La première génération d’objets connectés a vu le jour au début des années 2010 avec les premiers bracelets connectés.
L’idée selon laquelle les objets les plus quotidiens (issus des révolutions industrielles antérieures), appareils ménagers, montres, lunettes, jouets, appareils médicaux, accessoires de sport, vêtements, allaient, moyennant l’ajout de capteurs et de capacités de communication, basculer un par un dans l’ère numérique s’imposait alors avec une forme d’évidence.
Entre temps, de nombreux travaux ont mis en relief l’impact environnemental des objets connectés. Ainsi que les atteintes et les risques en matière de vie privée.
37% des français.es disposaient en 2021 d’au moins un objet connecté dans leur foyer.
37% des Français.es disposent d’au moins un objet connecté dans leur foyer
L’édition 2021 du Baromètre numérique observe une hausse sensible de l’équipement des objets connectés. « Alors que la 5G n’est pas encore disponible, l’année 2020 marque le doublement de tous les équipements étudiés ».
Références :
23% des interrogé.e.s déclarent posséder un objet connecté relatif à la santé (contre 11% l’an dernier), 17% un objet connecté de type électroménager (6% l’an dernier), 15% un objet connecté en lien avec la sécurité (6% en 2019) et 14% un objet connecté relatif à la domotique (5% l’an dernier).
Au total, plus d’une personne sur trois (37%, contre 16% l’an dernier) est équipée dans son foyer d’au moins un objet connecté.« La période du confinement, et donc le repli obligé sur la sphère domestique, commentent les analystes du Credoc, « a sans doute contribué à un renforcement de l’engouement pour l’équipement du foyer ».
- La hausse concerne les hommes (+ 22 points) et les femmes (+ 19 points), les bas revenus (+27 points) et les hauts revenus (+ 19 points), les moins diplômés (+ 25 points) et les diplômés du supérieur (+ 24 points), les ruraux comme les habitants de Paris et son agglomération (+ 21 points dans les deux cas).
- Seuls les 12-17 ans se singularisent avec un taux quasiment inchangé par rapport à l’an dernier : un tiers d’entre eux étaient déjà équipés alors qu’une majorité d’adultes de moins de 40 ans le sont cette année (60% des 18-24 ans et 50% des 25-49 ans, Graphique 19).
- L’influence du niveau de vie ou du niveau de diplôme sur l’équipement en objet connecté s’est un peu amoindrie, mais les plus diplômés (45%) restent, avec les titulaires des plus hauts revenus (44%), les habitants de Paris et son agglomération (44%) ou les cadres (54%) parmi les groupes les plus équipés en objets connectés.
- 28% des personnes interrogées disent, pour les quatre séries d’objets connectés étudiés, qu’elles ne pensent pas les utiliser probablement à l’avenir (54% l’an dernier).
Une perception du public plutôt mitigée quant aux effets positifs et négatifs des objets connectés
Le Baromètre « Les Français et les nouvelles technologies» de l’Ademe explore les attitudes du public à l'égard d'une série de technologies innovantes. Les objets connectés figurent, avec les applications pour smartphone, la 5G ou les compteurs communicants, parmi les sept technologies numériques que l’Ademe soumet aux personnes interrogées pour comprendre comment le public évalue les conséquences du développement de telle ou telle technologie .
Les répondant.e.s sont, dans un premier temps, invité.e.s à indiquer s’ils-elles considèrent les conséquences de chacune des technologies testées « comme positives ou négatives ». Et ce pour cinq grands domaines : la santé des utilisateur.trice.s, la sécurité des utilisateur.trice.s, l’environnement, la qualité de vie des utilisateur.trice.s au quotidien et l’économie de la France. L’enquête utilise une échelle de notation de zéro à dix: 0 signifiant des conséquences très négatives, 10 des conséquences très positives, 5 pas vraiment de conséquences.
Référence :
Parmi tous les développements technologiques testés dans cette enquête, les objets connectés obtiennent une note moyenne de 5,4 sur dix, ce qui situe les objets connectés en milieu de tableau, devant les compteurs communicants (5,3) et la 5G (5,1), innovations les moins bien notées.
Dans la seconde phase de cette enquête, des informations sont données aux personnes interrogées des informations concernant les objets connectés sous la forme d'arguments pour et contre. Après avoir pris connaissance des arguments pour et contre Le principal avantage que les objets connectés offrent, aux yeux de l’ensemble des répondant.e.s, est l’amélioration du confort et des services aux utilisateur.trice.s et la simplification du quotidien (respectivement 27 % et 37 %).
- 54 % des répondant.e.s déclarent alors que ces explications leur ont permis de mieux comprendre ce qu’étaient les objets connectés, 29% indiquent qu’ils connaissaient déjà ces informations. Au final, 83 % déclarent comprendre plutôt bien les objets connectés.
- 38 % se disent prêt.e.s à les utiliser et 12 % les utilisent déjà.
- 26% des répondant.e.s estiment que les objets connectés présentent plus d'avantages que d'inconvénients, 43% autant d'inconvénients que d'avantages.
- 30% estiment , en revanche, qu’ils-elles présentent plus d'inconvénients que d'avantages : un score relativement élevé commente l’Ademe : « seuls les véhicules électriques et la 5G font moins bien sur cette question ».
Parmi les principaux inconvénients des objets connectés, les répondant.e.s placent en tête l’augmentation de la consommation d'énergie et l’accroissement des émissions de GES (27 %), les problèmes liés à la cybersécurité (23 %) et l’accès aux données personnelles des utilisateur.trice.s (18 %).
Suivent l'augmentation de la consommation des ressources, hors consommation énergétique (11 %) et les inégalités entre ceux-celles qui y ont accès et ceux-celles qui n'y ont pas accès (10 %).
Risques des objets connectés pour la vie privée
La CNIL a proposé à cinq doctorants de mener une série d’analyses sur différents objets connectés ordinaires, achetés sur des boutiques en ligne : L’objectif était d’analyser à la fois la sécurité des objets (l’identification des points faibles par lesquels un.e utilisateur.trice non autorisé.e pourrait potentiellement s'introduire) et le traitement des données personnelles de l’utilisateur.trice. L’étude visait aussi à questionner le rapport bénéfice/risque face aux aspects de certains objets : « est-ce vraiment, par exemple, un atout d’avoir une caméra dans un réveil par rapport aux risques que cette caméra peut apporter ? ».
- des caméras de vidéosurveillance à bas coût,
- des jouets connectés,
- des dispositifs médicaux,
- des enceintes connectées.
L’analyse a mis en lumière d’importantes failles de sécurité :
« Les objets connectés étudiés ne partagent pas forcément les mêmes failles de sécurité ou la même politique de confidentialité, mais tous présentent des risques non négligeables. Sur les objets les moins onéreux, nous avons observé une absence de mesures de sécurité, sur les objets plus haut de gamme c’est principalement au niveau de l’information des personnes que des questions se posaient ».« Dans tous les cas », concluent les auteurs de l’étude, « les conséquences de ces risques pour la vie privée des utilisateurs sont importantes. En effet, cela peut aller de la récupération et la conservation de données personnelles à l’activation et l’utilisation par un tiers hors du foyer d’un objet filmant notre domicile ».
Référence :
Pourquoi connectons-nous les objets ? Des objets connectés aux objets communicants
« Les objets connectés, communicants, augmentés font rêver depuis de nombreuses années. On a longtemps annoncé « la révolution » qu’allait entrainer dans leur sillage tous ces objets. Si leur nombre ne cesse d’augmenter et leurs usages de se développer, si les objets communicants n’ont de cesse d’envahir notre quotidien, peut-on réellement parler de révolution ? »
La Revue Annales des Mines-Enjeux numériques, dans un numéro coordonné par Anne-Lise Thouroude se propose « de montrer le point de vue et la vision des différentes parties prenantes dans la création de valeur(s) des objets connectés, et ainsi d’ouvrir quelques portes pour éclairer le lecteur sur les évolutions des objets communicants ».
« La valeur intrinsèque des objets communicants serait-elle non pas dans les objets eux-mêmes mais dans le fait qu’ils communiquent, créant ainsi une chaîne de valeur » s’interroge, en introduction, Anne-Lise Thouroude. « En effet, pour que la valeur puisse être créée, il faut non seulement connecter les objets mais en collecter les données, les transporter, les analyser puis les valoriser et les partager. C’est de cet ensemble complet que naissent les applications concrètes et des bénéfices économiques ou sociétaux, autrement dit une création de valeur. La valeur des objets communicants s’articulerait alors autour de trois grands volets : les objets eux-mêmes, la connectivité, et enfin les données et leur traitement ».
- L’introduction de ce numéro est suivi par un retour sur l’imaginaire de l’Internet des objets et sur l’histoire des objets connectés.
- La première partie du numéro illustre la diversité des usages des objets communicants.
- La seconde partie dresse un tableau des technologies.
- La troisième partie (l’internet des objets personnels : un oxymore ?) Ouvre une réflexion sur les enjeux sociétaux que posent les objets connectés.
Référence :