Médiation, littératie de santé, co-construction, engagement : les pistes de la Haute Autorité de Santé pour « faire du numérique un levier d’amélioration de la qualité des soins »
Dans un rapport d’analyse prospective, « Numérique : quelle (R)évolution ? », rendu public en juin 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) passe en revue les principaux enjeux du numérique pour les domaines de la santé et de l’accompagnement social. Comment mobiliser l’ensemble des acteurs ? Quels usages favoriser ? Comment faire du numérique un outil au service de la qualité des soins et des accompagnements ? Quelles évaluations mettre en place pour mesurer la qualité et développer la confiance ?
Parmi les conditions et priorités, la HAS pointait, en premier lieu, la nécessité de progrès dans la médiation numérique.
« Une médiation numérique pour tous, car il ne s’agit pas seulement de viser les publics les plus précarisés ou vulnérables, mais aussi tous ceux qui éprouvent une difficulté, technique ou culturelle, avec le numérique. D’autant que les outils de la littératie en santé ou de la littératie numérique pourraient potentialiser leurs efforts pour réduire cet écart culturel. À quoi il faut ajouter que si les solutions numériques étaient co-construites avec leurs bénéficiaires finaux, les besoins de médiation seraient encore réduits ».
La HAS proposait de « promouvoir la médiation numérique, par un référentiel de compétences, de formation et de bonnes pratiques, sans préjuger des métiers, fonctions et lieux en situation d’assurer cette médiation numérique »
« Les attentes vont au-delà des seules personnes en situation de précarité », observe la HAS. « Elles concernent bien d’autres publics, parfois simplement malhabiles avec la culture et les outils numériques. Les plus âgés sont souvent cités, mais c’est l’ensemble de la société qui vit à l’heure du numérique et peut avoir besoin de soutien pour se familiariser avec ses outils, du moins pour son information et sa sensibilisation aux risques avant que ce ne soit pour ses soins ou ses prestations sociales ».
La HAS pointait également dans son rapport l'importance de mettre le numérique au service de la qualité des soins et des accompagnements.
«Pour faire face aux défis actuels de l’organisation des parcours des usagers de la
santé et du social, les transformations structurelles à engager sont majeures et nombre d’entre elles peuvent bénéficier des solutions offertes par le numérique. Celui-ci permet en effet de faciliter le travail quotidien des professionnels, la coordination entre eux et le travail en équipe, ainsi que la pertinence et la continuité des soins et des accompagnements. Il peut apporter ainsi un double bénéfice pour la prise en charge : l’amélioration de la qualité des soins et des accompagnements proposés pour les usagers, mais aussi la qualité de vie au travail pour les profes
sionnels. »
Référence :
L’Assurance Maladie déploie depuis 2020 des actions d’inclusion numérique
L’identification et le repérage des assurés éloignés du numérique s’effectuent par les partenaires de l’Assurance Maladie ou par l’Assurance Maladie (en accueil physique ou téléphonique par exemple).
Différentes situations existent : Lorsqu’un partenaire identifie un assuré éloigné du numérique : Pendant les ateliers, la caisse d’assurance maladie met à disposition des assurés des appareils numériques (ordinateurs portables, tablettes, smartphones) ; les assurés peuvent aussi amener et utiliser leurs propres équipements, s’ils le souhaitent.
les assurés débutants qui n’ont aucune pratique du numérique : ils sont à orienter vers une structure de médiation numérique partenaire, afin de bénéficier d’un accompagnement au numérique renforcé ;
les assurés intermédiaires qui ont déjà une adresse mail mais qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique et les démarches en ligne : il est possible de leur proposer des ateliers numériques, individuels ou collectifs, réalisés par leur caisse d’assurance maladie.
il peut saisir la Mission accompagnement santé de la caisse d’assurance maladie de résidence de l’assuré, à partir du formulaire de saisine ;
il peut promouvoir ces ateliers d’inclusion numérique auprès de l’assuré et lui indiquer les moyens de contacter lui-même sa caisse d’assurance maladie.
Référence :
Mon Espace Santé : la mise en place d'un nouveau service public
Testé depuis juillet 2021 dans trois départements pilotes, la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme, l'espace numérique de santé est ouvert à tous les usager.e.s depuis le 3 février 2022.
Destiné à faciliter les démarches des usager.e.s et les échanges avec les professionnel.le.s de santé pour une meilleure prise en charge, l'espace numérique de santé remplacera le Dossier Médical Partagé (DMP).
L'espace numérique de santé, baptisé Mon Espace Santé, comprend déjà : Dans une seconde étape, cet espace numérique personnel sera complété de deux nouveaux services : De janvier à mars 2022, l’Assurance Maladie prévoit d'envoyer chaque jour plus d’un million de codes d’activation aux assurés sociaux par courriel, ou, à défaut, par courrier.
une version améliorée du DMP pour stocker et partager toutes les donnés de santé : ordonnances, traitements, résultats d'examens, imageries médicales, antécédents médicaux et allergies, comptes-rendus d'hospitalisation, vaccination ;
une messagerie sécurisée pour les échanges entre patient.es et professionnel.le.s de santé.
un agenda santé pour gérer les rendez-vous médicaux et recevoir des rappels pour les dates clés des examens de contrôle (bilans, mammographie, vaccination...) ;
un catalogue d'applications certifiées par l'État pour être mieux guidé dans le choix des outils numériques utilisé pour le suivi de votre santé.
Pour ouvrir son compte, il faudra se munir de ce code, de sa carte vitale et s’assurer d’un ordinateur relié à Internet pour se connecter au site MonEspaceSanté.
Références :
Un accompagnement en direction des publics éloignés du numérique
Des partenariats entre acteurs « santé » et acteurs de l’inclusion numérique sont en cours de déploiement pour accompagner les usagers à la prise en main de Mon Espace Santé.
Le réseau des caisses de l’Assurance Maladie pourra répondre aux questions des assuré.e.s sur l’activation de leur espace santé et les orienter vers les dispositifs d’accompagnement.
Plus largement, les acteur.trice.s de la médiation numérique seront formé.e.s à Mon Espace Santé pour être en mesure d’accompagner les citoyen.ne.s qui en ont besoin.
Par ailleurs, toutes les personnes et organismes bénévoles désireux d’aider leurs concitoyen.ne.s à l’utilisation de Mon Espace Santé seront fédérés par des coordinateurs régionaux recrutés pour l’occasion par les Agences Régionales de Santé (ARS) et les groupements régionaux d’appui au développement de la e-santé (GRADeS).
Références :
Une phase pilote d’expérimentation
Les assuré.e.s de trois départements - la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme ont pu, en avant-première, expérimenter le service.
L’objectif de cette phase pilote était de tester techniquement le service en grandeur réelle pour l’améliorer avant sa généralisation.
A fin octobre, Mon espace santé était ouvert à 3,3 millions de personnes résidant dans ces départements. Moins de 1 % (0,7 %) des assuré.e.s s’étaient opposé.e.s à son ouverture.
Cette première étape du déploiement a permis de tester techniquement le fonctionnement de la plateforme et notamment son articulation avec les logiciels des professionnels et des établissements de santé sur le terrain. Des tests d’usage ont été menés avec des utilisateur.trice.s pilotes et des associations de patient.e.s.
Pour observer les usages du service, des professionnel.le.s et établissements de santé avaient participé en tant que bêta testeurs à cette première étape.
Leurs retours d’expérience montrent en premier lieu que la création automatique de Mon Espace Santé a apporté un changement d’échelle important pour les professionnel.le.s de santé qui, ne se posant plus la question de savoir si leur patient possède un DMP, prennent le réflexe de l’alimenter dès que nécessaire.
Les tests ont également permis d’enrichir le service en rubriques, d’éprouver son ergonomie, de perfectionner la messagerie (gestion des destinataires, partage du profil médical et des documents par message), ou encore d’affiner les modalités d’articulation entre le DMP et Mon Espace Santé.
Également déployée à grande échelle, la messagerie santé entre professionnel.le.s de santé (en ville ou en établissement) et patient.e.s a permis de tester de nouveaux cas d’usages avec par exemple l’envoi de la convocation à un examen, le renouvellement d’ordonnance, l’envoi des plans de soins…
Référence :
Un comité citoyen du numérique en santé
Afin d’associer les citoyen.ne.s à la construction de ce nouveau service public, le Ministère des Solidarités et de la Santé avait mis en œuvre une démarche participative : « Plus de 60% des contributions des citoyens ont été directement prises en compte dans la construction de Mon espace santé. Le reste des propositions est en cours d’instruction. Il fixe un cadre citoyen pour les évolutions à venir du service. »
des Ateliers citoyens, en 2019, avec une cinquantaine de citoyen.ne.s, aux profils représentatifs de la société française, puis des Assises citoyennes, en 2020 ;
Un Comité citoyen, composé de 28 membres représentatifs de la population générale, s'est réuni à plusieurs reprises en 2021, pour répondre à quelques questions clés sur la sécurité des données et la souveraineté numérique en santé, le droit d'accès aux données de santé ou encore l'inclusion numérique.
[Dossier] Numérique en santé : de l’accessibilité et l’amélioration des soins à la mise en place de Mon Espace Santé
Médiation, littératie de santé, co-construction, engagement : les pistes de la Haute Autorité de Santé pour « faire du numérique un levier d’amélioration de la qualité des soins »
Dans un rapport d’analyse prospective, « Numérique : quelle (R)évolution ? », rendu public en juin 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) passe en revue les principaux enjeux du numérique pour les domaines de la santé et de l’accompagnement social. Comment mobiliser l’ensemble des acteurs ? Quels usages favoriser ? Comment faire du numérique un outil au service de la qualité des soins et des accompagnements ? Quelles évaluations mettre en place pour mesurer la qualité et développer la confiance ?
Parmi les conditions et priorités, la HAS pointait, en premier lieu, la nécessité de progrès dans la médiation numérique.
« Une médiation numérique pour tous, car il ne s’agit pas seulement de viser les publics les plus précarisés ou vulnérables, mais aussi tous ceux qui éprouvent une difficulté, technique ou culturelle, avec le numérique. D’autant que les outils de la littératie en santé ou de la littératie numérique pourraient potentialiser leurs efforts pour réduire cet écart culturel. À quoi il faut ajouter que si les solutions numériques étaient co-construites avec leurs bénéficiaires finaux, les besoins de médiation seraient encore réduits ».
La HAS proposait de « promouvoir la médiation numérique, par un référentiel de compétences, de formation et de bonnes pratiques, sans préjuger des métiers, fonctions et lieux en situation d’assurer cette médiation numérique »
« Les attentes vont au-delà des seules personnes en situation de précarité », observe la HAS. « Elles concernent bien d’autres publics, parfois simplement malhabiles avec la culture et les outils numériques. Les plus âgés sont souvent cités, mais c’est l’ensemble de la société qui vit à l’heure du numérique et peut avoir besoin de soutien pour se familiariser avec ses outils, du moins pour son information et sa sensibilisation aux risques avant que ce ne soit pour ses soins ou ses prestations sociales ».
La HAS pointait également dans son rapport l'importance de mettre le numérique au service de la qualité des soins et des accompagnements.
«Pour faire face aux défis actuels de l’organisation des parcours des usagers de la
santé et du social, les transformations structurelles à engager sont majeures et nombre d’entre elles peuvent bénéficier des solutions offertes par le numérique. Celui-ci permet en effet de faciliter le travail quotidien des professionnels, la coordination entre eux et le travail en équipe, ainsi que la pertinence et la continuité des soins et des accompagnements. Il peut apporter ainsi un double bénéfice pour la prise en charge : l’amélioration de la qualité des soins et des accompagnements proposés pour les usagers, mais aussi la qualité de vie au travail pour les profes
sionnels. »
Référence :
L’Assurance Maladie déploie depuis 2020 des actions d’inclusion numérique
L’identification et le repérage des assurés éloignés du numérique s’effectuent par les partenaires de l’Assurance Maladie ou par l’Assurance Maladie (en accueil physique ou téléphonique par exemple).
Différentes situations existent : Lorsqu’un partenaire identifie un assuré éloigné du numérique : Pendant les ateliers, la caisse d’assurance maladie met à disposition des assurés des appareils numériques (ordinateurs portables, tablettes, smartphones) ; les assurés peuvent aussi amener et utiliser leurs propres équipements, s’ils le souhaitent.
les assurés débutants qui n’ont aucune pratique du numérique : ils sont à orienter vers une structure de médiation numérique partenaire, afin de bénéficier d’un accompagnement au numérique renforcé ;
les assurés intermédiaires qui ont déjà une adresse mail mais qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique et les démarches en ligne : il est possible de leur proposer des ateliers numériques, individuels ou collectifs, réalisés par leur caisse d’assurance maladie.
il peut saisir la Mission accompagnement santé de la caisse d’assurance maladie de résidence de l’assuré, à partir du formulaire de saisine ;
il peut promouvoir ces ateliers d’inclusion numérique auprès de l’assuré et lui indiquer les moyens de contacter lui-même sa caisse d’assurance maladie.
Référence :
Mon Espace Santé : la mise en place d'un nouveau service public
Testé depuis juillet 2021 dans trois départements pilotes, la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme, l'espace numérique de santé est ouvert à tous les usager.e.s depuis le 3 février 2022.
Destiné à faciliter les démarches des usager.e.s et les échanges avec les professionnel.le.s de santé pour une meilleure prise en charge, l'espace numérique de santé remplacera le Dossier Médical Partagé (DMP).
L'espace numérique de santé, baptisé Mon Espace Santé, comprend déjà : Dans une seconde étape, cet espace numérique personnel sera complété de deux nouveaux services : De janvier à mars 2022, l’Assurance Maladie prévoit d'envoyer chaque jour plus d’un million de codes d’activation aux assurés sociaux par courriel, ou, à défaut, par courrier.
une version améliorée du DMP pour stocker et partager toutes les donnés de santé : ordonnances, traitements, résultats d'examens, imageries médicales, antécédents médicaux et allergies, comptes-rendus d'hospitalisation, vaccination ;
une messagerie sécurisée pour les échanges entre patient.es et professionnel.le.s de santé.
un agenda santé pour gérer les rendez-vous médicaux et recevoir des rappels pour les dates clés des examens de contrôle (bilans, mammographie, vaccination...) ;
un catalogue d'applications certifiées par l'État pour être mieux guidé dans le choix des outils numériques utilisé pour le suivi de votre santé.
Pour ouvrir son compte, il faudra se munir de ce code, de sa carte vitale et s’assurer d’un ordinateur relié à Internet pour se connecter au site MonEspaceSanté.
Références :
Un accompagnement en direction des publics éloignés du numérique
Des partenariats entre acteurs « santé » et acteurs de l’inclusion numérique sont en cours de déploiement pour accompagner les usagers à la prise en main de Mon Espace Santé.
Le réseau des caisses de l’Assurance Maladie pourra répondre aux questions des assuré.e.s sur l’activation de leur espace santé et les orienter vers les dispositifs d’accompagnement.
Plus largement, les acteur.trice.s de la médiation numérique seront formé.e.s à Mon Espace Santé pour être en mesure d’accompagner les citoyen.ne.s qui en ont besoin.
Par ailleurs, toutes les personnes et organismes bénévoles désireux d’aider leurs concitoyen.ne.s à l’utilisation de Mon Espace Santé seront fédérés par des coordinateurs régionaux recrutés pour l’occasion par les Agences Régionales de Santé (ARS) et les groupements régionaux d’appui au développement de la e-santé (GRADeS).
Références :
Une phase pilote d’expérimentation
Les assuré.e.s de trois départements - la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme ont pu, en avant-première, expérimenter le service.
L’objectif de cette phase pilote était de tester techniquement le service en grandeur réelle pour l’améliorer avant sa généralisation.
A fin octobre, Mon espace santé était ouvert à 3,3 millions de personnes résidant dans ces départements. Moins de 1 % (0,7 %) des assuré.e.s s’étaient opposé.e.s à son ouverture.
Cette première étape du déploiement a permis de tester techniquement le fonctionnement de la plateforme et notamment son articulation avec les logiciels des professionnels et des établissements de santé sur le terrain. Des tests d’usage ont été menés avec des utilisateur.trice.s pilotes et des associations de patient.e.s.
Pour observer les usages du service, des professionnel.le.s et établissements de santé avaient participé en tant que bêta testeurs à cette première étape.
Leurs retours d’expérience montrent en premier lieu que la création automatique de Mon Espace Santé a apporté un changement d’échelle important pour les professionnel.le.s de santé qui, ne se posant plus la question de savoir si leur patient possède un DMP, prennent le réflexe de l’alimenter dès que nécessaire.
Les tests ont également permis d’enrichir le service en rubriques, d’éprouver son ergonomie, de perfectionner la messagerie (gestion des destinataires, partage du profil médical et des documents par message), ou encore d’affiner les modalités d’articulation entre le DMP et Mon Espace Santé.
Également déployée à grande échelle, la messagerie santé entre professionnel.le.s de santé (en ville ou en établissement) et patient.e.s a permis de tester de nouveaux cas d’usages avec par exemple l’envoi de la convocation à un examen, le renouvellement d’ordonnance, l’envoi des plans de soins…
Référence :
Un comité citoyen du numérique en santé
Afin d’associer les citoyen.ne.s à la construction de ce nouveau service public, le Ministère des Solidarités et de la Santé avait mis en œuvre une démarche participative : « Plus de 60% des contributions des citoyens ont été directement prises en compte dans la construction de Mon espace santé. Le reste des propositions est en cours d’instruction. Il fixe un cadre citoyen pour les évolutions à venir du service. »
des Ateliers citoyens, en 2019, avec une cinquantaine de citoyen.ne.s, aux profils représentatifs de la société française, puis des Assises citoyennes, en 2020 ;
Un Comité citoyen, composé de 28 membres représentatifs de la population générale, s'est réuni à plusieurs reprises en 2021, pour répondre à quelques questions clés sur la sécurité des données et la souveraineté numérique en santé, le droit d'accès aux données de santé ou encore l'inclusion numérique.