Pendant le confinement du printemps, les parents ont dû s’improviser en pédagogues à domicile. Selon une enquête réalisée par Harris Interactive pour le Secrétariat d'état chargé de l'enfance et des familles 64% des parents ont jugé ce rôle facile à tenir. « Au-delà des contenus à inculquer, la seule maîtrise des outils numériques nécessaires au développement de cet apprentissage à la maison a constitué une première épreuve pour 44% des parents ayant été très directement confrontés à leurs limites en la matière ».
A partir de l’enquête Capuni Crise réalisée pendant le premier confinement auprès de 2317 Français, trois chercheurs du GIS Marsoin, Fabien Collas, Géraldine Guérillot et Pascal Plantard apportent des éclairages précieux sur la place et les apports du numérique comme appui au maintien des activités pédagogiques et éducatives pendant la période de confinement du printemps 2020.
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40 % des parents très impliqués dans l’accompagnement scolaire des enfants
41 % des parents déclarent avoir été « très impliqués » avec leurs enfants pendant l’épisode école à la maison du confinement : 31 % déclarent avoir été « impliqués mais pas le référent principal ».Parmi les parents « très impliqués » avec leurs enfants, 40 % estiment savoir réaliser aujourd’hui beaucoup plus de choses avec le numérique.
17 % des parents concernés par l’école à la maison ont rencontré des difficultés, dont 9 % liées à l’usage des technologies et 11 % liées au suivi scolaire.
L’analyse croisée des résultats permet de mieux saisir le profil des parents impliqués à titre principal et ceux qui l’étaient plutôt comme référent secondaire.
Le degré d’implication varie selon le genre : les hommes, quand ils étaient impliqués, l’étaient plus souvent (40 %) comme référent secondaire, même si 31 % l’étaient comme référent principal.
Il varie aussi selon la situation des personnes ou la composition des foyers. Les personnes sans activités professionnelles ainsi que les personnes seules avec des mineurs avaient plus tendance à ne pas s’impliquer dans l’accompagnement (42 % et 54 %).
Les personnes déclarant s’être améliorées avec le numérique durant le confinement étaient plus impliquées dans l’accompagnement scolaire.
Les foyers avec enfants scolarisés mieux équipés en outils numériques
Seuls 9 % des foyers avec enfants scolarisés n’ont pas d’ordinateur : plus de la moitié en possède 2 ou plus (54 %).La comparaison avec les données du Baromètre Numérique suggère que les familles avec des enfants scolarisés sont plutôt mieux équipées en outils numériques.
« Si le confinement a pu révéler des inégalités entre les familles, il a aussi montré que la notion de fracture numérique est caricaturale et idéologique. Personne n’est véritablement in ou out vis-à-vis du numérique. Résumer le décrochage des élèves de milieu populaire au manque d’équipement numérique, c’est faire fi des autres problématiques (économique, sociale, culturelle, etc.) qui touchent ces populations et qui expliquent en grande partie leur éloignement de l’institution scolaire »Des difficultés d’abord liées au niveau de diplôme et au vécu scolaire des parents
Quand les familles rencontrent des difficultés dans l’accompagnement des élèves, celles-ci sont imputables au niveau d’études des parents (et plus largement à leur rapport à l’école) plus encore qu’aux difficultés face à la technologie.Ainsi, parmi les « sans diplôme », 14 % reconnaissent des difficultés avec la technologie alors que 38 % déclarent avoir eu des difficultés avec le suivi scolaire.
« L’apprentissage expérientiel des pratiques numériques serait ainsi moins discriminant que le vécu scolaire des parents peu ou pas diplômés. Ce qui rejoint les travaux constatant le poids des déterminants sociaux et académiques sur l’accompagnement des élèves en situation de confinement »31 % des répondants considèrent savoir faire plus de choses avec le numérique. « Le bricolage numérique a néanmoins ses limites dans le sentiment d’auto-efficacité ». Il grimpe à 57 % chez les diplômés (Bac +3/+4) mais ne concerne que 15 % des personnes de niveau Bac ou inférieur au Bac.
Le confinement a stimulé la communication entre les familles et les enseignants
« C’est probablement là un des effets majeurs de la pandémie de 2020 que d’avoir augmenté la fréquence des échanges autour de la scolarité avec des différences notables entre le 1er et le 2nd degrés ainsi que dans les classes « pivot » que sont la grande section de maternelle, le CM2, la 3ème et la Terminale ».Pour les familles ayant des enfants scolarisés dans le 1er degré, les échanges avec les enseignants ont littéralement explosé pendant le confinement avec 65 % d’échanges habituels et 30 % d’échanges ponctuels. Lorsqu’on interroge cet échantillon sur la situation avant le confinement, 78 % répondent que ces échanges n’existaient pas.
Pour le second degré, les échanges avec les enseignants sont très proches de ceux du 1er degré avec 63 % d’échanges habituels et 31 % d’échanges ponctuels soit 94 %. « C’est la situation de départ qui était différente puisqu’avant le confinement, 55 % de ceux qui ont échangé pendant le confinement répondent que ces échanges n’existaient pas. Il s’agit plus d’un développement que d’une explosion ».
Fabien Collas, Géraldine Guérillot et Pascal Plantard proposent, dans cette note, une série d’observations complémentaires sur les enseignants (à partir d’une enquête réalisée auprès de 525 enseignants en Bretagne au printemps 2020) ainsi qu'auprès d'élèves.
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