Au travers d’entretiens et d’ateliers dans 10 pays, cette enquête a permis saisir la diversité des activités et métiers humanitaires, leur évolution, les compétences que ces activités requièrent et de leur degré de professionnalisation.
Selon cette enquête, les évolutions de l’action humanitaire (modèles socio-économiques, réglementations, défis en matière de sécurité, conditions climatiques en évolution) confrontent les professionnels humanitaires a cinq « changements »
- Les humanitaires doivent posséder de plus grandes connaissances en matière de nouvelles technologies.
- Le travail des humanitaires a changé de manière significative afin de s’adapter aux programmes de transfert monétaire.
- Les humanitaires travaillent de manière plus rapprochée avec leurs collègues d’autres domaines professionnels humanitaires.
- Les humanitaires passent plus de temps à répondre aux exigences de conformité des bailleurs.
- Les humanitaires pratiquent de plus en plus la gestion à distance.
Numérisation de l’action humanitaire
Parmi les approches émergentes dans le travail humanitaire facilitées par les avancées des nouvelles technologies, l’etude SOPHP mentionne, en premier lieu, l’importance croissante des programmes de transferts monétaires, « de plus en plus considérés comme une approche à la fois plus rapide, plus efficace et plus centrée sur les bénéficiaires … Bien que l’aide par transferts monétaires soit utilisée depuis des dizaines d’années, sa récente explosion a créé un domaine professionnel très rapidement. Des efforts significatifs ont été entrepris afin d’en garantir la qualité par des pratiques coordonnées d’apprentissage et de certification ».l’Etat des lieux des métiers humanitaires évoque, par ailleurs, l’utilisation de la cartographie participative, de l’imagerie satellite, de l’intelligence artificielle, de l’analytique des données massives (big data), de la blockchain, ainsi que des réseaux sociaux et des technologies mobiles.
« La gestion de l’information est peut-être le domaine du travail humanitaire le plus récent et dont la croissance est la plus rapide. Ses professionnels semblent réticents à l’identifier en tant que métier. Pourtant, des référentiels de compétences semblent y avoir été définis rapidement ». « Tandis que les organisations humanitaires s’adaptent pour inclure la technologie dans leurs futures actions humanitaires, ils vont avoir besoin de professionnels compétents dans ces domaines. Cela entraînera le recrutement de spécialistes, augmentera le nombre d’initiatives de développement professionnel pour tous les employés et fera des compétences numériques une exigence de base pour toutes les professions ».L’étude a identifié 24 domaines professionnels, regroupés en deux catégories :
- Métiers fonctionnels : Plaidoyer, transferts monétaires, communication, relations bailleurs et gestion des subventions, gestion financière, gestion des ressources humaines, technologies de l’information et de la communication, gestion de l’information, coordination inter-agences, logistique, SERA (suivi, évaluation, redevabilité, apprentissage), gestion de projet, sûreté et sécurité.
- Métiers thématiques. Coordination et gestion de camp, éducation, sécurité alimentaire et moyens de subsistance, santé, assistance juridique, action contre les mines, nutrition, maintien et consolidation de la paix, protection (incluant diversité et inclusion), abris, installations et produits non alimentaires, EHA (eau, hygiène et assainissement).
Le numérique humanitaire : un métier à part entière
Cette activité numeéique existe depuis longtemps, mais elle était auparavant du ressort des équipes logistiques. « Au cours des dix dernières années, les technologies de l’information et de la communication sont véritablement devenues un métier à part entière ».Les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le secteur humanitaire se focalisent principalement sur le soutien opérationnel aux autres équipes humanitaires. On peut y inclure la fourniture et la maintenance de matériel et de services informatiques, tels que l’accès internet et la mise en place d’un réseau de télécommunications sécurisé ; mais également la sélection, l’installation et la gestion des systèmes d’exploitation et des logiciels.
L’enquête souligne une hausse significative des programmes de préparation aux catastrophes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. « La préparation aux catastrophes en TIC humanitaire consistait en effet essentiellement à former le personnel interne et à préparer les systèmes de sa propre organisation. Aujourd’hui, on appelle ces activités « planification pour les urgences ». Ce qu’on entend aujourd’hui par « préparation aux catastrophes » dans le domaine des TIC sont les actions mises en place pour permettre aux gouvernements et aux communautés de mieux se préparer aux situations d’urgence. Cela peut comprendre par exemple la mise en place de procédures permettant de réinstaller les réseaux de télécommunication après une catastrophe ».
L’étude pointe un déséquilibre de genre et d’âge parmi les professionnels humanitaires des TIC : les hommes y sont généralement plus présents que les femmes, et le personnel a tendance à être jeune. Elle pointe également « un manque de candidats qualifiés pour les postes de management, précisant que les personnes semblent posséder soit des compétences techniques, soit des compétences managériales, mais rarement les deux ».
753 humanitaires ont contribué à une enquête en ligne. Les résultats recueillis lors des entretiens et de l’enquête ont ensuite été discutés dans onze ateliers locaux, : au Bangladesh, au Burkina Faso, en Colombie, en France, au Sénégal, en Sierra Leone, en Suisse, en Ouganda, au Royaume-Uni et aux USA.
Bioforce est un centre de formation et d'orientation professionnelle pour les métiers de l'humanitaire.
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