L’édition 2017 du Baromètre numérique confirme les tendances observées depuis quelques années quant aux pratiques et compétences numériques des Français.
Réalisé par le Credoc pour le compte du CGE (Conseil Général de l’Économie, de l’Industrie, de l’Énergie et des Technologies), de l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) et de la Mission Société Numérique de l’Agence du numérique, ce Baromètre repose sur une enquête réalisée auprès de 2 209 personnes interrogées « en face à face » à leur domicile (2 004 adultes et 205 jeunes).
A la demande de l’Agence du numérique, une série de questions ont été introduites en 2017 : elles portent sur la perception des nouveaux services et nouvelles fonctionnalités, sur le cadre dans lequel les personnes apprennent ou ont appris à utiliser les outils numériques, sur les dispositifs qui permettent aux personnes de mieux maîtriser les outils numériques, sur leurs attentes vis-à-vis des outils numériques proposés par les « Villes intelligentes » et sur leur disponibilité pour adopter de nouveaux services numériques.
La progression fulgurante des usages mobiles
L’édition 2017 souligne l’importance croissante des usages mobiles.- 94% des Français sont aujourd’hui équipés d’un téléphone mobile, 73 % d’un smartphone (+8 points en un an) et 44 % d’une tablette (+4 points).
- Les non diplômés (76 %) ainsi que les 70 ans et plus (78 %) sont les moins équipés.
- Ceux qui n’ont pas le téléphone mobile sont beaucoup plus âgés que la moyenne (56 % ont 70 ans et plus) ; ils sont retraités et non diplômés.
Les taux d’équipement en ordinateur et de connexion fixe à Internet ne progressent plus
En 2017, 81 % des Français de 12 ans et plus disposent d’un ordinateur à domicile (82 % en 2016).- Les plus jeunes sont davantage équipés que leurs aînés : 95 % des 12-17 ans disposent d’un ordinateur à domicile contre 52 % des 70 ans et plus. L’équipement en ordinateur reste corrélé aux niveaux de revenus ou de diplôme : il atteint 93 % pour les hauts revenus et 92 % pour les diplômés du supérieur.
- 97 % de ceux qui ont un ordinateur ont une connexion fixe à internet.
- La proportion de Français de 12 ans qui disposent, à leur domicile, d’une connexion fixe à internet est stable : 85 %, autant qu’en 2016. Les plus jeunes, les plus diplômés et les plus favorisés sont plus souvent connectés qu’en moyenne : l’accès à internet au domicile est cependant désormais majoritaire dans tous les groupes de population : 54 % des non-diplômés et 57 % des 70 ans et plus sont connectés).
Les Français privilégient désormais le mobile pour accéder à Internet
Interrogés sur le terminal qu’ils utilisent le plus souvent pour se connecter à la Toile, les Français placent en tête le smartphone (42 %), devant l’ordinateur (38 %) puis la tablette (7 %).
Si le smartphone a conquis les plus jeunes, l’ordinateur reste le point d’entrée sur internet le plus utilisé par les plus de 40 ans, les hauts revenus et les cadres.
L’équipement le plus utilisé varie en fonction des pratiques.
- Les smartphones sont majoritairement utilisés pour participer aux réseaux sociaux.
- Smartphone et ordinateur font aujourd’hui quasiment jeu égal pour regarder des vidéos ou jouer en ligne.
- Les activités moins ludiques (travail, achat en ligne ou envoi d’e-mails) restent, quant à elles, plutôt réalisées prioritairement à partir d’un ordinateur.
Les internautes sont de plus en plus nombreux à se connecter à leur domicile à partir des réseaux mobiles
51 % des Français sont désormais concernés (+9 points par rapport à l’an dernier), la part de ceux qui se connectent à partir d’un ordinateur sur une connexion fixe ou en Wi-fi, certes élevée, plafonne à 78 %.Dorénavant, pour 65 % des Français, la connexion à internet à domicile s’effectue par au moins deux modes différents (37 % seulement des cas en 2013).
67 % des Français ont effectué des démarches administratives en ligne en 2017
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La proportion de personnes qui ont effectué des démarches administratives en ligne continue de progresser : elle passe en un an de 62 % à 67 %
L’utilisation d’Internet pour les démarches administratives et fiscales enregistre en 2017 une nette progression, passant de 62 % d’adoption par les français en 2016 à 67 % en 2017 (76 % chez les seuls internautes). Une progression du même ordre avait été enregistrée entre 2015 et 2016.
Cette progression s’observe en 2017 dans toutes les classes d’âge et pour tous les niveaux de revenus.
Des écarts importants perdurent cependant.
- Si 81 % des hauts revenus ont effectué des démarches en ligne, cette activité ne concerne que 59 % des bas revenus.
- L’écart est encore plus marqué quand on prend en compte le niveau de diplôme : 90 % des diplômés du supérieur ont effectué des démarches en ligne contre seulement 30 % chez les non-diplômés (soit autant qu’en 2016). Les non-diplômés sont ainsi la seule catégorie de population chez qui les démarches en ligne ne progressent pas en 2016.
- La proportion de personnes ayant effectué des démarches administratives en ligne progresse dans les communes rurales, dans les villes moyennes comme dans les grandes villes : des écarts subsistent cependant entre ces pratiques dans les villes moyennes (61 %) et agglomération parisienne (74 %).
La participation aux « réseaux sociaux » sur internet continue sa progression
Depuis 2009, la part de Français de 12 ans et plus qui participent à des réseaux sociaux ne cesse d’augmenter. Cette année, la progression reste soutenue (+3 points sur l’ensemble de la population et +2 points chez les internautes).
La participation aux réseaux sociaux reste très fortement déterminée par l’âge de la personne, les plus jeunes étant les plus grands adeptes de tels réseaux
Parmi les 18-24 ans, quasiment tous ont participé au cours des douze derniers mois à des réseaux sociaux du type Facebook, LinkedIn etc. (96 %). Au-delà de l’effet d’âge, le niveau de diplôme a également un impact sur la participation. Plus des deux tiers des diplômés du bac et plus ont participé à des réseaux sociaux, contre un peu plus du quart des non diplômés.
Une majorité de la population ne fait pas confiance aux informations qui sont relayées sur les réseaux sociaux (73%). La défiance est à peine moins prononcée chez les personnes qui participent aux réseaux sociaux (69%).
Un Français sur quatre recourt à internet pour chercher un emploi
Cette année, la part de personnes ayant utilisé internet pour chercher un emploi s’établit à 26 % (+1 point par rapport à 2016, soit le taux observé il y a quatre ans).Les variables les plus discriminantes dans l’utilisation d’internet pour la recherche d’emploi restent l’âge et le diplôme.
- 70 % des 18-24 ans, qui pour beaucoup d’entre eux entrent sur le marché de l’emploi et affichent un taux de chômage élevé (23 % au second trimestre 2017) se tournent vers Internet pour la recherche d’emploi.
- La recherche d’emploi en ligne varie selon le niveau de diplôme : elle passe de 11 % chez non-diplômés à 31 % chez les diplômés du supérieur.
- Près d’un ouvrier sur deux (48 %) a recherché un emploi en ligne au cours des derniers mois, contre 26 % chez les cadres supérieurs, 37 % dans les professions intermédiaires et 36 % chez les employés.
Les transactions et échanges entre pairs concernent, au total, plus du quart de la population
19 % de la population française pratiquait en 2015 l’économie du partage : ce taux atteint en 2017 28 % de la population soit une hausse de 9 points en deux années.- La pratique la plus courante, comme en 2015, reste l’utilisation d’un bien ou d’un service appartenant à un particulier contre rémunération : 22 % des Français de 12 ans et plus l’ont fait au cours des douze derniers mois via internet (contre 15 % 2015).
- 13 % ont, pour leur part, proposé à des particuliers, contre rémunération, le même type de services (8% en 2015).
- Seuls 6% pratiquent l'échange ou le partage de services entre particuliers sans rémunération.
Ces observations recoupent assez largement les résultats de l’enquête Capacity (soutenue par l’Agence du Numérique) qui constatait que l’achat d’objets ou de services à des particuliers via Internet était en 2016 plus fréquent chez les cadres et les professions intermédiaires que dans les autres catégories socio-professionnelles.
Le télétravail attire près de 4 salariés sur 10
Interrogés sur leur intérêt pour le télétravail, quatre salariés sur dix se disent prêts à travailler à distance, proportion en progression par rapport à 2009 (+ 8 points).Tous les salariés ne sont pas pareillement prêts à travailler en télétravail.
- Les plus nombreux à répondre favorablement à cette possibilité sont les diplômés du supérieur et ceux dont l’activité pourrait s’y prêter, comme les cadres et professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires.
- Les employés et les ouvriers, qui ont pour la plupart des emplois nécessitant une présence physique sur le lieu de travail, citent beaucoup plus que les autres catégories le fait que leur travail ne se prête pas au télétravail.
Les Français se sentent plutôt compétents pour utiliser les outils numériques.
Entre six et sept personnes sur dix se disent (très ou assez) compétentes pour utiliser les produits technologiques du quotidien.C’est avec le smartphone qu’elles se sentent le plus à l’aise (69%), devant l’ordinateur (67%) et la tablette (62%).
Près d’une personne sur trois (31%) se juge même très compétente pour utiliser un smartphone.
Les effets liés à l’âge et au niveau de diplôme sont sensibles : à partir de 40 ans, le sentiment de compétence est beaucoup moins développé. Pour significatifs qu’ils soient, les écarts de compétence selon l’âge tendent tout de même à se réduire.
Les écarts liés au diplôme sont encore plus nets : l’écart le plus important se situe entre les personnes non diplômées et celles qui ont le niveau BEPC (près de 30 points d’écart). Bacheliers et diplômés de l’enseignement ont, pour tous les équipements, des sentiments de compétence bien supérieurs à la moyenne.
Si, en général, c’est avec le smartphone que la population se sent la plus compétente, les 60 ans et plus sont le plus à l’aise avec un ordinateur.
En quatre ans, le sentiment de compétence pour utiliser un ordinateur a progressé de +12 points dans l'ensemble de la population.
Une majorité de Français ne profitent pas des opportunités offertes par le numérique
Les possibilités offertes par les outils numériques sont encore largement sous-exploitées : seule une minorité des personnes interrogées profitent « pleinement » des services et fonctionnalités offerts par les outils numériquesLe nombre de personnes qui en profitent « peu ou pas du tout » sont plus nombreuses que celles qui en profitent «assez largement ou pleinement ». Et ce dans les sphères de la vie professionnelle, citoyenne, des loisirs et de la vie de tous les jours.
63% des français estiment ne pas profiter des opportunités offertes par le numérique dans leur vie professionnelle
C’est dans la sphère professionnelle que les opportunités offertes par les outils numériques seraient les mieux exploitées puisqu’un actif sur deux (50%) dit en profiter, pleinement ou assez largement. 24% en profitent un peu ; un actif sur quatre (24%) dit ne pas en profiter du tout.Cette moyenne dissimule de profondes disparités
- Selon la profession occupée : 22% des ouvriers sont concernés, contre 76% des cadres supérieurs ou 66% des membres des professions intermédiaires
- Selon le diplôme et le niveau de revenus, variables très liées à la profession occupée, avec un écart du simple au double
- Trois cadres supérieurs sur quatre tirent profit des nouvelles technologies dans leur vie
- Les actifs plus jeunes (18-24 ans) sont ceux qui ont le sentiment d’utiliser le plus pleinement les nouvelles technologies (58%, +8 points par rapport à la moyenne)
- plus d’un ouvrier sur deux (54%) et 63% des actifs les moins diplômés ne tirent aucun avantage des possibilités offertes par le numérique dans la sphère professionnelle.
52% n’en profitent pas ou peu dans leur vie de tous les jours
Les plus jeunes et les plus diplômés sont ceux qui déclarent "en profiter le plus". A contrario, les plus âgés et les moins diplômés savent moins tirer profit des opportunités offertes par les outils numériques dans la vie de tous les jours (pour les achats en ligne ou l’e-administration, par exemple).Dans le domaine des loisirs, en moyenne, 4 personnes sur 10 estiment profiter des possibilités offertes par les outils numériques : les plus jeunes (étudiants, moins de 40 ans) tandis que 70% des 70 ans et plus estimant ne pas profiter du tout de ces nouvelles opportunités.
58% n’en profitent pas ou peu dans leur vie citoyenne
Si, en moyenne, 42% des 18 ans et plus estiment utiliser (pleinement ou assez largement) les possibilités numériques dans leur vie citoyenne, la proportion atteint 69% chez les étudiants. Les non diplômés et les plus âgés sont, en revanche, loin d’utiliser toutes les potentialités offertes. 69% des 70 ans et plus, par exemple, disent ne pas du tout utiliser les opportunités offertes par le numérique dans ce domaine.Les nouvelles technologies sont d’autant plus plébiscitées pour les opportunités qu’elles offrent qu’elles sont bien maîtrisées
Les individus qui se sentent le plus compétents pour utiliser un ordinateur se déclarent plus à même de profiter des apports des nouvelles technologies. Et ce dans les quatre domaines (vie de tous les jours, vie citoyenne, loisirs et vie professionnelle).76% des Français se disent prêts à adopter de nouvelles technologies (dont 52% progressivement)
24% le feraient « immédiatement » et 52% « progressivement ».Seuls 23% des répondants n’y sont pas prêts. C’est notamment le cas des non-diplômés (57% d’entre eux), des plus âgés (59% des 70 ans et plus) et des personnes avec de bas revenus.
L’envie d’adopter de nouveaux services, de se familiariser avec de nouvelles technologies est liée à l’âge, au niveau de diplôme et à l’état actuel des compétences. Ce sont, par exemple, ceux qui se présentent comme les moins habiles pour utiliser un ordinateur qui sont les plus réfractaires à un nouvel apprentissage.
79% des Français ont une vision positive des villes intelligentes
Le Baromètre comportait cette année une question relative aux outils numériques déployés par les villes « pour fournir à leurs habitants des informations et des services leur permettant de mieux gérer leur quotidien ».Ces démarches de « Ville intelligente » sont perçues comme "une bonne chose" par près de huit personnes sur dix. Seule une personne sur cinq (19%) pointe les possibles dérives, à savoir les risques de surveillance et le fait que tout le monde ne profiterait pas de ces nouveaux services.
L’adhésion a ces démarches de ville intelligente est élevée, quels que soient l’âge, les niveaux de revenu ou de diplôme ou encore le lieu de résidence. Les non-diplômés (69 %) et les ouvriers (72%) sont un peu moins convaincus par ces démarches que les diplômés du supérieur (87%), les cadres supérieurs (89%) ou les hauts revenus (88%).
Méthodologie de l’édition 2017 du Baromètre numérique
Les résultats sont issus de l'enquête de juin 2017, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 12 ans et plus, sélectionné selon la méthode des quotas : 2 209 personnes ont été interrogées « en face à face » à leur domicile (2 004 adultes et 205 jeunes).- Le libellé exact des questions se trouve en annexe (page 179). Pour chaque question, l’organisme financeur est indiqué (CGE, Arcep, Agence du Numérique ou CRÉDOC).
- Deux types de questionnaires sont administrés pour le bon déroulement de l’enquête : le premier est à destination des individus âgés de 18 ans et plus et le second vise exclusivement les 12-17 ans.
Références :