Le site et magazine spécialisé Makery avait recensé en France, en 2018, 380 fablabs, hackerspaces, makerspaces, tiers-lieux et « autres ».
Le Conseil Scientifique du Réseau Français des Fablabs (RFFLabs), pour sa part, a mené en 2018 une enquête visant à produire un panorama des fablabs en France. 59 d’entre eux ont répondu a un questionnaire détaillé (136 questions) qui portait sur l’historique de chaque lieu, l’animation, l’administration et la gouvernance des structures étudiées.
« De nombreuses controverses portent sur ce qui peut ou doit être considéré comme un Fablab et pour quelles raisons », rappellent les auteurs du Panorama, qui précisent, d’entrée de jeu, n’avoir « pas souhaité a priori établir des frontières et des définitions et ouvert la possibilité de répondre à ce questionnaire à tout collectif engagé dans la gestion d’un espace ouvert au public, équipé de machines et participant de près ou de loin à l’animation du réseau ».Les auteurs du Panorama pointent le nombre relativement élevé de fablabs en France : 150 plus de 10 % de tous les Fablabs ouverts dans le monde. « Rapporté à la population, ce chiffre place la France, avec l’Italie, loin en tête des pays les plus investis dans cette dynamique. A cette profusion s’ajoutent d’autres formes (hackerspaces, makerspaces, et quelques marques apparentées) qui revendiquent participer « au mouvement maker ».
68 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête utilisent l’expression Fablab pour qualifier et définir leurs structures. Le terme de hackerspace, qui fait référence à une généalogie plus ancienne, est employé par 8 % contre 5 % pour la dénomination de « makerspace », terme plus générique pouvant qualifier tous types d’ateliers de fabrication. À cette expression anglaise, 20 % des personnes interrogées préfèrent la simple formule française d’« atelier de fabrication numérique ».
Grande diversité des activités proposées
81% des structures proposent des activités de formation (81 %) et d’initiation (97 %). L’organisation d’évènements (80 %) ou d’expositions (29 %) prennent également une grande place dans la vie de ces lieux.Au quotidien, les activités liées à la réparation (86 %), à la fabrication (80 %) ou au bricolage (86 %) occupent une grande partie du temps. L’accueil du jeune public (71 %) est par ailleurs favorisé et encouragé.
Les Fablabs proposent souvent des activités plus directement professionnelles, directement liées au prototypage (69 %) et à l’accompagnement de projet (68 %). Un autre volet, plus lucratif, concerne le coworking (37 %) et la privatisation de l’espace (34 %). « Pour de nombreux lieux, ces activités peuvent représenter des sources de revenus intéressantes » notent les auteurs de l’étude.
42 % structures interrogées partagent leurs locaux avec une ou plusieurs autres structures
14 % des structures interrogées se situent dans des espaces appartenant à une entreprise, 12 % dans une école ou un centre de formation, 19 % dans les locaux d’une association, 12 % dans les locaux d’une collectivité territoriale et 10 % expliquent que leurs locaux sont associés à ceux d’un tiers-lieu. (les locaux peuvent parfois être partagés par une entreprise, une association et une collectivité ou un tiers lieu). « Cela favorise le lien avec l’environnement immédiat et peut encourager la mise en place d’actions conjointes ou de partenariats ».47 % des structures ont dédié une partie de leur espace à des bureaux ou pour des activités administratives. Le coworking et les bureaux partagés représentent en moyenne 37 % des usages des lieux qui ont répondu au questionnaire. 17 % des lieux offrent également un espace d’exposition, pour présenter les projets réalisés en leurs seins et faire la démonstration des machines disponibles sur place. Sur la totalité des lieux étudiés, 10 % ont un jardin partagé.
L’imprimante 3D, équipement le plus répandu
93 % des lieux interrogés déclarent posséder une imprimante 3D, 71 % une découpeuse laser. « Les imprimantes 3D, par leurs capacités à fabriquer rapidement un petit objet et à rendre visible le passage des bits (un fichier) aux atomes (un objet) sont des machines très utiles pour faire la démonstration auprès du grand public de la logique liée à la fabrication numérique personnelle. C’est, très souvent, une machine utilisée comme une porte d’entrée pour ensuite aller plus loin et utiliser les autres équipements disponibles. Ces machines, quand elles sont performantes et pour ceux qui en maîtrisent l’usage, permettent aussi la réalisation de pièces très précises ».69 % des lieux interrogés, complètent d’ailleurs leur équipement avec un scanner 3D, « ce qui permet de contourner partiellement les questions liées aux difficultés de modélisation et d’obtenir des fichiers en 3D assez complexes sans nécessairement passer par un logiciel de modélisation ».
Les fraiseuses petit format (47 %) et grand format (29 %) complètent l’arsenal des machines proposées dans ces ateliers, tandis que 44 % déclarent avoir un traceur et 34 % ont des découpeuses à fil chaud.
Les kits d’électronique et les autres machines plus traditionnelles figurent aussi dans la liste des équipements présents dans les lieux étudiés.
Mais qui fréquente les FabLabs ?
Même si une quantité importante de données existe (la documentation de lieux faite par des acteurs externes et internes aux Fablabs, les travaux académiques étudiant certains lieux spécifiques, les informations récoltées par les équipes locales, etc.), les auteurs de l’étude estiment que « l’établissement de la plupart des lieux et de leurs activités est trop récent pour pouvoir établir une typologie fine et objective ».« Le nombre d’usagers des Fablabs présente de considérables variations : de 6 000 à 3 430 membres selon les structures : un nombre moyen de membres qui avoisine 200. Le réseau semble, en fait, « composé de quelques « grandes » communautés et d’une multitude majoritaire de « petites » communautés ».Un public encore souvent masculin
Les hommes sont majoritaires parmi les membres dans 49 % des structures étudiées (entre 75 % et 100 % des membres) mais 15 % d’entre elles se prévalent d’une il y a une parité ou d’une quasi-parité entre hommes et femmes. Les auteurs ajoutent, à ce propos, « qu’au-delà des divers outils et programmes pensés spécifiquement pour traiter cet écart dans de nombreux lieux, les Fablabs scolaires et universitaires favorisent tout particulièrement cette mixité de plus en plus paritaire ».Trois niveaux de participation
D’après les répondants, 65 % des adhérents en moyenne sont des membres-usagers (44% dans les structures de plus de 200 membres).Pour l’ensemble des structures, la moyenne de membres impliqués dans l’animation de la structure atteindrait 24 %. Le pourcentage médian de membres impliqué dans l’organisation serait, lui, de 10 % (7 % dans les structures de plus de 200 membres).
« Pour l’instant, notent les auteurs du Panorama, « il ne semble pas raisonnable de recouper cette catégorisation en fonction des catégories socioprofessionnelles ou des trajectoires sociales, dans la mesure où l’engagement dans l’animation des labs peut répondre à des motifs tout à fait différents : temps libre assuré par une période de chômage ou de transition professionnelle, temps contraint par un planning serré mais tout de même libéré par passion, temps de désœuvrement, temps d’initiation, temps financé par l’intérêt de diverses structures pour le phénomène, de multiples configurations coexistent. De même, en raison de la nouveauté du « phénomène Fablab », de nombreuses visites sont mues par la curiosité mais celle-ci peut se transformer en participation à la faveur d’une rencontre, d’un projet ou d’un événement ».Le Réseau Français des FabLabs a annoncé le lancement d’une nouvelle enquête nationale en direction des fablabs français, qui sera suivie d‘une cartographie et d’une synthèse.
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