Dans l’attente des résultats de l’enquête statistique sur les conditions de travail, une enquête réalisée en 2017 par le CEREQ auprès de 6 741 salariés a permis de réaliser une typologie des utilisateurs des outils numériques en entreprise.
Selon cette enquête, en 2017, 84 % des salariés utilisent au moins une fois par mois dans un but professionnel, un ou plusieurs outils connectés à un réseau interne ou externe tels que le mail, intranet, la gestion documentaire partagée, des services dématérialisés, des sites Internet, les réseaux sociaux, une messagerie instantanée, des blogs ou des forums.
Comment les salariés utilisent-ils les TIC dans le cadre de leur travail ? Pour répondre à cette question, Marion Lambert (Céreq) a construit une typologie qui repose sur la prise en compte des types d’outils utilisés ainsi que les raisons de cette utilisation telle que déclarées par les salariés.
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- Les « nomades » (16 % des salariés) : ils se différencient par un recours très important aux outils de communication instantanée. En lien avec leur communauté professionnelle, ils utilisent intensément les réseaux sociaux. Il s’agit surtout pour eux de maintenir le contact, notamment lorsqu’ils travaillent en dehors des locaux de leur entreprise. Ces technologies nomades, associées à des pratiques favorisant la communication et le partage, contribuent à la mise en place d’un travail collaboratif. Cet environnement est d’autant plus encouragé que les pratiques de management et la « culture » d’entreprise rendent propices les coopérations entre salariés. Plus souvent diplômés du supérieur (63 % ont un diplôme supérieur au bac), ces salariés occupent en conséquence plus souvent des postes qualifiés (58 % sont cadres) dans de grandes entreprises des secteurs des services aux entreprises et de la finance/assurance. En toute logique, les professions les plus fréquemment représentées dans ce premier profil sont celles d’ingénieurs en informatique, d’employés administratifs et de cadres commerciaux.
- Les « relation clients » (16 % des salariés) :forts utilisateurs du mail et des moteurs de recherche, ce sont également des salariés très connectés. Ils se distinguent par un usage des TIC essentiellement orienté vers la communication sur leur entreprise et la gestion de la relation avec leurs clients ou prestataires. Ce sont plus souvent des diplômés du supérieur (59 % ont un diplôme supérieur au bac) et des femmes (46 % contre 38 % dans l’ensemble), occupant plutôt des postes qualifiés (agents de maîtrise) dans des entreprises du commerce. Les professions paramédicales, d’attachés commerciaux et de secrétaires sont ici surreprésentées.
- Les « tâches en ligne » (25 % des salariés): si leur utilisation est très orientée vers la recherche d’information, les salariés de cette classe se distinguent en outre par un recours à des outils qui facilitent la coordination en interne. En automatisant un processus allant de la demande à la décision, ces outils permettent également l’information des personnes concernées. Diplômés du supérieur, ces salariés occupent des postes d’agents de maîtrise ou de techniciens avec une ancienneté moyenne plus importante que les autres (27 % ont plus de 20 ans d’ancienneté, contre 19 % pour l’ensemble). Les professions d’employés administratifs, de la banque et des assurances, de secrétaires et de techniciens de la maintenance y sont surreprésentées.
- Les « recherche d’emploi » (13 % des salariés): dans le cadre de leur activité, ils ont un recours aux outils connectés assez faible et lorsqu’ils les utilisent, c’est avant tout pour se documenter ou rechercher un emploi, des tâches assez périphériques à leur travail. Très jeunes (42 % sont âgés de moins de 35 ans), ils sont moins diplômés que la moyenne (la moitié n’ont pas le bac) et occupent des postes d’employés ou d’ouvriers. Ils travaillent plus souvent dans de très petites entreprises (près de la moitié d’entre eux sont dans une entreprise de moins de 20 salariés) des secteurs du transport et de l’hôtellerierestauration. Les professions d’employés de l’hôtellerie et de la restauration, d’infirmiers et de conducteurs de véhicules y sont surreprésentées.
- Les « distants » (14 % des salariés) :leur recours aux outils connectés, très faible, se limite au mail et à l’intranet. Moins orientés vers la recherche d’information et la communication, l’utilisation des outils informatiques offre peu d’occasion d’échanges et de partages. Peu diplômés, ces salariés occupent plus souvent des postes d’employés ou d’ouvriers qualifiés dans des fonctions de production et d’exploitation. Ils exercent plus souvent dans les secteurs des transports et de la fabrication de produit industriel, au sein de structures de taille moyenne (250 à 449 salariés). Les professions d’agents d’entretien, de vendeurs, de conducteurs et d’ouvriers qualifiés de l’industrie y sont surreprésentées.
16 % de salariés « non connectés »
Cette typologie n’épuise pas la population étudiée, qui comprend également 16 % de salariés « non connectés » qui n’utilisent aucun de ces outils. Ce qui n’exclut pas l’utilisation occasionnelle d’un équipement numérique : 24 % d’entre eux ont ainsi recours à un ordinateur dans leur travail, mais leur usage ne nécessite pas une connexion à un réseau interne ou externe.- Ces salariés sont plus âgés que la moyenne (55 % ont plus de 45 ans), plus souvent des hommes, peu diplômés (1/4 n’ont aucun diplôme) et occupent des postes peu qualifiés. Ils exercent des fonctions de production, de chantier, de gardiennage ou de nettoyage, dans les secteurs de la construction ou de l’industrie agroalimentaire.
- Les professions d’ouvriers du bâtiment, d’ouvriers des industries de process, de conducteurs de véhicules et d’agents d’entretien, sont surreprésentées.
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