les questions technologiques, de concentration des talents et d’équipements de R&D, semble également exclure les territoires ruraux des cadres classiques du développement territorial ».
Selon Raphaël Besson, Directeur de Villes Innovations et chercheur au CNRS, les tiers lieux » en milieu rural « doivent permettre de faire vivre des services de proximité́ en accueillant dans les centres des travailleurs indépendants, des salariés ou des néo-ruraux. Ils apparaissent comme des points névralgiques pour (ré)activer les ressources des territoires ruraux et ancrer de nouvelles formes d’innovation et de développement, en dehors des contextes métropolitains. Ils sont conçus par les pouvoirs publics comme de nouveaux outils au service de la régénération des territoires de faible densité ».
Une première génération de « télécentres » avait déjà vu le jour en milieu au cours des années 2000. Au travers d’un appel à projet en 2005, la DATAR (à l’époque la DIACT) fixait un objectif de 100 télécentres accueillant 1000 emplois à l’horizon 2007. Les projets localisés pouvaient recevoir 20 000 euros pour quatre postes de travail. Début 2011, 35 télécentres en zone de revitalisation rurale étaient opérationnels. En 2011, le géographe Bruno Moriset dressait un bilan sévère de ces télécentres : « près de la moitié étaient vides la plupart du temps, plus d’un quart étaient des fiascos complets. … La création de ces centres a été parfois motivée par l’effet d’aubaine, sans que les élus et responsables des collectivités concernées aient une vision préalable du télétravail et du développement numérique du territoire ». (Sur 28 télécentres, 10 centres ne voyaient jamais de télétravailleurs, 8 centres recevaient entre un et cinq télétravailleurs réguliers ou permanents).
Bruno Moriset tirait, en 2011, une série d’enseignements de cet échec relatif : « Pour réussir, un télécentre doit apporter aux télétravailleurs indépendant ou salariés une plus-value qui justifie une déplacement, et le paiement d’un loyer, même modeste. Cette plus-value peut être apportée dans plusieurs domaines :
- un environnement de travail de standing professionnel, propice notamment à l’accueil des clients, et flexible d’utilisation (accessible 24 h. sur 24 et 365 jours par an pour les utilisateurs réguliers)
- un dispositif technique d’un niveau supérieur à ce que les télétravailleurs peuvent attendre à domicile, sécurisé, propre à satisfaire les entreprises qui emploient des télétravailleurs salariés
- de l’animation et des services de nature à créer de la convivialité, du lien social, du « réseautage »
L’accent est désormais placé sur la mise en réseau, la professionnalisation, l’animation, l’adossement ou le croisement avec d’autres formes de tiers lieux, comme les Maisons de service au Public (MSAP), les espaces publics numériques (EPN) ou des pépinières. En Lozère, le réseau de tiers lieux Solozère, co-porté par la Maison de l’Emploi et de la Cohésion Sociale et Lozère Développement, propose un ensemble de services gratuits (accès haut débit, accompagnement juridique, outils collaboratifs…) : il repose sur 13 lieux d’accueil (dont 9 adossés à des Maisons de Service Au Public.
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