Une étude de référence pilotée par l’Arcep, le CGE, l'Arcom et l’ANCT
Initiée en 2000, cette étude a pour objectifs :
- de mesurer l’adoption par les Français des équipements et étudier les pratiques numériques ;
- de détecter les inégalités d’accès et de compétences qu’elles soient volontaires ou subies ;
- de permettre à la puissance publique puisse d'anticiper les grandes tendances et mettre en œuvre une politique favorisant l’appropriation du numérique par tous.
En 2024, L’enquête s’est déroulée du 5 juillet au 6 août 2024 auprès de 4 066 personnes résidant en France métropolitaine, réparties en trois populations cibles distinctes (12 à 17 ans, 18 ans et plus, 18 ans et plus éloignés du numérique), avec des questionnaires adaptés et des quotas spécifiques, et grâce à deux types de recueil :
- En ligne : 3 257 personnes de 18 ans et plus ont été interrogées dans l’enquête conditions de vie (CDV). Et 208 personnes âgées de 12 à 17 ans ont été interrogées en complément, après recueil de l’accord préalable de l’un des parents.
- Par téléphone : 601 personnes de 18 ans et plus appelées dans le rapport « éloignées du numérique » (ne disposant pas, à leur domicile, d’une ligne de connexion fixe à internet) ont été interrogées avec des quotas issus de l’enquête TIC de l’Insee.
- Le questionnaire et la démarche sont adaptés pour les mineurs.
- Les résultats sont redressés et représentatifs de l’ensemble de la population des personnes de 12 ans et plus.
Données ouvertes
L’ensemble des données de l’enquête depuis 2007 est disponible en open data sur le site data.gouv.fr.
Les documents du Baromètre du numérique 2024
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Les Français, toujours plus internautes
Les internautes, quel que soit le mode de connexion, n'ont jamais été aussi nombreux : 94 % des 12 ans et plus se connectent désormais à internet (+3 points par rapport à 2023), et 82 % tous les jours. Le smartphone est l’équipement numérique le plus répandu : 91 % de la population en possède un, devant l’ordinateur (89 %) ou la tablette (54 %). Son adoption par les 12-17 ans est presque systématique (96 %) et les 70 ans et plus en sont de plus en plus équipés (70 %, +8 points en un an). La possession de smartphones compatibles avec le réseau 5G, en particulier, s’est accélérée (+13 points en un an pour atteindre 44 % de détention au sein de l’ensemble de la population).

Les enceintes connectées rencontrent elles aussi un intérêt croissant : 33 % de la population dispose d’une enceinte connectée (+4 points en un an). Plus généralement, les objets connectés se sont largement diffusés ces dernières années dans la population, qu’il s’agisse d’objets relatifs à la santé, à la sécurité, à la domotique ou à l’électroménager. Le taux de possesseur d’au moins un de ces objets s’élève à 40 % en 2024.
La diffusion de la fibre sur l’ensemble du territoire accompagne les besoins en connectivité : parmi les 84 % de détenteurs d’une connexion internet fixe à domicile en 2024, 75 % disposent d’un abonnement sur technologie fibre ou câble, alors que le cuivre (DSL) était encore majoritaire quatre ans auparavant, en 2020. L’année 2024 a également été marquée par une forte progression du taux d’abonnés au réseau en fibre optique dans les communes les moins densément peuplées, de moins de 20 000 habitants. Ce taux d’équipement s’élève désormais à 69 % soit un niveau proche de celui de l’ensemble de la population.

Les réseaux mobiles sont également de plus en plus utilisés comme mode de connexion principal, notamment chez les plus jeunes : 19 % des 18‑24 ans (+9 points par rapport à 2020) et 15 % des 25‑39 ans (+7 points par rapport à 2020) utilisent exclusivement leur connexion mobile pour utiliser internet.

Sur le plan des usages également, les smartphones concentrent les pratiques numériques : 80 % de la population utilise quotidiennement un téléphone mobile ou un smartphone, soit une progression de 4 points en un an. Sur la même période, l’usage quotidien de l’ordinateur marque un léger recul (55 %, ‑3 points), les tablettes restant moins utilisées (22 %, -1 point).
Si les jeunes de 12‑17 ans sont, depuis de nombreuses années, environ neuf sur dix à utiliser quotidiennement leurs smartphones, les personnes âgées de plus de 70 ans sont également de plus en plus connectées. En 2024, elles sont près des deux tiers à en avoir un usage quotidien. Elles étaient moins de quatre sur dix en 2017. Ces dernières y consacrent néanmoins un nombre d’heures bien moins élevé : 56 % des 18‑24 ans déclarent y passer plus de 2 heures par jour, contre 19 % des 70 ans et plus.

Ce sont tous les usages sur mobile qui progressent : 89 % des répondants utilisent leur smartphone pour naviguer sur internet (+4 points en un an), 85 % pour envoyer des messages via des applications de messageries instantanées (+5 points) ou encore 78 % pour téléphoner via des applications (+4 points) et tout autant pour télécharger des applications (78 %, +6 points). En outre, 28 % des détenteurs de smartphone déclarent utiliser leur appareil pour des paiements sans contact, en particulier les 18-24 ans (49 %).

La diffusion des usages d’internet et des services associés suscite de nouveaux enjeux. Le règlement sur les marchés numériques ou Digital Market Act (DMA), entré en application le 6 mars 2024 dans toute l’Union européenne, a pour objectif de garantir l’équité et l’ouverture des marchés numériques. Si 82 % des détenteurs de smartphone utilisent le plus souvent le navigateur proposé par l’OS par défaut, quatre mois après l’entrée en vigueur de ce règlement, un quart des utilisateurs qui ont eu connaissance de cette disposition règlementaire ont changé de navigateur.
Pour certains services, comme les services de stockage en ligne sur le cloud, le choix de l’hébergeur est également souvent fait par défaut. Ainsi, parmi les 50 % d’utilisateurs utilisant ces services, 41 % des utilisateurs d’un espace de cloud gratuit et 25 % de ceux utilisant un service payant déclarent avoir choisi l’option proposée par défaut (par exemple intégrée à leur système d’exploitation ou à d’autres services associés).
La consommation de programmes TV et de contenus audio en direct via le téléviseur et le poste de radio est majoritaire, avec le développement d’usages en ligne et en différé, notamment chez les plus jeunes
En 2024, les Français restent très attachés à la télévision. Si le multi-équipement tend à diminuer, plus de 9 sur 10 (94 %) d’entre eux détiennent au moins un poste de télévision et 92 % regardent des programmes télévisuels, le plus souvent sur un téléviseur (87 % d’entre eux). En revanche les jeunes, s’ils consomment toujours des programmes de télévision, ont un usage plus marqué des autres écrans numériques pour les visionner : près de la moitié des 18-24 utilisent le plus souvent un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
Dans l’ensemble, lorsque le visionnage se fait sur un smartphone, un ordinateur ou une tablette, c’est avant tout pour pouvoir regarder les programmes au moment souhaité (42 % des premières réponses), ou en mobilité, par exemple dans les transports en commun ou en voyage (19 %).
De façon générale, les programmes des chaînes de télévision sont majoritairement regardés en direct (91 % des téléspectateurs en moyenne sur l’ensemble des programmes, avec une variation allant de 80 % pour les 18-24 ans à 98 % pour les 70 ans et plus), et ce quel que soit le type de programme. Cependant, avec les possibilités techniques offertes par l’essor de la télévision connectée et la numérisation en général, 43 % des téléspectateurs visionnent au moins un type de programme en différé, et en particulier les films et séries et les programmes musicaux. Ce type de visionnage est globalement davantage adopté par les plus jeunes : 72 % des 18-24 ans concernés déclarent des consommations en replay, une part qui tombe à 25% chez les 70 ans et plus. Le support utilisé influence également fortement le mode de visionnage. En effet, les consommateurs de programmes TV sur ordinateur et sur smartphone accèdent plus fréquemment à des contenus en différé qu’en direct et si le visionnage en direct est plus systématique pour les utilisateurs du téléviseur, 47% des équipés en smart TV déclarent recourir au différé.

Enfin, le développement du visionnage en différé s’accompagne d’une adoption des services de vidéo à la demande (VOD). Dix ans après l’arrivée des premières plateformes, en 2024, 56 % des personnes âgées de 12 ans et plus déclarent disposer d’au moins un abonnement VOD, pouvant comprendre plusieurs comptes permettant de regarder des séries ou des films sur plusieurs simultanément.

Les habitudes en matière de contenus radiophoniques et audio évoluent également à l'aune de la numérisation de la société et l’écoute par internet se renforce. Près d’un tiers (30 %) des auditeurs de radio ou de contenu audio privilégient aujourd’hui l’écoute par internet - un taux en augmentation de 4 points en un an - et 12 % écoutent leurs programmes à la fois via le réseau hertzien et via internet.

L'écoute via internet est principalement motivée par des raisons pratiques pour deux tiers des auditeurs concernés : 65 % mentionnent une raison en lien avec la possibilité d’écouter la radio ou des contenus audio au moment souhaité (en différé, à la demande), à l’endroit souhaité (dans les transports en commun, à pied, au travail) ou sur l’équipement souhaité (smartphone, tablette, ordinateur).
Comme pour la télévision, quel que soit le type de programme, l’écoute en direct prime : 85 % des auditeurs écoutent au moins un programme en direct, contre 19 % en différé et 29 % en direct ou en différé via une plateforme audio ou vidéo en ligne telle que Deezer, Spotify ou YouTube. L’écoute en différé est particulièrement appréciée pour les émissions, débats et reportages (16 %).
Un rapport ambivalent au numérique, entre connexion intensive et désir de déconnexion
Les usages d'internet sont multiples et répandus au sein de la population : 75 % des Français y recherchent des itinéraires pour se déplacer, 67 % y prennent leurs rendez-vous médicaux, 31 % y défendent des causes, par exemple sous forme de pétition, 29 % y cherchent un logement à louer ou à acheter et tout autant (29 %), y cherchent un emploi.
Les démarches administratives en ligne sont devenues une pratique courante pour une large majorité de la population française. En 2024, 73 % des Français ont effectué une démarche administrative sur Internet au cours des douze derniers mois, marquant une hausse de 2 points par rapport à 2022. Ces démarches sont en hausse chez les plus âgés (50 %, +7 points parmi les plus de 70 ans) mais en retrait parmi les plus jeunes (45 %, -6 points parmi les 12 à 17 ans).
Après un recul en 2023, les achats en ligne de biens non alimentaires, progressent à nouveau en 2024 et renouent avec les niveaux observés en 2022. 77 % de la population française en a réalisé un (+4 points en un an). Toutes les catégories de la population sont concernées, à l’exception des 18-24 ans, plus durement touchés par l’inflation (69 % d'achats réalisés par cette tranche d'âge en 2024 contre 82 % en 2022).
L'habillement est tout particulièrement propice à un achat en ligne : 56 % des Français ont acheté de l'habillement sur Internet, devant les livres ou la musique (40 %) dont l'acquisition via le numérique a toutefois bondi depuis 2006 (+26 points) avec l’essor des plateformes d’abonnement.
Les services et les produits alimentaires attirent également : 38 % ont effectué des réservations d'hôtel ou de location pour les vacances sur internet, 33 % ont commandé des billets de train ou d'avion et 33 % ont acquis des produits alimentaires.
Les pratiques de consommation sur Internet concernent également la seconde main : 52 % ont moins réalisé un achat ou une vente au cours des douze derniers mois sur des sites internet spécialisés dans la seconde main.
Autre usage-phare d'internet, la fréquentation quotidienne des réseaux sociaux s'accroît : 75 % des internautes consultent au moins une fois par jour un réseau social (+3 points en un an). La consultation de ces réseaux sociaux est souvent plus passive qu'active. 62 % des utilisateurs de réseaux sociaux lisent les contenus et commentaires publiés par d'autres tous les jours mais seuls 29 % partagent ou commentent ces contenus créés par d'autres quotidiennement. Un sur cinq (19 %) publient quotidiennement des contenus qu'ils ont eux-mêmes créés (textes, vidéos, photos…). Les disparités selon l'âge sont importantes : seuls 45 % des 70 ans et plus publient du contenu personnel sur les réseaux sociaux, que ce soit tous les jours ou moins souvent, contre 76 % des 12-17 ans.

Sous l'effet de ces multiples usages, 41 % de la population déclare passer plus de trois heures par jour devant les écrans pour un usage personnel, dont la moitié, soit 20 % de la population, plus de 5 heures par jour. Cette utilisation des écrans va de pair avec le sentiment d’y passer trop de temps. Plus de quatre personnes sur dix indiquent que le temps qui leur est consacré est trop important. En outre, le sentiment d’une utilisation trop intensive des écrans croît avec leur usage. En effet, 57 % des personnes indiquant regarder des écrans plus de 5 heures par jour considèrent y consacrer trop de temps, comme 45 % des personnes y restant entre 3 et 5 heures contre un quart (25 %) de celles y passant 2 heures par jour ou moins.



De façon générale, 65 % de la population préfère accomplir une activité de leur vie quotidienne en se déplaçant, de manière physique, plutôt qu'en ligne. 82 % privilégient par exemple le déplacement en magasin pour leurs courses alimentaires et 64 % pour leurs vêtements.
En outre, 85 % des Français préfèrent faire des rencontres en personne dans des lieux de leur vie quotidienne plutôt que sur internet, qui paraît devenir un espace à la sociabilité plus ciblée que par le passé. Ainsi, le nombre de Français l'ayant utilisé pour retrouver des anciennes connaissances (39 %, -11 points) et pour nouer de liens avec de nouvelles personnes (34 %, -10 points) est en forte baisse par rapport à 2019. Seule exception, la sociabilité à des fins de rencontre amoureuse a progressé, de 15 % en 2019 à 19 % en 2024.
L'inquiétude pour le manque de protection des données personnelles, qui avait considérablement reculé depuis 2019, a progressé de 13 points en l'espace d'un an (33 %). Cette résurgence pourrait s'expliquer par l’émergence de nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, qui posent la question de la gestion des données de manière nouvelle. Et de fait, la méfiance à l'égard de l'intelligence artificielle reste majoritaire au sein de la population (56 %). Les risques de destruction d’emploi (62 %) et les conséquences négatives concernant la création artistique (53 %) sont les deux motifs d'inquiétude les plus fréquemment associés au développement des intelligences artificielles, suivis de près par les dégâts causés sur l’environnement (consommation accrue de ressources), le développement durable (48 %) ou les craintes des impacts sur l'éducation et la formation (47 %).
L'usage des outils d'intelligence artificielle progresse fortement : 33 % des Français en ont déjà utilisé en 2024, contre 20 % en 2023. Les usages dans le cadre de la vie privée dominent (26 %, +10 points en un an), et dépassent de peu ceux liés à la vie professionnelle (22 %, également +10 points sur la même période). La méfiance vis-à-vis de ces outils d'intelligence artificielle recule avec l'usage personnel de ceux-ci : seules 26 % des personnes ayant déjà utilisé l'un de ces outils se méfient de l'intelligence artificielle (vs. 71 % de celles n'en ayant jamais utilisé), laissant augurer une meilleure acceptation future de ces outils.

Environnement : le numérique face aux arbitrages économiques et écologiques des utilisateurs
Pour limiter la croissance de l’impact environnemental du numérique, estimé notamment dans une étude conjointe de l’ADEME et de l’Arcep, différentes recommandations ont été faites comme le choix d’appareils et d’usages plus vertueux, la limitation du nombre d’appareils détenus ou encore l’allongement de leur durée d’usage.
En 2024, les ménages détiennent en moyenne 9,6 appareils numériques avec écran, dont 1,8 sont inutilisés et pourraient être recyclés ou vendus. La baisse du nombre d'appareils numériques à écran recensés est sensible : ‑0,7 appareil par foyer en un an. Cette baisse concerne essentiellement des appareils non utilisés. Sur 100 appareils numériques avec écran détenus par les ménages, 19 sont inutilisés en 2024 (contre 23 un an plus tôt).


Les smartphones inutilisés sont par exemple en majorité conservés : 52 % des répondants indiquent avoir conservé leur ancien smartphone, tandis que celui-ci a été donné ou vendu dans 26 % des cas, et déposé dans un objectif de recyclage pour 20 % de la population. Bien que le recyclage soit encore une pratique minoritaire, la part de la population y ayant recours augmente en 2024 : +5 points par rapport à 2023.
Autre évolution intéressante : les détenteurs de smartphone semblent plus enclins à conserver longtemps leur appareil. En 2024, plus du quart des détenteurs de smartphone l'ont depuis trois ans ou plus : ils n'étaient que 16 % quatre ans auparavant. L’âge est le principal facteur influençant la durée de détention : naturellement, les plus jeunes détiennent des appareils très récents. Les personnes de 60 ans et plus n'hésitent pas, en revanche, à les conserver plus longtemps (43 % des 70 ans et plus les détiennent depuis plus de trois ans, contre 27 % de l'ensemble des personnes équipées en moyenne et 14 % des 18-24 ans).

On note également, entre 2020 et 2024, que les remplacements de smartphone sont davantage réalisés par nécessité (70 %, + 8 points) et qu’ils répondent moins souvent à un achat « plaisir » (21 %, ‑ 4 points). Cette tendance intervient néanmoins dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat des ménages, de nature à expliquer ces mouvements.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC), adoptée en février 2020, a pour objectif de transformer le modèle économique en promouvant l’économie circulaire et en réduisant les déchets. Un des axes de la loi AGEC est de mieux informer les consommateurs. A ce titre, les opérateurs internet et de téléphonie ont maintenant l’obligation d’informer leurs clients sur l’empreinte carbone de leurs consommations de données numériques. Cette mesure est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2022.
Interrogés sur leur connaissance de ces nouvelles dispositions, la majorité de personnes disposant d'une connexion fixe à internet (62 %) ignore que leur opérateur leur fournit des informations sur l’impact carbone lié à leur consommation. Environ un tiers des personnes informées ne consultent en outre pas ces données ou seulement très rarement. Enfin, parmi les personnes qui en prennent connaissance, un peu plus de la moitié, soit 14 % de l'ensemble des personnes de 18 ans et plus disposant d'une connexion fixe à internet à domicile, disent que cela les incite à limiter leur consommation de données. Il en est de même pour les abonnés mobiles. La limitation de la consommation de données est en effet rarement identifiée comme un levier de réduction de l'empreinte environnementale du numérique : en 2023, 20 % de la population de 12 ans et plus disposant d'une connexion fixe à internet à domicile considéraient la limitation de sa consommation de données sur les réseaux mobiles comme l'un des trois usages les plus efficaces et seuls 13 % mentionnaient la limitation de sa consommation de données sur les réseaux fixes.
Pour l’heure, si la législation est respectée et que les opérateurs communiquent effectivement ces informations, il reste à réaliser beaucoup d'actions d'information et de sensibilisation du public pour que celui-ci sache que ces informations existent, puis qu'il en prenne connaissance pour que, in fine, il soit incité à modifier ses pratiques et donc sa consommation.

Appropriation du numérique : malgré une population française plus à l'aise, des freins persistants aux usages du numérique et un souhait d'être accompagné pour remédier aux difficultés
L’effet du numérique dans la vie des Français est très dépendante du contexte socio-culturel. Globalement, deux tiers des Français (67 %) estiment que le numérique facilite leur vie quotidienne (en augmentation de 4 points par rapport à 2023). Mais la proportion s'inverse totalement pour les Français non-diplômés : près de 60 % d'entre eux estiment que le numérique complique ou n'a pas d'effet sur leur vie quotidienne. Si l'usage du numérique est massif, près de deux tiers (65 %) des individus ressentent des craintes à l'utilisation d'internet et des outils numériques. Les Français craignent en premier lieu une utilisation inappropriée de leurs données personnelles (28 %), puis des arnaques, escroqueries, harcèlement (19 %). D’ailleurs, on constate que le manque de protection des données personnelles est le principal obstacle à l’utilisation d’internet, il concerne un tiers des répondants, soit une augmentation de 13 points par rapport à 2023, alors que ce taux était en recul ces dernières années. En outre, les Français craignent également de commettre des erreurs (9 %) ou n'ont pas confiance en leurs compétences numériques. Contrairement aux idées reçues qui voudraient que les plus jeunes, en tant que « digital natives », soient tous totalement à l’aise avec les nouvelles technologies numériques, les jeunes adultes (18-24 ans) seraient en réalité les plus inquiets face à l’usage du numérique, puisque 76% ressentent au moins une crainte.

Une grande partie de la population fait état de différents freins à une utilisation complète des outils du numérique, mais cette proportion se réduit significativement pour la première fois depuis 2022. Si en 2022, 48 % de la population interrogée rencontraient des freins à la pleine utilisation du numérique (45 % en 2023), seuls 36 % de la population est concernée en 2024. Le sentiment de ne pas maîtriser suffisamment les outils informatiques pour pouvoir les utiliser pleinement reste le premier frein à la pleine utilisation du numérique dans la population française (20 %).

Au-delà des freins subis par les Français dans l'utilisation du numérique, près d'un Français sur deux limite ses usages du numériques, en particulier pour des raisons financières liées aux coûts des équipements et/ou des abonnements internet (20 %). Il est intéressant de noter que les limites à l'usage du numérique sont très dépendantes de la situation d'usage d'internet. En effet, près de 80 % des Français non-internautes limitent leurs usages du numérique, principalement par désintérêt ou rejet du numérique (respectivement, 59 % et 51 %). Ce dernier résultat nous invite à dépasser une vision de l’inclusion numérique qui serait centrée sur le seul objectif de connexion pour tous, pour s’intéresser davantage aux potentialités perçues et aux résultats obtenus par les individus dans leurs usages du numérique.
Autre difficulté majeure rencontrée à l'usage d'Internet : les démarches administratives en ligne. Près d'un Français sur deux (44 %) rencontre des difficultés dans la réalisation de démarches administratives en ligne. Toutefois, il est intéressant de noter que les principales difficultés citées par les Français ne sont pas liées à leur compétence numérique (11 %) mais davantage aux effets de la désintermédiation de la relation citoyen-administration produite par la dématérialisation (47 %). Plus précisément, lorsqu'ils rencontrent des difficultés dans leurs démarches en ligne, les Français évoquent prioritairement, la peur de se tromper (18 %), l'incompréhension de ce qui leur est demandé (13 %) ou encore la mauvaise conception du site Internet de la démarche (16 %). En effet, le contact direct avec l’administration, par internet, implique pour les individus de maîtriser en particulier le langage et les procédures de celle-ci. Ainsi, pour réaliser ce type de démarche en ligne, il convient de disposer de compétences administratives qui ne sont pas initialement liées au numérique. Dans ce contexte, il est intéressant de noter que les jeunes adultes (18-24 ans) sont, de loin, les plus nombreux à éprouver des difficultés concernant la réalisation de démarches administratives en ligne (69 % rencontrent au moins une difficulté).

Face à ces difficultés d'usage, près du tiers des Français (32 %) souhaiterait bénéficier d'un accompagnement gratuit à l'apprentissage du numérique et 10 % ont déjà bénéficié d'un tel accompagnement (principalement dans un lieu associatif ou à domicile). Autrement dit, près d'un Français sur deux plébisciterait un service public de la médiation numérique pour améliorer leur appropriation des technologies numériques. Dans le prolongement de cette démarche d'apprentissage, notons que 8 Français sur 10 n'ont jamais évalué leurs compétences numériques.

Protection sur internet : les jeunes internautes se montrent les plus actifs en ligne mais aussi les plus avertis
Près de quatre personnes sur dix (38 %) ne voient aucun frein spécifique à l’utilisation d’internet. Après avoir culminé à 43 % en 2023, cette proportion retrouve le niveau observé avant la crise sanitaire.
La limitation des freins à l’utilisation d’internet passe aussi par la sensibilisation des internautes aux bonnes pratiques et à l’usage d’outils de protection.
Les utilisateurs de réseaux sociaux et plateformes de partage de vidéos n’utilisent qu’en partie les outils mis à leur disposition par les plateformes : 41 % déclarent avoir lu les CGU (et cette proportion est en recul, elle était de 47 % l’année dernière) et seuls 44 % ont eu recours à un dispositif pour signaler un compte ou un compte inapproprié (stable). Ces dispositifs de signalement sont jugés aisément compréhensible (80 %), simples d’utilisation (83 %) et facilement accessibles (84 %), des chiffres en hausse de 3 points par rapport à l’année précédente. L’absence de signalement résulterait essentiellement de la non-confrontation à des comptes ou contenus inappropriés (59 %). Pour autant, plus d’un sur cinq (22 %) n’y ayant jamais eu recours sont, d’une certaine façon, empêchés dans leur démarche, soit par ignorance du dispositif, soit par crainte qu’il se retourne contre eux.
On notera que les jeunes adultes (18-24 ans), parmi les plus enclins à une utilisation quotidienne des réseaux sociaux et plateformes de partage de vidéos, sont de loin les plus avertis sur ces outils : ils sont 68% à avoir consulté des CGU et 77 % à avoir utilisé un dispositif de signalement. De façon marquée, les jeunes portent un jugement plus favorable sur les CGU, par exemple 65 % des 18-24 qui en ont consulté les ont trouvées utiles conte 41 % des 70 ans et plus, et 85 % les ont trouvées accessibles contre 65 % des 70 ans et plus.
L’usage du numérique continue donc de se généraliser en France, mais des inégalités subsistent dans les compétences et l’appropriation des outils. Pour répondre à ces défis, l’accompagnement, la régulation et une transition vers un numérique plus durable s’imposent comme des priorités.