
L’Internet des objets, rappelle France Stratégie, en ouverture du rapport que cette institution vient de remettre à la Ministre de la Transition écologique et au Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, désigne « la mise en réseau, au moyen d’Internet, d’objets physiques. D’abord simple solution technologique, l’Internet des objets (IdO en français ou IoT en anglais pour « Internet of Things ») est devenu l’un des éléments clés de la transformation numérique et de l’Internet que nous connaissons ».
En 2021, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement l’avait distingué parmi les onze technologies dites de « rupture ».
Si l’Internet des objets est porteur de promesses, comme l’illustre la soixantaine de cas d’usage répertoriés dans ce rapport, « son déploiement massif est aussi porteur d’interrogations et de nombreuses inconnues ».
Référence :
Pourquoi connectons-nous les objets ? Des objets connectés aux objets communicants
« Les objets connectés, communicants, augmentés font rêver depuis de nombreuses années. On a longtemps annoncé « la révolution » qu’allait entraîner dans leur sillage tous ces objets. Si leur nombre ne cesse d’augmenter et leurs usages de se développer, si les objets communicants n’ont de cesse d’envahir notre quotidien, peut-on réellement parler de révolution ? ».La Revue Annales des Mines-Enjeux numériques, dans un numéro coordonné par Anne-Lise Thouroude se propose « de montrer le point de vue et la vision des différentes parties prenantes dans la création de valeur(s) des objets connectés, et ainsi d’ouvrir quelques portes pour éclairer le lecteur sur les évolutions des objets communicants ».
« La valeur intrinsèque des objets communicants serait-elle non pas dans les objets eux-mêmes mais dans le fait qu’ils communiquent, créant ainsi une chaîne de valeur » s’interroge, en introduction, Anne-Lise Thouroude. « En effet, pour que la valeur puisse être créée, il faut non seulement connecter les objets mais en collecter les données, les transporter, les analyser puis les valoriser et les partager. C’est de cet ensemble complet que naissent les applications concrètes et des bénéfices économiques ou sociétaux, autrement dit une création de valeur. La valeur des objets communicants s’articulerait alors autour de trois grands volets : les objets eux-mêmes, la connectivité, et enfin les données et leur traitement ».- L’introduction de ce numéro est suivi par un retour sur l’imaginaire de l’Internet des objets et sur l’histoire des objets connectés.
- La première partie du numéro illustre la diversité des usages des objets communicants.
- La seconde partie dresse un tableau des technologies.
- La troisième partie (l’internet des objets personnels : un oxymore ?), ouvre une réflexion sur les enjeux sociétaux que posent les objets connectés.
Référence :
Un impact environnemental négatif
Selon l'étude conjointe conduite par l'Arcep et l'ADEME sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France, les équipements IdO représentent pour l’heure moins de 7 % de l’empreinte des terminaux. Leur potentiel de développement de marché pourrait cependant modifier les effets environnementaux associés.Selon l'ADEME, la fabrication des objets connectés à elle seule concentre la majeure partie des émissions de GES de ces objets. Cette étape représente en effet 73 % du bilan carbone de leur cycle de vie complet. La consommation d’énergie se répartit notamment entre l’assemblage, le transport et l’extraction de matières premières.
Outre la fabrication, l’impact environnemental des objets connectés vient en grande partie de leur utilisation : la connexion sans fil nécessite une grande quantité d’énergie. Enfin, l’appariement montre le manque d’efficacité énergétique de ces équipements. En effet, de nombreux objets connectés doivent fonctionner simultanément avec un autre appareil pour être utilisables (écouteurs, casques RV, etc.), ce qui double leur consommation énergétique.
Ces inconvénients sont amplifiés par le nombre particulièrement élevé d’appareils connectés dans le monde. Ils étaient environ 15 milliards en 2018. Pour l’ADEME, ces équipements pourraient facilement dépasser les 45 milliards d’ici 2030, vu la tendance actuelle. Ils deviendraient, dans cette hypothèse, la seconde source de pollutions numériques dans le monde, après le réseau Internet et les data-centers.
Une étude réalisée en 2020 pour le compte d'un groupe parlementaire du Parlement européen classait d'ores et déjà l'Internet des Objets au deuxième rang des causes d’impact les plus importantes. « Bien que les objets connectés unitairement présentent des impacts plus faibles, ils constituent la catégorie avec le plus d’objets connectés unitairement, notamment en ce qui concerne les contrôles des bâtiments commerciaux et les compteurs intelligents. En effet, les contrôles des bâtiments commerciaux et les compteurs intelligents représentent au total plus de 56 % des objets connectés et plus de 12,1 TWh sur les 27,7 TWh consommés par les objets connectés de l’IoT (...). Bien que nous parlions ici d’une consommation de 1,5 à 2 W par appareil (selon l’hypothèse de l’AIE), le nombre déjà important d’unités de ces objets connectés pèse considérablement dans les impacts ».
Références :
L’Internet des objets vu par France Stratégie : "des dynamiques à maîtriser"
En réponse à la lettre de mission adressée par la Ministre de la transition écologique et le Secrétaire d'État chargé de la transition numérique, France Stratégie fait le point sur les impacts de l'Internet des Objets (IdO) sur l'environnement et sur la vie quotidienne des citoyen.ne.s. Cette réflexion s’inscrit dans le cadre des travaux de la feuille de route Numérique et Environnement du Gouvernement.L’Internet des objets, rappelle France Stratégie, en ouverture de son rapport, désigne « la mise en réseau, au moyen d’Internet, d’objets physiques. D’abord simple solution technologique, l’Internet des objets (IdO en français ou IoT en anglais pour « Internet of Things ») est devenu l’un des éléments clés de la transformation numérique et de l’Internet que nous connaissons ».
En 2021, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement l’avait distingué parmi les onze technologies dites de « rupture ».
Si l’Internet des objets est porteur de promesses, comme l’illustre la soixantaine de cas d’usage répertoriés dans ce rapport, « son déploiement massif est aussi porteur d’interrogations et de nombreuses inconnues ».
- La première partie du rapport s’attache à comprendre l’Internet des objets et à expliciter les principales notions.
- La deuxième partie analyse les enjeux sociaux et environnementaux que soulève de façon singulière l’IdO.
- La troisième partie présente des pistes pour agir et pour accompagner le développement de l’Internet des objets dans le respect d’un certain nombre d’exigences sociales et environnementales.
Une réalité complexe à quantifier
L’IdO est partout, mais il n’existe pas encore de définition globalement acceptée au niveau mondial, du fait de la diversité des objets à considérer. France Stratégie en propose une définition englobante, soulignant notamment les interactions possibles entre les objets et leur environnement. France Stratégie a choisi de considérer seulement les objets qui n’étaient pas déjà constituants d’Internet :« L’internet des objets est un ensemble d’objets connectés et de technologies de réseaux qui, à l’exclusion des stations de travail, des tablettes, des téléphones portables et des smartphones, se conjuguent en associant :
- des objets physiques qui possèdent des capteurs connectés, éventuellement dotés de capacités de calcul et qui sont en mesure d’interagir avec leur environnement ;
- des réseaux de communication numériques filaires ou non filaires qui permettent de communiquer les données issues de ces objets ;
- des espaces de stockage distants pour les données recueillies ;
- des applications de traitement des données qui engagent des processus décisionnels à même de rétroagir sur des objets physiques inanimés ou vivants. »
France Stratégie constate « l’absence aujourd’hui d’outils statistiques fiables permettant de mesurer la volumétrie et l’ampleur de la croissance du nombre d’objets concernés, la part des réseaux utilisés pour ces nouveaux usages ou même le volume de données générées par les applications IdO ».
De 18 milliards à 78 milliards d'objets connectés au niveau mondial
Le nombre d’objets connectés estimés pour l’année 2020 selon les sources consultées varie dans une fourchette allant de 18 milliards à 78 milliards au niveau mondial.- L’ADEME et l’Arcep estiment leur nombre à 1,8 milliard en Europe dont 244 millions pour la France.
- Malgré ces écarts importants, si l’on considère les tendances sur les six dernières années, quelle que soit la source, qu’il s’agisse de prévisions ou d’estimations du réalisé, toutes concordent sur le constat d’une très forte croissance des objets connectés, dont le nombre aurait doublé en six ans.
- Pour établir ses projections relatives à la consommation énergétique du numérique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le stock du nombre d’objets connectés va plus que doubler de 2020 à 2030, passant de 20 milliards (soit la borne basse de la fourchette mentionnée supra) à environ 45 milliards.
- En termes de marché, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime que ce marché s’élevait à 130 milliards de dollars en 2018 et qu’il devrait être multiplié par plus de dix d’ici 2025 pour atteindre 1 500 milliards de dollars. Selon ces mêmes estimations, la France et le Royaume-Uni représentent 3 % chacun du marché mondial, soit 45 milliards de dollars, une part légèrement inférieure à leurs parts dans le PIB mondial.
Références :
Ententes et abus de position dominante dans l’Internet des Objets
A l’issue d’une enquête sectorielle, la Commission Européenne recense des problèmes de concurrence potentiels sur les marchés en forte croissance de l’Internet des Objets (IdO).« Ce marché est caractérisé par des barrières élevées à l'entrée, un nombre réduit d'acteurs verticalement intégrés et des préoccupations, notamment, quant à l'accès aux données, à l'interopérabilité ou aux pratiques d'exclusivité », observe Mme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.La Commission a recueilli , au cours de cette enquête, des informations auprès de plus de 200 entreprises de différentes tailles opérant sur les marchés des produits et des services de l'IdO pour les consommateurs et basées en Europe, en Asie et aux États-Unis.
Cette enquête met en relief « l'existence de certaines pratiques d'exclusivité et de vente liée pour les assistants vocaux, ainsi que de pratiques limitant la possibilité d'utiliser différents assistants vocaux sur le même dispositif intelligent ».
L’enquête pointe « le manque d'interopérabilité dans le secteur de l'IDO pour les consommateurs en raison de la prédominance des technologies propriétaires, qui conduit parfois à la création de normes « de fait ». Plus particulièrement, il semble que quelques fournisseurs d'assistants vocaux et de systèmes d'exploitation contrôlent unilatéralement les processus d'interopérabilité et d'intégration et sont en mesure de limiter les fonctionnalités des dispositifs intelligents et des services de l'IdO pour les consommateurs de tiers par rapport aux leurs ».
Les conclusions tirées de l'enquête sectorielle éclaireront les futurs travaux de la Commission concernant la mise en œuvre de sa stratégie numérique.
Référence :
Une « troisième voie » européenne pour l’Internet des Objets ?
« L’Internet des objets représente un enjeu politique, industriel et technologique majeur pour les acteurs européens », observent l’Afnic et l’Institut de la Souveraineté Numérique dans un rapport publié en mars 2021.« En effet, les technologies des objets connectés sont en mesure de transformer l’ensemble de nos économies mais aussi nos modes de vie et l’organisation de nos démocraties.L’Internet des objets pourrait aussi permettre à l’Europe de faire entrer en synergie les politiques environnementales et les politiques liées à la protection des données. En effet, les technologies de la maîtrise de l’énergie et du contrôle environnemental (que l’on nomme aussi climate tech) reposent largement sur l’analyse d’informations issues des capteurs et des objets connectés. À mesure que ces technologies se diffuseront auprès des entreprises mais aussi dans l’espace public, la protection des données issues des objets connectés deviendra un élément clé pour leur acceptabilité et constituera un facteur de différenciation et de confiance pour les technologies européennes au-delà même des frontières de l’Union ».Les auteurs du rapport passent en revue les technologies et évolutions des objets connectés et pointent trois « prérequis à la montée en puissance de l’internet des objets » : des identifiants uniques, l’interopérabilité logicielle, des objets et capteurs autonomes en énergie.
De nouvelles architectures pour protéger la vie privée
Dans un chapitre consacré aux « nouveaux enjeux de la régulation de l’internet des objets », ils avancent la perspective de « nouvelles architectures pour protéger la vie privée ». Ils envisagent, à la suite de Tim Berners-Lee, le principe d'une « séparation structurelle » entre les données introduites par les utilisateurs et les applications qui devront les traiter.A la suite de Cory Doctorow, ils évoquent « la nécessité de créer de nouveaux intermédiaires informationnels qui pourraient intervenir en lieu et place des usagers lors de la collecte et l’utilisation de leurs données personnelles ».
« De nouvelles fonctionnalités devront être prévues dès la conception de ces objets pour que les « citoyens-usagers » puissent maîtriser les flux de données échangées par leurs objets connectés. Ainsi, la désactivation temporaire ou définitive des objets connectés devra être possible et ce d’autant plus que ces échanges d’informations seront possibles sans que les usagers en soient informés. Une prise en charge matérielle importante, telle que le chiffrement, l’authentification et l’attestation, et une prise en charge logicielle, telle que les architectures auto-réparatrices en temps réel, sont nécessaires pour les futurs dispositifs de l’Internet des objets ».Le rapport retrace la genèse du principe du « Droit au Silence des Puces », élaboré en 2006, qui implique que dès leur conception soient inclus des dispositifs de désactivation/réactivation associé à des systèmes de chiffrement dans le cas d’objets porteurs de données sensibles, en particulier pour les données médicales ou les données relatives à la sécurité des personnes.
« A elles seules, rappellent les auteurs en conclusion, « les mesures d’encadrement juridique et les actions antitrust ne réussiront pas à limiter les risques de dérives issues des technologies de l’Internet des objets. En effet, pour que l’Internet des objets ne remette pas durablement en cause les principes et valeurs qui ont fondé l’Europe, l’Union doit aussi bâtir sa propre stratégie industrielle … Une filière européenne de l’Internet des objets qui s’appuiera sur une régulation protectrice des données et de la sécurité des usagers pourrait devenir une référence au-delà des frontières de l’Union européenne. Cette alternative aux technologies actuellement conçues aux États- Unis ou en Chine, concluent les auteurs, porte désormais le nom de « troisième voie », pour l’Internet des objets européen ».Référence :
Sources
- 1. Le monde de l’Internet des objets : des dynamiques à maîtriser
- 2. Des objets connectés aux objets communicants
- 3. Arcep-ADEME : évaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective, 2022
- 4. ADEME, La face cachée du numérique, 2019
- 5. Le numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie. Étude mandatée par le groupe parlementaire européen des Verts/ALE, 2020
- 6. France Stratégie : le monde de l’Internet des objets : des dynamiques à maîtriser, 2022
- 7. France Stratégie : maîtriser la consommation énergétique du numérique : le progrès technologique n’y suffira pas Document de travail, 2020
- 8. Ententes et abus de position dominante: la Commission publie le rapport final de l'enquête sectorielle sur l'internet des objets pour les consommateurs
- 9. Internet des objets & souveraineté numérique
[Dossier] L'Internet des objets est-il soutenable ?

L’Internet des objets, rappelle France Stratégie, en ouverture du rapport que cette institution vient de remettre à la Ministre de la Transition écologique et au Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, désigne « la mise en réseau, au moyen d’Internet, d’objets physiques. D’abord simple solution technologique, l’Internet des objets (IdO en français ou IoT en anglais pour « Internet of Things ») est devenu l’un des éléments clés de la transformation numérique et de l’Internet que nous connaissons ».
En 2021, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement l’avait distingué parmi les onze technologies dites de « rupture ».
Si l’Internet des objets est porteur de promesses, comme l’illustre la soixantaine de cas d’usage répertoriés dans ce rapport, « son déploiement massif est aussi porteur d’interrogations et de nombreuses inconnues ».
Référence :
Pourquoi connectons-nous les objets ? Des objets connectés aux objets communicants
« Les objets connectés, communicants, augmentés font rêver depuis de nombreuses années. On a longtemps annoncé « la révolution » qu’allait entraîner dans leur sillage tous ces objets. Si leur nombre ne cesse d’augmenter et leurs usages de se développer, si les objets communicants n’ont de cesse d’envahir notre quotidien, peut-on réellement parler de révolution ? ».La Revue Annales des Mines-Enjeux numériques, dans un numéro coordonné par Anne-Lise Thouroude se propose « de montrer le point de vue et la vision des différentes parties prenantes dans la création de valeur(s) des objets connectés, et ainsi d’ouvrir quelques portes pour éclairer le lecteur sur les évolutions des objets communicants ».
« La valeur intrinsèque des objets communicants serait-elle non pas dans les objets eux-mêmes mais dans le fait qu’ils communiquent, créant ainsi une chaîne de valeur » s’interroge, en introduction, Anne-Lise Thouroude. « En effet, pour que la valeur puisse être créée, il faut non seulement connecter les objets mais en collecter les données, les transporter, les analyser puis les valoriser et les partager. C’est de cet ensemble complet que naissent les applications concrètes et des bénéfices économiques ou sociétaux, autrement dit une création de valeur. La valeur des objets communicants s’articulerait alors autour de trois grands volets : les objets eux-mêmes, la connectivité, et enfin les données et leur traitement ».- L’introduction de ce numéro est suivi par un retour sur l’imaginaire de l’Internet des objets et sur l’histoire des objets connectés.
- La première partie du numéro illustre la diversité des usages des objets communicants.
- La seconde partie dresse un tableau des technologies.
- La troisième partie (l’internet des objets personnels : un oxymore ?), ouvre une réflexion sur les enjeux sociétaux que posent les objets connectés.
Référence :
Un impact environnemental négatif
Selon l'étude conjointe conduite par l'Arcep et l'ADEME sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France, les équipements IdO représentent pour l’heure moins de 7 % de l’empreinte des terminaux. Leur potentiel de développement de marché pourrait cependant modifier les effets environnementaux associés.Selon l'ADEME, la fabrication des objets connectés à elle seule concentre la majeure partie des émissions de GES de ces objets. Cette étape représente en effet 73 % du bilan carbone de leur cycle de vie complet. La consommation d’énergie se répartit notamment entre l’assemblage, le transport et l’extraction de matières premières.
Outre la fabrication, l’impact environnemental des objets connectés vient en grande partie de leur utilisation : la connexion sans fil nécessite une grande quantité d’énergie. Enfin, l’appariement montre le manque d’efficacité énergétique de ces équipements. En effet, de nombreux objets connectés doivent fonctionner simultanément avec un autre appareil pour être utilisables (écouteurs, casques RV, etc.), ce qui double leur consommation énergétique.
Ces inconvénients sont amplifiés par le nombre particulièrement élevé d’appareils connectés dans le monde. Ils étaient environ 15 milliards en 2018. Pour l’ADEME, ces équipements pourraient facilement dépasser les 45 milliards d’ici 2030, vu la tendance actuelle. Ils deviendraient, dans cette hypothèse, la seconde source de pollutions numériques dans le monde, après le réseau Internet et les data-centers.
Une étude réalisée en 2020 pour le compte d'un groupe parlementaire du Parlement européen classait d'ores et déjà l'Internet des Objets au deuxième rang des causes d’impact les plus importantes. « Bien que les objets connectés unitairement présentent des impacts plus faibles, ils constituent la catégorie avec le plus d’objets connectés unitairement, notamment en ce qui concerne les contrôles des bâtiments commerciaux et les compteurs intelligents. En effet, les contrôles des bâtiments commerciaux et les compteurs intelligents représentent au total plus de 56 % des objets connectés et plus de 12,1 TWh sur les 27,7 TWh consommés par les objets connectés de l’IoT (...). Bien que nous parlions ici d’une consommation de 1,5 à 2 W par appareil (selon l’hypothèse de l’AIE), le nombre déjà important d’unités de ces objets connectés pèse considérablement dans les impacts ».
Références :
L’Internet des objets vu par France Stratégie : "des dynamiques à maîtriser"
En réponse à la lettre de mission adressée par la Ministre de la transition écologique et le Secrétaire d'État chargé de la transition numérique, France Stratégie fait le point sur les impacts de l'Internet des Objets (IdO) sur l'environnement et sur la vie quotidienne des citoyen.ne.s. Cette réflexion s’inscrit dans le cadre des travaux de la feuille de route Numérique et Environnement du Gouvernement.L’Internet des objets, rappelle France Stratégie, en ouverture de son rapport, désigne « la mise en réseau, au moyen d’Internet, d’objets physiques. D’abord simple solution technologique, l’Internet des objets (IdO en français ou IoT en anglais pour « Internet of Things ») est devenu l’un des éléments clés de la transformation numérique et de l’Internet que nous connaissons ».
En 2021, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement l’avait distingué parmi les onze technologies dites de « rupture ».
Si l’Internet des objets est porteur de promesses, comme l’illustre la soixantaine de cas d’usage répertoriés dans ce rapport, « son déploiement massif est aussi porteur d’interrogations et de nombreuses inconnues ».
- La première partie du rapport s’attache à comprendre l’Internet des objets et à expliciter les principales notions.
- La deuxième partie analyse les enjeux sociaux et environnementaux que soulève de façon singulière l’IdO.
- La troisième partie présente des pistes pour agir et pour accompagner le développement de l’Internet des objets dans le respect d’un certain nombre d’exigences sociales et environnementales.
Une réalité complexe à quantifier
L’IdO est partout, mais il n’existe pas encore de définition globalement acceptée au niveau mondial, du fait de la diversité des objets à considérer. France Stratégie en propose une définition englobante, soulignant notamment les interactions possibles entre les objets et leur environnement. France Stratégie a choisi de considérer seulement les objets qui n’étaient pas déjà constituants d’Internet :« L’internet des objets est un ensemble d’objets connectés et de technologies de réseaux qui, à l’exclusion des stations de travail, des tablettes, des téléphones portables et des smartphones, se conjuguent en associant :
- des objets physiques qui possèdent des capteurs connectés, éventuellement dotés de capacités de calcul et qui sont en mesure d’interagir avec leur environnement ;
- des réseaux de communication numériques filaires ou non filaires qui permettent de communiquer les données issues de ces objets ;
- des espaces de stockage distants pour les données recueillies ;
- des applications de traitement des données qui engagent des processus décisionnels à même de rétroagir sur des objets physiques inanimés ou vivants. »
France Stratégie constate « l’absence aujourd’hui d’outils statistiques fiables permettant de mesurer la volumétrie et l’ampleur de la croissance du nombre d’objets concernés, la part des réseaux utilisés pour ces nouveaux usages ou même le volume de données générées par les applications IdO ».
De 18 milliards à 78 milliards d'objets connectés au niveau mondial
Le nombre d’objets connectés estimés pour l’année 2020 selon les sources consultées varie dans une fourchette allant de 18 milliards à 78 milliards au niveau mondial.- L’ADEME et l’Arcep estiment leur nombre à 1,8 milliard en Europe dont 244 millions pour la France.
- Malgré ces écarts importants, si l’on considère les tendances sur les six dernières années, quelle que soit la source, qu’il s’agisse de prévisions ou d’estimations du réalisé, toutes concordent sur le constat d’une très forte croissance des objets connectés, dont le nombre aurait doublé en six ans.
- Pour établir ses projections relatives à la consommation énergétique du numérique, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le stock du nombre d’objets connectés va plus que doubler de 2020 à 2030, passant de 20 milliards (soit la borne basse de la fourchette mentionnée supra) à environ 45 milliards.
- En termes de marché, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime que ce marché s’élevait à 130 milliards de dollars en 2018 et qu’il devrait être multiplié par plus de dix d’ici 2025 pour atteindre 1 500 milliards de dollars. Selon ces mêmes estimations, la France et le Royaume-Uni représentent 3 % chacun du marché mondial, soit 45 milliards de dollars, une part légèrement inférieure à leurs parts dans le PIB mondial.
Références :
Ententes et abus de position dominante dans l’Internet des Objets
A l’issue d’une enquête sectorielle, la Commission Européenne recense des problèmes de concurrence potentiels sur les marchés en forte croissance de l’Internet des Objets (IdO).« Ce marché est caractérisé par des barrières élevées à l'entrée, un nombre réduit d'acteurs verticalement intégrés et des préoccupations, notamment, quant à l'accès aux données, à l'interopérabilité ou aux pratiques d'exclusivité », observe Mme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.La Commission a recueilli , au cours de cette enquête, des informations auprès de plus de 200 entreprises de différentes tailles opérant sur les marchés des produits et des services de l'IdO pour les consommateurs et basées en Europe, en Asie et aux États-Unis.
Cette enquête met en relief « l'existence de certaines pratiques d'exclusivité et de vente liée pour les assistants vocaux, ainsi que de pratiques limitant la possibilité d'utiliser différents assistants vocaux sur le même dispositif intelligent ».
L’enquête pointe « le manque d'interopérabilité dans le secteur de l'IDO pour les consommateurs en raison de la prédominance des technologies propriétaires, qui conduit parfois à la création de normes « de fait ». Plus particulièrement, il semble que quelques fournisseurs d'assistants vocaux et de systèmes d'exploitation contrôlent unilatéralement les processus d'interopérabilité et d'intégration et sont en mesure de limiter les fonctionnalités des dispositifs intelligents et des services de l'IdO pour les consommateurs de tiers par rapport aux leurs ».
Les conclusions tirées de l'enquête sectorielle éclaireront les futurs travaux de la Commission concernant la mise en œuvre de sa stratégie numérique.
Référence :
Une « troisième voie » européenne pour l’Internet des Objets ?
« L’Internet des objets représente un enjeu politique, industriel et technologique majeur pour les acteurs européens », observent l’Afnic et l’Institut de la Souveraineté Numérique dans un rapport publié en mars 2021.« En effet, les technologies des objets connectés sont en mesure de transformer l’ensemble de nos économies mais aussi nos modes de vie et l’organisation de nos démocraties.L’Internet des objets pourrait aussi permettre à l’Europe de faire entrer en synergie les politiques environnementales et les politiques liées à la protection des données. En effet, les technologies de la maîtrise de l’énergie et du contrôle environnemental (que l’on nomme aussi climate tech) reposent largement sur l’analyse d’informations issues des capteurs et des objets connectés. À mesure que ces technologies se diffuseront auprès des entreprises mais aussi dans l’espace public, la protection des données issues des objets connectés deviendra un élément clé pour leur acceptabilité et constituera un facteur de différenciation et de confiance pour les technologies européennes au-delà même des frontières de l’Union ».Les auteurs du rapport passent en revue les technologies et évolutions des objets connectés et pointent trois « prérequis à la montée en puissance de l’internet des objets » : des identifiants uniques, l’interopérabilité logicielle, des objets et capteurs autonomes en énergie.
De nouvelles architectures pour protéger la vie privée
Dans un chapitre consacré aux « nouveaux enjeux de la régulation de l’internet des objets », ils avancent la perspective de « nouvelles architectures pour protéger la vie privée ». Ils envisagent, à la suite de Tim Berners-Lee, le principe d'une « séparation structurelle » entre les données introduites par les utilisateurs et les applications qui devront les traiter.A la suite de Cory Doctorow, ils évoquent « la nécessité de créer de nouveaux intermédiaires informationnels qui pourraient intervenir en lieu et place des usagers lors de la collecte et l’utilisation de leurs données personnelles ».
« De nouvelles fonctionnalités devront être prévues dès la conception de ces objets pour que les « citoyens-usagers » puissent maîtriser les flux de données échangées par leurs objets connectés. Ainsi, la désactivation temporaire ou définitive des objets connectés devra être possible et ce d’autant plus que ces échanges d’informations seront possibles sans que les usagers en soient informés. Une prise en charge matérielle importante, telle que le chiffrement, l’authentification et l’attestation, et une prise en charge logicielle, telle que les architectures auto-réparatrices en temps réel, sont nécessaires pour les futurs dispositifs de l’Internet des objets ».Le rapport retrace la genèse du principe du « Droit au Silence des Puces », élaboré en 2006, qui implique que dès leur conception soient inclus des dispositifs de désactivation/réactivation associé à des systèmes de chiffrement dans le cas d’objets porteurs de données sensibles, en particulier pour les données médicales ou les données relatives à la sécurité des personnes.
« A elles seules, rappellent les auteurs en conclusion, « les mesures d’encadrement juridique et les actions antitrust ne réussiront pas à limiter les risques de dérives issues des technologies de l’Internet des objets. En effet, pour que l’Internet des objets ne remette pas durablement en cause les principes et valeurs qui ont fondé l’Europe, l’Union doit aussi bâtir sa propre stratégie industrielle … Une filière européenne de l’Internet des objets qui s’appuiera sur une régulation protectrice des données et de la sécurité des usagers pourrait devenir une référence au-delà des frontières de l’Union européenne. Cette alternative aux technologies actuellement conçues aux États- Unis ou en Chine, concluent les auteurs, porte désormais le nom de « troisième voie », pour l’Internet des objets européen ».Référence :
Sources
- 1. Le monde de l’Internet des objets : des dynamiques à maîtriser
- 2. Des objets connectés aux objets communicants
- 3. Arcep-ADEME : évaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective, 2022
- 4. ADEME, La face cachée du numérique, 2019
- 5. Le numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie. Étude mandatée par le groupe parlementaire européen des Verts/ALE, 2020
- 6. France Stratégie : le monde de l’Internet des objets : des dynamiques à maîtriser, 2022
- 7. France Stratégie : maîtriser la consommation énergétique du numérique : le progrès technologique n’y suffira pas Document de travail, 2020
- 8. Ententes et abus de position dominante: la Commission publie le rapport final de l'enquête sectorielle sur l'internet des objets pour les consommateurs
- 9. Internet des objets & souveraineté numérique
Labo Société Numérique


