Parmi les citoyens en difficulté avec le numérique, une personne sur quatre l’est à cause de sa situation d’illettrisme ou de sa maîtrise insuffisante de la langue française.
Le Labo « Numérique et inclusion » de l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa) s’est penchée sur les difficultés que rencontrent les personnes ne maîtrisant pas l’écrit en langue française pour tirer parti des services numériques.
Parmi la population des personnes ne maîtrisant pas l’écrit en langue française, le Labo Numérique de l’ANSA distingue trois grandes catégories : les personnes en situation d’illettrisme (elles ont été scolarisées en France mais ne maîtrisent pas aujourd’hui l’écriture en langue Française), les personnes maîtrisant une autre écriture (Primo arrivants, résidant en France depuis moins de 5 ans et personnes résidentes en France depuis de nombreuses années) et les personnes analphabètes (elles n’ont jamais reçu d’éducation en matière d’écriture et ne savent donc écrire dans aucune langue).
« Si ces publics ont tous le point commun de ne pas maîtriser l’écrit en langue française, il est important de bien les distinguer, car leurs besoins et les solutions qui peuvent être déployées à leur endroit concernant le numérique peuvent être très différents ».« Les solutions d’adaptation et d’accompagnement encore trop peu développées »
L’ANSA relève trois freins principaux dans l’accès et les usages des services numériques par les personnes ne maîtrisant pas l’écrit en langue française :- Les outils et services en ligne sont très souvent fondés sur la lecture, la compréhension et la production de textes
- Le manque de connaissance ou de formation à l’utilisation d’outils adaptés peuvent freiner l’utilisation du numérique.
- Pour les publics en situation de grande précarité (ex : personnes migrantes), peuvent venir s’ajouter les problèmes de la disponibilité du matériel et/ou du coût d’accès à une connexion internet.
Des stratégies de contournement
Les personnes ne maîtrisant pas l’écrit en langue française développent, en fait, "des stratégies intuitives pour s’adapter aux outils numériques présents dans leur vie quotidienne. Par exemple, elles manient les outils numériques à travers la reconnaissance d’image, de couleurs, ou par les fonctions vocales, autant de moyens de contourner l’écrit."Les personnes interrogées sont, notamment, tout à fait habituées à l’utilisation des réseaux sociaux ou des outils numériques de communication via texto ou en visio. Elles utilisent également des sites communautaires (dans leur langue) au sein desquels elles vont pouvoir s’échanger des informations utiles. Ces moyens de communication semblent sous-utilisés par les institutions et les acteurs de l’accompagnement social, pour communiquer avec ces personnes.
Le Labo Numérique de l’ANSA formule une série de pistes d’action pour faire connaître les services numériques utiles à ces personnes (une entrée par les lieux d’usage et une entrée par les médias existants) et pour faciliter l’utilisation des outils numériques (un accompagnement humain adapté aux besoins, la coordination des acteurs du territoire, la médiation et le rôle des pairs).
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