Les travaux consacrés aux rapports sociaux de sexe, ou attentifs à cette perspective, sont désormais nombreux.
La surreprésentation des hommes sur des plateformes comme Wikipedia (90 %) ou OpenstreetMap (95 %) fait désormais l'objet d'études qui entreprennent de cerner les effets de cette surreprésentation masculine sur sur la nature des contributions.
Seules 18 % des biographies Wikipédia sont consacrées à des femmes. Depuis plusieurs années, un certain nombre d'initiatives visent à mettre en valeur les femmes, comme le groupe Sans Pages qui se propose de créer et d’améliorer des articles Wikipédia portant sur des femmes, sur les féminismes, ou d'autres sujets sous-représentés. Depuis plusieurs années, des « edit-a-thons » sont organisés dans différents pays pour encourager les femmes à éditer Wikipédia, à augmenter la couverture de certains sujets, mais aussi à créer des pages pour des femmes qui en sont dépourvues. Une chercheuse, Jess Wade, a entrepris de créer plusieurs centaines de biographies de femmes scientifiques.
Biais de genre dans OpenstreetMap
La surreprésentation des hommes parmi les contributeurs a la carte collaborative (95 %) se traduit par des biais des types d’emplacements qui sont étiquetés Selon Rachel Levine, coordonnatrice des opérations de cartographie à la Croix Rouge américaine, « les emplacements des stades, les clubs de strip-tease et les bars sont beaucoup mieux documentés que les centres de soins pour enfants ou les cliniques spécialisées dans la santé des femmes sont largement sous-représentées. 800 000 cabinets de médecins sont étiquetés mais seulement 10 établissements de soins spécialisés dans l'avortement et un seul centre de lutte contre la violence domestique ». L’étiquetage des lieux et des bâtiments sur Openstreetmap donne lieu à des discussions pour améliorer la nomenclature et créer de nouvelles catégories d’attributs (tags). La surreprésentation des hommes dans le projet de cartographie collaborative pèse ainsi sur ce qui est jugé utile ou digne d’être étiqueté sur la carte. En 2011, la proposition d’introduire une distinction entre « nightclub », « swinger club » et « brothel » (boîte de nuit, club échangiste et bordel-Établissement dédié à la prostitution) a été retenue alors que la proposition de créer un attribut « childcare » (crèche) a été débattue et rejetée au motif qu'elle était trop similaire à l’attribut «kindergarten» (école maternelle, jardin d'enfants) existant. L’attribut « kindergarten » n'a été retenu qu'en 2013.Au-delà des différences dans l'échelle d'activité, les hommes et les femmes se comportent différemment dans la nature des lieux et bâtiments qu’ils choisissent de documenter. Les femmes étant plus susceptibles de taguer des bâtiments (67 % pour les femmes contre 35 % pour les hommes), tandis que les hommes sont plus susceptibles de documenter les autoroutes (39 % pour les hommes, 23 % pour les femmes).
... et dans FixMyStreet
FixMyStreet est une plateforme britannique qui permet aux personnes de signaler, à partir de leur ordiphone, les problèmes qu’ils rencontrent sur la voirie.FixMyStreet ne compte que 38 % de femmes parmi ses contributeurs : 29 % des signalements sont effectués par des femmes (du fait, notamment, qu'elles sous-représentées parmi les contributeurs les plus actifs).
A partir des données mises à leur disposition par FixMyStreet, une équipe de chercheurs a constaté des différences de comportement dans les signalements soumis par les hommes et les femmes. Comme on l’a vu pour OpenstreetMap, les hommes ont plus tendance à signaler les problèmes qu’ils rencontrent en tant que conducteurs automobiles, comme les nids-de-poule, alors que les femmes signalent davantage des problèmes qu’elles rencontrent en tant que piétons, dans la rue ou dans les parcs, comme des détritus abandonnés, des cadavres d’animaux ou des problèmes liés aux arbres. 74 % des signalements de seringues abandonnées, par exemple, proviennent de femmes.
Au vu des tendances actuelles, les responsables de FixMyStreet estiment que la parité hommes-femmes sera atteinte en 2025 (pour les utilisateurs comme pour les signalements). S’agissant des biais de genre quant à la nature des signalements, ils admettent que « c’est un problème important, qui sera difficile à résoudre, dès lors que les hommes et les femmes vivent leur environnement de façon différente ».
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