Depuis 2015, le LINC (Laboratoire d’innovation numerique de la CNIL) publie les résultats de son étude sur les pratiques numériques et la maîtrise des données personnelles, réalisée avec Médiamétrie.
Les pratiques des individus liées à la protection de la vie privée et des données personnelles sont à la hausse depuis 5 ans. Ces usages sont désormais bien ancrés.
Des internautes toujours très attentifs dans leur navigation
La grande majorité des Français (84%) paramètre le navigateur Internet qu’ils utilisent – ce taux était de 77% en 2015 et de 85% en 2018.
« Ce chiffre, particulièrement élevé », pointent les experts du LINC, « montre bien qu’il est désormais inscrit dans les usages d’être attentif au fonctionnement d’un navigateur, notamment quand cela concerne directement sa vie privée. On peut également faire l’hypothèse que ces paramétrages sont plus visibles, ou tout du moins plus facilement accessibles dans les navigateurs, facilitant l’intervention de l’utilisateur ».
Dans le détail pour 2019, les trois principaux paramètres montrent la volonté de mettre une certaine distance à sa traçabilité, mais également par rapport à la publicité ciblée :
- la suppression de l’historique de navigation (65%) ;
- le refus de partager la localisation géographique (55%) ;
- le blocage des cookies (51%).
Si Chrome est le navigateur le plus prisé par les internautes français, ce sont les utilisateurs de Firefox (deuxième navigateur) qui sont les mieux renseignés sur ces paramétrages.
Des paramétrages moins automatiques concernant les smartphones et tablettes, une méfiance marquée concernant la géolocalisation
68% des possesseurs de téléphones intelligents l’ont paramétré (contre 60% en 2015, soit une augmentation de 8 points).
Les principales raisons de ces paramétrages restent les mêmes par rapport aux années précédentes :
- Bloquer l’accès à la géolocalisation (47% contre 37% en 2015, mais perte de 2 points par rapport à 2018)
- Couper la géolocalisation ou les communications réseaux pour des questions de confidentialité (44% contre 38% en 2015, mais perte de 2 points par rapport à 2018 également).
A noter qu’un Français sur deux a déjà renoncé à l’installation d’une application en raison de l’accès à certaines informations qu’elle demandait (mêmes chiffres en 2018).
Une utilisation croissante des outils de blocage de publicités, notamment dans l’objectif de protéger ses données
Le taux d’internautes français ayant utilisé un bloqueur de publicités sur leur ordinateur est passé de 36% à 54% de 2015 à 2019.
La principale raison est de ne plus voir les publicités intrusives, mais les personnes interrogées soulignent également à 33% qu’il s’agit aussi de protéger leurs données personnelles. Ce chiffre est en augmentation de 7 points depuis 2015 : « l’installation d’un tel outil n’est pas qu’un choix de confort ».
Sur tablettes et téléphones portables, les proportions sont moindres (respectivement 19% et 17%) mais sont significativement en hausse depuis 2018 (+2 points). La volonté de protéger ses informations personnelles semble plus forte que sur ordinateur, représentant 40 et 44% des raisons des installations d’adblocker pour 2019.
« S’il existe une différence plus marquée entre les différents supports, celle-ci s’explique par le fait que les paramétrages et extensions sont moins facilement accessibles sur tablette et le smartphone. Ces deux derniers sont également plus personnels : on les prête ou les partage moins souvent qu’un ordinateur, ce qui modifie aussi la manière de les utiliser ».
Forte progression de l'usage des gestionnaires de mot de passe
L’utilisation d’un gestionnaire de mot de passe reste encore assez faible, mais est en hausse de 50%, passant de 8% à 12% en un an.
Les 25 – 34 ans sont 19% à utiliser un outil de ce type.
« Les Français semblent encore attachés à une gestion «papier» de leurs identifiants et mots de passe (31%), notamment chez les plus âgés, ce qui ne va pas forcément dans le sens des recommandations de sécurité sur ce sujet : de manière générale, il vaut mieux «les retenir sans les écrire».
Les internautes et les assistants vocaux : utilisation (encore) faible, mais vigilance (légèrement) en hausse
Les experts du Linc constatent « une augmentation significative de l’usage des assistants vocaux, et une nouvelle relation aux objets connectés et smartphones : ils sont 33% à avoir déjà utilisé un assistant vocal sur les 12 derniers mois (contre 29% en 2018), tout support confondu ».
La possession d’assistants vocaux est en hausse par rapport à 2018 : les individus possédant une enceinte connectée sont passés de 8% à 13%, montrant qu’en un an, la pénétration de ces dispositifs reste discrète mais gagne du terrain.
46% des utilisateurs se sont penchés sur le paramétrage de ces assistants vocaux : 6 points de plus qu’en 2018.
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