Sur le site The Conversation, Divina Frau-Meigs, coordinatrice du programme de recherche TRANSLIT, présente les principaux résultats de ce programme.
TRANSLIT avait pour objectif de « comprendre les usages et les apprentissages pour maîtriser l’information (comme donnée, actualité et document) dans le numérique».
Cette recherche était largement articulée autour de la notion de translittératie, définie comme « la maîtrise des trois cultures de l’information : médias, information, et informatique».
- L’infomédia fait valoir des compétences éditoriales et critiques (écrire, publier et diffuser).
- L’info-doc fait valoir des compétences organisationnelles (chercher, vérifier et naviguer).
- L’info-data fait valoir des compétences opératoires (coder, designer, participer)».
Le numérique : « un agencement multimodal complexe des trois littératies associées aux trois cultures de l’information : médiatique, informationnelle et informatique »
L’observation a porté, notamment, sur des jeunes de 15 à 18 ans, en situation scolaire et en situation périscolaire (dans des « tiers lieux) en vue d’identifier les compétences engagées par les élèves comme par les formateurs dans leur construction de connaissances.- En situation scolaire, « les pratiques relèvent plutôt de l’hybridation et de la contamination des modèles d’activités et des références entre numérique et « papier » (arborescences, codes couleurs, indexation, références culturelles). (…) La réutilisation de compétences non scolaires, numériques notamment, dépend fortement de l’attitude des enseignants, encourageante ou pas, et de l’accompagnement qu’ils peuvent mettre en place pour diminuer le stress causé chez beaucoup d’élèves par le sentiment d’incompétence. Ceci est en rupture par rapport au présupposé des compétences des digital natives : être connecté ne suffit pas à être compétent».
- En situation périscolaire, dans les « tiers lieux », « la co-construction et la co-régulation des pratiques s’élaborent de facto lorsque les représentations pédagogiques des intervenants le permettent. Plus les représentations scolaires sont prégnantes et plus la créativité et les pratiques multimodales des apprenants sont bridées. La démarche interpersonnelle et proactive des médiateurs au sein du dispositif est celle qui déclenche ou au contraire bride l’interaction au sein de l’espace investi par le biais des usages numériques».
Les enquêtes réalisées dans le cadre de TRANSLIT mettent ainsi en évidence « la nécessité d’un accompagnement des activités infocommunicationnelles des élèves : un rapport « décomplexé » et utilitaire aux technologies ne suffit pas. La maîtrise des outils numériques ne s’improvise pas et le déficit de culture générale en lien au numérique doit aussi être comblé pour sortir de l’impensé actuel, sous-tendu par des représentations dans lesquelles «le numérique» domine sans toutefois être considéré comme un objet de connaissances et de compétences ».
« Les résultats pointent une situation française très hétérogène, avec des risques d’augmentation de la fracture numérique mais aussi avec des avancées dans l’identification des freins et des facteurs facilitant la transition numérique ».Ils attirent l’attention sur le point névralgique de l’articulation entre multimodalité et translittératie et alertent sur la nécessité de cartographier et de « référencialiser » les compétences requises.
Le projet de recherche TRANSLIT, a commencé en mars 2013 et a fini en décembre 2016, pour une durée de 36 mois, prolongé de 9 mois. Il a bénéficié d’une aide de l’Agence Nationale de la recherche (ANR) de 286 000 €.
Références :