L’empreinte énergétique directe du numérique est en progression rapide : 9 % par an.
« Le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde de demain, à ses incertitudes, à ses ressources limitées. Un enjeu décisif pour l’ensemble de la société est que le numérique sorte du “toujours plus” et intègre des perspectives de long terme avec les acteurs de la société et les générations futures » observait la Fing dans “Quel numérique voulons-nous pour demain ?”La réduction des émissions de GES du numérique passe par la décarbonation de l’énergie consommée pour la production d’équipement et le fonctionnement des réseaux, par l’optimisation des besoins énergétiques des infrastructures (réseaux, centres de données etc.) et la sobriété (allongement de la durée de vie des équipements, circuits de recyclage, réparabilité).
L’efficacité énergétique permise par les nouvelles technologies pourrait cependant être compensée par l’accroissement de la consommation induite par les nouveaux usages : c’est « l’effet rebond ».
Une récente prise de conscience de l’opinion publique conduit à une forme de renversement de sa perception du rôle que peut jouer le numérique à l’égard de l’environnement : seuls 38% des Français, qui s’estiment par ailleurs mal informés sur cette problématique, voient ce secteur comme une chance pour l’environnement alors qu’ils étaient 56% à le penser en 2008.
Références :
France Stratégie : Une consommation d'énergie croissante qui doit être maîtrisée
France stratégie a entrepris d'évaluer l’impact des usages du numérique sur la consommation d'énergie.Avec un double phénomène d’augmentation du nombre des internautes et d’explosion des usages mobiles, le secteur numérique vit un âge d’or qui se traduit dans les faits par une croissance exponentielle du nombre d’équipements connectés à internet et par une explosion du trafic IP dans les réseaux télécoms et les data centers.
«Si la croissance de la consommation du numérique est portée par l’ensemble de ses segments – équipements terminaux, réseaux télécoms, data centers et production desdits équipements et infrastructures –, la production a été ces dernières années et restera à horizon 2025 le principal poste de consommation du numérique : elle représente 45 % de la consommation totale du secteur et cette part devrait rester aux alentours de 40 % d’ici 2025. «La croissance énergétique du numérique est particulièrement forte comparée à la croissance de la consommation énergétique mondiale tous secteurs confondus : en 2017, le numérique représente environ 2,7 % de la consommation globale d’énergie finale au niveau mondial et devrait en représenter en 2025 entre 4,7 % et 6 %, soit un quasiment doublement par rapport à 2017».«Face à ces enjeux, la réponse traditionnelle aux problèmes liés à la consommation énergétique croissante du numérique a reposé et repose encore essentiellement sur les gains énergétiques liés au progrès technologique».«Le progrès technologique dans les grandes infrastructures numériques – réseaux télécoms et data centers – permet de réels gains énergétiques unitaires».«Néanmoins, les inefficacités qui perdurent dans la gestion des infrastructures (notamment l’existence en parallèle de plusieurs générations de réseaux télécoms et la non-optimisation du taux d’utilisation des équipements dans les data centers) et surtout l’accroissement des usages et in fine du trafic internet, ne permettent pas de maîtriser la consommation globale». «Par ailleurs, observent les experts de France Stratégie, ce levier n’agit pas sur la consommation énergétique liée à la production des équipements et laisse donc de côté un poste majeur de la consommation du numérique».Référence :
Les crypto-monnaies et l’internet des objets suscitent de fortes craintes en termes énergétiques
Les crypto-monnaies reposant sur des blockchains publiques constituent, selon les experts de France Stratégie, «un moteur de la croissance de la consommation énergétique du numérique, mais représentent à ce jour une part encore faible de la consommation totale : entre 60 et 200 TWh en 2018. Cette consommation est cependant souvent perçue comme « non efficace » au regard de l’utilité sociale actuelle des crypto-monnaies et pourrait être drastiquement réduite si les systèmes de preuve de participation étaient privilégiés».«La consommation énergétique de l’internet des objets est encore peu étudiée. On sait cependant que les équipements IoT sont ceux dont la consommation devrait croître le plus à horizon 2030. Cette croissance devrait être essentiellement portée par la consommation des dizaines de milliards d’objets attendus, tandis que la consommation supplémentaire qu’ils induisent en amont dans les réseaux télécoms et les data centers devrait rester faible. La consommation liée à la production, qui risque d’être élevée, n’est à ce stade pas documentée. Au final, l’adjonction d’une fonction de connexion à une multitude d’objets devrait avoir une incidence sur l’évolution de la consommation globale du numérique et la consommation de ce nouveau segment du numérique devrait, dès lors, être étudiée».Référence :
Moins d’un français sur trois s’estime bien informé sur l’impact du numérique sur l’environnement
73 % des Français estiment que le développement des équipements numériques a un impact important sur l’environnement (73 %), 63 % pour les objets connectés (63 %), selon une enquête réalisée par l’Observatoire du Numérique BVA / Digital Society Forum.Les Français perçoivent encore mal les liens entre numérique et environnement. « En cause : un vrai manque d’information et de sensibilisation», notent les auteurs de cette enquête. 27 % des personnes interrogées se sentent bien informées concernant l’impact du numérique sur l’environnement
« Quand on leur demande quels liens ils établissent entre numérique et environnement, les personnes interrogées évoquent aussi bien des éléments positifs (économiser du papier et préserver les forêts, favoriser l’écologie) que négatifs (pollution, consommation d’énergie)».Les Français interrogés ont globalement du mal à se prononcer sur l’impact du numérique sur la transition énergétique : 24 % y voient un levier, 18 % un frein et 27 % déclarent ne pas savoir…
« De même, ils sont très partagés sur l’efficacité des outils numériques pour inciter à adopter des pratiques écoresponsables : 41 % les estiment efficaces et 39 % pas efficaces ».Références :