La réforme du baccalauréat a instauré en 2019 un nouvel enseignement de spécialité : « Numérique et Sciences Informatiques » (NSI).
L’enseignement de spécialité NSI (quatre heures par semaine en première et six heures en terminale) a succédé au précédent enseignement de spécialité Informatique et sciences du numérique (deux heures par semaine) introduit en 2012, qui n’était proposé qu’aux élèves de terminale S.
Cet enseignement est aujourd’hui assuré par des enseignants titulaires du CAPES NSI ou du diplôme inter-universitaire « Enseigner l’informatique au lycée » mis en place en 2019.
Cinq ans après, où en est-on ?
Seuls 10% des élèves ont opté pour la spécialité NSI en première et 4,3% en terminale
A la rentrée 2023, 38 091 élèves de première ont choisi l’enseignement « numérique et sciences informatiques » : 10,1 % de l’ensemble des élèves (contre 34 721 en 2020, 9 %). NSI se situe au 8ème rang des enseignements les plus choisis en première.
A cette même rentrée 2023, 17 612 élèves ont poursuivi en terminale l'enseignement de spécialité NSI : 4,3% de l’ensemble des élèves (13 884 en 2020, 3,7%).
Référence :
Plus de la moitié des élèves de première qui suivaient la spécialité NSI l'ont abandonné en terminale
En terminale, les élèves doivent renoncer à un des enseignements de spécialité parmi les trois suivis en première. Avec 53 % d’abandons, la spécialité NSI figure, avec le latin-grec et les sciences de l’ingénieur parmi les enseignements de spécialité les plus délaissés. Les filles sont proportionnellement plus nombreuses à abandonner NSI en terminale.
Quatre fois plus de garçons que de filles en première, 7 fois plus en terminale
Seuls 19,3% % des élèves suivant la spécialité NSI en première sont des filles : leur part chute en terminale à 15,2%. On observe toutefois une légère inflexion puisque la part des filles ayant choisi NSI est passé en première de 4,5% en 2020 à 4,2% en 2023. Et en terminale de 6,7 % à 5,6%.
Les filles représentent 56 % des élèves de terminale générale. Elles sont surreprésentées dans les enseignements artistiques, en latin-grec (79 %), en humanités, littérature et philosophie-HLP (82 %) et en langues (73 %). Inversement, elles sont sous-représentées en Sciences de l’ingénieur (14 %), en NSI (15 %), en Éducation physique (32 %) et, dans une moindre mesure, en « mathématiques » (42 %) et en « physique-chimie » (46 %).
Le choix de l’enseignement NSI est peu déterminé par l’origine sociale : parmi les élèves qui l’ont choisie en terminale, 41 % sont d’origine sociale très favorisée, 14 % d’origine favorisée, 23% d’origine sociale moyenne et 21 % d’origine sociale défavorisée.
Un objectif de doublement des filles en 2027
Dans son Avis sur la contribution du numérique à la transmission des savoirs et à l’amélioration des pratiques pédagogiques, le Conseil supérieur des programmes, le Conseil supérieur des programmes (CSP) recommandait de « promouvoir, notamment auprès des jeunes filles, les différents volets de l’enseignement de l’informatique qui ne se limite pas à la formation de futurs développeurs de code et ouvre des perspectives de poursuite d’études variées et prometteuses, notamment en science des données et en intelligence artificielle ».
Le CSP attribuait la désaffection par les filles, depuis les années 1980, des études d’informatique « au poids de la culture populaire :
- d’une part, quand on a commencé à acheter des ordinateurs personnels aux enfants, les garçons sont longtemps restés privilégiés par rapport aux filles ;
- d’autre part, la culture d’une certaine pratique de l’ordinateur a contribué, dans le grand public, à associer l’informatique au monde masculin » ;
- enfin, l’image de l’informaticien, née de cette association, est celle d’un individu asocial passant son temps à taper des lignes de code sur un clavier d’ordinateur. Plus récemment, le mouvement du logiciel libre, avec ses communautés très majoritairement masculines, a renforcé ce biais en construisant la figure du « fouineur » (hacker) comme modèle de développeur ».
La Stratégie du numérique pour l'éducation 2023-2027 du ministère, adoptée en 2023, se propose de « conforter la dynamique de la spécialité Numérique et sciences informatique (NSI), en particulier auprès des jeunes filles.
- la part des lycées proposant la spécialité NSI in situ passera de 62 % aujourd’hui à 75 % d’ici 2027 ;
- des actions spécifiques de promotion des sciences, notamment du numérique, seront menées auprès des lycéennes en lien avec des établissements de recherche ou d’enseignement supérieur ;
- des objectifs cibles de parité seront fixés par académie afin de tendre vers la parité en NSI, avec a minima le doublement de la part des filles d’ici à 2023 ».
Références :
Pour la Société informatique de France, « il y a péril en la demeure ».
La trajectoire de cet enseignement, l’absence de NSI dans un tiers des lycées et le faible nombre de postes au CAPES NSI et à l’agrégation inquiètent la Société informatique de France.
« Les effectifs de NSI sont insuffisants, pire, ils stagnent. Dès 2020, nous nous alarmions du petit nombre d’élèves ayant choisi l’informatique. La révélation des chiffres de 2023 est inquiétante : les effectifs baissent. Non seulement cela reste bien trop bas compte tenu des besoins en emploi dans l’informatique, et du besoin de culture informatique chez les futurs citoyens, mais en plus, NSI stagne.
Alors que les filles représentent 55,6% des élèves, le taux de filles en NSI est de 15,2% en 2023. Faut-il souligner à quel point cette statistique est désespérante ? La progression par rapport à l’an dernier est de 0,6 point. À ce rythme, le plancher de 30% de filles fixé par le ministère sera atteint vers… 2050. (…) Après quatre ans d’existence, la spécialité NSI plafonne, au point de se tasser en terminale, à un niveau très bas. Au lycée général, le constat est désolant. (…)
Il existe pourtant d’innombrables sensibilisations à l’informatique, en particulier à destination des femmes. Locales ou nationales, elles demeurent inopérantes, au regard des chiffres caractérisant NSI. L’aide à l’orientation ne semble pas plus efficace. En revanche, le changement de structure du lycée a induit, lui, des changements drastiques et soudains : baisse du nombre d’élèves scientifiques, et en particulier de celui des filles, baisse du nombre et du taux de filles en informatique, augmentation des différences entre catégories socio-professionnelles, inégalités persistantes de territoires ».
Référence :