Cette livraison de la revue tic&société revient sur l’analyse de ces différentes transformations.
Dans l’introduction de ce dossier de la revue Tic & Société, Christophe Magis et Lucien Perticoz rappellent que « l’industrie de la musique a une histoire ponctuée de crises régulières qui sont chaque fois l’occasion d’une réorganisation des acteurs socioéconomiques, d’une ouverture esthétique ou d’une avancée technologique à partir desquelles le secteur se réorganise afin de provoquer une nouvelle période de croissance ».
La première partie de ce dossier porte sur l’analyse continue des évolutions économiques du secteur musical.
- Guylaine Guéraud-Pinet commence par étudier l’importance que revêt, depuis la crise du tournant des années 2000, un « marché dérivé » de la musique : celui de la sonorisation télévisuelle.
- Guillaume Heuguet étudie dans son article l’incidence des logiques de valorisation musicale d’un acteur, YouTube, sur la réorganisation du secteur. « Articulation d’activités et acceptions multiples, faisant converger « la fantasmagorie du chiffre et du succès avec les cultures professionnelles de la télévision, du marketing et de l’informatique », le calcul des vues, au cœur de la marchandisation de la musique sur la plateforme, révèle une acception nouvelle de la valeur culturelle et sociale de la musique dans laquelle celle-ci est subordonnée à ses associations visuelles ».
- Stéphane Costantini interroge dans ce contexte les mutations du métier de musicien et la place grandissante occupée par les compétences communicationnelles dans leurs pratiques, mais également les tactiques qu’ils mettent en oeuvre pour intégrer ces compétences sans pour autant renier leurs ambitions artistiques.
- Pour Sylvain Martet, Martin Lussier et Anouk Bélanger, « ces injonctions à la visibilité médiatisée paraissent également se doubler d’une exigence d’autoformation tout au long de la carrière musicale, une exigence qui semble elle-même pleinement intériorisée par les professionnels de la musique montréalais interrogés par les auteurs. Ils concluent que la formation aux métiers de la musique est « désormais éclatée, individualisée et continue », une tendance dont on peut se demander si elle ne contribue pas à la précarisation accrue des travailleurs musicaux dont les compétences acquises deviennent rapidement obsolètes, nécessitant dès lors un effort constant d’autoformation afin d’éviter une forme de déclassement ».
- Raphaël Roth et Laure-Hélène Swinnen aborde également la thématique de l’autoformation à travers l’analyse d’une chaîne YouTube qui propose des tutoriels gratuits pour apprendre la guitare,
- Romuald Jamet et Jonathan Roberge analysent, pour leur part, les rapports subtils qu’entretiennent les Québécois tant avec la musique francophone qu’avec l’utilisation des plateformes de streaming et la complexité de l’articulation des deux. «Tandis que le streaming musical a stabilisé ses modèles socioéconomiques et participe d’un rebond de l’économie de l’industrie musicale depuis le milieu des années 2010, les artistes québécois n’en profitent guère, leur taux d’exposition et d’écoute étant faible sur les plateformes ».
- Christophe Magis et Lucien Perticoz : Introduction
- Christophe Magis et Lucien Perticoz : La musique comme analyseur : mutations de la filière musicale et mutation de la recherche sur la musique
- Guylaine Guéraud-Pinet : La sonorisation télévisuelle : mutations d’un marché dérivé et multiplication des formes de valorisation marchande des musiques de télévision
- Guillaume Heuguet : Vues vérifiées, écoute évacuée : la valorisation publicitaire de la musique sur YouTube
- Stéphane Costantini : Compétences communicationnelles et pratiques numériques des « musiciens connectés »
- Sylvain Martet, Martin Lussier et Anouk Bélanger : L’autoformation, nouveau paradigme de développement de carrière dans le contexte numérique ? Regards sur le milieu musical montréalais [
- Raphaël Roth Et Laure-Hélène Swinnen : Enseigner la guitare sur YouTube. Le tutoriel gratuit et les contradictions de la « numérimorphose » de l’enseignement de l’instrument : le cas de la chaîne MrGalagomusic
- Romuald Jamet et Jonathan Roberge : La musique québécoise est-elle compatible avec le streaming ? Usages et représentations de la musique francophone québécoise sur les plateformes de streaming au Québec
- Philippe Le Guern : L’expérience de la musique en régime numérique : continuité ou disruption ?
Référence :
, animée Dominique Carré (Université Paris 1) et Éric George (Université du Québec à Montréal) est consacrée à l'analyse des rapports entre les technologies de l'information et de la communication (TIC) et la société.