La prise de rendez-vous pour la vaccination repose sur le site sante.fr, relayé par les trois plateformes : Doctolib, Maiia et Keldoc. Celles-ci permettent aux personnes éligibles (selon des critères d’âge ou médicaux) de s'inscrire dans un centre, même loin de leur lieu de résidence.
- Le dispositif d’inscription pour la vaccination a mis en lumière les inégalités numériques face au développement des outils numériques de santé. Le 17 février, une table ronde organisée par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale sur « le numérique en santé à l’heure de la crise sanitaire » a donné l'occasion aux députés d'interroger la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) et la Délégation ministérielle du numérique en santé (DNS) sur la fracture numérique mise en exergue par la crise du Covid-19.
Si la principale difficulté pour obtenir un rendez-vous résulte de la pénurie de vaccins (qui se traduit par l’absence de créneaux disponibles sur les plateformes), une autre difficulté résulte de la priorité donnée aux personnes de 75 ans et plus, souvent éloignées du numérique : elles doivent souvent se faire aider par des proches ou des soignants pour réserver un créneau sur ces plateformes.
Le Comité de contrôle et de liaison Covid-19 (CCL-COVID, chargé d’associer la société civile et le Parlement aux opérations de lutte contre la propagation de l’épidémie) avait recommandé, dans son avis du 19 juillet 2021, la mise en place d’un « dispositif d’accompagnement … pour les personnes qui ne parviennent pas à obtenir un rendez-vous pour une vaccination. Lorsqu’un système d’attente avec rappel ultérieur a été mis en place, il est impératif que ce celui-ci soit effectivement opérationnel. Les inégalités d’accès sont accentuées par la « fracture » numérique. Le dispositif de prises de rendez-vous doit, pour tous les territoires, inclure une solution pour les personnes sans téléphone et sans accès internet ».
En complément des plateformes de prise de rendez-vous en ligne, le gouvernement a ainsi mis en place, un numéro vert national : ouvert tous les jours de 6h à 22h, il redirige les personnes vers le standard téléphonique du centre le plus proche ou permet d’obtenir un accompagnement à la prise de rendez-vous.
Le cas de la Seine Saint Denis
« Nos habitants n'ont pas tous eu accès à la vaccination comme ils auraient dû », explique Pierre Laporte, vice-président du conseil départemental en charge de la Santé. « La fracture numérique touche un grand nombre de personnes en Seine-Saint-Denis. On ne peut pas demander à tout le monde d'aller sur Doctolib pour s'inscrire pour se faire vacciner. Il faut mettre en place des structures capables d'aller chercher les gens ».Plusieurs reportages (Libération, Le Parisien, France Télévision, France Inter, L’express) rapportaient qu’en janvier, les centres de vaccination en Seine Saint Denis voyaient « affluer des patients de départements voisins, plus connectés et plus au fait des possibilités de réserver des créneaux de vaccination en ligne. Résultat : les habitants du département sont souvent minoritaires dans les bénéficiaires du vaccin contre le Covid-19 ».
Selon le médecin responsable d’un centre de vaccination à Pantin : « On a ouvert nos disponibilités sur la plateforme Doctolib le 15 janvier. Le soir même, tous les créneaux étaient complets jusqu’à fin février. Quand on a vu les premiers patients CSP +, on a réalisé à quel point la fracture numérique et les inégalités sociales avaient encore frappé».
Depuis le 15 février, la CPAM a ouvert un centre de vaccination à Bobigny spécialement dédié aux populations éloignées des systèmes de soins. Les publics ciblés sont directement contactés par la CPAM, le Département de la Seine-Saint-Denis et les villes pour la prise de rendez-vous.
Le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis a également mis en place un bus de sensibilisation au vaccin. Depuis le 1er mars, des vaccinations s’effectuent donc aussi à bord de ce bus, mais uniquement auprès des publics de plus de 75 ans des résidences autonomie et des CCAS, sur rendez-vous.
Références :
Des initiatives publiques et privées pour accompagner la prise de rendez-vous
Sur l’ensemble du territoire, de nombreux centres de vaccination, confrontés à l’encombrement du système d’inscription en ligne, ont entrepris en février de réserver une partie des rendez-vous disponibles aux personnes qui ne parvenaient pas à obtenir de rendez-vous en ligne. Certains centres ont ainsi édicté «une règle des trois parties» pour les nouvelles doses attendues : une partie réservée au public qui prend rendez-vous en ligne, une autre pour les personnes repérées par les services sociaux et les CCAS et enfin une troisième pour les personnes proposées par les médecins traitants.De nombreuses collectivités, pour leur part, ont entrepris de dresser des listes d’attente afin de rappeler les personnes eligibles pour les informer de l’ouverture de nouveaux creneaux dans les centres de vaccination, en fonction des doses disponibles.
Des entreprises de services a la personne, comme l’APEF, proposent à leurs clients de prendre rendrez-vous a la place. La société Bluelina (qui intervient auprès de 1 000 Ehpad et de 30 000 personnes âgées à domicile) a reçu de la plateforme Doctolib, le statut de régulateur afin de de prendre rendez-vous directement à la place des personnes.
A partir du 15 mars, les pharmacies pourront délivrer les vaccins. A cette fin, les personnes concernées pourront se rendre directement l’officine, l'appeler, ou passer par une nouvelle plateforme, Ordoclic, qui inclut prise de rendez-vous, gestion administrative et suivi post-vaccinal personnalisé.
Référence :
Les initiatives du Conseil du numérique en santé autour de la fracture numérique
A l’occasion de la table-ronde organisée le 17 février par la Commission des Affaires sociales, Giovanna Marsico, déléguée au Service public d’information en santé, a présenté les travaux du Conseil Numérique de Santé autour de la fracture numérique.
Dans le cadre d’un groupe de travail permanent, le Conseil du numérique en santé a commencé à travailler sur trois actions :
- le diagnostic des capacités numériques des individus
- l’élaboration de formations adaptées pour faire monter en compétences les capacités des personnes concernées, mais aussi des professionnels
- la création d’un outil cartographique permettant de diagnostiquer la couverture sur le territoire, superposée à l’offre de soin.
Référence :
Sources
- 1. Libération : En Seine-Saint-Denis, la fracture numérique creuse la fracture vaccinale
- 2. A bord du bus d’information et de vaccination Covid du Département
- 3. Vaccination : généralistes et centres de santé alertent sur les inégalités
- 4. Table ronde sur le numérique en santé à l’heure de la crise sanitaire. Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale (17 fevrier 2021)