Les équipes de l’observatoire M@rsouin et de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) ont conduit une enquête auprès d’un échantillon de 2000 personnes afin de mieux comprendre si les Français (et parmi eux, quels groupes sociaux) bénéficient tous au même degré des potentialités offertes par Internet en termes d’augmentation de leur pouvoir d’agir. Elle portait sur tout le spectre des opportunités dans différentes sphères de la vie sociale : sociabilité, participation politique, accès à l’information, éducation/apprentissages, augmentation du pouvoir d’achat, insertion professionnelle, etc.).
Cette enquête, conduite dans le cadre du projet de recherche Capacity, financée par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) avait reçu le soutien de l’Agence du Numérique. L’enquête s’intègre par ailleurs dans le World Internet Project (WIP) : un projet international collaboratif de recherche associant des institutions de plus d’une trentaine de pays sur tous les continents. L’objectif principal du WIP est de s’accorder sur une batterie de questions communes à intégrer dans ces enquêtes nationales, afin de se doter d’indicateurs comparables à l’échelle internationale.
84 % des Français de plus de 18 ans sont des internautes
L’ordinateur reste le principal mode de connexion à Internet, fortement concurrencé par le smartphone, et dans une moindre mesure par la tablette numérique. On trouve autant d’internautes (toute personne ayant utilisé Internet au moins une fois au cours des trois derniers mois), en proportion, parmi les hommes que parmi les femmes. La part des internautes varie en fonction de l’âge (100 % chez les 18-24 ans, 59 % chez les 65 ans et plus), du niveau d’étude (97 % chez les titulaires d’un diplôme Bac +3 ou plus, 79 % chez les titulaires d’un BEP), du niveau de revenu (96 % chez ceux qui ont des revenus supérieurs à 4 000 €, 69 % pour des revenus inférieurs à 1 400 €) et de la catégorie socioprofessionnelle.85 % des personnes interrogées se déclarent "à l’aise", voire "très à l’aise". Ce sentiment est plus fort chez les plus jeunes et les plus diplômés. Mais même chez les plus de 65 ans, ils sont plus de 70 % à se déclarer "à l’aise", dans l’usage d’Internet.
Qui sont les non-internautes ?
Il s’agit d’une population relativement âgée : 62 % des non-internautes ont plus de 65 ans, 37 % entre 50 et 64 ans. En lien avec l’âge, cette population des non-internautes est majoritairement composée de retraités (60 % des non-internautes alors qu’ils ne représentent que 26 % de l’ensemble de l’échantillon).Également en rapport avec l’âge, les non-diplômés sont surreprésentés : la moitié des non-internautes dispose d’un niveau d’étude élémentaire ou collège (contre 15 % de l’échantillon total). Cette surreprésentation des non-diplômés parmi les non-internautes doit être relativisée par la structure même de cette sous-population, dans laquelle sont surreprésentées les générations les plus âgées, dans l’ensemble moins diplômées que les générations ayant bénéficié de la massification de l’accès aux diplômes.
La principale raison invoquée pour ne pas utiliser Internet est l’absence d’intérêt. 14 % d’entre eux ont déjà utilisé Internet dans le passé.
Près des deux tiers de non-internautes s’estiment plutôt plus heureux sans Internet que s’ils y étaient connectés. Cette absence de connexion à Internet conduit même parfois à une certaine fierté : plus d’un tiers déclare qu’il lui « arrive d’être fier de ne pas utiliser Internet ».
8 non-internautes sur 10 répondent par la négative quand on leur demande si, n’utilisant pas Internet, ils se sentent déconnectés de certaines conversations, ou s’ils ratent des occasions de voir leurs connaissances, et ceci, sans que leur âge influe sur la probabilité de répondre par l’affirmative ou la négative.
4 profils d’internautes
Une première exploration des données de l’enquête Capacity a permis de distinguer quatre différents profils d’internautes qui différencient les individus selon leur rapport aux outils numériques.Les hyperconnectés (31 % des internautes)
Un premier profil se distingue par l’intensité et la diversité de ses pratiques numériques. Ces internautes ont de nombreuses compétences en informatique et se sentent très à l’aise Internet. Internet leur sert à la fois d’outil d’apprentissage, de communication, de divertissement, d’information et de consommation. Ils possèdent de plusieurs comptes emails, sont présents sur plusieurs réseaux sociaux et se connectent dans la plupart des lieux où ils se trouvent : à domicile, au travail ou dans leur établissement scolaire, mais aussi à l’extérieur que ce soit en passant par leur smartphone ou via un réseau wifi public.Les équipements utilisés pour accéder à Internet sont également variés, puisque en plus des traditionnels ordinateurs (97 %), smartphones (96 %) et tablettes (52 %), une partie d’entre eux se connectent via leur télévision (43 %) ou leur console de jeux (30 %).
Ils réalisent presque tous (96 %) leurs démarches administratives en ligne. Un tiers d'entre eux ont un certificat attestant de leur compétence numérique de type C2i (30 %), et un quart environ a un engagement militant sur le web (signature de pétition, relais de revendication, etc.).
Cette classe est plutôt jeune : 28 % de 18-24 ans et 29 % de 25-34 ans, avec une surreprésentation des étudiants (23 % dans cette classe contre 10 % dans la population française). C’est aussi le cas des cadres (19 %) et des professions intermédiaires (21 %). Leur niveau d’étude se situe principalement dans l’enseignement supérieur (court pour 29 % d’entre eux, long pour 37 %). Enfin, la population de cette classe est plutôt masculine (61 % d’hommes et 39 % de femmes).
Les « utilitaristes » du numérique (38 % des internautes)
Cette classe est constituée d’internautes se déclarant à l’aise dans leur utilisation d’Internet, et ayant de bonnes compétences en informatique.La plupart sont équipés d’un smartphone, et se connectent régulièrement à Internet avec.
Ils se connectent en plusieurs lieux à Internet (domicile, travail, via smartphone), mais moins automatiquement que les « hyperconnectés ».
De manière générale, ils ont un usage d’Internet moins intensif que les « hyperconnectés ». Ces usages sont tout de même variés, puisque ces personnes utilisent Internet pour l’apprentissage et l’information, mais aussi et surtout pour le divertissement et la consommation. 84 % d’entre eux font également leurs démarches administratives en ligne.
Cette classe est plutôt féminine (59 % de femmes). Les employés y sont les plus nombreux et sont légèrement sur-représentés (22 % contre 17 % dans la population totale), ainsi que les 35-49 ans (32 % contre 28 %) et les détenteurs d’un niveau d’étude CAP/BEP (29 % contre 25 %). Leur expression militante sur Internet est assez faible et ce sont plutôt des lecteurs des interventions sur les forums, les blogs, etc. que des contributeurs.
Les internautes « traditionnels » (17% des internautes)
Ces internautes ont un niveau de compétences assez faible, quand on considère l’ensemble des tâches qu’ils se disent capables de faire en ligne, mais ils se sentent néanmoins à l’aise dans leur utilisation d’Internet (à 70 %).Ils possèdent généralement une adresse mail ou un compte sur un réseau social (75 %) et utilisent Internet principalement à des fins de communication et d’information. Pour une partie d’entre, ils l’utilisent également pour le divertissement et l’apprentissage, même si la diversité de leurs pratiques à ces fins est plus réduite que pour les profils précédents.
Ils se connectent à leur domicile généralement via un ordinateur, ne possèdent pas de smartphone pour la plupart (93 %) et rares sont ceux qui accèdent à Internet avec une tablette (33 %), et encore moins via une télévision (12 %) ou une console de jeux (1 %). Leurs pratiques numériques s’approchent d’usages désormais traditionnels d’Internet.
Cette classe est constituée de personnes relativement âgées, avec une surreprésentation des plus de 65 ans (35 % contre 15 % dans la population totale), des 50-64 ans (38 % contre 24 %). Les retraités y sont donc sur-représentés (38 % contre 18 %).
Les « distants » (14 % des internautes)
Ces internautes « distants » du numérique se distinguent par leur faible aisance sur Internet : ils déclarent savoir faire beaucoup moins de tâches sur Internet que les autres internautes, et la majorité d’entre eux (63 %) ne se sentent pas à l’aise dans leur usage d’Internet. Ils s’en servent pour se divertir et pour apprendre, et un peu moins pour consommer, s’informer ou communiquer.Trois quarts d’entre eux ne font pas leurs démarches administratives en ligne. Près d’un tiers ne dispose pas d’adresse mail ni de compte sur un réseau social.
Leur engagement militant en ligne est réduit et ils ne se rendent pas sur les forums, blogs, réseaux sociaux, etc. En revanche, près d’un tiers accède à Internet via un smartphone. Leur utilisation d’Internet est assez récente (moins de 9 ans pour plus de 60 % d’entre eux, contre environ 40 % pour l’ensemble des internautes). Cette population est, comme celle de la classe précédente, plutôt âgée : 33 % ont plus de 65 ans et 39 % entre 50 et 64 ans. Leur niveau d’étude est plutôt bas : 26 % ont un niveau élémentaire ou collège, 40 % un niveau CAP/BEP. Les retraités y sont sur-représentés (34 %) ainsi que personnes sans activité professionnelle (16 %) et les ouvriers (20 %). C’est le cas également des personnes déclarant avoir une vie très difficile avec leurs revenus actuels, qui représentent 14 % de la population de cette classe contre 7 % dans la population totale.
Différences de genre
Si la population des internautes est constituée d’autant d’hommes que de femmes, et si l’on trouve autant d’hommes que de femmes qui n’utilisent pas du tout Internet, des différences de genre interviennent lorsque l’on analyse plus précisément la manière dont se distinguent les internautes selon leur rapport au numérique.Les différences de genre les plus marquées correspondent au profil des hyperconnectés, un groupe d’internautes qui compte davantage d’hommes (61 %) que de femmes, et au profil des « internautes distants », où les femmes sont majoritaires (59 %).
Qui tire parti d’Internet pour s’ouvrir à d’autres milieux sociaux ?
L’étendue de la diffusion d’Internet dans l’espace social et la gamme de possibilités de mises en relation offerte par les outils numériques permettent-elles de réduire les inégalités de capital social ? L’enquête Capacity permet d’explorer les caractéristiques des individus ayant répondu qu’Internet leur a permis de s’ouvrir à d’autres milieux sociaux.Si on demande aux internautes français si Internet leur a “permis de s’ouvrir à d’autres milieux sociaux”, 55 % répondent par la négative. Ils sont 34 %, soit plus d’un tiers, à répondre “Oui un peu” et 10 % “Oui, beaucoup”. Internet joue donc un rôle significatif, mais limité, de mixité sociale, quand on analyse ce potentiel à l’échelle agrégée.
C’est dans les classes d’âges les plus jeunes que l’on trouve le plus d’internautes déclarant qu’Internet leur a permis de s’ouvrir à d’autres milieux sociaux, tandis que la probabilité de répondre que c’est le cas diminue avec l’âge des internautes.
Le niveau d’étude, en revanche, ne joue pas sur la manière de répondre à cette question.
Par contre, le niveau de revenu du foyer, surtout pour les foyers les plus modestes, est significativement corrélé à la manière de répondre à cette question. Les personnes déclarant le niveau de revenu le plus bas (moins de 1 400 euros par mois) ne sont que 44 % à répondre par la négative, et elles sont plus susceptibles de répondre “Oui, beaucoup” à cette question. Elles constituent par ailleurs 35 % des personnes répondant “Oui, beaucoup” à cette question (alors que la catégorie des personnes déclarant moins de 1 400 euros de revenus pour le foyer ne compte que pour 26 % de l’échantillon de l’enquête).
Inversement, les personnes déclarant un revenu mensuel de 2900 à 4000 euros pour leur foyer ont une probabilité plus faible de répondre par “Oui beaucoup” à cette question.
Cette corrélation avec le niveau de revenu du foyer montre qu’Internet est un facteur de correction des inégalités de capital social, dont on sait qu’il est d’autant plus fort que les revenus sont élevés. Cet effet correcteur se retrouve quand on regarde les catégories socioprofessionnelles qui répondent le plus par l’affirmative : outre les étudiants, qui répondent massivement "oui" (ce qui corrobore la corrélation avec l’âge des internautes énoncée plus haut), les employés et les ouvriers sont plus nombreux, en proportion, à déclarer qu’Internet leur a permis de s’ouvrir à de nouveaux milieux sociaux.
Entretenir ou développer en ligne un capital social suppose également un certain degré d’aisance avec l’usage d’Internet : les internautes qui se disent "à l’aise" ou "très à l’aise" sont plus nombreux que les autres, en proportion, à dire qu’Internet leur a permis de s’ouvrir à d‘autres milieux sociaux. Ce résultat invite à nuancer le rôle de correction des inégalités de capital social joué par Internet. En effet, le niveau d’aisance sur Internet est lié au niveau de revenu mais surtout, est très fortement corrélé au niveau d’étude : moins on est diplômé, plus on a de chance de n’être que « peu à l’aise avec Internet » et inversement, plus on est diplômé, plus la probabilité de se déclarer « très à l’aise » est élevée.
Internet ou l’empowerment par la connaissance ?
En mettant à disposition une réserve inépuisable de contenus numériques sous des formats divers (textes, vidéos, sons) dans tous les domaines des activités humaines, Internet apparaît comme une source de connaissances offerte à tous les citoyens, indépendamment de leur statut socio-économique.L’enquête Capacity cherche à explorer, dans la société française, la réalité de ce gain de pouvoir d’agir par une activation de ce potentiel d’approfondissement des connaissances par Internet.
Seuls 15 % des internautes interrogés disent avoir participé à un cours à distance (pour une formation ou en vue d’obtenir un diplôme ou un certificat).
Cette minorité est dans l’ensemble plus jeune, plus diplômée et plus riche que l’ensemble des internautes.
Le résultat le plus marquant concernant le profil des internautes suivant des cours en ligne est la très forte surreprésentation des plus diplômés (bac +3 et plus) et la sous-représentation des détenteurs d’un niveau CAP/BEP ou moindre : ainsi, ceux qui tirent le meilleur parti d’Internet pour élargir leur gamme de connaissances et compétences dans des dispositifs d’apprentissage formels sont ceux dont les compétences sont déjà reconnues à travers des diplômes, tandis que, parmi les internautes dont le niveau de diplôme est inférieur ou égal au CAP/BEP (851 personnes de l’échantillon), seule une poignée (32 personnes) a déjà suivi un cours en ligne.
Internet et pouvoir d’achat
Les possibilités d’intermédiation qu’ouvre Internet ont radicalement transformé les modes de consommation des Français. La quantité et la qualité de l’information dont disposent les consommateurs sur les produits et services disponibles sur le marché, l’essor du commerce électronique, et, plus récemment, des transactions entre particuliers supportées par des plateformes numériques ont bouleversé les acteurs traditionnels du commerce, et de nombreux services (agences de voyage, hôtellerie, services de mobilité, etc.).Dans l’ensemble, les nouveaux usages placent les consommateurs en situation de force, leur permettant de mettre en concurrence les offreurs (professionnels ou non). Mais ils permettent également aux internautes de se positionner eux-mêmes comme offreurs de biens ou de services, qu’il s’agisse de transactions marchandes (ventes, locations), ou gratuites (dons). C’est ce que recouvre le terme d’économie collaborative, qui repose sur le principe de transactions pair-à-pair, par l’intermédiaire ou non, de plateformes numériques. Acheter mieux (et moins cher), vendre ou louer, mutualiser des objets (par le prêt ou la location, ou le partage de trajets de voitures, etc.) constituent différents leviers d’une potentielle reconquête du pouvoir d’achat.
À travers une série de questions sur les modes de consommation en ligne, les usages de l’économie collaborative et les bénéfices que les internautes retirent de ces pratiques en termes de pouvoir d’achat, l’enquête Capacity permet de voir à qui elles profitent le plus.
Trois quarts des internautes cherchent des informations en ligne sur les produits (avis des consommateurs, qualités, etc.). Trois quarts également font des achats sur des sites de e-commerce. Ils sont autant à utiliser des services bancaires en ligne ou à payer des factures sur Internet.
Plus de la moitié des internautes utilisent Internet pour comparer le prix de produits ou services (60 %), ou acheter/réserver des billets de train, d’avion ou d’hébergement touristique (59 %). Ils sont 50 % à acheter des objets ou des services à des particuliers et près de 40 % à offrir des objets à la vente ou la location.
L’âge, la catégorie socioprofessionnelle et le revenu mensuel du foyer déterminent en partie la probabilité de faire des achats sur des sites de e-commerce. Les internautes de 25 à 49 ans sont plus nombreux en proportion à le faire que les autres classes d’âge, y compris les plus jeunes (18-24 ans), dont la consommation générale est probablement moins intense (notamment du fait
Qui utilise Internet pour s’engager politiquement ?
Quand on leur demande si Internet leur a donné des opportunités pour s’engager politiquement, 91 % des internautes (toute personne ayant utilisé Internet au moins une fois au cours des trois derniers mois) répondent par la négative. Pourtant, 32 % disent par ailleurs avoir déjà relayé une revendication en ligne, que ce soit par mail, sur les réseaux sociaux ou autre (dont 11 % qui déclarent le faire souvent).44 % des internautes disent avoir déjà signé une pétition en ligne, et ils sont même 14 % à déclarer avoir déjà utilisé créé une page ou un groupe Facebook, voire un site Web pour défendre une cause.
Dans l’ensemble, les Français ne semblent pas voir dans Internet un moyen de participer davantage politiquement. Seul un quart est d’accord avec l’idée qu’Internet permet de mieux comprendre les questions politiques et seuls 29 % avec le fait qu’Internet permet d’avoir un plus grand impact politique. L’affirmation selon laquelle Internet permet de s’exprimer davantage sur les questions politiques remporte plus de suffrages : un peu plus d’un tiers des Français sont d’accord avec cette idée (20 % plutôt d’accord et 15 % tout à fait d’accord).
Trois rapports distincts à l’Internet politique parmi les internautes
Une analyse des relations entre les variables concernant l’usage politique d’Internet permet de distinguer 3 types de profils selon leur rapport à l’Internet politique.Les militants numériques
Cette classe représente 18 % de la population des internautes. Ce sont les plus impliqués politiquement. Leur engagement militant en ligne est fort : 58 % relaient souvent des revendications, 59 % signent souvent des pétitions, ils sont même 28 % à créer des pages, groupes Facebook ou sites web pour défendre des causes (contre 6 % dans la population totale) et 8 % à créer des pétitions (contre 1 % dans la population totale).Pour une partie d’entre eux, Internet leur donne l’opportunité de s’engager politiquement (un peu 32 %, beaucoup 10 %) et de façon militante ou associative (un peu 42 %, beaucoup 25 %). Pour eux, Internet a un fort impact sur les questions politiques. C’est un outil leur permettant de mieux comprendre les questions politiques, mais aussi de s’exprimer davantage à ce propos et d’avoir un plus grand impact politique.
Plus de la moitié se sent très à l’aise pour exprimer ce qu’ils pensent sur la politique, et environ un tiers est tout à fait d’accord sur le fait que sur Internet, on peut exprimer sans crainte ses opinions politiques. Ce sont des personnes qui se trouvent très à l’aise avec Internet, et en ont une utilisation diversifiée. Elles ont de bonnes compétences en informatique et sont plutôt visibles en ligne, du fait de leurs contributions sur les blogs, les forums, les réseaux sociaux, les tchats, etc. Elles ont plusieurs adresses mail et comptes sur les réseaux sociaux, ont un smartphone et se connectent à Internet dans de nombreux lieux.
Les étudiants et les cadres sont sur-représentés dans cette classe (respectivement 15 % contre 10 % et 16 % contre 12 %), ainsi que les 25-34 ans (25 % contre 19 %). Ils acceptent le fait qu’il n’y ait pas de vie privée sur Internet, mais tiennent à la préserver, et sont préoccupés par le fait que d’autres – entreprises, institutions publiques, personnes – puissent y porter atteinte. Ils vont donc exercer un contrôle strict sur leurs données personnelles en ligne.
Les modérés
Cette classe représente 65 % de la population des internautes. Ils ont un engagement militant en ligne assez faible : 72% ne relaient jamais de revendication, mais 38 % d’entre eux signent (rarement) des pétitions sur Internet. Internet ne leur a pas donné d’opportunités pour s’engager dans le monde politique (97 %), ni militant ou associatif (83 %).Contrairement aux « militants numériques », les individus de cette classe sont plus partagés concernant la question de l’impact d’Internet sur la politique. Ils n’ont pas d’avis tranché sur le fait qu’Internet leur permette de mieux comprendre les questions politiques, ni d’avoir un plus grand impact, ni même de pouvoir s’exprimer davantage sur les questions politiques. Ils sont également très mesurés quant à leur expression politique en ligne, que ce soit pour se sentir à l’aise pour exprimer ses opinions, ou pour penser qu’on peut les dire sans crainte. Mais ils se sentent à l’aise dans leur utilisation d’Internet en général.
Les réfractaires à l’Internet politique
Cette classe représente 17 % de la population des internautes.Ils ne sont pas du tout d’accord avec les propositions : « En utilisant Internet, on peut mieux comprendre les questions politiques » (81 % d’entre eux), « En utilisant Internet, on peut avoir un plus grand impact politique » (82 %) et « En utilisant Internet, on peut s’exprimer davantage sur les questions politiques » (78 %).
Pour eux, Internet n’a pas d’impact sur la façon dont ils perçoivent la politique : Internet n’apporte rien, ni à leur compréhension, ni à leur expression politique. Ils ne se sentent pas du tout à l’aise pour dire ce qu’ils pensent sur la politique (53 %), et sont plutôt méfiants quant à l’expression sur Internet : 67% ne sont pas du tout d’accord avec la proposition « sur Internet, on peut dire sans crainte ses opinions politiques ».
C’est assez cohérent avec le fait qu’ils ne relaient jamais de revendication en ligne (84 %), ni ne signent de pétition sur Internet (72 %). Internet ne leur a pas donné d’opportunités pour s’engager dans le monde militant ou associatif (95 % contre 77 % dans la population totale), ni dans le monde politique (98 % contre 90 %).
La population de cette classe a une utilisation réduite d’Internet, peu diversifiée, et ne se sent d’ailleurs pas tellement à l’aise lorsqu’elle l’utilise. Elle dispose cependant généralement d’une adresse mail et un peu plus de 60 % de ces personnes font leurs démarches administratives en ligne.
Ce sont de plus des personnes qui cherchent à protéger leur vie privée, en particulier sur Internet, et à la fois sont conscientes des difficultés que cela peut représenter et du fait qu’elles n’en sont pas forcément capables.
Elles accordent par ailleurs très peu de fiabilité aux informations trouvées sur Internet. Les 50-64 ans sont sur-représentés dans cette classe (32 % contre 23 % dans la population totale).