Dans l’Agenda pour le futur écologique et numérique, la FING avait listé 20 défis de la transition écologique. Pour chacun d’eux, elle avait décrypté la contribution actuelle du numérique et proposé « de nouveaux “chemins” pour engager une plus juste contribution du numérique aux enjeux écologiques».
Dans le Livre Blanc Numérique et Environnement, la FING, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), le WWF France et GreenIT. fr, avec le concours du Conseil National du Numérique (CNNum), avaient en 2018 présenté 26 propositions d’actions aux acteurs publics pour mettre le potentiel de transformation du numérique au service de la transition écologique. « Ce Livre Blanc avait vocation à lancer le débat sur les mesures les plus appropriées, à ouvrir un nouvel agenda politique : celui de la convergence des transitions ».
La Fing poursuit cette réflexion dans la dernière édition de Questions Numériques 2018-2019 : #Reset "Quel numérique voulons-nous pour demain ?"
Publié avec le soutien de l’ADEME, du Groupe La Poste, d’Orange, de la MAIF, de la Métropole européenne de Lille (MEL), de Berger-Levrault, de la 27e Région, du cabinet Vraiment Vraiment et du BonCoin, ce cahier « cherche à tirer parti de la prospective pour donner corps à un numérique qui proposerait du « mieux » plutôt que du « plus ».
Un constat partagé
Ce livret s’attache a dégager les grandes lignes d’un « constat partagé »: il s’appuie sur le constat fait par de nombreux acteurs de la société numérique, comme Tim Berners-Lee, le concepteur du web (qui estime que le web avait échoué à de nombreux égards, sa centralisation croissante aboutissant à un phénomène “anti-humain” de grande ampleur) ou Tristan Harris, ancien éthicien du design chez Google, devenu l’un des fondateurs du Center for Humane Technology ...Pour les auteurs du livret, « le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde de demain, à ses incertitudes, à ses ressources limitées. Un enjeu décisif pour l’ensemble de la société est que le numérique sorte du “toujours plus” et intègre des perspectives de long terme avec les acteurs de la société et les générations futures. (…) Aujourd’hui ces nombreux sujets sont cloisonnés dans leurs silos thématiques et traités isolément par un petit nombre d’acteurs, sur fond de fatalisme et de résignation, ou d’héroïsme, ou d’attentisme (en attendant trop de la régulation par les autorités) ».
Le cheminement d’une vision critique à une vision transformatrice est l’enjeu central de #RESET : « Le recours à l’intelligence collective sous toutes ses formes est l’un des points d’appui. L’autre est le recours à la prospective, au travail collectif sur des futurs possibles, à l’élaboration de pistes pour un numérique souhaitable ».
Défis techniques et défis thématiques
Au fil d’échanges en ligne, d’ateliers et de rencontres, les participants à la démarche « Reset » ont rassemblé une matière riche sous la forme d’un ensemble de « défis techniques »- Re-décentraliser le web
- Prendre soin des biens communs numériques
- Concevoir un numérique plus sobre tout en étant désirable
- Rendre concrètement les algorithmes et les IA responsables et équitables
- Concevoir un numérique plus respectueux d’une écologie mentale
- Assurer une information libre et fiable
- Construire un cadre de négociation collective sur les données personnelles
- Mettre le numérique au service des données fondamentales
- Garantir une protection sociale pour tous les travailleurs, quel que soit leur statut
- Donner un statut à des collectifs de travail hors des formes classiques de
- l’emploi salarié
- Partager de façon plus équitable la valeur produite par les plateformes
- Un numérique qui contribue positivement au développement humain des territoires
- Aller vers une smart city inclusive
- Innover autrement
- Une recherche d’emploi simplifiée et efficace
- Adopter une approche plus ouverte et transparente de la reconnaissance
- des apprentissages informels
- Vers un numérique représentatif, féministe et capacitant pour toutes les identités de genre
Les 7 “qualités” d’un numérique souhaitable
Les défis sont à la fois thématiques et techniques, parce que les dispositifs numériques résultent le plus souvent de choix non-techniques : les choix stratégiques des concepteurs, les modèles économiques, les choix politiques et sociaux sous-jacents.Les défis posent aussi la question de l’échelle pertinente : « s’agit-il de défis que seuls des acteurs mondiaux peuvent relever, ou qui sont pertinents à travailler à échelle “micro” ou “méso” ? »
Plutôt que de trancher cette question, les auteurs du livret proposent un ensemble de « 7 qualités du numérique que nous voulons » :
- Inclusif : Un numérique qui permet à tou·te·s d’être acteurs de la société, qui favorise la diversité, plutôt que de reproduire les inégalités sociales et les discriminations.
- Frugal : Un numérique économe en énergie et en matière, favorisant la transition écologique plutôt que l’accroissement des émissions et l’épuisement des ressources.
- Démocratique : Un numérique au service des libertés fondamentales et de la démocratie, et qui construit une maîtrise collective des systèmes techniques et des plateformes.
- Protecteur : Un numérique qui défend les libertés, protège la vie privée, favorise la confiance et économise l’attention, plutôt que de créer de l’addiction et de l’infobésité.
- Innovant : Un numérique qui ouvre l’innovation, la libère de l’emprise des acteurs dominants, facilite l’innovation sociale, intègre mieux les parties prenantes et les impacts.
- Capacitant : Un numérique qui renforce les capacités humaines, qui développe le pouvoir de créer et d’agir, plutôt que d’aliéner ou de soumettre.
- Équitable : Un numérique qui répartit la valeur économique au sein de la société, qui favorise les solidarités, plutôt que de favoriser la concentration de la valeur et la destruction des protections sociales.
Ce livret est la première brique d’un processus qui va durer 3 ans.
Références :